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Nota Bene, Comment Jeanne d'arc a-t-elle réussi à convaincre le roi de France ?

Comment Jeanne d'arc a-t-elle réussi à convaincre le roi de France ?

Cet épisode est sponsorisé par Age of Empires IV, le 4ème volet de la saga mythique de stratégie

en temps réel ! Plongez au cœur des grandes batailles historiques en bâtissant des cités,

en gérant vos ressources et en menant vos troupes à la victoire à travers 4 campagnes réunissant 35

missions et vous permettant de choisir une des 8 civilisations en jeu : les Anglais,

les Français, les Chinois, l'Empire Mongol, la Dynastie Abbasside, les Rus, le Saint-Empire

romain germanique et le Sultanat de Delhi. Age of Empires, c'est mon premier souvenir de jeu PC

et presque 25 ans après je dois dire que je suis toujours aussi content de découvrir les nouveaux

opus quand ils sortent. Cette fois ci Age of Empires IV s'étale sur près de 500 ans d'Histoire,

du Haut Moyen Age à la Renaissance. Vous pourrez donc contrôler les hordes mongols de Gengis

Khan ou incarner la jeune pucelle d'Orléans, Jeanne d'Arc, pour bouter les anglais en dehors

du royaume de France. Jeanne d'Arc qu'on trouvait d'ailleurs dans Age of Empires II et que l'on va

de nouveau suivre ici à travers notamment le siège d'Orléans ou la bataille de Patay. Des

séquences filmées ont d'ailleurs été tournées en France, à Orléans, à Chinon et à Rouen où Jeanne

a été brûlée vive, pour illustrer la vie de Jeanne d'Arc, je trouve ça assez chouette de pousser le

concept comme ça. Quoi qu'il en soit, le jeu est disponible sur PC Windows 10 et 11 et surprise,

il est disponible directement dans le Game Pass pour PC ! Le Game Pass,

c'est un service (un abonnement) de Microsoft qui permet d'avoir accès à tout un tas de jeux,

dont des nouveautés comme Age of Empires IV mais aussi pleins d'autres jeux comme Halo ou

Flight Simulator, dès le jour de leur sortie. Je l'utilise personnellement depuis pas mal de

temps et c'est top ! Je vous laisse un lien en description si vous voulez en savoir plus et je

vous souhaite à tous un bon épisode !" Mes chers camarades, bien le bonjour !

Dans l'Histoire de France, il y a quelques personnages absolument incontournables. Et

parmi ces derniers, Jeanne d'Arc est sans doute l'une des figures les plus

fascinantes du Moyen âge, notamment parce que l'on sait beaucoup de choses sur elle.

Et si on ne va pas détailler ici toute sa vie, je vous rappelle le personnage

dans une vulgarisation de haute volée qui va durer à peu près 30s, accrochez vous.

Jeanne d'Arc est un personnage emblématique de l'Histoire de France, né en 1412, elle entend dès

son adolescence des voix qui lui parlent et qui seraient celles des saints chrétiens...rien que

ça ! Suite à l'illumination, elle est convaincue de devoir sauver le royaume de France en portant

secours au roi Charles VII, en mauvaise posture face aux Bourguignons et aux anglais. Elle joint

la parole aux actes, rencontre le roi, mène les batailles, fait sacrer le roi et renverse le cours

de la guerre de Cent Ans. Elle sera capturée puis livrée aux anglais avant d'être brûlée

vive et de rentrer dans l'Histoire. Elle qui aurait aimé descendre avant de partir en fumée,

aurait dit dans son dernier souffle “Vous ne m'avez pas cru, vous m'aurez cuite!”.

Bon, si cette dernière phrase est totalement fausse, les deux procès dont elle a fait

l'objet — oui, car il y en a eu deux — nous renseignent énormément sur ce personnage hors

du commun. Mais, comme souvent en Histoire, plus on a d'éléments, plus cela soulève de questions.

Jeanne d'Arc méritera clairement plusieurs épisodes qui sortiront sur la chaîne à des

intervalles assez espacés, mais aujourd'hui, je vais tenter de me concentrer sur trois

questions qui, je l'espère, vous brosseront un portrait assez fidèle du personnage.

Pourquoi Jeanne s'est engagée dans la guerre de Cent Ans ?

Comment expliquer l'engouement qu'elle a suscité ? A-t-elle participé activement aux combats ?

Allez c'est parti !

Commençons par un peu de contexte. Depuis le début du XVe siècle, suite à la folie de Charles VI,

le royaume de France est traversé par une guerre sanglante entre deux grands partis nobles proches

de la couronne : les Orléans, aussi appelés les Armagnacs, et les Bourguignons. Chacun,

pour vaincre, tente à tour de rôle de s'attirer les bonnes grâces des rois d'Angleterre. Ce

sont les Bourguignons qui en profitent le plus lorsqu'après sa victoire d'Azincourt en 1415,

Henry V d'Angleterre finit par épouser une des filles de Charles VI. L'enfant tirée de

cette union, le futur Henri VI, est déclaré héritier présomptif de la couronne de France,

tandis que le duc de Bourgogne Philippe le Bon, renforce ses fiefs.

On a donc, en 1429, un royaume séparé en trois.

D'un côté, le nord la Loire qui reconnaît en grande majorité Henri VI ; de l'autre,

le sud, qui soutient Charles VII, fils de Charles VI replié sur Bourges,

et au nord-est les terres bourguignonnes . Entre les deux souverains, c'est la guerre.

Une guerre entre armées, mais aussi une guerre de symbole pour acquérir

de la légitimité. Et c'est justement sur ce point précis que l'apparition

Jeanne d'Arc va tout bouleverser alors que le conflit se déroule mal pour les Armagnacs.

La jeune femme, née vers 1412, vient des marges du royaume, sur les rives de la Meuse,

dans le village de Domrémy, située à l'époque à la frontière entre les terres du royaume et celle du

Saint Empire. C'est un endroit que se disputent durement les Armagnacs et les Bourguignons,

parce qu'il est sur la route reliant les terres contrôlées au nord et au sud par les Ducs de

Bourgogne . En 1429, les partisans de Charles VII possèdent encore dans la région quelques places

fortes, comme Vaucouleurs, à une vingtaine de kilomètres au nord de Domrémy. Mais une bonne

partie de la zone penche pour le duc de Bourgogne, comme le village de Maxey, situé à deux kilomètres

en face de Domrémy de l'autre côté de la Meuse. A l'opposé, le hameau où habite la famille de

Jeanne est Armagnac. Son père, un notable local propriétaire de plusieurs terres, est un partisan

reconnu des Orléans qui ont soutenu en 1412 la révolte des bourgeois de Neufchâteau, à dix

kilomètres au sud de Domrémy, contre les troupes du duc de Lorraine, alors allié des Bourguignons.

