×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Les mots de l'actualité (2009), EXCUSE   2009-04-21

EXCUSE 2009-04-21

Le mot excuse semble être le terme clé de la politique française en ce moment et sa préoccupation obsédante : tel ou tel a-t-il eu raison de s'excuser, de présenter des excuses, de demander pardon, en son nom, au nom de la France ou du peuple français, au point qu'on en a un peu le tournis ? Mais au fait, qu'est-ce que c'est qu'une excuse, et comment doit-on utiliser le mot ? Le sens général ne pose pas de problème : une excuse est d'abord un regret qu'on exprime par rapport à ce qu'on a dit ou fait qui peut avoir blessé ou offensé quelqu'un. Mais à partir du moment où on emploie un verbe ou une locution verbale, c'est-à-dire un verbe qui s'exprime en plusieurs mots, les choses se compliquent un peu. Alors comment doit-on dire quand on fait amende honorable ? On peut « présenter ses excuses ». La formule est extrêmement correcte et témoigne même d'une certaine recherche de langue. Si l'on présente ses excuses, on s'exprime de façon très recherchée. C'est d'ailleurs une façon assez officielle de s'exprimer. Dans la vie courante, d'autres possibilités s'offrent à nous : toujours assez cérémonieux on peut dire « je vous prie de m'excuser », mais le plus simple et le plus fréquent est le simple « excusez-moi ». On voit bien malgré tout que cette posture linguistique met celui qui parle dans la position du quémandeur : il attend qu'on lui accorde un pardon, il espère une bienveillance. Pourtant, on est quand même là dans la sphère du performatif, c'est-à-dire qu'on a à faire avec ces actes de parole qui ont valeur d'actes tout court. Dire « excusez-moi » ce n'est pas juste être en demande, c'est faire un geste, adopter une certaine attitude, montrer qu'on revient sur ce qu'on a pu dire ou faire, qu'on le regrette. On l'efface symboliquement. Et même si on reste dans le symbole, c'est quelque chose. Ce qui nous amène à un autre débat : on dit souvent « je m'excuse », pour s'excuser. Alors certains puristes prétendent que la phrase n'a pas de sens, et qu'on ne peut s'excuser soi-même, ce serait à l'autre de le faire ! Il faut d'abord préciser que l'usage va absolument à l'encontre de cette idée : dire « je m'excuse » n'a rien d'arrogant, bien au contraire. Le sens de la phrase est assimilé à « je vous présente mes excuses », et personne ne s'y trompe vraiment. Et pourtant « excusez-moi ! » peut avoir des sens assez multiples, souvent impérieux, parfois même hostiles. On dit « excusez-moi » quand on fait intrusion dans l'univers de quelqu'un. Par exemple, si on aborde un inconnu dans la rue, pour lui demander l'heure ou son chemin, on peut très bien commencer le dialogue ainsi. Cela signifie : « excusez-moi de vous déranger, de vous adresser la parole sans vous connaître ». Mais on dit aussi bien la même chose pour demander à quelqu'un de se pousser, s'il vous empêche de passer. Ou même, c'est une façon de remettre quelqu'un à sa place : « excusez-moi monsieur, mais j'étais là avant vous ! », « excusez-moi, mais je ne suis pas du tout d'accord avec vous ! ».

Maintenant, on doit aussi se rappeler quelques formulations désuètes et parfois populaires : « faites excuse », ou même ce charmant pléonasme « je m'excuse de vous demander pardon, vous auriez l'heure mademoiselle ? ».

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


EXCUSE   2009-04-21

Le mot excuse semble être le terme clé de la politique française en ce moment et sa préoccupation obsédante : tel ou tel a-t-il eu raison de s'excuser, de présenter des excuses, de demander pardon, en son nom, au nom de la France ou du peuple français, au point qu'on en a un peu le tournis ? Mais au fait, qu'est-ce que c'est qu'une excuse, et comment doit-on utiliser le mot ? Le sens général ne pose pas de problème : une excuse est d'abord un regret qu'on exprime par rapport à ce qu'on a dit ou fait qui peut avoir blessé ou offensé quelqu'un. Mais à partir du moment où on emploie un verbe ou une locution verbale, c'est-à-dire un verbe qui s'exprime en plusieurs mots, les choses se compliquent un peu. Alors comment doit-on dire quand on fait amende honorable ? On peut « présenter ses excuses ». La formule est extrêmement correcte et témoigne même d'une certaine recherche de langue. Si l'on présente ses excuses, on s'exprime de façon très recherchée. C'est d'ailleurs une façon assez officielle de s'exprimer. Dans la vie courante, d'autres possibilités s'offrent à nous : toujours assez cérémonieux on peut dire « je vous prie de m'excuser », mais le plus simple et le plus fréquent est le simple « excusez-moi ». On voit bien malgré tout que cette posture linguistique met celui qui parle dans la position du quémandeur : il attend qu'on lui accorde un pardon, il espère une bienveillance. Pourtant, on est quand même là dans la sphère du performatif, c'est-à-dire qu'on a à faire avec ces actes de parole qui ont valeur d'actes tout court. Dire « excusez-moi » ce n'est pas juste être en demande, c'est faire un geste, adopter une certaine attitude, montrer qu'on revient sur ce qu'on a pu dire ou faire, qu'on le regrette. On l'efface symboliquement. Et même si on reste dans le symbole, c'est quelque chose. Ce qui nous amène à un autre débat : on dit souvent « je m'excuse », pour s'excuser. Alors certains puristes prétendent que la phrase n'a pas de sens, et qu'on ne peut s'excuser soi-même, ce serait à l'autre de le faire ! Il faut d'abord préciser que l'usage va absolument à l'encontre de cette idée : dire « je m'excuse » n'a rien d'arrogant, bien au contraire. Le sens de la phrase est assimilé à « je vous présente mes excuses », et personne ne s'y trompe vraiment. Et pourtant « excusez-moi ! » peut avoir des sens assez multiples, souvent impérieux, parfois même hostiles. On dit « excusez-moi » quand on fait intrusion dans l'univers de quelqu'un. Par exemple, si on aborde un inconnu dans la rue, pour lui demander l'heure ou son chemin, on peut très bien commencer le dialogue ainsi. Cela signifie : « excusez-moi de vous déranger, de vous adresser la parole sans vous connaître ». Mais on dit aussi bien la même chose pour demander à quelqu'un de se pousser, s'il vous empêche de passer. Ou même, c'est une façon de remettre quelqu'un à sa place : « excusez-moi monsieur, mais j'étais là avant vous ! », « excusez-moi, mais je ne suis pas du tout d'accord avec vous ! ».

Maintenant, on doit aussi se rappeler quelques formulations désuètes et parfois populaires : « faites excuse », ou même ce charmant pléonasme « je m'excuse de vous demander pardon, vous auriez l'heure mademoiselle ? ».

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/