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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Deux secrets XIV

Deux secrets XIV

« Et maintenant, Laurie, votre secret ! Jouez beau jeu, sans cela je ne vous croirai plus jamais, dit-elle en essayant d'éteindre les brillantes espérances qu'un mot d'encouragement avait fait naître en elle.

– Je ferais peut-être mieux de me taire, répondit Laurie, mais je n'ai pas promis le secret, et je ne suis jamais content quand je ne vous ai pas dit toutes les nouvelles, petites ou grandes, qui arrivent jusqu'à moi. Mon secret, le voici : Je sais où est le gant que Meg a perdu.

– Est-ce tout ? » dit Jo d'un air désappointé.

Laurie secoua la tête affirmativement et la regarda d'un air de mystère.

« C'est bien assez pour le présent, et vous serez de mon avis quand vous saurez où il est.

– Dites-le alors. »

Laurie se pencha et murmura à l'oreille de Jo quelques mots qui produisirent un changement subit dans sa physionomie.

Elle s'arrêta et le regarda pendant une minute d'un air à la fois très surpris et très mécontent, puis continua à marcher en disant d'un ton bref.

« Comment le savez-vous ?

– Je l'ai vu.

– Où ?

– Dans sa poche, sans qu'il pût s'en douter.

– Comment, depuis ce temps-là ?

– Oui ; n'est-ce pas romanesque ?

– Non, c'est horrible.

– Cela ne vous plaît pas ?

– Cela me blesse infiniment, au contraire ! C'est offensant pour Meg. De pareilles choses ne devraient pas être tolérées. Que dirait Meg si elle l'apprenait ?

– Vous m'avez promis de ne le dire à personne. Rappelez-vous cela, Jo.

– Je n'ai pas promis cela, Laurie.

– C'était sous-entendu, et je me fiais à vous.

– Eh bien ! Je ne le dirai pas ; je voudrais même que vous ne me l'eussiez pas dit.

– Je pensais, au contraire, que vous seriez contente.

– À l'idée de voir quelqu'un penser à nous séparer de Meg ! Non, certes !

– Préféreriez-vous que cela fût déjà votre tour ?

– Je voudrais bien que quelqu'un essayât ! dit fièrement Jo.

– Et moi aussi ! »

Et Laurie rit de bon coeur à cette idée.

« Je ne pense pas que les secrets me conviennent ; j'ai l'esprit tout bouleversé depuis que vous m'avez dit celui de ce monsieur, qui n'est bien sûr pas le secret de Meg. Vous auriez cent fois mieux fait de le garder pour vous, dit l'ingrate Jo.

– Ce monsieur, ce monsieur, dit Laurie, est, vous le savez bien, le plus honnête homme du monde.

– Il ne manquerait plus qu'il ne le fût pas !... » répondit Jo indignée.

Laurie, étonné de l'effet qu'avait produit sa confidence, regrettait de l'avoir faite et, cherchait un moyen de changer le cours des idées de Jo. Heureusement, il connaissait bien sa jeune amie.

« Descendons cette colline en courant ; le mouvement vous remettra, suggéra Laurie, et je parie que j'arriverai au bas avant vous.

– Vous pourriez perdre votre pari, répliqua Jo ; quand je m'y mets, je cours comme un cerf. »

Il n'y avait personne sur la route ; le chemin descendait devant elle d'une manière engageante. Jo, trouvant la tentation irrésistible et sentant aussi le besoin de secouer une pensée douloureuse, se mit à courir de toutes ses forces, laissant bientôt voler derrière elle son chapeau emporté par le vent et dispersant ses épingles à cheveux sur la route. Jo courait bien ; mais Laurie courait avec plus de méthode. Il arriva le premier au but et fut complètement satisfait du succès de son traitement, car son Atalante arriva tout essoufflée, les cheveux éparpillés sur les épaules, les yeux brillants, les joues écarlates, et tout signe de déplaisir avait disparu de son visage.

« Je voudrais être une gazelle, ou même un cheval, pour courir pendant des heures dans cet air pur sans perdre la respiration. Notre course a été bien agréable, mais voyez dans quel état je suis ! Allez me ramasser mes affaires, comme un chérubin que vous êtes », dit Jo en se laissant tomber au pied d'un érable qui parsemait la route de ses feuilles rougies.

Laurie partit lentement pour rassembler les épaves de Jo, et Jo se mit à réarranger ses cheveux défaits ; elle espérait bien que personne ne passerait jusqu'à ce qu'elle eût remis tout en ordre. Mais quelqu'un passa, et justement c'était Meg, qui paraissait particulièrement, ce jour-là, distinguée dans son costume de grande cérémonie, car elle venait de faire des visites.