C'est compliqué donc mais ce qu'il faut retenir c'est que Jeanne baigne dans un milieu

foncièrement Armagnac, ce qui se ressent même dans les saints qui lui seraient apparu à partir

de ses treize ans. Oui, car dans ce conflit entre les familles de la haute noblesse qui mobilise une

grande partie du royaume depuis plus de vingt ans ans, même les forces divines ont un camp.

Ainsi Jeanne entend la voix de saint Michel, l'abbaye du Mont Saint Michel étant à l'époque

une forteresse Armagnac qui résiste aux Anglais, mais elle n'entend pas celle de saint Denis,

pourtant le patron traditionnel des rois de France. Son abbaye, proche de Paris,

est en effet en territoire anglo-bourguignon et contrôlée par le parti opposé.

A la question : pourquoi Jeanne, qu'on appellera bientôt la pucelle d'Orléans,

choisit-elle le camp de Charles VII et des armagnacs, on peut donc répondre que c'est

avant tout un choix partisan ! C'est pourquoi un de ses premiers actes militaires sera de

voler au secours de la ville d'Orléans, fief central de son parti, et qu'elle demande aux

Anglais dans une lettre qu'elle leur adresse de libérer le chef des Armagnac, Charles d'Orléans,

qu'ils détiennent prisonnier à Londres depuis sa défaite à Azincourt en 1415.

Son affiliation à un des camps de la guerre civile explique aussi pourquoi

beaucoup de sujets du royaume de France proches eux des Bourguignons jugent assez

sévèrement Jeanne. On a par exemple l'auteur anonyme qu'on appelle le Bourgeois de Paris,

sans doute un clerc vivant dans la capitale ralliée au duc de Bourgogne et à Henri VI,

qui a des mots très dur, mais apparement pas assez, à l'encontre de Jeanne. Il met en doute

les légendes que racontent les Armagnacs à son sujet et la qualifie de « créature en

forme de femme » suggérant ainsi qu'elle est un être démoniaque...rien que ça !

C'est donc en Armagnac que Jeanne rejoint la cour de Chinon en février 1429 où elle

parvient après avoir traversé incognito des terres bourguignonnes. L'adolescente qui se

présente devant le souverain est une complète étrangère : c'est une femme,

issu d'un milieu populaire, elle est très jeune, dans une société où l'on valorise le grand âge,

et elle vient d'une région frontalière vue de haut par les élites du royaume,

originaires elles du Val de Loire ou des environ de Paris. Pourtant,

elle se fait accepter par Charles VII. Cette réussite est encore aujourd'hui expliquée sous

l'angle du miracle. Jeanne, inspirée par Dieu, aurait reconnu le souverain déguisé

en simple courtisan au sein de sa cour, comme on le voit par exemple dans le film de Luc Besson.

Bon, cette scène a été inventée plus tard et elle est rentrée dans l'Histoire mythique de

Jeanne d'Arc. En réalité, le succès de Jeanne ne tient pas du prodige,

mais du contexte. Je vous explique !

En ce début du XVe siècle, le Grand Schisme, une crise religieuse qui a scindé pendant

presque quarante ans l'Église latine, favorise l'émergence du phénomène des prophétesses,

des femmes généralement issues de milieux modestes et affirmant détenir une révélation

divine propre à sauver le royaume, voir la Chrétienté tout entière. Dès le XIVe siècle

certaines d'entre elles, comme Brigitte de Suède, sont devenues célèbres en annonçant qu'une femme

viendrait au secours de la couronne de France et qu'elle serait vierge, à l'image de Marie,

la mère du Christ, dont le culte s'est alors fortement développé. Jeanne pense être

l'incarnation de cette pucelle et d'ailleurs, elle n'est pas la seule. Durant ses pérégrinations,

elle rencontre d'autres jeunes femmes qui, comme elle, ont entendu des appels venus de Dieu

ou de ses saints, et veulent apporter leur soutien à la couronne, comme Catherine de La

Rochelle ou Piéronne la Bretonne qui sera brûlée sur le parvis de Notre-Dame de Paris en 1430.

ça sentait déjà un peu le roussi, elle aurait dû se méfier...

Le roi et ses proches croient en l'existence des ces femmes et leur tendent régulièrement

l'oreille. Pour autant, ils n'en acceptent pas n'importe qui. Après son arrivée à Chinon,

Jeanne est ainsi longuement interrogée afin de savoir si elle correspond à ce qui est attendu

d'une prophétesse chrétienne, notamment au niveau de son corps. On vérifie sa virginité,

qualité qui renvoie à Marie, mère du Christ, qui figure d'ailleurs sur son pennon, son étendard,

mais qui renvoie aussi à de nombreuses saintes, particulièrement à deux qui lui sont apparues en

vision : sainte Catherine et sainte Marguerite. Ses partisans remarquent également d'autres

signes prouvant son destin exceptionnel : par exemple elle est anorexique et ne consomme que

des aliments renvoyant à une symbolique chrétienne : le vin, le pain, le poisson du carême. La seule

chaire qu'elle mange est celle du Christ, sous forme d'hosties qu'elle ingère régulièrement

pendant les communions— car depuis le XIIIe siècle, l'Église affirme que le pain consacré

se changeait vraiment en corps de Jésus. Enfin, les conseillers de Charles VII cherchent dans des

textes célèbres un passage qui pourrait annoncer la venue de la jeune femme et convaincre leurs

partisans du bien-fondé de sa mission. Comme on l'a vu dans la vidéo sur Merlin, ils le trouvent

dans les prophéties attribuées à l'enchanteur par Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle.

Dernière étape de légitimation de Jeanne, et, par extension,

de la cause des Armagnacs : faire de la pucelle une bergère. Le truc,

c'est que Jeanne ne l'a jamais été, comme elle l'a expliqué à son procès.

