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HUGO, Victor : Claude Gueux, HUGO, Victor : Claude Gueux (4)

HUGO, Victor : Claude Gueux (4)

Tout à coup il se détourna brusquement, surpris d'entendre un pas derrière lui. C'était Claude, qui le suivait en silence depuis quelques instants. — Que fais-tu là, toi ? dit le directeur ; pourquoi n'es-tu pas à ta place ? Car un homme n'est plus un homme là, c'est un chien, on le tutoie. Claude Gueux répondit respectueusement

— C'est que j'ai à vous parler, monsieur le directeur. — De quoi ? — D'Albin. — Encore ! dit le directeur.

— Toujours ! dit Claude.

— Ah çà ! reprit le directeur continuant de marcher, tu n'as donc pas eu assez de vingt-quatre heures de cachot ? Claude répondit en continuant de le suivre :

— Monsieur le directeur, rendez-moi mon camarade.

— Impossible !

Monsieur le directeur, dit Claude avec une voix qui eût attendri le démon, je vous en supplie, remettez Albin avec moi, vous verrez comme je travaillerai bien. Vous qui êtes libre, cela vous est égal, vous ne savez pas ce que c'est qu'un ami ; mais, moi, je n'ai que les quatre murs de ma prison. Vous pouvez aller et venir, vous ; moi je n'ai qu'Albin. Rendez-le-moi. Albin me nourrissait, vous le savez bien. Cela ne vous coûterait que la peine de dire oui. Qu'est-ce que cela vous fait qu'il y ait dans la même salle un homme qui s'appelle Claude Gueux et un autre qui s'appelle Albin ? Car ce n'est pas plus compliqué que cela. Monsieur le directeur, mon bon monsieur D. , je vous supplie vraiment, au nom du ciel !

Claude n'en avait peut-être jamais tant dit à la fois à un geôlier. Après cet effort, épuisé, il attendit. Le directeur répliqua avec un geste d'impatience — Impossible. C'est dit. Voyons, ne m'en reparle plus. Tu m'ennuies. Et, comme il était pressé, il doubla le pas. Claude aussi. En parlant ainsi, ils étaient arrivés tous deux près de la porte de sortie ; les quatrevingts voleurs regardaient et écoutaient, haletants.

Claude toucha doucement le bras du directeur.

— Mais au moins que je sache pourquoi je suis condamné à mort. Dites-moi pourquoi vous l'avez séparé de moi. — Je te l'ai déjà dit, répondit le directeur, parce que. Et, tournant le dos à Claude, il avança la main vers le loquet de la porte de sortie.

À la réponse du directeur, Claude avait reculé d'un pas. Les quatrevingts statues qui étaient là virent sortir de son pantalon sa main droite avec la hache. Cette main se leva, et, avant que le directeur eût pu pousser un cri, trois coups de hache, chose affreuse à dire, assénés tous les trois dans la même entaille, lui avaient ouvert le crâne. Au moment où il tombait à la renverse, un quatrième coup lui balafra le visage ; puis, comme une fureur lancée ne s'arrête pas court, Claude Gueux lui fendit la cuisse droite d'un cinquième coup inutile. Le directeur était mort.

Alors Claude jeta la hache et cria : À l'autre maintenant ! L'autre, c'était lui. On le vit tirer de sa veste les petits ciseaux de « sa femme, » et, sans que personne songeât à l'en empêcher, il se les enfonça dans la poitrine. La laine était courte, la poitrine était profonde. Il y fouilla longtemps et à plus de vingt reprises en criant — Coeur de damné, je ne te trouverai donc pas ! — Et enfin il tomba baigné dans son sang, évanoui sur le mort.

Lequel des deux était la victime de l'autre ? Quand Claude reprit connaissance, il était dans un lit, couvert de linges et de bandages, entouré de soins. Il avait auprès de son chevet de bonnes soeurs de charité, et de plus un juge d'instruction qui instrumentait et qui lui demanda avec beaucoup d'intérêt : — Comment vous trouvez- vous ?

Il avait perdu une grande quantité de sang, mais les ciseaux avec lesquels il avait eu la superstition touchante de se frapper avaient mal fait leur devoir ; aucun des coups qu'il s'était portés n'était dangereux. Il n'y avait de mortelles pour lui que les blessures qu'il avait faites à M. D. Les interrogatoires commencèrent. On lui demanda si c'était lui qui avait tué le directeur des ateliers de la prison de Clairvaux. Il répondit Oui. On lui demanda pourquoi. Il répondit Parce que.

