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Les mots de l'actualité, FANATISME   2010-07-28

FANATISME 2010-07-28

En visite en Mauritanie, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de la France, a félicité le gouvernement mauritanien pour « ses efforts et ses succès dans la lutte contre le fanatisme ». Alors contre quoi lutte-t-on exactement lorsqu'on lutte contre le fanatisme ? Le ministre faisait allusion de façon claire à Al Qaïda, à un islamisme intégriste, intolérant et violent.

Le mot fanatique renvoie toujours à cette idée d'aveuglement extrême, qui est comme la négation, le refus de tout humanisme et de toute humanité. Qu'il s'agisse d'un fanatisme politique ou religieux, c'est comme si le fanatique faisait la navette entre deux plans différents : celui de son action individuelle, et celui d'un intérêt supérieur supposé, mis en avant, qui prime, et qui efface tout ce qui appartient aux valeurs de la personne humaine. Que ce soit pour louer le nom de Dieu, pour faire advenir la justice sociale sur terre ou pour toute autre raison, on se permet tout, et on se refuse donc à tout ce qui touche au simple être humain : le bon sens, la pitié, l'amitié, la parole donnée, l'amour familial : plus de parents, plus de fils, plus d'amis, on est rendu aveugle à tout chose qui est liée à une histoire personnelle. Et en tant que personne, on n'est plus que l'instrument, sans volonté propre et sans discernement, d'une volonté d'un autre ordre. Le mot, qui est fort ancien en français, trouve son origine dans l'antiquité : En latin, fanus , c'est le temple, fanaticus , le serviteur du temple. Et on sait qu'autour de certaines divinités, Cybèle et Isis notamment, se déployaient des manifestations d'ivresse, de possession de transes, liées à ces cultes, ce qui permet de comprendre le sens qu'a pris le mot en français. On l'entend parfois à propos des mouvements religieux les plus extrêmes, mais il n'est pas si fréquent dans le vocabulaire politique actuel : les fanatiques, comme les illuminés, ou même les fous de dieu, on en entend davantage parler dans l'histoire que dans l'actualité. Mais le mot est coloré de façon très négative.

Le plus bizarre est que cette famille, aux membres non tronqués, fanatisme, fanatique, fanatiser même, a donné naissance à un diminutif dont l'écho est radicalement opposé : le fan . Il est vrai qu'il a transité par l'Angleterre, et la langue anglaise, ce qui explique sa prononciation. Mais là, il est plutôt positif pour désigner un admirateur fervent, enthousiaste, inconditionnel d'un artiste, d'une vedette. Et si le mot s'est tant popularisé, c'est grâce aux fan-clubs , ces organisations d'admirateurs, nés dans le monde anglo-saxon, souvent agencé depuis l'entourage de la vedette qui en bénéficie. Alors on échange des informations, des objets fétiches, des premiers disques et des photos exclusives.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.


FANATISME   2010-07-28 FANATICISM 2010-07-28

En visite en Mauritanie, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de la France, a félicité le gouvernement mauritanien pour «  ses efforts et ses succès dans la lutte contre le fanatisme ». Alors contre quoi lutte-t-on exactement lorsqu'on lutte contre le fanatisme ? Le ministre faisait allusion de façon claire à Al Qaïda, à un islamisme intégriste, intolérant et violent.

Le mot fanatique renvoie toujours à cette idée d'aveuglement extrême, qui est comme la négation, le refus de tout humanisme et de toute humanité. Qu'il s'agisse d'un fanatisme politique ou religieux, c'est comme si le fanatique faisait la navette entre deux plans différents : celui de son action individuelle, et celui d'un intérêt supérieur supposé, mis en avant, qui prime, et qui efface tout ce qui appartient aux valeurs de la personne humaine. Que ce soit pour louer le nom de Dieu, pour faire advenir la justice sociale sur terre ou pour toute autre raison, on se permet tout, et on se refuse donc à tout ce qui touche au simple être humain : le bon sens, la pitié, l'amitié, la parole donnée, l'amour familial : plus de parents, plus de fils, plus d'amis, on est rendu aveugle à tout chose qui est liée à une histoire personnelle. Et en tant que personne, on n'est plus que l'instrument, sans volonté propre et sans discernement, d'une volonté d'un autre ordre. Le mot, qui est fort ancien en français, trouve son origine dans l'antiquité : En latin, fanus , c'est le temple, fanaticus , le serviteur du temple. Et on sait qu'autour de certaines divinités, Cybèle et Isis notamment, se déployaient des manifestations d'ivresse, de possession de transes, liées à ces cultes, ce qui permet de comprendre le sens qu'a pris le mot en français. On l'entend parfois à propos des mouvements religieux les plus extrêmes, mais il n'est pas si fréquent dans le vocabulaire politique actuel : les fanatiques, comme les illuminés, ou même les fous de dieu, on en entend davantage parler dans l'histoire que dans l'actualité. Mais le mot est coloré de façon très négative.

Le plus bizarre est que cette famille, aux membres non tronqués, fanatisme, fanatique, fanatiser même, a donné naissance à un diminutif dont l'écho est radicalement opposé : le fan . Il est vrai qu'il a transité par l'Angleterre, et la langue anglaise, ce qui explique sa prononciation. Mais là, il est plutôt positif pour désigner un admirateur fervent, enthousiaste, inconditionnel d'un artiste, d'une vedette. Et si le mot s'est tant popularisé, c'est grâce aux fan-clubs , ces organisations d'admirateurs, nés dans le monde anglo-saxon, souvent agencé depuis l'entourage de la vedette qui en bénéficie. Alors on échange des informations, des objets fétiches, des premiers disques et des photos exclusives.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.