Pourtant, dès 1429, Perceval de Boulainvilliers, un proche de Charles VII, écrit dans une lettre

au duc de Milan que la Pucelle « dès […] sa septième année [fut employé] à garder les

agneaux. Pas un des plus petits ne périt et ne devient la proie des bêtes féroces. […] Elle eut

sa première révélation [en gardant] les brebis de ses parents. » Au XVe siècle,

évoquer l'image du pasteur gardant ses troupeaux renvoie à nombre de

significations politico-religieuses. Dans la Bible, Goliath est vaincu par un berger,

David, qui devient par la suite roi. Alors que les Psaumes affirment que « L'Éternel

est mon berger », l'Évangile de Luc explique lui qu'un ange est apparu à des bergers pour

leur annoncer la naissance du Christ, scène d'ailleurs abondamment représentée au Moyen

âge sur des enluminures où parfois, comme ici, une bergère accompagne le berger.

Pour toutes ces raisons, depuis le XIVe siècle, les souverains, notamment en France,

sont comparés à des bergers. On considère qu'ils doivent être, à l'image de Jésus,

des bons pasteurs dirigeant avec justesse — mais fermeté — leurs troupeaux.

Jeanne est une figure profondément chrétienne,

elle se croit investie d'une mission qui ne concerne pas seulement la France,

mais aussi l'ensemble de la Création. Comme nombre d'autres prophètes, elle veut d'abord purifier le

royaume de ses pêchés qu'elle estime être la cause de ses défaites. C'est d'autant plus le cas que,

depuis le XIIIe siècle et la canonisation de saint Louis, on pense que la couronne de

France est sacrée et bénie par Dieu. C'est pour retrouver cette sacralité qu'elle veut

interdire le blasphème, le jeu d'argent et qu'elle chasse les prostituées de l'armée.

La troupe, engagée selon elle dans une sainte mission, doit être pure avant d'aller au combat.

C'est aussi pour que la monarchie retrouve son caractère divin qu'elle insiste pour que Charles

VII soit couronné à Reims où, croit-on, les souverains, oints par l'huile sacrée contenue

dans la sainte ampoule — qui selon une légende développée depuis le IXe siècle, aurait été amenée

du ciel par une colombe — deviennent des élus par Dieu et acquièrent des pouvoirs merveilleux comme

celui de guérir les écrouelles, une maladie pas vraiment esthétique. Ce retour à l'ordre voulu

par le Créateur doit contrebalancer les désordres créés par la guerre avec les Anglais, qui oppose

chrétiens contre chrétiens. Jeanne aspire en effet à une paix qui permettra d'unifier la chrétienté

sous le commandement de Charles VII, qui relancera alors une grande croisade et reprendra Jérusalem!

Un beau programme qui, comme l'espère nombre des contemporains de la Pucelle,

déclenchera la fin des temps et le retour du Christ sur Terre. Les projets de Jeanne

ne s'arrêtent donc pas aux frontières du royaume, mais concernent toute la Chrétienté!

En mars 1430, elle écrit ainsi une lettre aux hussites de Bohème, une hérésie qui

a vu le jour au début du XVe siècle, en les priant de retourner à la vraie foi sous peine

d'être punis par ses armées. La ferveur qui entourait Jeanne ne touche pas tout le monde,

comme on l'a vu plus haut. Elle s'éteint aussi, sans mauvais jeu de mot, en grande partie

lorsque l'entrée de Charles VII dans Paris ne se réalise pas comme elle l'avait pourtant annoncé.

S'il y a bien une chose qui distingue Jeanne de nombre d'autres prophétesses,

c'est qu'elle affirme publiquement qu'elle est une « cheffe de guerre ».

En l'espace d'un an d'activité militaire à peine, du 29 avril 1429 au 23 mai 1430, elle a ainsi :

participé à la levée du siège de l'Orléans ; aidé à la prise de Troyes ;

lancé la chevauchée victorieuse vers Reims en plein territoire anglo-bourguignon ;

échoué devant les murailles de Paris défendue entre autres par ses habitants,

opération durant laquelle elle est blessée par un carreau d'arbalète ;

pris la ville de Saint-Pierre-le-Moûtier ;

tente de lever le siège de Compiègne, opération durant laquelle elle est capturée.

C'est une liste non exhaustive mais Jeanne a donc vu beaucoup d'action, notamment des sièges,

ce qui est normal durant une guerre où les batailles en rase campagne, trop coûteuses,

sont rares, et où la plupart des opérations se concentrent sur le contrôle des places

fortes. Reste à savoir dans quelle mesure Jeanne a participé activement aux combats.

Lors de son procès, elle a affirmé n'avoir jamais tué personne et que,

si elle portait bien une épée, elle lui préférait quarante fois son étendard. Mais cela ne veut pas

dire pour autant qu'elle n'a joué aucun rôle dans les affrontements. L'étendard servait par

exemple à rallier les hommes, et à les diriger, ce qu'elle fit selon de nombreuses chroniques.

Certains témoins, comme Jean d'Alençon, ont même affirmé qu'elle avait de véritables

talents de tacticienne, chose que Jean de Dunois attribue plus à Dieu qu'à elle. Enfin, rien, à

part son sexe, ne semble la distinguer des autres chevaliers. Armée et possédant plusieurs montures

comme l'un d'entre eux, elle tend à se comporter comme la représentation idéale d'un membre de

cette aristocratie militaire, montrant son courage en première ligne, faisant preuve de loyauté

envers son suzerain et affirmant faire la guerre pour une juste cause, et pas pour s'enrichir.

Disons le tout court, si tout ça sort clairement de l'ordinaire et reste un phénomène exceptionnel,

cette participation d'une femme aux combats n'est en rien inconnue au XVe siècle.

La littérature épique a mis plusieurs fois en scène des guerrières, souvent vierges,

alors que l'Ancien Testament fait mention de femmes participant au combat, comme Judith

ou la juge et prophétesse Débora, que l'on voit représentée ici sur une enluminure du

XIIIe siècle, personnages auxquels Jeanne est comparée dès 1429 dans le poème que

lui consacre l'écrivaine Christine de Pisan. Pareillement, le coût humain de la guerre de

Cent Ans a créé des situations extraordinaires. On a ainsi vu certaines dames de la noblesse,

privées de leur époux mort ou prisonnier, commander à la défense de leur château,

sans pour autant participer activement au combat, comme la dame de la Roche-Guyon en 1418 dont

le mari a été tué du côté des Armagnac lors de la bataille d'Azincourt en 1415.

Poser la question des combats amène forcément celle des habits.Est ce que la aussi,

il y a des choses qui sortent de l'ordinaire avec Jeanne ?

