×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Pure Politique, François Ruffin président ? Pourquoi ça pourrait marcher. (1)

François Ruffin président ? Pourquoi ça pourrait marcher. (1)

Moi je montre qu'il y a une fracture.

Il y a bien une fracture électorale.

Je ne suis pas pour les condamnations à perpétuité.

Nous ne souhaitons pas qu'Adrien Quatennens

puisse avoir la moindre responsabilité dans l'intergroupe de la Nupes.

Pourquoi pendant quatre mois ça n'a pas été possible

de l'empêcher de prendre la parole dans l'hémicycle ?

Jean-Luc Mélenchon voulait que son protégé soit réintégré.

Son protégé est réintégré.

La Nupes qui se délabre,

Jean-Luc Mélenchon qui semble passer le flambeau à François Ruffin

et le retour agité d'Adrien Quatennens parmi les insoumis.

C'est le sommaire de ce numéro 37 du Bourbon de Serge.

Et si la nouvelle figure du rassemblement à gauche s'appelait François Ruffin ?

C'est ce que laisse entendre un tweet de Jean-Luc Mélenchon,

publié hier, en réaction à un sondage de l'institut Cluster17.

“Magnifique sondage Cluster.

François Ruffin et moi passons la barre des 20 %.

Et accédons au deuxième tour.

Tout le travail accompli depuis un an

ne s'est pas perdu dans le sable du bashing permanent contre moi.

François est prêt. En avant !”

François est prêt.

Faut-il conclure de ces trois mots

que l'électron libre du groupe parlementaire de la France insoumise

a été adoubé par le vieux chef ?

Il y a de quoi être déconcerté.

François Ruffin fait partie des figures historiques écartées récemment

de la direction opérationnelle de la France insoumise.

Avec Alexis Corbière, Clémentine Autain, Éric Coquerel et quelques autres.

En novembre de l'année dernière, le député de la Somme

s'était défini dans les colonnes de l'Obs comme un social-démocrate.

Ce qui, à la France insoumise, équivaut à se déclarer vegan

alors qu'on est attablé devant une entrecôte bien saignante de trois centimètres d'épaisseur.

Mais cette profession de foi ne peut que rassurer les socialistes,

les écologistes et même les communistes.

D'autant que dans l'entretien accordé à l'hebdomadaire,

François Ruffin critiquait en creux la stratégie de conflictualisation permanente

de ses camarades.

Assurant que pour sa part, il cultiverait une certaine modération dans l'expression.

Surtout, François Ruffin insiste depuis longtemps

sur la nécessité d'aller reconquérir l'électorat populaire

qui s'est égaré au Rassemblement national à force d'être oublié par la gauche.

Ce qu'en son temps, Jean-Luc Mélenchon appelait les “fâchés pas fachos”.

Moi je montre qu'il y a une fracture.

Il y a bien une fracture électorale entre les quartiers populaires,

et tant mieux si Jean-Luc Mélenchon y a fait un excellent score,

tant mieux si la gauche retrouve le droit de citer dans les cités,

et des campagnes populaires

où, ça dépend des endroits mais il y a des endroits ça ne va pas du tout quoi.

On ne peut pas gagner demain,

on ne peut pas être majoritaire dans le pays si on n'a pas trois parties d'un bloc,

c'est-à-dire les classes intermédiaires, les profs pour faire bref

ou les jeunes éduqués des centres-villes,

si on n'a pas les quartiers populaires,

il faut continuer, il faut réussir à les garder

et si on n'y ajoute pas les campagnes populaires.

Ne s'agit-il que d'un ballon d'essai, d'un écran de fumée

ou bien assiste-t-on à un véritable passage de témoin ?

Il faudra le vérifier dans les semaines à venir.

Hier soir, même l'entourage de l'ancien candidat à la présidentielle

se perdait en conjectures.

Jean-Luc Mélenchon est un spécialiste du billard à trois bandes.

Toujours est-il qu'un changement d'incarnation serait bienvenu pour la Nupes.

Depuis plusieurs semaines,

la coalition ne cesse de multiplier les signes d'essoufflement et de division.

Ce qui fut un coup de maître de Jean-Luc Mélenchon, voici bientôt un an,

a maintenant des allures de guimbarde

éparpillant sa carrosserie sur les routes départementales.

Pourtant, la crise sociale et politique qui secoue le pays devrait profiter à la Nupes.