Cependant, à un certain moment, ses plaies s'envenimèrent ; il fut pris d'une fièvre mauvaise dont il faillit mourir. Novembre, décembre, janvier et février se passèrent en soins et en préparatifs ; médecins et juges s'empressaient autour de Claude ; les uns guérissaient ses blessures, les autres dressaient son échafaud. Abrégeons. Le 16 mars 1832, il parut, étant parfaitement guéri, devant la cour d'assises de Troyes. Tout ce que la ville peut donner de foule était là.

Claude eut une bonne attitude devant la cour. Il s'était fait raser avec soin, il avait la tête nue, il portait ce morne habit des prisonniers de Clairvaux, mi-parti de deux espèces de gris. Le procureur du roi avait encombré la salle de toutes les bayonnettes de l'arrondissement, « afin, dit-il à l'audience, de contenir tous les scélérats qui devaient figurer comme témoins dans cette affaire. Lorsqu'il fallut entamer les débats, il se présenta une difficulté singulière. Aucun des témoins des événements du 4 novembre ne voulait déposer contre Claude. Le président les menaça de son pouvoir discrétionnaire. Ce fut en vain. Claude alors leur commanda de déposer. Toutes les langues se délièrent. Ils dirent ce qu'ils avaient vu. Claude les écoutait tous avec une profonde attention. Quand l'un d'eux, par oubli, ou par affection pour Claude, omettait des faits à la charge de l'accusé, Claude les rétablissait. De témoignage en témoignage, la série des faits que nous venons de développer se déroula devant la cour.

Il y eut un moment où les femmes qui étaient là pleurèrent. L'huissier appela le condamné Albin. C'était son tour de déposer. Il entra en chancelant ; il sanglotait. Les gendarmes ne purent empêcher qu'il n'allât tomber dans les bras de Claude. Claude le soutint et dit en souriant au procureur du roi

— Voilà un scélérat qui partage son pain avec ceux qui ont faim.

— Puis il baisa la main d'Albin. La liste des témoins épuisée, monsieur le procureur du roi se leva et prit la parole en ces termes — Messieurs les jurés, la société serait ébranlée jusque dans ses fondements, si la vindicte publique n'atteignait pas les grands coupables comme celui qui, etc. Après ce discours mémorable, l'avocat de Claude parla. La plaidoirie contre et la plaidoirie pour firent, chacune à leur tour, les évolutions qu'elles ont coutume de faire dans cette espèce d'hippodrome qu'on appelle un procès criminel. Claude jugea que tout n'était pas dit. Il se leva à son tour. Il parla de telle sorte qu'une personne intelligente qui assistait à cette audience s'en revint frappée d'étonnement. Il paraît que ce pauvre ouvrier contenait bien plutôt un orateur qu'un assassin. Il parla debout, avec une voix pénétrante et bien ménagée, avec un oeil clair, honnête et résolu, avec un geste presque toujours le même, mais plein d'empire. Il dit les choses comme elles étaient, simplement, sérieusement, sans charger ni amoindrir, convint de tout, regarda l'article 296 en face, et posa sa tête dessous. Il eut des moments de véritable haute éloquence qui faisaient remuer la foule, et où l'on se répétait à l'oreille dans l'auditoire ce qu'il venait de dire. Cela faisait un murmure pendant lequel Claude reprenait haleine en jetant un regard fier sur les assistants.

Dans d'autres instants, cet homme qui ne savait pas lire était doux, poli, choisi, comme un lettré ; puis, par moments encore, modeste, mesuré, attentif, marchant pas à pas dans la partie irritante de la discussion, bienveillant pour les juges. Une fois seulement, il se laissa aller à une secousse de colère. Le procureur du roi avait établi dans le discours que nous avons cité en entier que Claude Gueux avait assassiné le directeur des ateliers sans voie de fait ni violence de la part du directeur, par conséquent sans provocation.