Dès son départ de Vaucouleurs, Jeanne s'est vêtue en homme et s'est coupée les cheveux courts afin

de ne laisser qu'une calotte en haut du crâne, mode propre aux chevaliers que l'on peut voir sur

cette enluminure du XVe siècle représentant l'un ses compagnons d'armes, Jean de Dunois. Double

transgression donc, à la fois genrée et sociale, Jeanne quittant à la fois son sexe et sa classe.

Car il ne faut pas oublier qu'au Moyen âge l'habit fait littéralement le moine. Un vêtement, et une

coupe de cheveux à l'époque féodale ne sont en effet pas l'objet de choix individuel,

mais désigne une position fixe dans la société chrétienne. Un moine porte la

robe et la tonsure, une femme mariée doit être voilée, etc.

Dans ce contexte, la volonté de Jeanne de s'habiller en guerrier renforce le caractère

exceptionnel et urgent de sa mission. C'est parce que les hommes ont été incapables de rétablir

l'ordre divin dans le royaume qu'une jeune femme, issue d'un rang modeste, doit prendre leur place,

discours qu'appuient d'ailleurs Charles VII et son entourage : c'est en effet le roi qui achète

à Jeanne l'armure complète qu'elle va revêtir pour la coquette somme de cent livres, l'équivalent

à l'époque de près d'un an et demi de salaire d'un manœuvre, l'ouvrier de base d'un chantier.

Mais il ne faut pas croire que ça ne gênait pas les gens qui vivaient à la

même époque que Jeanne d'Arc ! Porter un vêtement masculin ça

n'est pas anodin et ça sera d'ailleurs une des raisons de sa condamnation.

Même après son exécution, les enluminures qui la représente la montre généralement avec les

cheveux longs et une robe, par exemple ici, dans Les Vigiles de la mort de Charles VII

de Martial d'Auvergne, manuscrit réalisé en 1484 , comme si sa transgression des

frontières entre les genres gênait en dehors du contexte particulier et de l'urgence de

la Guerre contre les Anglo-Bourguignons. Cette idée perdure même au XIXe siècle,

par exemple sur ce très célèbre tableau réalisé par Ingres dans les années 1850.

Jeanne est capturée à Compiègne le 23 mai 1430 par des troupes bourguignonnes. De là, elle est

vendue aux Anglais puis transférée à Rouen, sur des terres dépendant directement d'Henri VI, pour

être jugée par un tribunal composé en très grande majorité des ecclésiastiques

français, comme Pierre Cauchon, pendant une procédure complexe qui dura plusieurs mois.

Une procédure si complexe que nous lui consacrerons peut-être un jour

une vidéo complète, en tout cas, ça vaut le coup !

Il faut surtout retenir de ce procès que l'on reproche à Jeanne principalement

des faits d'hérésies et surtout d'avoir tenté d'occuper la place

d'intermédiaire entre les fidèles et Dieu, une position qui reste, en ce XVe siècle,

le monopole de l'Église. Elle est brûlée le 30 mai 1431. Elle a sans doute à peine dix-neuf ans.

Mais ce n'est pas la fin de son histoire. Dès 1450, juste après qu'il ait repris Rouen aux

Anglais, Charles VII ordonne l'ouverture d'une enquête sur la vie de Jeanne qui débouche sur

un procès en révision. Il s'agit à la fois d'établir pour le roi sa souveraineté sur

la ville et sur le duché de Normandie, mais aussi de tout faire pour que son

nom et son sacre ne soient plus associés à une hérétique. L'opération réussit, et,

en 1456, Jeanne est réhabilitée, mais pas canonisée. Il faut pour cela attendre 1920,

dans un tout autre contexte dont nous reparlerons sans doute, dans un prochain épisode…

Merci à William Blanc, historien du médiévalisme pour la préparation de cette émission. Merci

à tous de l'avoir suivi, n'hésitez pas à vous abonner pour ne pas louper les prochaines vidéos !

Je vous rappelle au passage que cet épisode est sponsorisé par Age of Empires IV dans

lequel vous retrouverez la pucelle d'Orléans à travers notamment la bataille de Patay ou

le siège d'Orléans ! Age of Empires IV, c'est un jeu de stratégie en temps réel

où vous construisez vos bases, gérez vos ressources et allez écraser vos

ennemis en utilisant les avantages de votre civilisation. Les français par exemple,

sont plutôt doués en commerce et bénéficient d'une unité spéciale capable de charger l'ennemi,

les chevaliers du Roi ! Etant un grand fan de la licence, je ne peux que vous conseiller de

vous jeter dessus ! Le jeu est disponible sur PC Windows 10 & 11 et il est inclus

dans le service Game Pass ! Je vous mets un lien en description pour en savoir plus !

A très vite sur Nota Bene. Ciao !


Comment Jeanne d'arc a-t-elle réussi à convaincre le roi de France ? Wie gelang es Jeanne d'arc, den König von Frankreich zu überzeugen? How did Joan of Arc convince the King of France? ¿Cómo consiguió Juana de Arco convencer al rey de Francia? Como é que Joana d'Arc conseguiu convencer o rei de França? Как Жанне д'Арк удалось убедить короля Франции?

Cet épisode est sponsorisé par Age of Empires IV,  le 4ème volet de la saga mythique de stratégie

en temps réel ! Plongez au cœur des grandes  batailles historiques en bâtissant des cités,

en gérant vos ressources et en menant vos troupes  à la victoire à travers 4 campagnes réunissant 35 by managing your resources and leading your troops to victory through 4 campaigns bringing together 35

missions et vous permettant de choisir une  des 8 civilisations en jeu : les Anglais,

les Français, les Chinois, l'Empire Mongol, la  Dynastie Abbasside, les Rus, le Saint-Empire

romain germanique et le Sultanat de Delhi. Age  of Empires, c'est mon premier souvenir de jeu PC

et presque 25 ans après je dois dire que je suis  toujours aussi content de découvrir les nouveaux

opus quand ils sortent. Cette fois ci Age of  Empires IV s'étale sur près de 500 ans d'Histoire,

du Haut Moyen Age à la Renaissance. Vous pourrez donc contrôler les hordes mongols de Gengis

Khan ou incarner la jeune pucelle d'Orléans,  Jeanne d'Arc, pour bouter les anglais en dehors

du royaume de France. Jeanne d'Arc qu'on trouvait  d'ailleurs dans Age of Empires II et que l'on va

de nouveau suivre ici à travers notamment le  siège d'Orléans ou la bataille de Patay. Des

séquences filmées ont d'ailleurs été tournées en  France, à Orléans, à Chinon et à Rouen où Jeanne

a été brûlée vive, pour illustrer la vie de Jeanne  d'Arc, je trouve ça assez chouette de pousser le

concept comme ça. Quoi qu'il en soit, le jeu est  disponible sur PC Windows 10 et 11 et surprise,

il est disponible directement dans  le Game Pass pour PC ! Le Game Pass,

c'est un service (un abonnement) de Microsoft  qui permet d'avoir accès à tout un tas de jeux,

dont des nouveautés comme Age of Empires IV  mais aussi pleins d'autres jeux comme Halo ou

Flight Simulator, dès le jour de leur sortie.  Je l'utilise personnellement depuis pas mal de

temps et c'est top ! Je vous laisse un lien en  description si vous voulez en savoir plus et je

vous souhaite à tous un bon épisode !" Mes chers camarades, bien le bonjour !

