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Les mots de l'actualité, JACASSERIE   2010-03-30

JACASSERIE 2010-03-30

Le pape est agacé et il réagit, déstabilisé par les accusations qui pèsent contre lui de n'avoir pas été vigilant ou sévère en ce qui concernait la pédophilie pratiquée par des prêtres Le sermon du dimanche des Rameaux lui a donné l'occasion de répondre, et il l'a fait de façon assez cinglante, à la manière d'un politique. Prenant de la hauteur, il a déclaré que Jésus devait lui donner la force de ne pas se laisser intimider par les jacasseries des opinions dominantes. Il ne mâche pas ses mots le pape !

Même s'ils n'ont pas été prononcés en français, ils sont traduits de façon assez transparente. En effet, le chiacchiericcio ne pourrait mieux se traduire que par jacasserie , à moins qu'on lui préfère jacassement ou même jacassage , puisqu'en français les trois mots coexistent. L'onomatopée est évidente, la sonorité évoque le sens, évoque en même temps la répétition d'une même syllabe, aigue, insensée, bruyante. Le terme est donc forcément méprisant : jacasser , c'est parler pour ne rien dire, d'autant plus qu'on parle beaucoup et vite, et fort. C'est parler sans cervelle, parler sans réfléchir. Et tous ces sens sont renforcés par le sens principal et plus technique du mot, le cri de la pie, même si ce n'est pas une signification très ancienne, et qui n'a nullement la légitimité d'une étymologie : le mot jacasser n'est pas bien vieux en français : début XIXe, à peine deux siècles, un jeunot encore. On sait bien que la pie, c'est un volatile qui donne de la voix de façon stridente, et que sa réputation n'est pas toujours flatteuse : elle passe pour sotte, se laissant bercer d'illusion. Quelle que soit la réalité ornithologique, on la représente comme fascinée par ce qui brille, dérobant sans discernement tout ce qui ressemble à de l'or, sans en être. En même temps, la pie est le symbole du bavardage incessant, fatigant, inutile. Et comme l'oiseau a un nom féminin, bien entendu, on l'associe spontanément en français à un bavardage féminin : l'image machiste fonctionne à plein avec cette pie bavarde, qui évoque bien sûr la bécasse. La bécasse qui jacasse, on retrouve là le thème de la sottise. Jacasser dérive probablement de jaquette, vieux mot pour désigner la pie, féminisation du Jacques, prénom commun par excellence, qui évoque le paysan, l'homme sans condition. Mais on se rend bien compte que le verbe jaqueter, (qui a existé avant jacasser) évoque caqueter, le cri de la poule, et que l'onomatopée et l'image de la sottise sont toujours présentes. Alors le caquet est plus péjoratif encore que le jacassage : non seulement on pense à la sottise, mais on pense aussi à la prétention, à la bêtise sûre d'elle-même. Ce qui se confirme avec l'expression rabattre le caquet de quelqu'un : le mettre en face de son erreur et de sa vanité. Et on est à deux doigts de l'expression vulgaire, mais très voisine, lui mettre le nez dans son caca : c'est bien à ce niveau-là qu'on se place. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


JACASSERIE   2010-03-30 JACASSERIE 2010-03-30

Le pape est agacé et il réagit, déstabilisé par les accusations qui pèsent contre lui de n'avoir pas été vigilant ou sévère en ce qui concernait la pédophilie pratiquée par des prêtres Le sermon du dimanche des Rameaux lui a donné l'occasion de répondre, et il l'a fait de façon assez cinglante, à la manière d'un politique. Prenant de la hauteur, il a déclaré que Jésus devait lui donner la force de ne pas se laisser intimider par les jacasseries des opinions dominantes. Il ne mâche pas ses mots le pape !

Même s'ils n'ont pas été prononcés en français, ils sont traduits de façon assez transparente. En effet, le chiacchiericcio ne pourrait mieux se traduire que par jacasserie , à moins qu'on lui préfère jacassement ou même jacassage , puisqu'en français les trois mots coexistent. L'onomatopée est évidente, la sonorité évoque le sens, évoque en même temps la répétition d'une même syllabe, aigue, insensée, bruyante. Le terme est donc forcément méprisant : jacasser , c'est parler pour ne rien dire, d'autant plus qu'on parle beaucoup et vite, et fort. C'est parler sans cervelle, parler sans réfléchir. Et tous ces sens sont renforcés par le sens principal et plus technique du mot, le cri de la pie, même si ce n'est pas une signification très ancienne, et qui n'a nullement la légitimité d'une étymologie : le mot jacasser n'est pas bien vieux en français : début XIXe, à peine deux siècles, un jeunot encore. On sait bien que la pie, c'est un volatile qui donne de la voix de façon stridente, et que sa réputation n'est pas toujours flatteuse : elle passe pour sotte, se laissant bercer d'illusion. Quelle que soit la réalité ornithologique, on la représente comme fascinée par ce qui brille, dérobant sans discernement tout ce qui ressemble à de l'or, sans en être. En même temps, la pie est le symbole du bavardage incessant, fatigant, inutile. Et comme l'oiseau a un nom féminin, bien entendu, on l'associe spontanément en français à un bavardage féminin : l'image machiste fonctionne à plein avec cette pie bavarde, qui évoque bien sûr la bécasse. La bécasse qui jacasse, on retrouve là le thème de la sottise. Jacasser dérive probablement de jaquette, vieux mot pour désigner la pie, féminisation du Jacques, prénom commun par excellence, qui évoque le paysan, l'homme sans condition. Mais on se rend bien compte que le verbe jaqueter, (qui a existé avant jacasser) évoque caqueter, le cri de la poule, et que l'onomatopée et l'image de la sottise sont toujours présentes. Alors le caquet est plus péjoratif encore que le jacassage : non seulement on pense à la sottise, mais on pense aussi à la prétention, à la bêtise sûre d'elle-même. Ce qui se confirme avec l'expression rabattre le caquet de quelqu'un : le mettre en face de son erreur et de sa vanité. Et on est à deux doigts de l'expression vulgaire, mais très voisine, lui mettre le nez dans son caca : c'est bien à ce niveau-là qu'on se place. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/