Cela fait bien longtemps que la gauche n'avait eu pareil boulevard devant elle.

Entre l'inflation, les retraites et le pouvoir d'achat,

il y a de quoi construire une alternative politique.

Les premiers nuages sont apparus avec l'examen du projet de loi sur les retraites.

La France insoumise a choisi de pratiquer une obstruction systématique

contre l'avis de ses partenaires socialistes, écologistes et communistes.

Ces derniers voulaient voter sur l'article 7 qui porte à 64 ans l'âge légal du départ en retraite.

LFI les en a privés.

Fin mars c'est l'élection dans l'Ariège d'une dissidente socialiste

contre la candidate LFI investie par la Nupes qui a ravivé les tensions.

La direction du PS est apparue en situation d'extrême faiblesse.

Au point qu'aujourd'hui le parti est coupé en deux

entre les pro Nupes et les anti Nupes.

Les rescapés du hollandisme ont retrouvé leur arrogance.

Plus récente, la sortie de Fabien Roussel, à Marseille,

lors du congrès de son parti a consacré la rupture avec les insoumis.

Je le dis clairement, et en toute fraternité :

Mêlez-vous de vos affaires.

“Mêlez-vous de vos affaires” a lancé le secrétaire national du PCF

à l'adresse de Manuel Bompard qui le sommait de s'expliquer

sur une éventuelle alliance avec Bernard Cazeneuve,

l'ancien ministre de l'Intérieur de François Hollande.

Roussel entend bien continuer à faire cavalier seul.

Il est vrai que les sondages le gratifient, ici et là, de quelques points supplémentaires.

Il y a deux jours, une enquête de L'IFOP

le présentait même comme la personnalité qui peut le mieux rassembler la gauche

à la prochaine présidentielle.

Si l'on rajoute à ce tableau,

la crise souterraine qui taraude la France insoumise depuis décembre dernier

avec l'éviction de plusieurs figures historiques des structures de direction,

il y a de quoi décourager l'électeur de gauche.

“L'union est un combat” répétait-on à l'époque du programme commun de la gauche

dans les années 70.

Certes écologistes, socialistes et insoumis prônent tous un acte II de la coalition.

Mais à ce train-là, c'est bien plutôt un acte de décès qu'il va falloir rédiger.

Il faut croire que la Nupes aime à se tirer une balle dans le pied chaque matin.

On en a eu une illustration ce mardi à l'Assemblée.

La gauche s'est à nouveau donnée en spectacle

à l'occasion du retour d'Adrien Quatennens au sein du groupe insoumis.

Vous pensiez qu'on avait tout dit sur le sujet.

Ce qu'il devait faire, ce qu'il ne devait pas faire,

ce qu'on aurait dû faire, ce qu'il faudra faire…

Erreur. Certains en avaient encore sous la semelle.

Rien d'étonnant après tout.

Les premières fêlures de la Nupes sont justement apparues avec l'affaire Quatennens.

Sans doute a-t-on refermé le couvercle trop tôt.

Ou mal mesuré le trouble qu'a généré l'attitude de la France insoumise

pendant ce premier soubresaut.

Mardi matin, le groupe LFI s'est donc prononcé pour la réintégration d'Adrien Quatennens

par 45 voix pour, 15 contre et 2 abstentions.

Il n'y avait pas foule parmi les députés insoumis pour commenter ce résultat.

Seul Alexis Corbière s'est dévoué :

C'est un principe philosophique.

Toute personne qui a fauté est sanctionnée,

fait sa peine, si je puis dire.

Nous, comme nous sommes un groupe politique

nous avons aussi également apporté un regard et un supplément politique

mais le principe dans la vie, qui concerne toute homme et toute femme,

c'est que aussi les conditions après d'une vie doit continuer.

Je ne suis pas pour les condamnations à perpétuité.

Moi je ne veux pas qu'il y ait une gourmandise à rajouter du sel sur des plaies.

Voilà. De manière générale.

Et je vais vous dire une chose, vis à vis de votre profession,

il y a eu trop de gourmandise médiatique, là encore, autour du cas Quatennens.

Et je vois bien que derrière ça il y avait une volonté de ne plus parler de Adrien

mais de la France insoumise et tout,

donc mettons les choses à leur place.

La gourmandise de la presse… Les médias ont bon dos.