Dans l'Histoire de France, il y a quelques  personnages absolument incontournables. Et

parmi ces derniers, Jeanne d'Arc est  sans doute l'une des figures les plus

fascinantes du Moyen âge, notamment parce  que l'on sait beaucoup de choses sur elle.

Et si on ne va pas détailler ici toute  sa vie, je vous rappelle le personnage

dans une vulgarisation de haute volée qui  va durer à peu près 30s, accrochez vous. in a high-flying popularization that will last about 30s, so hang on.

Jeanne d'Arc est un personnage emblématique de  l'Histoire de France, né en 1412, elle entend dès

son adolescence des voix qui lui parlent et qui  seraient celles des saints chrétiens...rien que

ça ! Suite à l'illumination, elle est convaincue  de devoir sauver le royaume de France en portant

secours au roi Charles VII, en mauvaise posture  face aux Bourguignons et aux anglais. Elle joint

la parole aux actes, rencontre le roi, mène les  batailles, fait sacrer le roi et renverse le cours the word to the deed, meets the king, leads the battles, has the king crowned and reverses the course

de la guerre de Cent Ans. Elle sera capturée  puis livrée aux anglais avant d'être brûlée of the Hundred Years War. It was captured and delivered to the English before being burned.

vive et de rentrer dans l'Histoire. Elle qui  aurait aimé descendre avant de partir en fumée, and go down in history. She who would have liked to go down before going up in smoke,

aurait dit dans son dernier souffle “Vous  ne m'avez pas cru, vous m'aurez cuite!”. would have said in his last breath "You did not believe me, you will have cooked me!

Bon, si cette dernière phrase est totalement  fausse, les deux procès dont elle a fait

l'objet — oui, car il y en a eu deux — nous  renseignent énormément sur ce personnage hors the object - yes, because there were two of them - tell us a great deal about this extraordinary character.

du commun. Mais, comme souvent en Histoire, plus  on a d'éléments, plus cela soulève de questions.

Jeanne d'Arc méritera clairement plusieurs  épisodes qui sortiront sur la chaîne à des

intervalles assez espacés, mais aujourd'hui,  je vais tenter de me concentrer sur trois

questions qui, je l'espère, vous brosseront  un portrait assez fidèle du personnage.

Pourquoi Jeanne s'est engagée  dans la guerre de Cent Ans ?

Comment expliquer l'engouement qu'elle a suscité ? A-t-elle participé activement aux combats ? How can we explain the craze she has aroused? Did she actively participate in the fights?

Allez c'est parti ! Let's go!

Commençons par un peu de contexte. Depuis le début  du XVe siècle, suite à la folie de Charles VI, Let's start with a little background. Since the beginning of the 15th century, following the madness of Charles VI,

le royaume de France est traversé par une guerre  sanglante entre deux grands partis nobles proches

de la couronne : les Orléans, aussi appelés  les Armagnacs, et les Bourguignons. Chacun,

pour vaincre, tente à tour de rôle de s'attirer  les bonnes grâces des rois d'Angleterre. Ce to win, tries in turn to attract the good graces of the kings of England. This

sont les Bourguignons qui en profitent le plus  lorsqu'après sa victoire d'Azincourt en 1415,

Henry V d'Angleterre finit par épouser une  des filles de Charles VI. L'enfant tirée de

cette union, le futur Henri VI, est déclaré  héritier présomptif de la couronne de France,

tandis que le duc de Bourgogne  Philippe le Bon, renforce ses fiefs.

On a donc, en 1429, un royaume séparé en trois.

D'un côté, le nord la Loire qui reconnaît  en grande majorité Henri VI ; de l'autre,

le sud, qui soutient Charles VII,  fils de Charles VI replié sur Bourges, the south, which supports Charles VII, son of Charles VI folded on Bourges,

et au nord-est les terres bourguignonnes .  Entre les deux souverains, c'est la guerre. and to the north-east the Burgundian lands. Between the two sovereigns, it is the war.

Une guerre entre armées, mais aussi  une guerre de symbole pour acquérir

de la légitimité. Et c'est justement  sur ce point précis que l'apparition of legitimacy. And it is precisely on this point that the appearance

Jeanne d'Arc va tout bouleverser alors que  le conflit se déroule mal pour les Armagnacs. Joan of Arc is going to upset everything while the conflict is going badly for the Armagnacs.

La jeune femme, née vers 1412, vient des  marges du royaume, sur les rives de la Meuse, The young woman, born around 1412, came from the margins of the kingdom, on the banks of the Meuse,

dans le village de Domrémy, située à l'époque à la  frontière entre les terres du royaume et celle du

Saint Empire. C'est un endroit que se disputent  durement les Armagnacs et les Bourguignons,

parce qu'il est sur la route reliant les terres  contrôlées au nord et au sud par les Ducs de

Bourgogne . En 1429, les partisans de Charles VII  possèdent encore dans la région quelques places

fortes, comme Vaucouleurs, à une vingtaine de  kilomètres au nord de Domrémy. Mais une bonne

partie de la zone penche pour le duc de Bourgogne,  comme le village de Maxey, situé à deux kilomètres

en face de Domrémy de l'autre côté de la Meuse.  A l'opposé, le hameau où habite la famille de

Jeanne est Armagnac. Son père, un notable local  propriétaire de plusieurs terres, est un partisan

reconnu des Orléans qui ont soutenu en 1412  la révolte des bourgeois de Neufchâteau, à dix

kilomètres au sud de Domrémy, contre les troupes  du duc de Lorraine, alors allié des Bourguignons.