« Que faites-vous ici ? dit-elle en regardant sa soeur avec la surprise d'une personne bien élevée.

– Je cherche des feuilles, répondit doucement Jo en triant la poignée rosée qu'elle venait de ramasser à l'instant.

– Et des épingles à cheveux, ajouta Laurie en en jetant une demi-douzaine sur les genoux de Jo. Elles croissent sur la route, Meg, ainsi que les chapeaux de paille bruns.

– Vous avez encore couru, Jo ! C'est désolant ! Vous êtes incorrigible. Quand perdrez- vous vos habitudes de garçon ? dit Meg d'un air de reproche, en arrangeant le chapeau de sa soeur et en lissant ses cheveux avec lesquels le vent avait pris des libertés.

– Jamais, jusqu'à ce que je devienne raide et vieille et que je doive me servir d'une béquille ! N'essayez pas de me faire grandir avant l'âge, Meg ; c'est déjà assez triste de vous voir changer tout à coup ; laissez-moi être une petite fille aussi longtemps que je pourrai. »

Jo se pencha en parlant, afin que sa soeur ne vît pas que ses lèvres tremblaient, car, depuis quelque temps, elle sentait que Meg devenait rapidement une femme, et ce que lui avait appris Laurie lui avait fait entrevoir, pour la première fois, qu'un jour ou l'autre un événement, sur lequel sa pensée ne s'était jamais arrêtée jusque- là, pourrait bien les séparer.

Laurie vit son trouble et empêcha Meg de le remarquer, en lui demandant vivement où elle était allée, « si belle que ça ? »

« Chez les Gardiner, et Sallie m'a raconté toutes sortes de choses sur la noce de Belle Moffat. Il paraît que c'était splendide. Ils sont partis et passeront tout l'hiver à Paris. Comme cela doit être agréable !

– Lui portez-vous envie, Meg ? demanda Laurie.

– J'en ai peur.

– J'en suis bien aise, murmura Jo en mettant son chapeau.

– Pourquoi ? demanda-t-elle toute surprise.

– Parce que, si vous aimez la richesse, ce qui est peut-être un tort, vous n'irez du moins jamais prendre pour mari un homme pauvre, dit Jo en fronçant les sourcils à Laurie, qui lui faisait signe sur signe de faire attention à ce qu'elle allait dire.

– À quoi pensez-vous là, Jo ! Il est probable que je ne me marierai jamais », répondit Meg en se mettant à marcher avec dignité.

Les deux autres la suivaient en chuchotant et en commentant cette réponse de Meg avec beaucoup d'animation.

Jo se conduisit, pendant huit ou dix jours, d'une manière si bizarre que ses soeurs en étaient étonnées. Elle se précipitait à la rencontre du facteur aussitôt qu'il arrivait, était impolie pour M. Brooke (dont elle avait fait grand cas jusque- là) toutes les fois qu'elle le voyait, regardait Meg d'un air désolé et venait subitement l'embrasser de la manière la plus mystérieuse. Elle et Laurie étaient toujours à se faire des signes et à parler de « l'aigle » d'un air si bizarre, que les jeunes filles déclarèrent qu'ils étaient fous tous les deux. Le samedi suivant, Jo sortit pour la seconde fois par la fenêtre et reprit le chemin qu'elle avait suivi huit jours plus tôt. Quand elle revint, Meg, qui cousait à sa fenêtre, fut scandalisée de la voir poursuivie dans le jardin par Laurie, et enfin rattrapée par lui dans le berceau d'Amy. Ce qui arriva là, Meg ne pouvait pas le voir, mais on entendait des éclats de rire, puis un murmure de voix et un grand froissement de cahiers et de papiers.

« Qu'est-ce que nous ferons de cette petite fille ? Elle ne se conduira jamais en jeune personne comme il faut, s'écria Meg d'un air de désapprobation. Quel malheur qu'elle ne soit pas née garçon !

– Pourquoi, Meg ? Elle est si drôle et si charmante comme elle est, dit Beth, qui n'avait jamais montré à personne qu'elle était quelque peu blessée de ce que Jo avait des secrets avec d'autres qu'avec elle.

– Nous ne pourrons jamais la rendre distinguée », ajouta Amy qui était en train de se faire une collerette et qui, coiffée ce jour-là d'une manière nouvelle, paraissait très satisfaite de sa petite personne.

Quelques minutes après, Jo se précipita dans la chambre et, s'étendant tout de son long sur le sofa, affecta d'être très occupée à lire.