— Quoi ! s'écria Claude, je n'ai pas été provoqué ! Ah ! oui, vraiment, c'est juste, je vous comprends. Un homme ivre me donne un coup de poing, je le tue, j'ai été provoqué, vous me faites grâce, vous m'envoyez aux galères. Mais un homme qui n'est pas ivre et qui a toute sa raison me comprime le coeur pendant quatre ans, m'humilie pendant quatre ans, me pique tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, d'un coup d'épingle à quelque place inattendue pendant quatre ans ! J'avais une femme pour qui j'ai volé, il me torture avec cette femme ; j'avais un enfant pour qui j'ai volé, il me torture avec cet enfant ; je n'ai pas assez de pain, un ami m'en donne, il m'ôte mon ami et mon pain. Je redemande mon ami, il me met au cachot. Je lui dis vous, à lui mouchard, il me dit tu. Je lui dis que je souffre, il me dit que je l'ennuie. Alors que voulez-vous que je fasse ? Je le tue. C'est bien, je suis un monstre, j'ai tué cet homme, je n'ai pas été provoqué, vous me coupez la tête. Faites.


HUGO, Victor : Claude Gueux (4) HUGO, Victor: Claude Gueux (4) HUGO, Victor: Claude Gueux (4) HUGO, Victor: Claude Gueux (4) HUGO, Victor: Claude Gueux (4) HUGO, Victor: Claude Gueux (4)

Tout à coup il se détourna brusquement, surpris d'entendre un pas derrière lui. Suddenly he turned away, surprised to hear a footstep behind him. C'était Claude, qui le suivait en silence depuis quelques instants. It was Claude, who had been following him in silence for a few moments. — Que fais-tu là, toi ? - What are you doing here? dit le directeur ; pourquoi n'es-tu pas à ta place ? said the manager; why aren't you where you belong? Car un homme n'est plus un homme là, c'est un chien, on le tutoie. Because a man isn't a man anymore, he's a dog. Claude Gueux répondit respectueusement Claude Gueux replied respectfully

— C'est que j'ai à vous parler, monsieur le directeur. - I'd like to talk to you, Mr. Director. — De quoi ? - What? — D'Albin. - D'Albin. — Encore ! - Again! dit le directeur. says the manager.

— Toujours ! - Always! dit Claude. says Claude.

— Ah çà ! - Oh my! - Oh aquilo ! reprit le directeur continuant de marcher, tu n'as donc pas eu assez de vingt-quatre heures de cachot ? You haven't had enough of twenty-four hours in the dungeon? resumiu o diretor, continuando a andar, "então você não teve o suficiente de vinte e quatro horas na masmorra?" Claude répondit en continuant de le suivre : Claude replied, continuing to follow him:

— Monsieur le directeur, rendez-moi mon camarade. - Director, give me back my comrade.

— Impossible ! - Impossible!

Monsieur le directeur, dit Claude avec une voix qui eût attendri le démon, je vous en supplie, remettez Albin avec moi, vous verrez comme je travaillerai bien. Mr. Director, said Claude, in a voice that would have moved the demon, I beg you, put Albin back with me, you will see how well I will work. “主任,”克劳德用一种能软化魔鬼的声音说道,“求求你,把阿尔宾放回我身边,你会看到我的工作做得如何。” Vous qui êtes libre, cela vous est égal, vous ne savez pas ce que c'est qu'un ami ; mais, moi, je n'ai que les quatre murs de ma prison. You who are free do not care, you do not know what a friend is; but I only have the four walls of my prison. 自由的你不在乎,你不知道朋友是什么;但是,我,我的监狱只有四堵墙。 Vous pouvez aller et venir, vous ; moi je n'ai qu'Albin. You can come and go, you; I only have Albin. 你可以来来去去,你;我只有阿尔宾。 Rendez-le-moi. Give it back to me. Albin me nourrissait, vous le savez bien. Albin fed me, you know that. 阿尔宾喂我,你知道的。 Cela ne vous coûterait que la peine de dire oui. It would only cost you the trouble to say yes. 同意只会让你付出代价。 Qu'est-ce que cela vous fait qu'il y ait dans la même salle un homme qui s'appelle Claude Gueux et un autre qui s'appelle Albin ? How do you feel that there is in the same room a man called Claude Gueux and another called Albin? O que lhe importa que haja na mesma sala um homem chamado Claude Gueux e outro chamado Albin? 一个叫 Claude Gueux 的男人和另一个叫 Albin 的男人在同一个房间里,这对你有什么影响? Car ce n'est pas plus compliqué que cela. Because it's as simple as that. 因为它并不比这更复杂。 Monsieur le directeur, mon bon monsieur D. , je vous supplie vraiment, au nom du ciel ! Mr. Director, my good Mr. D. I truly beg you, in heaven's name!