C'est compliqué donc mais ce qu'il faut  retenir c'est que Jeanne baigne dans un milieu It's complicated, but what you have to remember is that Jeanne is immersed in an environment

foncièrement Armagnac, ce qui se ressent même  dans les saints qui lui seraient apparu à partir Das zeigt sich sogar in den Heiligen, die ihm angeblich aus der Vergangenheit erschienen sind. Armagnac, which can be felt even in the saints who appeared to him from

de ses treize ans. Oui, car dans ce conflit entre  les familles de la haute noblesse qui mobilise une ihres dreizehnten Lebensjahres. Ja, denn in diesem Konflikt zwischen den Familien des Hochadels, der einen

grande partie du royaume depuis plus de vingt  ans ans, même les forces divines ont un camp.

Ainsi Jeanne entend la voix de saint Michel,  l'abbaye du Mont Saint Michel étant à l'époque

une forteresse Armagnac qui résiste aux Anglais,  mais elle n'entend pas celle de saint Denis, an Armagnac fortress that resists the English, but it does not hear that of Saint Denis,

pourtant le patron traditionnel des rois  de France. Son abbaye, proche de Paris, yet the traditional patron saint of the kings of France. His abbey, near Paris,

est en effet en territoire anglo-bourguignon  et contrôlée par le parti opposé.

A la question : pourquoi Jeanne, qu'on  appellera bientôt la pucelle d'Orléans, To the question: why Jeanne, who will soon be called the virgin of Orleans,

choisit-elle le camp de Charles VII et des  armagnacs, on peut donc répondre que c'est choose the camp of Charles VII and the armagnacs, one can thus answer that it is

avant tout un choix partisan ! C'est pourquoi  un de ses premiers actes militaires sera de above all a partisan choice! This is why one of his first military acts will be to

voler au secours de la ville d'Orléans, fief  central de son parti, et qu'elle demande aux

Anglais dans une lettre qu'elle leur adresse de  libérer le chef des Armagnac, Charles d'Orléans,

qu'ils détiennent prisonnier à Londres  depuis sa défaite à Azincourt en 1415.

Son affiliation à un des camps de la  guerre civile explique aussi pourquoi

beaucoup de sujets du royaume de France  proches eux des Bourguignons jugent assez

sévèrement Jeanne. On a par exemple l'auteur  anonyme qu'on appelle le Bourgeois de Paris,

sans doute un clerc vivant dans la capitale  ralliée au duc de Bourgogne et à Henri VI,

qui a des mots très dur, mais apparement pas  assez, à l'encontre de Jeanne. Il met en doute

les légendes que racontent les Armagnacs à  son sujet et la qualifie de « créature en

forme de femme » suggérant ainsi qu'elle  est un être démoniaque...rien que ça !

C'est donc en Armagnac que Jeanne rejoint  la cour de Chinon en février 1429 où elle

parvient après avoir traversé incognito des  terres bourguignonnes. L'adolescente qui se

présente devant le souverain est une  complète étrangère : c'est une femme,

issu d'un milieu populaire, elle est très jeune,  dans une société où l'on valorise le grand âge,

et elle vient d'une région frontalière  vue de haut par les élites du royaume,

originaires elles du Val de Loire  ou des environ de Paris. Pourtant,

elle se fait accepter par Charles VII. Cette  réussite est encore aujourd'hui expliquée sous

l'angle du miracle. Jeanne, inspirée par  Dieu, aurait reconnu le souverain déguisé

en simple courtisan au sein de sa cour, comme on  le voit par exemple dans le film de Luc Besson.

Bon, cette scène a été inventée plus tard et  elle est rentrée dans l'Histoire mythique de

Jeanne d'Arc. En réalité, le succès  de Jeanne ne tient pas du prodige, Joan of Arc. In reality, Joan's success was no prodigy,

mais du contexte. Je vous explique ! but the context. Let me explain!

En ce début du XVe siècle, le Grand Schisme,  une crise religieuse qui a scindé pendant

presque quarante ans l'Église latine, favorise  l'émergence du phénomène des prophétesses,

des femmes généralement issues de milieux  modestes et affirmant détenir une révélation

divine propre à sauver le royaume, voir la  Chrétienté tout entière. Dès le XIVe siècle

certaines d'entre elles, comme Brigitte de Suède,  sont devenues célèbres en annonçant qu'une femme

viendrait au secours de la couronne de France  et qu'elle serait vierge, à l'image de Marie,

la mère du Christ, dont le culte s'est  alors fortement développé. Jeanne pense être

l'incarnation de cette pucelle et d'ailleurs, elle  n'est pas la seule. Durant ses pérégrinations,

elle rencontre d'autres jeunes femmes qui,  comme elle, ont entendu des appels venus de Dieu

ou de ses saints, et veulent apporter leur  soutien à la couronne, comme Catherine de La

Rochelle ou Piéronne la Bretonne qui sera brûlée  sur le parvis de Notre-Dame de Paris en 1430.

ça sentait déjà un peu le roussi,  elle aurait dû se méfier...

Le roi et ses proches croient en l'existence  des ces femmes et leur tendent régulièrement

l'oreille. Pour autant, ils n'en acceptent  pas n'importe qui. Après son arrivée à Chinon,

Jeanne est ainsi longuement interrogée afin de  savoir si elle correspond à ce qui est attendu

d'une prophétesse chrétienne, notamment au  niveau de son corps. On vérifie sa virginité, of a Christian prophetess, especially in terms of her body. We check her virginity,

qualité qui renvoie à Marie, mère du Christ, qui  figure d'ailleurs sur son pennon, son étendard,

mais qui renvoie aussi à de nombreuses saintes,  particulièrement à deux qui lui sont apparues en

vision : sainte Catherine et sainte Marguerite.  Ses partisans remarquent également d'autres

signes prouvant son destin exceptionnel : par  exemple elle est anorexique et ne consomme que

des aliments renvoyant à une symbolique chrétienne  : le vin, le pain, le poisson du carême. La seule foods referring to a Christian symbolism: wine, bread, Lenten fish. The only

chaire qu'elle mange est celle du Christ, sous  forme d'hosties qu'elle ingère régulièrement

pendant les communions— car depuis le XIIIe  siècle, l'Église affirme que le pain consacré

se changeait vraiment en corps de Jésus. Enfin,  les conseillers de Charles VII cherchent dans des

textes célèbres un passage qui pourrait annoncer  la venue de la jeune femme et convaincre leurs

partisans du bien-fondé de sa mission. Comme on  l'a vu dans la vidéo sur Merlin, ils le trouvent

dans les prophéties attribuées à l'enchanteur  par Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle.