« Y a-t-il quelque chose d'intéressant dans ce que vous lisez ? lui demanda Meg avec condescendance.

– Rien qu'une histoire qui n'a pas l'air bien fameuse, répondit Jo en empêchant soigneusement ses soeurs de voir le nom du journal.

– Vous feriez mieux de la lire tout haut ; cela nous distrairait et nous empêcherait de faire des sottises, dit Amy d'un air digne.

– Quel en est le titre ? dit Beth en se demandant pourquoi Jo cachait sa figure derrière le papier.

– Les Peintres rivaux.

– Si cela vous paraît joli, lisez-le », dit Meg.

Jo, faisant un « hum » prolongé, respira longuement et commença à lire très vite. Ses soeurs écoutèrent avec intérêt l'histoire, qui était romanesque et quelque peu pathétique, puisque la plupart des personnages finissaient par mourir.

« J'aime ce qu'on dit de cette splendide peinture, fut la remarque approbative d'Amy lorsque Jo eut fini.

– Je préfère l'entretien entre Viola et Angelo. Ce sont deux de nos noms favoris quand nous jouons pour nous la comédie ; n'est-ce pas bizarre ? dit Meg en s'essuyant les yeux, car cette scène l'avait émue.

– Par qui est-ce écrit ? Quel est l'auteur ? demanda Beth qui avait aperçu la figure de Jo et commençait à avoir des soupçons. Cela n'est toujours pas l'oeuvre d'une bête, Meg elle-même a pleuré !... »

La lectrice se leva subitement du canapé où elle était couchée et, jetant au loin son journal, montra à ses soeurs une figure toute rouge et répondit d'un air en même temps solennel et excité :

« Par votre soeur Jo, ni plus ni moins !

– Par vous ! s'écria Meg en laissant tomber son ouvrage.

– C'est très beau, dit Amy.

– Je l'avais deviné ! s'écria Beth. Je l'avais deviné ! Oh, ma Jo, je suis si fière de vous ! »

Et Beth courut embrasser sa soeur et se réjouir de son succès. La vérité est qu'elles étaient toutes très contentes ! Cependant Meg ne put le croire tout à fait que lorsqu'elle vit imprimé sur le journal : « Miss Joséphine Marsch. » Amy critiqua quelques menus détails artistiques de l'histoire et suggéra plusieurs idées pour une suite qui, malheureusement, ne pouvait exister, puisque les héros de l'histoire étaient morts. Beth sauta et dansa de joie. Hannah elle-même vint enfin s'écrier très étonnée :

« Eh bien, si jamais j'avais cru que cette Jo en ferait autant ! » Hannah avait écouté la lecture.

Mme Marsch ne se montra pas mécontente. L'histoire était gentille et convenable ; elle faisait honneur aux sentiments moraux de l'auteur, et Jo déclara, avec des larmes dans les yeux, qu'elle ferait mieux d'être un paon et que ce fût fini lorsque le journal eut passé de mains en mains, on pouvait dire que « l'aigle » agitait triomphalement ses ailes sur la maison Marsch.

– Racontez-nous tout.

– Quand le journal est-il arrivé ?

– Combien vous a-t-on payé ?

– Que va dire papa ?

– Comme Laurie va rire ! » s'écrièrent-elles toutes à la fois.

Ces natures affectueuses se faisaient un jubilé de chaque petite joie de famille.

« Cessez de bavarder et je vous dirai tout, dit Jo en se demandant si miss Burney avait eu plus de gloire avec son Éveline qu'elle avec ses Peintres rivaux. Et, ayant raconté comment elle avait donné ses histoires au journal, elle ajouta : « Lorsque je suis allée pour chercher une réponse, le directeur a dit que toutes deux lui plaisaient, mais qu'il ne payait pas les commençants, qu'il les aidait ainsi à se faire un nom, et que, ce nom fait, rien ne leur serait alors plus facile que de tirer parti de leur talent dans des journaux plus riches que le sien. Je lui ai, malgré cela, laissé les deux histoires ; je préfère l'honneur à l'argent. La première a paru aujourd'hui. Laurie a déjà lu mes Peintres rivaux, il m'a dit que cela n'était pas mal du tout ; il m'a engagée à en écrire d'autres et promis qu'il allait faire en sorte qu'on me payât la seconde. Oh ! Je serais si heureuse de pouvoir plus tard gagner ma vie et surtout celle des autres ! »

Et Jo, enveloppant sa tête dans son journal, arrosa sa petite histoire de quelques larmes de plaisir, car être indépendante, devenir utile à ceux qu'elle aimait et être louée par eux, c'était là son plus cher désir, et ceci semblait être le premier pas vers ce but heureux.