Si Jean-Luc Mélenchon n'avait pas assuré Adrien Quatennens

de sa sympathie dans un tweet,

alors que ce dernier venait de reconnaître publiquement avoir giflé sa femme,

peut-être la presse se serait-elle montrée moins vorace.

Curieusement, le patron des socialistes, Olivier Faure

incrimine lui aussi l'appétit des médias.

Un appétit sélectif, à l'entendre.

C'est une évidence que c'est un feuilleton qui a beaucoup duré,

vous n'y êtes pas pour rien.

Vous avez fait beaucoup sur Adrien Quatennens,

beaucoup moins sur un certain nombre de déboires gouvernementaux

et y compris sur un ministre qui est ministre de l'Intérieur aujourd'hui

qui lui a été vendre ses services contre prestations sexuelles.

Bon, je passe.

Nous ne souhaitons pas qu'Adrien Quatennens

puisse avoir la moindre responsabilité dans l'intergroupe de la Nupes

puisque c'est un espace que nous co-gérons.

En droit, il a tout à fait le droit d'être là, il a tout à fait le droit de parler

et je ne souhaite pas qu'on le lynche

ou qu'on le bannisse ou qu'on lui fasse porter tous les crimes de la Terre.

Bien sûr que quand je le croise, je lui parle, je le salue

et je n'ai pas de problème avec ça.

Simplement, politiquement je pense qu'il y a des symboles qu'il faut,

plus que des symboles des décisions à prendre,

et cette décision en est une.

Il ne faut pas, il ne fallait pas du point de vue des insoumis

le réintégrer dans leur groupe.

Au sein de la Nupes, certains continuent de penser

que la sanction infligée à Adrien Quatennens n'était pas assez sévère.

C'est le cas de Sandrine Rousseau.

C'est quand même incroyable

qu'on n'arrive pas à accepter la sanction d'un député

qui a été condamné par la justice donc déclaré coupable

donc déclaré coupable.

Pourquoi pendant quatre mois ça n'a pas été possible

de l'empêcher de prendre la parole dans l'hémicycle

et de faire en sorte qu'il ne soit pas présent dans cet hémicycle.

Donc évidemment, là il va revenir

mais aucun retour ne sera légitime aux yeux de la population,

aux yeux de plein de gens

tant qu'il n'y aura pas eu de sanction légitimée par le groupe.

On n'est pas des gens sur une place publique à les brûler vifs.

La question c'est : sanction, réparation, réhabilitation.

“On ne met pas des gens sur une place publique à les brûler”

se défend Sandrine Rousseau.

Il y a fort à parier que Julien Bayou soit d'un autre avis.

Accusé de violences psychologiques contre une ex-compagne,

l'ancien dirigeant d'EELV a été mis au ban de son parti

et traîné dans la boue pendant des mois.

Au final, la commission interne chargée d'enquêter

a été incapable de produire le moindre témoignage, la moindre plainte,

le moindre élément de preuve accréditant l'accusation.

Un fiasco sur lequel la direction d'Europe Écologie Les Verts

a détourné les yeux sans jamais présenter la moindre excuse.

Il n'est pas sûr que ce maccarthysme à la petite semaine

ait contribué au rayonnement de la gauche.

Ces tiraillements font, bien sûr le bonheur des macronistes.

La présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé,

n'a pas manqué de venir dénoncer devant les caméras la France insoumise

et par ricochet la Nupes.

L'occasion était trop belle.

Déjà il n'a jamais été vraiment exclu, c'était une fausse suspension

puisque depuis quatre mois il continuait à siéger avec le groupe,

voter avec le groupe, être entouré et acclamé par le groupe.

Encore une fois je pense que c'est une violence supplémentaire qui est faite aux femmes

à partir du moment où un élu a été condamné,

et c'est bien ça qui le distingue de toutes les autres affaires, de tous les autres cas,

il a été condamné pour des faits de violences conjugales.

En aucun cas il ne devrait pouvoir siéger au sein d'un groupe

qui se prétend être un groupe protecteur pour les droits des femmes.

En tout cas, je crois ça disqualifie de manière évidente LFI

pour toutes les questions de droits des femmes,

et je pense aussi avec eux la Nupes

puisque aujourd'hui les autres groupes parlementaires

continuent à siéger au sein de la Nupes

malgré la décision de réintégration d'Adrien Quatennens.

Jean-Luc Mélenchon voulait que son protégé soit réintégrer.