Dernière étape de légitimation  de Jeanne, et, par extension,

de la cause des Armagnacs : faire  de la pucelle une bergère. Le truc, of the cause of the Armagnacs: to make the virgin a shepherdess. The thing,

c'est que Jeanne ne l'a jamais été,  comme elle l'a expliqué à son procès. it is because Jeanne never was, as she explained at her trial.

Pourtant, dès 1429, Perceval de Boulainvilliers,  un proche de Charles VII, écrit dans une lettre

au duc de Milan que la Pucelle « dès […] sa  septième année [fut employé] à garder les

agneaux. Pas un des plus petits ne périt et ne  devient la proie des bêtes féroces. […] Elle eut

sa première révélation [en gardant] les  brebis de ses parents. » Au XVe siècle,

évoquer l'image du pasteur gardant  ses troupeaux renvoie à nombre de

significations politico-religieuses. Dans  la Bible, Goliath est vaincu par un berger,

David, qui devient par la suite roi. Alors  que les Psaumes affirment que « L'Éternel

est mon berger », l'Évangile de Luc explique  lui qu'un ange est apparu à des bergers pour

leur annoncer la naissance du Christ, scène  d'ailleurs abondamment représentée au Moyen

âge sur des enluminures où parfois, comme  ici, une bergère accompagne le berger.

Pour toutes ces raisons, depuis le XIVe  siècle, les souverains, notamment en France,

sont comparés à des bergers. On considère  qu'ils doivent être, à l'image de Jésus,

des bons pasteurs dirigeant avec justesse  — mais fermeté — leurs troupeaux.

Jeanne est une figure profondément chrétienne,

elle se croit investie d'une mission  qui ne concerne pas seulement la France,

mais aussi l'ensemble de la Création. Comme nombre  d'autres prophètes, elle veut d'abord purifier le

royaume de ses pêchés qu'elle estime être la cause  de ses défaites. C'est d'autant plus le cas que,

depuis le XIIIe siècle et la canonisation  de saint Louis, on pense que la couronne de

France est sacrée et bénie par Dieu. C'est  pour retrouver cette sacralité qu'elle veut

interdire le blasphème, le jeu d'argent et  qu'elle chasse les prostituées de l'armée.

La troupe, engagée selon elle dans une sainte  mission, doit être pure avant d'aller au combat.

C'est aussi pour que la monarchie retrouve son  caractère divin qu'elle insiste pour que Charles

VII soit couronné à Reims où, croit-on, les  souverains, oints par l'huile sacrée contenue

dans la sainte ampoule — qui selon une légende  développée depuis le IXe siècle, aurait été amenée

du ciel par une colombe — deviennent des élus par  Dieu et acquièrent des pouvoirs merveilleux comme

celui de guérir les écrouelles, une maladie pas  vraiment esthétique. Ce retour à l'ordre voulu

par le Créateur doit contrebalancer les désordres  créés par la guerre avec les Anglais, qui oppose

chrétiens contre chrétiens. Jeanne aspire en effet  à une paix qui permettra d'unifier la chrétienté

sous le commandement de Charles VII, qui relancera  alors une grande croisade et reprendra Jérusalem!

Un beau programme qui, comme l'espère  nombre des contemporains de la Pucelle,

déclenchera la fin des temps et le retour  du Christ sur Terre. Les projets de Jeanne

ne s'arrêtent donc pas aux frontières du  royaume, mais concernent toute la Chrétienté!

En mars 1430, elle écrit ainsi une lettre  aux hussites de Bohème, une hérésie qui

a vu le jour au début du XVe siècle, en les  priant de retourner à la vraie foi sous peine

d'être punis par ses armées. La ferveur qui  entourait Jeanne ne touche pas tout le monde,

comme on l'a vu plus haut. Elle s'éteint aussi,  sans mauvais jeu de mot, en grande partie

lorsque l'entrée de Charles VII dans Paris ne se  réalise pas comme elle l'avait pourtant annoncé.

S'il y a bien une chose qui distingue  Jeanne de nombre d'autres prophétesses,

c'est qu'elle affirme publiquement  qu'elle est une « cheffe de guerre ».

En l'espace d'un an d'activité militaire à peine,  du 29 avril 1429 au 23 mai 1430, elle a ainsi :

participé à la levée du siège de l'Orléans ; aidé à la prise de Troyes ; took part in lifting the siege of Orleans; helped capture Troyes;

lancé la chevauchée victorieuse vers Reims  en plein territoire anglo-bourguignon ;

échoué devant les murailles de Paris  défendue entre autres par ses habitants,

opération durant laquelle elle est  blessée par un carreau d'arbalète ; during which she was wounded by a crossbow bolt;

pris la ville de Saint-Pierre-le-Moûtier ;

tente de lever le siège de Compiègne,  opération durant laquelle elle est capturée.

C'est une liste non exhaustive mais Jeanne a  donc vu beaucoup d'action, notamment des sièges,

ce qui est normal durant une guerre où les  batailles en rase campagne, trop coûteuses,

sont rares, et où la plupart des opérations  se concentrent sur le contrôle des places

fortes. Reste à savoir dans quelle mesure  Jeanne a participé activement aux combats.

Lors de son procès, elle a affirmé  n'avoir jamais tué personne et que,

si elle portait bien une épée, elle lui préférait  quarante fois son étendard. Mais cela ne veut pas

dire pour autant qu'elle n'a joué aucun rôle  dans les affrontements. L'étendard servait par

exemple à rallier les hommes, et à les diriger,  ce qu'elle fit selon de nombreuses chroniques.

Certains témoins, comme Jean d'Alençon, ont  même affirmé qu'elle avait de véritables

talents de tacticienne, chose que Jean de Dunois  attribue plus à Dieu qu'à elle. Enfin, rien, à

part son sexe, ne semble la distinguer des autres  chevaliers. Armée et possédant plusieurs montures

comme l'un d'entre eux, elle tend à se comporter  comme la représentation idéale d'un membre de

cette aristocratie militaire, montrant son courage  en première ligne, faisant preuve de loyauté

envers son suzerain et affirmant faire la guerre  pour une juste cause, et pas pour s'enrichir.