Deux secrets XIV Two secrets XIV

« Et maintenant, Laurie, votre secret ! "And now, Laurie, your secret! Jouez beau jeu, sans cela je ne vous croirai plus jamais, dit-elle en essayant d'éteindre les brillantes espérances qu'un mot d'encouragement avait fait naître en elle. Play your cards right, or I'll never believe you again," she said, trying to extinguish the bright hopes that a word of encouragement had raised in her. Juega bien tus cartas o no volveré a creerte -dijo, tratando de apagar las brillantes esperanzas que una palabra de aliento había despertado en ella.

– Je ferais peut-être mieux de me taire, répondit Laurie, mais je n'ai pas promis le secret, et je ne suis jamais content quand je ne vous ai pas dit toutes les nouvelles, petites ou grandes, qui arrivent jusqu'à moi. - Maybe I'd better keep my mouth shut," Laurie replied, "but I didn't promise secrecy, and I'm never happy when I haven't told you all the news, big or small, that reaches me. Mon secret, le voici : Je sais où est le gant que Meg a perdu. My secret is this: I know where Meg's lost glove is.

– Est-ce tout ? - Is that all? » dit Jo d'un air désappointé.

Laurie secoua la tête affirmativement et la regarda d'un air de mystère.

« C'est bien assez pour le présent, et vous serez de mon avis quand vous saurez où il est. "That's quite enough for the present, and you'll agree with me when you know where it is.

– Dites-le alors. »

Laurie se pencha et murmura à l'oreille de Jo quelques mots qui produisirent un changement subit dans sa physionomie.

Elle s'arrêta et le regarda pendant une minute d'un air à la fois très surpris et très mécontent, puis continua à marcher en disant d'un ton bref.

« Comment le savez-vous ?

– Je l'ai vu.

– Où ?

– Dans sa poche, sans qu'il pût s'en douter. - In his pocket, unbeknownst to him. - En su bolsillo, sin que él lo supiera.

– Comment, depuis ce temps-là ?

– Oui ; n'est-ce pas romanesque ?

– Non, c'est horrible.

– Cela ne vous plaît pas ?

– Cela me blesse infiniment, au contraire ! C'est offensant pour Meg. It's offensive to Meg. De pareilles choses ne devraient pas être tolérées. Que dirait Meg si elle l'apprenait ?

– Vous m'avez promis de ne le dire à personne. Rappelez-vous cela, Jo.

– Je n'ai pas promis cela, Laurie.

– C'était sous-entendu, et je me fiais à vous.

– Eh bien ! Je ne le dirai pas ; je voudrais même que vous ne me l'eussiez pas dit.

– Je pensais, au contraire, que vous seriez contente.

– À l'idée de voir quelqu'un penser à nous séparer de Meg ! Non, certes !

– Préféreriez-vous que cela fût déjà votre tour ? - Would you prefer it if it were already your turn? - ¿Preferirías que ya fuera tu turno?

– Je voudrais bien que quelqu'un essayât ! - I wish someone would try! - ¡Ojalá alguien lo intentara! dit fièrement Jo.

– Et moi aussi ! »

Et Laurie rit de bon coeur à cette idée.

« Je ne pense pas que les secrets me conviennent ; j'ai l'esprit tout bouleversé depuis que vous m'avez dit celui de ce monsieur, qui n'est bien sûr pas le secret de Meg. "I don't think secrets suit me; my mind's been all over the place since you told me this gentleman's, which of course isn't Meg's secret. Vous auriez cent fois mieux fait de le garder pour vous, dit l'ingrate Jo.

– Ce monsieur, ce monsieur, dit Laurie, est, vous le savez bien, le plus honnête homme du monde.

– Il ne manquerait plus qu'il ne le fût pas !... - What if he wasn't? - ¿Y si no lo fuera? » répondit Jo indignée.

Laurie, étonné de l'effet qu'avait produit sa confidence, regrettait de l'avoir faite et, cherchait un moyen de changer le cours des idées de Jo. Heureusement, il connaissait bien sa jeune amie.

« Descendons cette colline en courant ; le mouvement vous remettra, suggéra Laurie, et je parie que j'arriverai au bas avant vous. Corramos colina abajo -sugirió Laurie-, seguro que llego antes que tú.