Claude n'en avait peut-être jamais tant dit à la fois à un geôlier. Claude had perhaps never said so much to a jailer at once. Claude talvez nunca tivesse falado tanto para um carcereiro de uma só vez. Après cet effort, épuisé, il attendit. After this effort, exhausted, he waited. Le directeur répliqua avec un geste d'impatience — Impossible. The director replied with a gesture of impatience - Impossible. C'est dit. We've said it. Voyons, ne m'en reparle plus. Come on, don't talk to me about it again. Tu m'ennuies. You're boring me. Et, comme il était pressé, il doubla le pas. And, as he was in a hurry, he doubled his pace. Claude aussi. Claude too. En parlant ainsi, ils étaient arrivés tous deux près de la porte de sortie ; les quatrevingts voleurs regardaient et écoutaient, haletants. As they spoke, they had both reached the exit door; the eighty thieves watched and listened, panting.

Claude toucha doucement le bras du directeur. Claude gently touched the headmaster's arm. 克劳德轻轻碰了碰校长的手臂。

— Mais au moins que je sache pourquoi je suis condamné à mort. - But at least that I know why I am condemned to death. “但至少我知道为什么我被判处死刑。 Dites-moi pourquoi vous l'avez séparé de moi. Tell me why you separated him from me. 告诉我你为什么把他和我分开。 — Je te l'ai déjà dit, répondit le directeur, parce que. - I've already told you," replied the manager, "because. ——我已经告诉过你了,导演回答说,因为。 Et, tournant le dos à Claude, il avança la main vers le loquet de la porte de sortie. And, turning his back on Claude, he put his hand towards the latch of the exit door. 然后,他背对着克劳德,伸手去拉出口门闩。

À la réponse du directeur, Claude avait reculé d'un pas. At the director's response, Claude took a step back. 听到经理的回应,克洛德后退了一步。 Les quatrevingts statues qui étaient là virent sortir de son pantalon sa main droite avec la hache. The eighty statues standing there saw his right hand sticking out of his pants with the ax. 在那里的八十尊雕像看到了他的右手,斧头从他的裤子里伸出来。 Cette main se leva, et, avant que le directeur eût pu pousser un cri, trois coups de hache, chose affreuse à dire, assénés tous les trois dans la même entaille, lui avaient ouvert le crâne. This hand rose, and, before the headmaster could utter a cry, three ax blows, a dreadful thing to say, all three of them in the same gash, had slit open his skull. Esta mão foi levantada, e antes que o diretor pudesse soltar um grito, três golpes do machado, terríveis de se dizer, todos os três atingidos no mesmo corte, abriram seu crânio. 这只手抬起来,导演还没来得及叫喊一声,斧头连砍三下,说是恐怖,三下全砍在同一道口子上,已经劈开了他的头骨。 Au moment où il tombait à la renverse, un quatrième coup lui balafra le visage ; puis, comme une fureur lancée ne s'arrête pas court, Claude Gueux lui fendit la cuisse droite d'un cinquième coup inutile. Just as he fell backwards, a fourth blow slashed his face; then, like a fury that doesn't stop short, Claude Gueux split his right thigh with a fifth, useless blow. 当他向后倒下时,第四击打在了他的脸上。然后,克劳德·格克斯的怒火并没有停止,第五次无用的打击劈开了他的右大腿。 Le directeur était mort. The director was dead.

Alors Claude jeta la hache et cria : À l'autre maintenant ! Then Claude threw down the ax and shouted: To the other now! 然后克劳德扔下斧头喊道:到另一个吧! L'autre, c'était lui. The other was him. On le vit tirer de sa veste les petits ciseaux de « sa femme, » et, sans que personne songeât à l'en empêcher, il se les enfonça dans la poitrine. He was seen to draw his wife's little scissors from his jacket, and without anyone thinking of stopping him, he thrust them into his chest. 有人看到他从夹克里抽出他妻子的小剪刀,没有人想阻止他,他把剪刀插进了自己的胸膛。 La laine était courte, la poitrine était profonde. The wool was short, the chest was deep. A lã era curta, o peito era profundo. Il y fouilla longtemps et à plus de vingt reprises en criant — Coeur de damné, je ne te trouverai donc pas ! He searched there for a long time and more than twenty times, shouting - Heart of the damned, I won't find you! Ele remexeu lá por muito tempo e mais de vinte vezes, gritando — Coração dos malditos, não vou te encontrar! 他在那里找了很久,找了二十多次,嘴里喊着——该死的心,我不会找到你的! — Et enfin il tomba baigné dans son sang, évanoui sur le mort. - And at last he fell, bathed in his own blood, unconscious on top of the dead man. 最后他倒在血泊中,倒在了死者身上。