François Ruffin président ? Pourquoi ça pourrait marcher. (1) François Ruffin president? Why it might work (1) ¿François Ruffin presidente? Por qué podría funcionar (1)

Moi je montre qu'il y a une fracture.

Il y a bien une fracture électorale.

Je ne suis pas pour les condamnations à perpétuité.

Nous ne souhaitons pas qu'Adrien Quatennens

puisse avoir la moindre responsabilité dans l'intergroupe de la Nupes.

Pourquoi pendant quatre mois ça n'a pas été possible

de l'empêcher de prendre la parole dans l'hémicycle ?

Jean-Luc Mélenchon voulait que son protégé soit réintégré.

Son protégé est réintégré.

La Nupes qui se délabre,

Jean-Luc Mélenchon qui semble passer le flambeau à François Ruffin

et le retour agité d'Adrien Quatennens parmi les insoumis.

C'est le sommaire de ce numéro 37 du Bourbon de Serge.

Et si la nouvelle figure du rassemblement à gauche s'appelait François Ruffin ?

C'est ce que laisse entendre un tweet de Jean-Luc Mélenchon,

publié hier, en réaction à un sondage de l'institut Cluster17.

“Magnifique sondage Cluster.

François Ruffin et moi passons la barre des 20 %.

Et accédons au deuxième tour.

Tout le travail accompli depuis un an

ne s'est pas perdu dans le sable du bashing permanent contre moi.

François est prêt. En avant !”

François est prêt.

Faut-il conclure de ces trois mots

que l'électron libre du groupe parlementaire de la France insoumise

a été adoubé par le vieux chef ?

Il y a de quoi être déconcerté.

François Ruffin fait partie des figures historiques écartées récemment

de la direction opérationnelle de la France insoumise.

Avec Alexis Corbière, Clémentine Autain, Éric Coquerel et quelques autres.

En novembre de l'année dernière, le député de la Somme

s'était défini dans les colonnes de l'Obs comme un social-démocrate.

Ce qui, à la France insoumise, équivaut à se déclarer vegan

alors qu'on est attablé devant une entrecôte bien saignante de trois centimètres d'épaisseur.

Mais cette profession de foi ne peut que rassurer les socialistes,

les écologistes et même les communistes.

D'autant que dans l'entretien accordé à l'hebdomadaire,

François Ruffin critiquait en creux la stratégie de conflictualisation permanente

de ses camarades.

Assurant que pour sa part, il cultiverait une certaine modération dans l'expression.

Surtout, François Ruffin insiste depuis longtemps

sur la nécessité d'aller reconquérir l'électorat populaire

qui s'est égaré au Rassemblement national à force d'être oublié par la gauche.

Ce qu'en son temps, Jean-Luc Mélenchon appelait les “fâchés pas fachos”.

Moi je montre qu'il y a une fracture.

Il y a bien une fracture électorale entre les quartiers populaires,

et tant mieux si Jean-Luc Mélenchon y a fait un excellent score,

tant mieux si la gauche retrouve le droit de citer dans les cités,

et des campagnes populaires

où, ça dépend des endroits mais il y a des endroits ça ne va pas du tout quoi.

On ne peut pas gagner demain,

on ne peut pas être majoritaire dans le pays si on n'a pas trois parties d'un bloc,

c'est-à-dire les classes intermédiaires, les profs pour faire bref

ou les jeunes éduqués des centres-villes,

si on n'a pas les quartiers populaires,

il faut continuer, il faut réussir à les garder

et si on n'y ajoute pas les campagnes populaires.

Ne s'agit-il que d'un ballon d'essai, d'un écran de fumée

ou bien assiste-t-on à un véritable passage de témoin ?

Il faudra le vérifier dans les semaines à venir.

Hier soir, même l'entourage de l'ancien candidat à la présidentielle

se perdait en conjectures.

Jean-Luc Mélenchon est un spécialiste du billard à trois bandes.

Toujours est-il qu'un changement d'incarnation serait bienvenu pour la Nupes.

Depuis plusieurs semaines,

la coalition ne cesse de multiplier les signes d'essoufflement et de division.

Ce qui fut un coup de maître de Jean-Luc Mélenchon, voici bientôt un an,

a maintenant des allures de guimbarde

éparpillant sa carrosserie sur les routes départementales.

Pourtant, la crise sociale et politique qui secoue le pays devrait profiter à la Nupes.

