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Nota Bene, Comment étaient équipés les guerriers Gaulois ? (1)

Comment étaient équipés les guerriers Gaulois ? (1)

Mes chers camarades, bien le bonjour et bienvenue ici dans le village gaulois de Coriobona.

Coriobona, c'est un village reconstitué par l'association « Les Gaulois d'Esse », en

Charente. Et si nous sommes ici aujourd'hui, ça n'est pas pour manger du sanglier, mais

pour défoncer quelques clichés en vous présentant l'équipement des combattants gaulois. Cette vidéo,

elle s'inscrit dans une petite série de vidéos sur l'archéologie et les Gaulois

que je réalise en compagnie de Guillaume Reich, docteur en archéologie protohistorique, dont la

spécialité est justement les Celtes du Second âge du Fer, leur armement et les techniques martiales

gauloises. Le Second âge du Fer, c'est la période qui s'étend de 475 avant notre ère à 25 avant

notre ère pour toute l'Europe tempérée. On appelle aussi cette période « La Tène », tout simplement

parce que La Tène, c'est un site archéologique de très grande importance qui se trouve en Suisse

et qui a livré beaucoup de matériel qui nous a permis de nous renseigner sur ce Second âge du

Fer. Alors, autant le préciser tout de suite, les Celtes ça englobe pas mal de trucs, du coup dans

cette vidéo on va utiliser sans distinction les termes « celte », « gaulois », « laténien ». Pour

ceux qui ne suivent pas, « laténien » comme La Tène, la période qu'on vient de décrire. Dans

notre imaginaire, les Gaulois sont victimes d'un certains nombre d'images d'Épinal, c'est-à-dire

des clichés qui leur collent à la peau. On a longtemps imaginé les Celtes comme des « barbares

», c'est-à-dire, comme des sauvages, sans culture et sans raffinement, heureusement civilisés par

Rome. Alors que la civilisation celtique, figure parmi les plus brillantes de l'Antiquité. Nous

continuons toujours aujourd'hui d'utiliser des acquis ou des inventions de la période celtique,

qui ont durablement influencé les cultures antiques, et c'est valable dans de très nombreux

domaines, comme la philosophie, l'agriculture, l'artisanat ou encore, l'art de la guerre. Ce que

je vous propose aujourd'hui, c'est de développer quelques-uns des aspects concernant la guerre,

justement, qui semble revêtir une importance capitale dans les sociétés gauloises.

Nous avons affaire ici à deux guerriers gaulois en tenue de combat, et si l'on peut déjà voir

des similitudes entre leurs panoplies, ils ne correspondent pas à la même époque, puisque près

de 200 ans les séparent. Le premier, présenté par Patrick, représente un combattant léger,

fantassin ou cavalier, de la seconde moitié du IIIème siècle avant notre ère, tandis que le

second, incarné par Jean-Paul, exhibe une panoplie d'un combattant lourd, pouvant combattre à cheval

ou à pied, caractéristique de la moitié du Ier siècle avant notre ère, à une période que l'on

nomme par convention « époque de la guerre des Gaules ». Il y a donc un décalage d'environ deux

siècles dans les équipements présentés ici, et ce saut dans le temps, rendu possible par

la reconstitution protohistorique, nous permet d'apprécier l'évolution de l'armement celtique

au cours des trois derniers siècles avant notre ère. Cette évolution est liée aux changements

dans la manière de se battre, c'est-à-dire des améliorations consécutives aux expériences

heureuses comme désastreuses sur les champs de bataille antiques, mais aussi, aux innovations

technologiques et aux métamorphoses plus générales au sein des sociétés celtiques. Il y a donc bien

des différences entre les équipements, qui correspondent à une réalité archéologique.