Lequel des deux était la victime de l'autre ? Which of the two was the other's victim? 两人中谁是对方的受害者? Quand Claude reprit connaissance, il était dans un lit, couvert de linges et de bandages, entouré de soins. When Claude regained consciousness, he was in bed, covered in cloths and bandages, surrounded by care. 当克劳德苏醒过来时,他躺在床上,身上盖着床单和绷带,周围都是小心翼翼的。 Il avait auprès de son chevet de bonnes soeurs de charité, et de plus un juge d'instruction qui instrumentait et qui lui demanda avec beaucoup d'intérêt : He had by his bedside good nuns of charity, and moreover an examining magistrate who instrumented and who asked him with great interest: Tinha ao lado do leito boas freiras de caridade e, além disso, um juiz de instrução que instrumentava e que lhe perguntava com grande interesse: 他的床边有好心的慈善姐妹,还有一位预审法官,他很感兴趣地问他: — Comment vous trouvez- vous ? - How do you find yourself?

Il avait perdu une grande quantité de sang, mais les ciseaux avec lesquels il avait eu la superstition touchante de se frapper avaient mal fait leur devoir ; aucun des coups qu'il s'était portés n'était dangereux. He'd lost a great deal of blood, but the scissors with which he'd had the touching superstition to strike himself had done their duty badly; none of the blows he'd given himself were dangerous. 他流了很多血,但他曾怀着感人的迷信来剪自己的剪刀却没有发挥作用;他给自己的打击没有一个是危险的。 Il n'y avait de mortelles pour lui que les blessures qu'il avait faites à M. D. There were no mortals for him but the wounds he had made to MD Não havia mortais para ele, mas as feridas que ele fez para MD 对他来说没有凡人,但他对 MD 造成的伤害 Les interrogatoires commencèrent. The interrogations began. On lui demanda si c'était lui qui avait tué le directeur des ateliers de la prison de Clairvaux. He was asked if it was he who had killed the director of the workshops at Clairvaux prison. 他们问他是否是他杀死了 Clairvaux 监狱的车间主任。 Il répondit Oui. He answered Yes. On lui demanda pourquoi. He was asked why. Il répondit Parce que. He answered Because.

Cependant, à un certain moment, ses plaies s'envenimèrent ; il fut pris d'une fièvre mauvaise dont il faillit mourir. However, at a certain point, his wounds grew worse; he was seized with a bad fever from which he almost died. No entanto, em um certo ponto, seus ferimentos pioraram; foi acometido de uma febre forte da qual quase morreu. 然而,在某个时刻,他的伤口越来越严重;他突然发高烧,差点死去。 Novembre, décembre, janvier et février se passèrent en soins et en préparatifs ; médecins et juges s'empressaient autour de Claude ; les uns guérissaient ses blessures, les autres dressaient son échafaud. November, December, January and February were spent in care and preparation; doctors and judges rushed around Claude, some healing his wounds, others erecting his scaffold. 11月、12月、1月和2月都在精心准备中度过;医生和法官挤在克劳德身边;一些人治愈了他的伤口,另一些人为他架起了断头台。 Abrégeons. Let's abbreviate. Vamos abreviar. 让我们缩写。 Le 16 mars 1832, il parut, étant parfaitement guéri, devant la cour d'assises de Troyes. On March 16, 1832, he appeared, being perfectly cured, before the Court of Assizes of Troyes. 1832 年 3 月 16 日,他出现在特鲁瓦巡回法院之前,已完全治愈。 Tout ce que la ville peut donner de foule était là. All the crowd the city can give was there. 这座城市所能提供的所有人群都在那里。