– Vous pourriez perdre votre pari, répliqua Jo ; quand je m'y mets, je cours comme un cerf. - Podrías perder tu apuesta -respondió Jo-. Cuando me pongo en marcha, corro como un ciervo. »

Il n'y avait personne sur la route ; le chemin descendait devant elle d'une manière engageante. There was no one on the road; the path descended before her in an engaging manner. No había nadie en el camino; la senda descendía ante ella de forma acogedora. Jo, trouvant la tentation irrésistible et sentant aussi le besoin de secouer une pensée douloureuse, se mit à courir de toutes ses forces, laissant bientôt voler derrière elle son chapeau emporté par le vent et dispersant ses épingles à cheveux sur la route. Jo, encontrando irresistible la tentación y sintiendo también la necesidad de sacudirse un pensamiento doloroso, empezó a correr con todas sus fuerzas, dejando pronto volar su sombrero con el viento y esparciendo sus horquillas por todo el camino. Jo courait bien ; mais Laurie courait avec plus de méthode. Il arriva le premier au but et fut complètement satisfait du succès de son traitement, car son Atalante arriva tout essoufflée, les cheveux éparpillés sur les épaules, les yeux brillants, les joues écarlates, et tout signe de déplaisir avait disparu de son visage. He reached his goal first, and was completely satisfied with the success of his treatment, for his Atalanta arrived breathless, her hair scattered over her shoulders, her eyes bright, her cheeks scarlet, and all signs of displeasure gone from her face. Alcanzó su objetivo el primero y se sintió completamente satisfecho del éxito de su tratamiento, pues su Atalanta llegó sin aliento, con el pelo desparramado sobre los hombros, los ojos brillantes, las mejillas escarlatas y todo signo de disgusto había desaparecido de su rostro.

« Je voudrais être une gazelle, ou même un cheval, pour courir pendant des heures dans cet air pur sans perdre la respiration. "I'd like to be a gazelle, or even a horse, to run for hours in this pure air without losing my breath. Notre course a été bien agréable, mais voyez dans quel état je suis ! Allez me ramasser mes affaires, comme un chérubin que vous êtes », dit Jo en se laissant tomber au pied d'un érable qui parsemait la route de ses feuilles rougies. Ve a recoger mis cosas, como el querubín que eres -dijo Jo, dejándose caer al pie de un arce que salpicaba el camino con sus hojas enrojecidas.

Laurie partit lentement pour rassembler les épaves de Jo, et Jo se mit à réarranger ses cheveux défaits ; elle espérait bien que personne ne passerait jusqu'à ce qu'elle eût remis tout en ordre. Mais quelqu'un passa, et justement c'était Meg, qui paraissait particulièrement, ce jour-là, distinguée dans son costume de grande cérémonie, car elle venait de faire des visites.

« Que faites-vous ici ? dit-elle en regardant sa soeur avec la surprise d'une personne bien élevée.

– Je cherche des feuilles, répondit doucement Jo en triant la poignée rosée qu'elle venait de ramasser à l'instant. - Estoy buscando hojas", respondió Jo suavemente, ordenando el puñado de hojas rosas que acababa de recoger.

– Et des épingles à cheveux, ajouta Laurie en en jetant une demi-douzaine sur les genoux de Jo. - Y horquillas -añadió Laurie, arrojando media docena al regazo de Jo. Elles croissent sur la route, Meg, ainsi que les chapeaux de paille bruns. Crecen en el camino, Meg, al igual que los sombreros de paja marrón.

– Vous avez encore couru, Jo ! C'est désolant ! Es una verdadera lástima. Vous êtes incorrigible. Quand perdrez- vous vos habitudes de garçon ? dit Meg d'un air de reproche, en arrangeant le chapeau de sa soeur et en lissant ses cheveux avec lesquels le vent avait pris des libertés.

– Jamais, jusqu'à ce que je devienne raide et vieille et que je doive me servir d'une béquille ! - Nunca, hasta que me ponga rígido y viejo y tenga que usar una muleta. N'essayez pas de me faire grandir avant l'âge, Meg ; c'est déjà assez triste de vous voir changer tout à coup ; laissez-moi être une petite fille aussi longtemps que je pourrai. »

Jo se pencha en parlant, afin que sa soeur ne vît pas que ses lèvres tremblaient, car, depuis quelque temps, elle sentait que Meg devenait rapidement une femme, et ce que lui avait appris Laurie lui avait fait entrevoir, pour la première fois, qu'un jour ou l'autre un événement, sur lequel sa pensée ne s'était jamais arrêtée jusque- là, pourrait bien les séparer. Jo leaned forward as she spoke, so that her sister wouldn't see that her lips were trembling, for for some time she had felt that Meg was rapidly becoming a woman, and what Laurie had taught her had made her realize, for the first time, that one day or other an event, on which her thoughts had never hitherto dwelt, might well separate them. Jo se inclinó hacia delante mientras hablaba, para que su hermana no viera que le temblaban los labios, pues desde hacía algún tiempo tenía la sensación de que Meg se estaba convirtiendo rápidamente en una mujer, y lo que Laurie le había enseñado le había hecho darse cuenta, por primera vez, de que un día u otro un acontecimiento, en el que sus pensamientos nunca se habían detenido, podría separarlas.