Mais on y voit aussi quelques ressemblances. Il existe effectivement une panoplie standardisée

que l'on retrouve tout au long du Second âge du Fer. Cette panoplie, en fait,

on la connaît surtout par ce qu'on appelle les « ensembles clos ». C'est le cas par

exemple de la plupart des sépultures. Cette composition très fréquente, effectivement,

c'est ce que nous on appelle en archéologie la panoplie ternaire. Elle est composée de deux

armes offensives et d'une arme à fonction mixte, mi-défensive, mi-offensive. La première, c'est

l'arme offensive par excellence des guerriers de l'Antiquité. Une arme d'hast, c'est-à-dire un fer

fiché sur une hampe en bois qui va composer une pique ou une lance, et la seconde arme offensive

particulièrement emblématique, si ce n'est mythique, du combattant celte, c'est l'épée

en fer, qui se loge dans un fourreau métallique sur le côté droit du combattant. Et puis l'arme à

fonction mixte, c'est naturellement le bouclier. Ces trois éléments – arme d'hast, arme de poing

et bouclier – forment ce qu'on appelle la « panoplie ternaire », qu'on va retrouver

finalement sur les représentations des guerriers des deux périodes qui vont être proposées là.

Penchons-nous un peu plus sur ces armes pour y voir plus clair, notamment sur leurs évolutions,

à commencer par celle des armes d'hast. Ces armes font l'objet de variations morphologiques

conséquentes, à tel point qu'il est difficile d'établir des classifications réellement

pertinentes basées sur des critères évidents. Il y a bien sûr des grandes familles qui se dessinent,

mais elles connaissent une répartition inégale dans le temps et sont souvent en

usage sur de longues périodes, parfois plusieurs siècles. En revanche, des différences de formes,

de dimensions, renvoient manifestement à des usages variés, à des spécialités martiales,

à des spécialisations techniques. Et pour être plus clair on va vous montrer que certains points

reviennent constamment sur les armes, peu importe la période. Par exemple, les pointes sont toujours

en alliage ferreux, elles sont systématiquement composées d'un empennage partagé autour d'une

nervure médiane, même si c'est la flamme de cet empennage qui subit les plus importantes

variations. Cette hampe en bois est, au fond, l'essentiel de l'arme d'hast. Elles sont

pourtant mal connues car elles sont très rarement conservées. Bah oui, le bois, ça pourrit, et ça se

conserve assez mal et ça, c'est un vrai problème, puisque c'est la morphologie et les dimensions de

la hampe qui vont conditionner les usages martiaux qu'on va pouvoir faire de cette arme d'hast.

On ne se bat pas avec une lance de la même manière qu'avec une pique. On n'emploie pas

une perche de 3 mètres de la même façon qu'un bâton de 1 mètre. Seuls quelques rares contextes,

notamment l'ensevelissement et la privation d'oxygène, autorisent la conservation de ces

hampes de bois, permettant d'estimer la matière et les dimensions exactes de quelques exemplaires.

Bien sûr il y a des moyens indirects de se procurer ces informations. Par exemple,

on peut mesurer l'intérieur des douilles. On va pouvoir également analyser les restes en bois

qui vont se loger à l'intérieur de ces fers de lances et qui sont parfois conservés par

la corrosion. On va pouvoir estimer également leur dimensions par la longueur des fosses dans

lesquelles est parfois enterré l'armement. Et puis ça peut être aussi estimé grâce à

l'apport de l'iconographie ancienne et tout ça nous permet de restituer grosso modo une

arme d'hast qui fait entre 2 mètres et 2 mètres 50 de longueur à peu près. La

hampe est généralement taillée dans du frêne, qui est le bois le plus adapté, à la fois en terme de

résistance mécanique aux chocs qu'en terme de souplesse. C'est d'ailleurs pour ça, en fait,

que cette essence est régulièrement employée pour la confection des manches d'outils. Parfois,

l'extrémité proximale, c'est-à-dire la zone théoriquement la plus proche du corps,

par opposition à l'extrémité distale tournée vers l'adversaire, est dotée d'un renfort métallique