Claude eut une bonne attitude devant la cour. 克劳德在法庭上态度很好。 Il s'était fait raser avec soin, il avait la tête nue, il portait ce morne habit des prisonniers de Clairvaux, mi-parti de deux espèces de gris. He had had his head carefully shaved, his head was bare, he wore the dreary habit of the prisoners of Clairvaux, half of two kinds of gray. Tinha a cabeça raspada com cuidado, a cabeça estava nua, usava o hábito lúgubre dos prisioneiros de Clairvaux, metade de dois tipos de cinza. 他的头被仔细地剃过,光着头,穿着克莱尔沃囚犯的那种沉闷的习惯,一半是两种灰色。 Le procureur du roi avait encombré la salle de toutes les bayonnettes de l'arrondissement, « afin, dit-il à l'audience, de contenir tous les scélérats qui devaient figurer comme témoins dans cette affaire. The king's attorney had encumbered the room with all the bayonets of the arrondissement, "in order," he told the audience, "to contain all the scoundrels who were to appear as witnesses in this affair." O advogado do rei havia obstruído a sala com todas as baionetas do arrondissement, "para", disse ele à audiência, "conter todos os canalhas que deveriam ser testemunhas deste caso". 国王的代理人用该区所有的刺刀占据了房间,“为了”,他告诉听众,“以包含所有将在这起事件中作为证人出庭的无赖。” Lorsqu'il fallut entamer les débats, il se présenta une difficulté singulière. When it was necessary to begin the debates, a singular difficulty presented itself. Quando foi necessário iniciar os debates, surgiu uma dificuldade singular. 当有必要开始辩论时,一个奇异的困难出现了。 Aucun des témoins des événements du 4 novembre ne voulait déposer contre Claude. 11 月 4 日事件的所有证人都不想出庭作证指控克劳德。 Le président les menaça de son pouvoir discrétionnaire. 总统以他的自由裁量权威胁他们。 Ce fut en vain. 这是徒劳的。 Claude alors leur commanda de déposer. Claude then ordered them to lay down. 然后克劳德命令他们躺下。 Toutes les langues se délièrent. All tongues loosen. Todas as línguas se soltam. 所有的舌头都放松了。 Ils dirent ce qu'ils avaient vu. 他们说出了他们所看到的。 Claude les écoutait tous avec une profonde attention. Claude listened to them all with rapt attention. Quand l'un d'eux, par oubli, ou par affection pour Claude, omettait des faits à la charge de l'accusé, Claude les rétablissait. When one of them, out of forgetfulness or affection for Claude, omitted facts against the accused, Claude re-established them. Quando um deles, por esquecimento, ou por afeição a Claude, omitia fatos contra os quais o acusado era acusado, Claude os restabelecera. 当他们中的一个出于健忘或出于对克劳德的感情而遗漏了被告被指控的事实时,克劳德重新建立了这些事实。 De témoignage en témoignage, la série des faits que nous venons de développer se déroula devant la cour. From testimony to testimony, the series of facts we have just developed unfolded before the court. 从证词到证词,我们刚刚展开的一系列事实展现在法庭面前。

Il y eut un moment où les femmes qui étaient là pleurèrent. There was a moment when the women there wept. 有那么一刻,在场的妇女都哭了。 L'huissier appela le condamné Albin. The bailiff called the condemned Albin. 法警打电话给被判刑的阿尔宾。 C'était son tour de déposer. It was his turn to file. 轮到他归档了。 Il entra en chancelant ; il sanglotait. He staggered in; he was sobbing. 他摇摇晃晃地走了进去;他在抽泣。 Les gendarmes ne purent empêcher qu'il n'allât tomber dans les bras de Claude. The gendarmes could not prevent him from falling into Claude's arms. Os gendarmes não puderam impedi-lo de cair nos braços de Claude. 宪兵们没能阻止他投入克劳德的怀抱。 Claude le soutint et dit en souriant au procureur du roi Claude supported him and said with a smile to the public prosecutor.

— Voilà un scélérat qui partage son pain avec ceux qui ont faim. - Here's a scoundrel who shares his bread with the hungry. “这是一个与饥饿的人分享面包的恶棍。”