Laurie vit son trouble et empêcha Meg de le remarquer, en lui demandant vivement où elle était allée, « si belle que ça ? Laurie vio su confusión e impidió que Meg se diera cuenta, preguntándole enérgicamente adónde había ido, "¿tan guapa? »

« Chez les Gardiner, et Sallie m'a raconté toutes sortes de choses sur la noce de Belle Moffat. "En casa de los Gardiner, y Sallie me contó todo tipo de cosas sobre la boda de Belle Moffat. Il paraît que c'était splendide. Ils sont partis et passeront tout l'hiver à Paris. Comme cela doit être agréable !

– Lui portez-vous envie, Meg ? - Do you envy him, Meg? demanda Laurie.

– J'en ai peur. - I'm afraid so.

– J'en suis bien aise, murmura Jo en mettant son chapeau. - I'm glad," Jo murmured, putting on her hat. - Me alegro", murmuró Jo mientras se ponía el sombrero.

– Pourquoi ? demanda-t-elle toute surprise.

– Parce que, si vous aimez la richesse, ce qui est peut-être un tort, vous n'irez du moins jamais prendre pour mari un homme pauvre, dit Jo en fronçant les sourcils à Laurie, qui lui faisait signe sur signe de faire attention à ce qu'elle allait dire. - Because, if you like wealth, which is perhaps wrong, you'll at least never go and take a poor man as your husband," said Jo, frowning at Laurie, who was waving at her to watch what she was about to say. - Porque, si te gusta la riqueza, lo que tal vez esté mal, al menos nunca tomarás por marido a un pobre -dijo Jo, frunciendo el ceño hacia Laurie, que agitaba la mano para vigilar lo que iba a decir.

– À quoi pensez-vous là, Jo ! - What are you thinking there, Jo! Il est probable que je ne me marierai jamais », répondit Meg en se mettant à marcher avec dignité. I'll probably never get married," Meg replied as she began to walk with dignity.

Les deux autres la suivaient en chuchotant et en commentant cette réponse de Meg avec beaucoup d'animation. The other two followed her, whispering and commenting on Meg's answer with great animation.

Jo se conduisit, pendant huit ou dix jours, d'une manière si bizarre que ses soeurs en étaient étonnées. For eight or ten days, Jo behaved so strangely that her sisters were astonished. Elle se précipitait à la rencontre du facteur aussitôt qu'il arrivait, était impolie pour M. Brooke (dont elle avait fait grand cas jusque- là) toutes les fois qu'elle le voyait, regardait Meg d'un air désolé et venait subitement l'embrasser de la manière la plus mystérieuse. She rushed to meet the letter carrier as soon as he arrived, was rude to Mr. Brooke (of whom she'd made a big fuss until then) whenever she saw him, looked at Meg with an apologetic expression and suddenly came to kiss him in the most mysterious way. Salió corriendo a recibir al cartero en cuanto llegó, fue grosera con el señor Brooke (del que hasta entonces había hecho un gran alboroto) cada vez que lo veía, miró desolada a Meg y, de repente, se acercó a besarlo de la manera más misteriosa. Elle et Laurie étaient toujours à se faire des signes et à parler de « l'aigle » d'un air si bizarre, que les jeunes filles déclarèrent qu'ils étaient fous tous les deux. She and Laurie were always waving at each other and talking about "the eagle" in such a weird way, that the girls declared they were both crazy. Ella y Laurie siempre se saludaban y hablaban de "el águila" de forma tan extraña que las chicas decían que las dos estaban locas. Le samedi suivant, Jo sortit pour la seconde fois par la fenêtre et reprit le chemin qu'elle avait suivi huit jours plus tôt. The following Saturday, Jo climbed out of the window for the second time and retraced the path she had taken eight days earlier. Quand elle revint, Meg, qui cousait à sa fenêtre, fut scandalisée de la voir poursuivie dans le jardin par Laurie, et enfin rattrapée par lui dans le berceau d'Amy. When she returned, Meg, who was sewing at her window, was scandalized to see her pursued into the garden by Laurie, and finally caught by him in Amy's crib. Cuando regresó, Meg, que estaba cosiendo en su ventana, se escandalizó al verla perseguida hasta el jardín por Laurie, y finalmente atrapada por él en la cuna de Amy. Ce qui arriva là, Meg ne pouvait pas le voir, mais on entendait des éclats de rire, puis un murmure de voix et un grand froissement de cahiers et de papiers. What happened there Meg couldn't see, but we could hear bursts of laughter, then a murmur of voices and a great rustling of notebooks and papers.

