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Les mots de l'actualité, ESCAGASSER   2010-02-22

ESCAGASSER 2010-02-22

Il est un mot qui figure dans la liste des dix de l'année 2010 et porte encore fièrement son origine, et peut-être même son identité régionale : c'est « escagasser ». Peut-on vraiment le qualifier de mot régional ? C'est bien de cette façon qu'il est présenté par les dictionnaires Robert et Larousse . On peut l'entendre un peut partout en France, mais probablement plus dans le Midi, de Nice à Perpignan. En effet, le mot n'a pas un passé si long en français : sa première attestation connue remonte à 1904. Il était certainement déjà apparu auparavant, mais comme officieusement, et probablement pas par écrit. Ca en fait donc un mot dont la carrière nationale est encore jeune. Avec un sens général qui est celui d'abîmer. Mais même quand on l'emploie en français, et pas forcément dans le Midi, il a encore comme un accent : son origine s'entend. Pourquoi ? Ça tient probablement à son apparence sonore : cette première syllabe es - , point d'appui qui évoque les langues latines. N'exagérons pas, cette syllabe initiale n'est pas une marque de fabrique du Midi. Par exemple on dit escadre en français et squadra en italien. On a la Scala à Milan (le célèbre opéra) et on parle en français d'escalier, avec un mot de la même famille. Mais quand même, on se souvient d'escalade, d'escapade, ou d'escarcelle qui viennent tous trois du provençal : on a là une séquence qui appelle l'accent. Si on ajoute à tout cela Escartefigue, par exemple, ce nom pittoresque d'un personnage de Pagnol, on a un cliché marseillais tout prêt, même si c'est un stéréotype à l'ancienne. Ce mot d'origine populaire a une étymologie un peu vulgaire, mais dont l'image n'est plus sensible à l'écoute du mot. Et son sens se prête tout à fait à ce qu'on l'exprime à l'aide de mots familiers. Ce qui est abîmé est facilement évoqué par une langue « abîmée », un vocabulaire qui échappe au corset du lexique convenable. La dégradation de la chose se fait d'autant mieux comprendre grâce à une certaine dégradation du mot qui l'exprime, et les synonymes familiers ne manquent pas : escagasser sa voiture, c'est la bousiller, la déglinguer, la détraquer. C'est également d'ailleurs, dans une langue considérée comme moins relâchée, l'endommager, la dégrader, la détériorer, ou la casser. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


ESCAGASSER   2010-02-22 ESCAGASSER 2010-02-22 ESCAGASSER 2010-02-22 ESCAGASSER 2010-02-22

Il est un mot qui figure dans la liste des dix de l'année 2010 et porte encore fièrement son origine, et peut-être même son identité régionale : c'est « escagasser ». Peut-on vraiment le qualifier de mot régional ? C'est bien de cette façon qu'il est présenté par les dictionnaires Robert et Larousse . On peut l'entendre un peut partout en France, mais probablement plus dans le Midi, de Nice à Perpignan. En effet, le mot n'a pas un passé si long en français : sa première attestation connue remonte à 1904. Il était certainement déjà apparu auparavant, mais comme officieusement, et probablement pas par écrit. Ca en fait donc un mot dont la carrière nationale est encore jeune. Avec un sens général qui est celui d'abîmer. Mais même quand on l'emploie en français, et pas forcément dans le Midi, il a encore comme un accent : son origine s'entend. Pourquoi ? Ça tient probablement à son apparence sonore : cette première syllabe  es - , point d'appui qui évoque les langues latines. N'exagérons pas, cette syllabe initiale n'est pas une marque de fabrique du Midi. Par exemple on dit escadre en français et squadra en italien. On a la Scala à Milan (le célèbre opéra) et on parle en français d'escalier, avec un mot de la même famille. Mais quand même, on se souvient d'escalade, d'escapade, ou d'escarcelle qui viennent tous trois du provençal : on a là une séquence qui appelle l'accent. Si on ajoute à tout cela Escartefigue, par exemple, ce nom pittoresque d'un personnage de Pagnol, on a un cliché marseillais tout prêt, même si c'est un stéréotype à l'ancienne. Ce mot d'origine populaire a une étymologie un peu vulgaire, mais dont l'image n'est plus sensible à l'écoute du mot. Et son sens se prête tout à fait à ce qu'on l'exprime à l'aide de mots familiers. Ce qui est abîmé est facilement évoqué par une langue « abîmée », un vocabulaire qui échappe au corset du lexique convenable. La dégradation de la chose se fait d'autant mieux comprendre grâce à une certaine dégradation du mot qui l'exprime, et les synonymes familiers ne manquent pas : escagasser sa voiture, c'est la bousiller, la déglinguer, la détraquer. C'est également d'ailleurs, dans une langue considérée comme moins relâchée, l'endommager, la dégrader, la détériorer, ou la casser. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/