— Puis il baisa la main d'Albin. - Then he kissed Albin's hand. 然后他亲吻了阿尔宾的手。 La liste des témoins épuisée, monsieur le procureur du roi se leva et prit la parole en ces termes — Messieurs les jurés, la société serait ébranlée jusque dans ses fondements, si la vindicte publique n'atteignait pas les grands coupables comme celui qui, etc. The list of witnesses exhausted, the king's prosecutor rose and spoke in these terms - Gentlemen of the jury, society would be shaken to its foundations, if public vindictiveness did not reach the great culprits like the one who, etc. . Esgotada a lista de testemunhas, o procurador do rei levantou-se e falou nestes termos - Senhores do júri, a sociedade ficaria abalada até os alicerces, se a vingança pública não chegasse aos grandes culpados como aquele que, etc. 证人名单已经排完,国王的检察官站起来,用这些话发言——陪审团的先生们,如果公众的报复没有触及像那个人这样的大罪犯,社会将彻底动摇,等等。 Après ce discours mémorable, l'avocat de Claude parla. After this memorable speech, Claude's lawyer spoke. 在这段令人难忘的演讲之后,克劳德的律师发言了。 La plaidoirie contre et la plaidoirie pour firent, chacune à leur tour, les évolutions qu'elles ont coutume de faire dans cette espèce d'hippodrome qu'on appelle un procès criminel. The pleading against and the pleading for, each in its turn, made the evolutions which they are wont to make in this kind of hippodrome which is called a criminal trial. O pleito contra e o pleito a favor, cada um por sua vez, fizeram as evoluções que costumam fazer nesse tipo de hipódromo que se chama julgamento criminal. 辩护和辩护,轮流进行,在这种被称为刑事审判的竞技场中,他们通常会做出这样的演变。 Claude jugea que tout n'était pas dit. Claude judged that all was not said. 克洛德判断一切都没有说完。 Il se leva à son tour. He stood up in turn. 他依次起身。 Il parla de telle sorte qu'une personne intelligente qui assistait à cette audience s'en revint frappée d'étonnement. He spoke in such a way that an intelligent person who attended this audience came away struck with astonishment. Ele falou de tal maneira que uma pessoa inteligente que assistiu a esta audiência saiu impressionada. 他说话的方式使参加这次听众的一位聪明人离开时感到惊讶。 Il paraît que ce pauvre ouvrier contenait bien plutôt un orateur qu'un assassin. It seems that this poor workman contained rather an orator than an assassin. 看来这个可怜的工人与其说是刺客,倒不如说是演说家。 Il parla debout, avec une voix pénétrante et bien ménagée, avec un oeil clair, honnête et résolu, avec un geste presque toujours le même, mais plein d'empire. He spoke standing up, with a penetrating and well-managed voice, with a clear, honest and resolute eye, with a gesture almost always the same, but full of empire. 他站着说话,声音富有穿透力且控制得当,眼神清澈、诚实而坚定,手势几乎总是一样,但充满了帝国气息。 Il dit les choses comme elles étaient, simplement, sérieusement, sans charger ni amoindrir, convint de tout, regarda l'article 296 en face, et posa sa tête dessous. He told it like it was, simply, seriously, without burdening or undermining, agreed on everything, looked article 296 in the face, and put his head under it. Disse as coisas como eram, simples, sérias, sem pesar nem diminuir, concordou com tudo, olhou o artigo 296 de frente e deitou a cabeça sob ele. 他如实说,简单,认真,没有负担或减少,同意一切,看着第296条的脸,把头埋在下面。 Il eut des moments de véritable haute éloquence qui faisaient remuer la foule, et où l'on se répétait à l'oreille dans l'auditoire ce qu'il venait de dire. There were moments of veritable high eloquence which made the crowd stir, and where they repeated in their ears what he had just said. Houve momentos de verdadeira alta eloquência que fizeram a multidão se agitar e repetir em seus ouvidos o que ele acabara de dizer. 有的时候,他口若悬河,引起了人群的骚动,他们在耳边重复着他刚才说的话。 Cela faisait un murmure pendant lequel Claude reprenait haleine en jetant un regard fier sur les assistants. There was a murmur during which Claude caught his breath, casting a proud look on the assistants. 低语声中,克洛德倒吸一口凉气,得意的看了助手们一眼。

