×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Les mots de l'actualité (2009), DOSSIER   2009-01-23

DOSSIER 2009-01-23

« Obama s'est déjà saisi du dossier du Proche-Orient ». C'est le titre du Monde d'hier, qui insiste à la fois sur le caractère rapide (« déjà ») et décidé (« s'est saisi ») du nouveau président américain, qui donne une idée de ce qu'il conçoit comme une priorité. Mais le mot le plus banal en apparence, et l'un des plus étonnants, c'est bien celui de « dossier ». « Se saisir d'un dossier », c'est faire face à un problème. On a en même temps l'impression que ce problème est compliqué, multiple, contradictoire peut-être. Et le dossier contient à peu près toutes les données du problème, même s'il n'offre pas la solution. Alors, pourquoi ce drôle de mot de « dossier » ? Son origine nous éclaire-t-elle ? Pas beaucoup puisqu'il dérive de « dos ». Et son premier sens renvoie à des meubles : dossier de lit, puis de fauteuil. C'est donc ce sur quoi on peut appuyer son dos. Mais peu après, le mot se retrouve dans le vocabulaire du livre. Le dos du livre évoque sa couverture, et le dossier fait penser à cette armature qui tient le livre lui-même. C'est le contenant, d'une certaine façon, ce qui tient l'intérieur du livre. On comprend donc que le mot a ensuite été un peu synonyme de « chemise ». Non pas de ces chemises qui sont des vêtements, qu'on met pour se couvrir le torse, mais ces feuilles de carton pliées dans lesquelles on peut ranger des documents pour qu'ils restent ensemble, et qu'on essaie de ne pas les perdre. Le sens du mot va glisser, bien sûr, et désigner ce qu'il y a à l'intérieur. Mais ça se fait petit à petit, et ce terme doit beaucoup au jargon de la justice et des avocats. Le dossier untel, c'est l'ensemble des pièces qu'on conserve et qu'on a rassemblées pour préparer un procès. De la part d'un avocat, certes, mais aussi de la part d'un juge. Donc il s'agit souvent de preuves, de constatations, de documents qui permettent d'accuser quelqu'un. Et si l'on dit, dans l'affaire X, le dossier est vide, cela veut dire qu'il n'y a aucune pièce sérieuse qui permette d'accuser le pauvre X. On voit donc que le mot est souvent utilisé pour désigner un faisceau d'indices, un ensemble d'indices qui peuvent servir à accuser quelqu'un, à le mettre en difficulté. Machin a monté un dossier contre son collègue. Cela indique qu'il a patiemment – et en général avec malveillance – accumulé des pièces qui serviront à mettre son collègue en difficulté, à le dénoncer, peut-être à faire prendre des sanctions contre lui. On se souviendra aussi que, pendant toute sa vie professionnelle, un fonctionnaire a un dossier à son nom, où sont consignés toutes les étapes et faits marquants de sa carrière.

Mais le dossier, c'est aussi l'ensemble des éléments d'un problème, notamment en politique. On a le dossier de l'emploi, pour ne pas dire du chômage, celui de l'école, de la crise boursière, etc. Et de façon plus large, le dossier du Proche-Orient.

Quelqu'un qui connaît bien ses dossiers est quelqu'un qui est au courant d'un problème, qui en connaît les tenants et les aboutissants. Mais un dossier, ça s'ouvre et ça se referme, ça s'étudie. On pense donc souvent à un travail de bureau.

C'est ainsi qu'on oppose un homme de dossier, qui évoque plus la bureaucratie, à un homme de terrain, qui va sur place, qui est peut-être plus pragmatique et qui connaît les réalités autrement que par les rapports qu'il a lus. Mais être un homme de terrain n'exclut pas qu'on emmène ses dossiers avec soi. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


DOSSIER   2009-01-23

« Obama s'est déjà saisi du dossier du Proche-Orient ». C'est le titre du Monde d'hier, qui insiste à la fois sur le caractère rapide (« déjà ») et décidé (« s'est saisi ») du nouveau président américain, qui donne une idée de ce qu'il conçoit comme une priorité. Mais le mot le plus banal en apparence, et l'un des plus étonnants, c'est bien celui de « dossier ». « Se saisir d'un dossier », c'est faire face à un problème. On a en même temps l'impression que ce problème est compliqué, multiple, contradictoire peut-être. Et le dossier contient à peu près toutes les données du problème, même s'il n'offre pas la solution. Alors, pourquoi ce drôle de mot de « dossier » ? Son origine nous éclaire-t-elle ? Pas beaucoup puisqu'il dérive de « dos ». Et son premier sens renvoie à des meubles : dossier de lit, puis de fauteuil. C'est donc ce sur quoi on peut appuyer son dos. Mais peu après, le mot se retrouve dans le vocabulaire du livre. Le dos du livre évoque sa couverture, et le dossier fait penser à cette armature qui tient le livre lui-même. C'est le contenant, d'une certaine façon, ce qui tient l'intérieur du livre. On comprend donc que le mot a ensuite été un peu synonyme de « chemise ». Non pas de ces chemises qui sont des vêtements, qu'on met pour se couvrir le torse, mais ces feuilles de carton pliées dans lesquelles on peut ranger des documents pour qu'ils restent ensemble, et qu'on essaie de ne pas les perdre. Le sens du mot va glisser, bien sûr, et désigner ce qu'il y a à l'intérieur. Mais ça se fait petit à petit, et ce terme doit beaucoup au jargon de la justice et des avocats. Le dossier untel, c'est l'ensemble des pièces qu'on conserve et qu'on a rassemblées pour préparer un procès. De la part d'un avocat, certes, mais aussi de la part d'un juge. Donc il s'agit souvent de preuves, de constatations, de documents qui permettent d'accuser quelqu'un. Et si l'on dit, dans l'affaire X, le dossier est vide, cela veut dire qu'il n'y a aucune pièce sérieuse qui permette d'accuser le pauvre X. On voit donc que le mot est souvent utilisé pour désigner un faisceau d'indices, un ensemble d'indices qui peuvent servir à accuser quelqu'un, à le mettre en difficulté. Machin a monté un dossier contre son collègue. Cela indique qu'il a patiemment – et en général avec malveillance – accumulé des pièces qui serviront à mettre son collègue en difficulté, à le dénoncer, peut-être à faire prendre des sanctions contre lui. On se souviendra aussi que, pendant toute sa vie professionnelle, un fonctionnaire a un dossier à son nom, où sont consignés toutes les étapes et faits marquants de sa carrière.

Mais le dossier, c'est aussi l'ensemble des éléments d'un problème, notamment en politique. On a le dossier de l'emploi, pour ne pas dire du chômage, celui de l'école, de la crise boursière, etc. Et de façon plus large, le dossier du Proche-Orient.

Quelqu'un qui connaît bien ses dossiers est quelqu'un qui est au courant d'un problème, qui en connaît les tenants et les aboutissants. Mais un dossier, ça s'ouvre et ça se referme, ça s'étudie. On pense donc souvent à un travail de bureau.

C'est ainsi qu'on oppose un homme de dossier, qui évoque plus la bureaucratie, à un homme de terrain, qui va sur place, qui est peut-être plus pragmatique et qui connaît les réalités autrement que par les rapports qu'il a lus. Mais être un homme de terrain n'exclut pas qu'on emmène ses dossiers avec soi. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/