« Qu'est-ce que nous ferons de cette petite fille ? Elle ne se conduira jamais en jeune personne comme il faut, s'écria Meg d'un air de désapprobation. Quel malheur qu'elle ne soit pas née garçon !

– Pourquoi, Meg ? Elle est si drôle et si charmante comme elle est, dit Beth, qui n'avait jamais montré à personne qu'elle était quelque peu blessée de ce que Jo avait des secrets avec d'autres qu'avec elle.

– Nous ne pourrons jamais la rendre distinguée », ajouta Amy qui était en train de se faire une collerette et qui, coiffée ce jour-là d'une manière nouvelle, paraissait très satisfaite de sa petite personne.

Quelques minutes après, Jo se précipita dans la chambre et, s'étendant tout de son long sur le sofa, affecta d'être très occupée à lire.

« Y a-t-il quelque chose d'intéressant dans ce que vous lisez ? lui demanda Meg avec condescendance.

– Rien qu'une histoire qui n'a pas l'air bien fameuse, répondit Jo en empêchant soigneusement ses soeurs de voir le nom du journal. - Sólo una historia que no suena muy bien -respondió Jo, evitando cuidadosamente que sus hermanas vieran el nombre del periódico.

– Vous feriez mieux de la lire tout haut ; cela nous distrairait et nous empêcherait de faire des sottises, dit Amy d'un air digne. - You'd better read it out loud; it'll distract us from doing anything foolish," says Amy with a dignified air. - Será mejor que lo leas en voz alta; nos distraerá y nos impedirá hacer tonterías -dijo Amy con aire digno.

– Quel en est le titre ? dit Beth en se demandant pourquoi Jo cachait sa figure derrière le papier.

– Les Peintres rivaux. - Rival painters. - Pintores rivales.

– Si cela vous paraît joli, lisez-le », dit Meg.

Jo, faisant un « hum » prolongé, respira longuement et commença à lire très vite. Ses soeurs écoutèrent avec intérêt l'histoire, qui était romanesque et quelque peu pathétique, puisque la plupart des personnages finissaient par mourir.

« J'aime ce qu'on dit de cette splendide peinture, fut la remarque approbative d'Amy lorsque Jo eut fini. "I like what they say about this splendid painting," was Amy's approving remark when Jo had finished.

– Je préfère l'entretien entre Viola et Angelo. - Prefiero la entrevista entre Viola y Angelo. Ce sont deux de nos noms favoris quand nous jouons pour nous la comédie ; n'est-ce pas bizarre ? dit Meg en s'essuyant les yeux, car cette scène l'avait émue. dijo Meg, secándose los ojos conmovida por la escena.

– Par qui est-ce écrit ? - Who wrote it? Quel est l'auteur ? demanda Beth qui avait aperçu la figure de Jo et commençait à avoir des soupçons. preguntó Beth, que había visto la cara de Jo y empezaba a sospechar. Cela n'est toujours pas l'oeuvre d'une bête, Meg elle-même a pleuré !... This is still not the work of a beast, Meg herself has cried!... ¡Sigue sin ser obra de una bestia, ha gritado la propia Meg! »

La lectrice se leva subitement du canapé où elle était couchée et, jetant au loin son journal, montra à ses soeurs une figure toute rouge et répondit d'un air en même temps solennel et excité : La lectora se levantó de repente del sofá donde estaba tumbada y, tirando el periódico, mostró a sus hermanas un rostro sonrojado y contestó con un aire a la vez solemne y excitado:

« Par votre soeur Jo, ni plus ni moins ! "By your sister Jo, no more, no less!

– Par vous ! s'écria Meg en laissant tomber son ouvrage.

– C'est très beau, dit Amy.