Dans d'autres instants, cet homme qui ne savait pas lire était doux, poli, choisi, comme un lettré ; puis, par moments encore, modeste, mesuré, attentif, marchant pas à pas dans la partie irritante de la discussion, bienveillant pour les juges. At other times, this man who could not read was gentle, polite, chosen, like a scholar; then, at times still, modest, measured, attentive, walking step by step in the irritating part of the discussion, benevolent towards the judges. 其他时候,这个不识字的男人温文尔雅,彬彬有礼,被选中,像个书生;然后,有时仍然谦虚、慎重、专心,在讨论的恼人部分一步步走,对法官仁慈。 Une fois seulement, il se laissa aller à une secousse de colère. Only once did he give way to a fit of anger. 他只有一次怒火中烧。 Le procureur du roi avait établi dans le discours que nous avons cité en entier que Claude Gueux avait assassiné le directeur des ateliers sans voie de fait ni violence de la part du directeur, par conséquent sans provocation. The King's Prosecutor had established in the speech we have quoted in full that Claude Gueux had murdered the director of the workshops without any assault or violence on the part of the director, and therefore without provocation. O procurador do rei havia estabelecido no discurso que citamos na íntegra que Claude Gueux havia assassinado o diretor das oficinas sem agressão ou violência por parte do diretor, consequentemente sem provocação. 国王的检察官在我们全文引用的演讲中证实,克劳德·格 (Claude Gueux) 暗杀了车间主任,而车间主任并没有对车间主任进行攻击或暴力,因此也没有受到挑衅。

— Quoi ! - What! s'écria Claude, je n'ai pas été provoqué ! exclaimed Claude, "I wasn't provoked! 克劳德惊呼,我没有被激怒! Ah ! Ah! oui, vraiment, c'est juste, je vous comprends. yes, really, it's fair, I understand you. Un homme ivre me donne un coup de poing, je le tue, j'ai été provoqué, vous me faites grâce, vous m'envoyez aux galères. A drunken man punches me, I kill him, I was provoked, you spare me, you send me to the galleys. Um bêbado me dá um soco, eu o mato, fui provocado, você me poupa, você me manda para as galés. 一个醉汉打我,我杀了他,我被激怒了,你放过我,你把我送去厨房。 Mais un homme qui n'est pas ivre et qui a toute sa raison me comprime le coeur pendant quatre ans, m'humilie pendant quatre ans, me pique tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, d'un coup d'épingle à quelque place inattendue pendant quatre ans ! But a man who is not drunk and who has all his reason compresses my heart for four years, humiliates me for four years, pricks me every day, every hour, every minute, with a pinprick in some unexpected place for four years! Mas um homem que não está bêbado e que tem toda a sua razão aperta meu coração por quatro anos, me humilha por quatro anos, me pica todos os dias, todas as horas, todos os minutos, com um golpe, preso em algum lugar inesperado por quatro anos! 可一个不醉不醉,理智十足的男人,压了我的心四年,羞辱了我四年,每天,每一小时,每一分钟,一击,刺痛我,钉在一个意想不到的地方,四年! J'avais une femme pour qui j'ai volé, il me torture avec cette femme ; j'avais un enfant pour qui j'ai volé, il me torture avec cet enfant ; je n'ai pas assez de pain, un ami m'en donne, il m'ôte mon ami et mon pain. I had a wife for whom I stole, he tortures me with that wife; I had a child for whom I stole, he tortures me with that child; I don't have enough bread, a friend gives me some, he takes away my friend and my bread. Tive uma mulher para quem roubei, ele me tortura com essa mulher; Eu tive um filho que roubei, ele me tortura com esse filho; Eu não tenho pão suficiente, um amigo me dá um pouco, ele tira meu amigo e meu pão. 我有一个女人,我偷了她,他用这个女人折磨我;我偷了一个孩子,他用这个孩子折磨我;我没有足够的面包,一个朋友给我一些,他拿走了我的朋友和我的面包。 Je redemande mon ami, il me met au cachot. I ask for my friend again, and he puts me in the dungeon. 我又问我的朋友,他把我关进了地牢。 Je lui dis vous, à lui mouchard, il me dit tu. I tell him you, to him snitch, he tells me you. Eu digo a ele você, para ele delator, ele me diz você. 我告诉他你,给他告密,他告诉我你。 Je lui dis que je souffre, il me dit que je l'ennuie. I tell him that I suffer, he tells me that I bore him. 我告诉他我受苦,他告诉我我让他厌烦。 Alors que voulez-vous que je fasse ? So what do you want me to do? 那你想让我做什么? Je le tue. I kill him. C'est bien, je suis un monstre, j'ai tué cet homme, je n'ai pas été provoqué, vous me coupez la tête. That's right, I'm a monster, I killed that man, I wasn't provoked, you cut off my head. 没事,我是个怪胎,我杀了那个男人,我没有被激怒,你砍了我的头。 Faites. Please do. 完毕。