Disons le tout court, si tout ça sort clairement  de l'ordinaire et reste un phénomène exceptionnel,

cette participation d'une femme aux combats  n'est en rien inconnue au XVe siècle.

La littérature épique a mis plusieurs fois  en scène des guerrières, souvent vierges,

alors que l'Ancien Testament fait mention de  femmes participant au combat, comme Judith

ou la juge et prophétesse Débora, que l'on  voit représentée ici sur une enluminure du

XIIIe siècle, personnages auxquels Jeanne  est comparée dès 1429 dans le poème que

lui consacre l'écrivaine Christine de Pisan.  Pareillement, le coût humain de la guerre de

Cent Ans a créé des situations extraordinaires.  On a ainsi vu certaines dames de la noblesse,

privées de leur époux mort ou prisonnier,  commander à la défense de leur château,

sans pour autant participer activement au combat,  comme la dame de la Roche-Guyon en 1418 dont

le mari a été tué du côté des Armagnac  lors de la bataille d'Azincourt en 1415.

Poser la question des combats amène forcément  celle des habits.Est ce que la aussi,

il y a des choses qui sortent  de l'ordinaire avec Jeanne ?

Dès son départ de Vaucouleurs, Jeanne s'est vêtue  en homme et s'est coupée les cheveux courts afin

de ne laisser qu'une calotte en haut du crâne,  mode propre aux chevaliers que l'on peut voir sur

cette enluminure du XVe siècle représentant l'un  ses compagnons d'armes, Jean de Dunois. Double

transgression donc, à la fois genrée et sociale,  Jeanne quittant à la fois son sexe et sa classe.

Car il ne faut pas oublier qu'au Moyen âge l'habit  fait littéralement le moine. Un vêtement, et une

coupe de cheveux à l'époque féodale ne sont  en effet pas l'objet de choix individuel,

mais désigne une position fixe dans la  société chrétienne. Un moine porte la

robe et la tonsure, une femme  mariée doit être voilée, etc.

Dans ce contexte, la volonté de Jeanne de  s'habiller en guerrier renforce le caractère

exceptionnel et urgent de sa mission. C'est parce  que les hommes ont été incapables de rétablir

l'ordre divin dans le royaume qu'une jeune femme,  issue d'un rang modeste, doit prendre leur place,

discours qu'appuient d'ailleurs Charles VII et  son entourage : c'est en effet le roi qui achète

à Jeanne l'armure complète qu'elle va revêtir pour  la coquette somme de cent livres, l'équivalent

à l'époque de près d'un an et demi de salaire  d'un manœuvre, l'ouvrier de base d'un chantier.

Mais il ne faut pas croire que ça ne  gênait pas les gens qui vivaient à la

même époque que Jeanne d'Arc !  Porter un vêtement masculin ça

n'est pas anodin et ça sera d'ailleurs  une des raisons de sa condamnation.

Même après son exécution, les enluminures qui  la représente la montre généralement avec les

cheveux longs et une robe, par exemple ici,  dans Les Vigiles de la mort de Charles VII

de Martial d'Auvergne, manuscrit réalisé  en 1484 , comme si sa transgression des

frontières entre les genres gênait en dehors  du contexte particulier et de l'urgence de

la Guerre contre les Anglo-Bourguignons.  Cette idée perdure même au XIXe siècle,

par exemple sur ce très célèbre tableau  réalisé par Ingres dans les années 1850.

Jeanne est capturée à Compiègne le 23 mai 1430  par des troupes bourguignonnes. De là, elle est

vendue aux Anglais puis transférée à Rouen, sur  des terres dépendant directement d'Henri VI, pour

être jugée par un tribunal composé en  très grande majorité des ecclésiastiques

français, comme Pierre Cauchon, pendant une  procédure complexe qui dura plusieurs mois.

Une procédure si complexe que nous  lui consacrerons peut-être un jour

une vidéo complète, en tout cas, ça vaut le coup !

Il faut surtout retenir de ce procès que  l'on reproche à Jeanne principalement

des faits d'hérésies et surtout  d'avoir tenté d'occuper la place

d'intermédiaire entre les fidèles et Dieu,  une position qui reste, en ce XVe siècle,

le monopole de l'Église. Elle est brûlée le 30  mai 1431. Elle a sans doute à peine dix-neuf ans. the Church's monopoly. She was burned on May 30, 1431. She was probably barely nineteen.

Mais ce n'est pas la fin de son histoire. Dès  1450, juste après qu'il ait repris Rouen aux

Anglais, Charles VII ordonne l'ouverture d'une  enquête sur la vie de Jeanne qui débouche sur English, Charles VII ordered an inquiry into Jeanne's life, which led to

un procès en révision. Il s'agit à la fois  d'établir pour le roi sa souveraineté sur a retrial. The aim was to establish the king's sovereignty over

la ville et sur le duché de Normandie,  mais aussi de tout faire pour que son the city and the Duchy of Normandy, but also to do everything possible to ensure that his

nom et son sacre ne soient plus associés  à une hérétique. L'opération réussit, et, his name and his coronation were no longer associated with a heretic. The operation succeeded, and,

en 1456, Jeanne est réhabilitée, mais pas  canonisée. Il faut pour cela attendre 1920,

dans un tout autre contexte dont nous  reparlerons sans doute, dans un prochain épisode…

Merci à William Blanc, historien du médiévalisme  pour la préparation de cette émission. Merci

à tous de l'avoir suivi, n'hésitez pas à vous  abonner pour ne pas louper les prochaines vidéos !

Je vous rappelle au passage que cet épisode  est sponsorisé par Age of Empires IV dans

lequel vous retrouverez la pucelle d'Orléans  à travers notamment la bataille de Patay ou

le siège d'Orléans ! Age of Empires IV,  c'est un jeu de stratégie en temps réel

où vous construisez vos bases, gérez  vos ressources et allez écraser vos

ennemis en utilisant les avantages de votre  civilisation. Les français par exemple,

sont plutôt doués en commerce et bénéficient  d'une unité spéciale capable de charger l'ennemi,

les chevaliers du Roi ! Etant un grand fan de  la licence, je ne peux que vous conseiller de the king's knights! As a big fan of the license, I can only recommend that you

vous jeter dessus ! Le jeu est disponible  sur PC Windows 10 & 11 et il est inclus throw yourself into it! The game is available on PC Windows 10 & 11 and includes

dans le service Game Pass ! Je vous mets un  lien en description pour en savoir plus !

A très vite sur Nota Bene. Ciao !