– Je l'avais deviné ! - I knew it! s'écria Beth. Je l'avais deviné ! Oh, ma Jo, je suis si fière de vous ! »

Et Beth courut embrasser sa soeur et se réjouir de son succès. La vérité est qu'elles étaient toutes très contentes ! Cependant Meg ne put le croire tout à fait que lorsqu'elle vit imprimé sur le journal : « Miss Joséphine Marsch. » Amy critiqua quelques menus détails artistiques de l'histoire et suggéra plusieurs idées pour une suite qui, malheureusement, ne pouvait exister, puisque les héros de l'histoire étaient morts. Beth sauta et dansa de joie. Hannah elle-même vint enfin s'écrier très étonnée :

« Eh bien, si jamais j'avais cru que cette Jo en ferait autant ! "Well, if I'd ever thought that Jo would do the same! » Hannah avait écouté la lecture.

Mme Marsch ne se montra pas mécontente. Mrs. Marsch was not displeased. L'histoire était gentille et convenable ; elle faisait honneur aux sentiments moraux de l'auteur, et Jo déclara, avec des larmes dans les yeux, qu'elle ferait mieux d'être un paon et que ce fût fini lorsque le journal eut passé de mains en mains, on pouvait dire que « l'aigle » agitait triomphalement ses ailes sur la maison Marsch.

– Racontez-nous tout.

– Quand le journal est-il arrivé ?

– Combien vous a-t-on payé ?

– Que va dire papa ?

– Comme Laurie va rire ! » s'écrièrent-elles toutes à la fois.

Ces natures affectueuses se faisaient un jubilé de chaque petite joie de famille. These affectionate natures made a jubilee of every little family joy.

« Cessez de bavarder et je vous dirai tout, dit Jo en se demandant si miss Burney avait eu plus de gloire avec son Éveline qu'elle avec ses Peintres rivaux. "Stop chattering and I'll tell you everything," said Jo, wondering if miss Burney had had more glory with her Eveline than she had with her rival Painters. Deja de parlotear y te lo contaré todo -dijo Jo, preguntándose si la señorita Burney había tenido más gloria con su Eveline que con sus Painters rivales. Et, ayant raconté comment elle avait donné ses histoires au journal, elle ajouta : « Lorsque je suis allée pour chercher une réponse, le directeur a dit que toutes deux lui plaisaient, mais qu'il ne payait pas les commençants, qu'il les aidait ainsi à se faire un nom, et que, ce nom fait, rien ne leur serait alors plus facile que de tirer parti de leur talent dans des journaux plus riches que le sien. And, having recounted how she'd given her stories to the paper, she added: "When I went to seek an answer, the editor said that he liked both of them, but that he didn't pay the beginners, that he was thus helping them to make a name for themselves, and that, with that name made, nothing would then be easier for them than to capitalize on their talent in papers richer than his own. Y, tras relatar cómo había cedido sus historias al periódico, añadió: "Cuando fui a buscar una respuesta, el director me dijo que ambos le caían bien, pero que él no pagaba a los principiantes, que les ayudaba a hacerse un nombre y que, una vez hecho ese nombre, nada les sería más fácil que aprovechar su talento en periódicos más ricos que el suyo". Je lui ai, malgré cela, laissé les deux histoires ; je préfère l'honneur à l'argent. Despite this, I let him have both stories; I prefer honor to money. La première a paru aujourd'hui. Laurie a déjà lu mes Peintres rivaux, il m'a dit que cela n'était pas mal du tout ; il m'a engagée à en écrire d'autres et promis qu'il allait faire en sorte qu'on me payât la seconde. Laurie has already read my Peintres rivaux, he told me it wasn't bad at all; he urged me to write more and promised he would see that I was paid for the second. Laurie ya ha leído mi Peintres rivaux, me dijo que no estaba nada mal; me instó a escribir más y me prometió que se encargaría de que me pagaran por el segundo. Oh ! Je serais si heureuse de pouvoir plus tard gagner ma vie et surtout celle des autres ! I'd be so happy to be able to earn a living for myself and, above all, for others! »

Et Jo, enveloppant sa tête dans son journal, arrosa sa petite histoire de quelques larmes de plaisir, car être indépendante, devenir utile à ceux qu'elle aimait et être louée par eux, c'était là son plus cher désir, et ceci semblait être le premier pas vers ce but heureux. And Jo, wrapping her head in her newspaper, sprinkled her little story with a few tears of pleasure, for to be independent, to become useful to those she loved and to be praised by them, that was her dearest desire, and this seemed to be the first step towards that happy goal. Y Jo, envolviéndose la cabeza en su periódico, salpicó su pequeña historia con unas lágrimas de placer, porque ser independiente, llegar a ser útil a los que amaba y ser alabada por ellos, ése era su más querido deseo, y éste parecía ser el primer paso hacia esa feliz meta.