Cela fait bien longtemps que la gauche n'avait eu pareil boulevard devant elle.

Entre l'inflation, les retraites et le pouvoir d'achat,

il y a de quoi construire une alternative politique.

Les premiers nuages sont apparus avec l'examen du projet de loi sur les retraites.

La France insoumise a choisi de pratiquer une obstruction systématique

contre l'avis de ses partenaires socialistes, écologistes et communistes.

Ces derniers voulaient voter sur l'article 7 qui porte à 64 ans l'âge légal du départ en retraite.

LFI les en a privés.

Fin mars c'est l'élection dans l'Ariège d'une dissidente socialiste

contre la candidate LFI investie par la Nupes qui a ravivé les tensions.

La direction du PS est apparue en situation d'extrême faiblesse.

Au point qu'aujourd'hui le parti est coupé en deux

entre les pro Nupes et les anti Nupes.

Les rescapés du hollandisme ont retrouvé leur arrogance.

Plus récente, la sortie de Fabien Roussel, à Marseille,

lors du congrès de son parti a consacré la rupture avec les insoumis.

Je le dis clairement, et en toute fraternité :

Mêlez-vous de vos affaires.

“Mêlez-vous de vos affaires” a lancé le secrétaire national du PCF

à l'adresse de Manuel Bompard qui le sommait de s'expliquer

sur une éventuelle alliance avec Bernard Cazeneuve,

l'ancien ministre de l'Intérieur de François Hollande.

Roussel entend bien continuer à faire cavalier seul.

Il est vrai que les sondages le gratifient, ici et là, de quelques points supplémentaires.

Il y a deux jours, une enquête de L'IFOP

le présentait même comme la personnalité qui peut le mieux rassembler la gauche

à la prochaine présidentielle.

Si l'on rajoute à ce tableau,

la crise souterraine qui taraude la France insoumise depuis décembre dernier

avec l'éviction de plusieurs figures historiques des structures de direction,

il y a de quoi décourager l'électeur de gauche.

“L'union est un combat” répétait-on à l'époque du programme commun de la gauche

dans les années 70.

Certes écologistes, socialistes et insoumis prônent tous un acte II de la coalition.

Mais à ce train-là, c'est bien plutôt un acte de décès qu'il va falloir rédiger.

Il faut croire que la Nupes aime à se tirer une balle dans le pied chaque matin.

On en a eu une illustration ce mardi à l'Assemblée.

La gauche s'est à nouveau donnée en spectacle

à l'occasion du retour d'Adrien Quatennens au sein du groupe insoumis.

Vous pensiez qu'on avait tout dit sur le sujet.

Ce qu'il devait faire, ce qu'il ne devait pas faire,

ce qu'on aurait dû faire, ce qu'il faudra faire…

Erreur. Certains en avaient encore sous la semelle.

Rien d'étonnant après tout.

Les premières fêlures de la Nupes sont justement apparues avec l'affaire Quatennens.

Sans doute a-t-on refermé le couvercle trop tôt.

Ou mal mesuré le trouble qu'a généré l'attitude de la France insoumise

pendant ce premier soubresaut.

Mardi matin, le groupe LFI s'est donc prononcé pour la réintégration d'Adrien Quatennens

par 45 voix pour, 15 contre et 2 abstentions.

Il n'y avait pas foule parmi les députés insoumis pour commenter ce résultat.

Seul Alexis Corbière s'est dévoué :

C'est un principe philosophique.

Toute personne qui a fauté est sanctionnée,

fait sa peine, si je puis dire.

Nous, comme nous sommes un groupe politique

nous avons aussi également apporté un regard et un supplément politique

mais le principe dans la vie, qui concerne toute homme et toute femme,

c'est que aussi les conditions après d'une vie doit continuer.

Je ne suis pas pour les condamnations à perpétuité.

Moi je ne veux pas qu'il y ait une gourmandise à rajouter du sel sur des plaies.

Voilà. De manière générale.

Et je vais vous dire une chose, vis à vis de votre profession,

il y a eu trop de gourmandise médiatique, là encore, autour du cas Quatennens.

Et je vois bien que derrière ça il y avait une volonté de ne plus parler de Adrien

mais de la France insoumise et tout,

donc mettons les choses à leur place.

La gourmandise de la presse… Les médias ont bon dos.

Si Jean-Luc Mélenchon n'avait pas assuré Adrien Quatennens

de sa sympathie dans un tweet,

alors que ce dernier venait de reconnaître publiquement avoir giflé sa femme,

peut-être la presse se serait-elle montrée moins vorace.

Curieusement, le patron des socialistes, Olivier Faure

incrimine lui aussi l'appétit des médias.

Un appétit sélectif, à l'entendre.

C'est une évidence que c'est un feuilleton qui a beaucoup duré,

vous n'y êtes pas pour rien.

Vous avez fait beaucoup sur Adrien Quatennens,

beaucoup moins sur un certain nombre de déboires gouvernementaux

et y compris sur un ministre qui est ministre de l'Intérieur aujourd'hui

qui lui a été vendre ses services contre prestations sexuelles.

Bon, je passe.

Nous ne souhaitons pas qu'Adrien Quatennens

puisse avoir la moindre responsabilité dans l'intergroupe de la Nupes

puisque c'est un espace que nous co-gérons.

En droit, il a tout à fait le droit d'être là, il a tout à fait le droit de parler

et je ne souhaite pas qu'on le lynche

ou qu'on le bannisse ou qu'on lui fasse porter tous les crimes de la Terre.

Bien sûr que quand je le croise, je lui parle, je le salue

et je n'ai pas de problème avec ça.

Simplement, politiquement je pense qu'il y a des symboles qu'il faut,

plus que des symboles des décisions à prendre,

et cette décision en est une.

Il ne faut pas, il ne fallait pas du point de vue des insoumis

le réintégrer dans leur groupe.

Au sein de la Nupes, certains continuent de penser

que la sanction infligée à Adrien Quatennens n'était pas assez sévère.

C'est le cas de Sandrine Rousseau.

C'est quand même incroyable

qu'on n'arrive pas à accepter la sanction d'un député

qui a été condamné par la justice donc déclaré coupable

donc déclaré coupable.

Pourquoi pendant quatre mois ça n'a pas été possible

de l'empêcher de prendre la parole dans l'hémicycle

et de faire en sorte qu'il ne soit pas présent dans cet hémicycle.

Donc évidemment, là il va revenir

mais aucun retour ne sera légitime aux yeux de la population,

aux yeux de plein de gens

tant qu'il n'y aura pas eu de sanction légitimée par le groupe.

On n'est pas des gens sur une place publique à les brûler vifs.

La question c'est : sanction, réparation, réhabilitation.

“On ne met pas des gens sur une place publique à les brûler”

se défend Sandrine Rousseau.

Il y a fort à parier que Julien Bayou soit d'un autre avis.

Accusé de violences psychologiques contre une ex-compagne,

l'ancien dirigeant d'EELV a été mis au ban de son parti

et traîné dans la boue pendant des mois.

Au final, la commission interne chargée d'enquêter

a été incapable de produire le moindre témoignage, la moindre plainte,

le moindre élément de preuve accréditant l'accusation.

Un fiasco sur lequel la direction d'Europe Écologie Les Verts

a détourné les yeux sans jamais présenter la moindre excuse.

Il n'est pas sûr que ce maccarthysme à la petite semaine

ait contribué au rayonnement de la gauche.

Ces tiraillements font, bien sûr le bonheur des macronistes.

La présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé,

n'a pas manqué de venir dénoncer devant les caméras la France insoumise

et par ricochet la Nupes.

L'occasion était trop belle.

Déjà il n'a jamais été vraiment exclu, c'était une fausse suspension

puisque depuis quatre mois il continuait à siéger avec le groupe,

voter avec le groupe, être entouré et acclamé par le groupe.

Encore une fois je pense que c'est une violence supplémentaire qui est faite aux femmes

à partir du moment où un élu a été condamné,

et c'est bien ça qui le distingue de toutes les autres affaires, de tous les autres cas,

il a été condamné pour des faits de violences conjugales.

En aucun cas il ne devrait pouvoir siéger au sein d'un groupe

qui se prétend être un groupe protecteur pour les droits des femmes.

En tout cas, je crois ça disqualifie de manière évidente LFI

pour toutes les questions de droits des femmes,

et je pense aussi avec eux la Nupes

puisque aujourd'hui les autres groupes parlementaires

continuent à siéger au sein de la Nupes

malgré la décision de réintégration d'Adrien Quatennens.

Jean-Luc Mélenchon voulait que son protégé soit réintégrer.