que l'on nomme un « talon ». Ce talon peut être à soie ou à douille, et est un accessoire

extrêmement intéressant pour le combat... Mais ça, on le verra dans un prochaine épisode,

si vous voyez ce que je veux dire... Ces armes d'hast sont très répandues à l'époque,

c'est même l'arme par excellence du guerrier celte ; celle qui caractérise le fantassin, mais

peut aussi être utilisée à cheval. On dit parfois que les Celtes sont les inventeurs de ce que l'on

conceptualise en tant qu'Occidentaux sous le terme de « lance ». Beaucoup d'armes d'hast historiques

découlent de la « langkias » des Gaulois. D'où l'importance d'insister sur la lance. Ça rime !

La deuxième arme de nos combattants est l'épée, assez particulière,

très caractéristique. L'épée est une arme emblématique du guerrier celte. Elle est moins

répandue et pourrait être réservée aux strates sociales les plus hautes. On a tendance à dire,

qu'elle est l'arme de l'aristocratie. Et à vrai dire, c'est plutôt probable. En langue gauloise

on la nomme « cladio », ce qui a donné « gladius », soit le « glaive » des Romains.

Elle est très singulière, à la fois simple dans son apparence et d'une richesse d'élaboration

sidérante. Sa taille varie un peu suivant les périodes de quelques dizaines de centimètres,

passant d'une arme assez courte aux périodes plus anciennes à une arme assez longue, dépassant

parfois le mètre au cours du Ier siècle avant notre ère. Son poids varie grosso modo de 500-600

grammes à près d'un kilo, ce qui lui permet de rester particulièrement maniable. Sa pointe est

aussi l'une des données qui change souvent, même s'il y a quelques nuances à apporter. En effet,

pour les phases anciennes il y a souvent une extrémité distale pointue qui tend à être moins

acérée au cours de la guerre des Gaules. Mais c'est un schéma très théorique puisque l'on

rencontre beaucoup d'armes de poing dotées d'une pointe qui n'est pas très acérée mais qui autorise

tout de même l'emploi de l'estoc, c'est-à-dire un coup avec la pointe de l'arme. Et au contraire,

on trouve des épées pointues au Ier siècle avant notre ère. Du coup, il n'y a pas

vraiment de vérité absolue sur la pointe de l'épée gauloise. C'est relatif, on va dire.

Intéressons-nous maintenant à la façon dont ces épées sont créées. La lame est en alliage ferreux

plus ou moins carburé, généralement trempé. Elles conservent une certaine souplesse, ce qui,

nous y reviendrons dans un autre épisode, explique certains stéréotypes au sujet de la fabrication

des épées mais justifie aussi certains usages. La lame est forgée sans gouttière centrale,

mais parfois avec une nervure médiane. La section varie entre un profil lenticulaire,

rhomboïdale (c'est-à-dire en losange) ou nervuré. Ce qui est assez remarquable,

c'est que l'épée est à deux tranchants parallèles, ce qui veut dire que l'on

utilisait ces épées surtout pour la taille. La taille, dans le jargon, c'est un coup avec

le fil de la lame des côtés coupants. On va l'opposer à l'estoc qu'on a vu tout à l'heure,

où l'on frappe avec la pointe. La partie basse de l'épée est pourvue d'une poignée en matière

organique, qui peut être du bois, des matières dures animales, éventuellement des éléments

métalliques, à laquelle on ajoute une petite garde et un pommeau. La garde n'a ici pas réellement un

rôle de protection comme sur certaines armes du bas Moyen ge, mais plus une fonction de blocage

de la main lors de la manipulation de l'arme. Le pommeau, lui n'a pas de rôle de contrepoids,

puisqu'il est trop léger. D'ailleurs, en parlant de la garde de l'épée, elle a une forme un peu

particulière, c'est-à-dire « curviligne », qui fait écho à l'entrée du fourreau dans lequel

elle vient se loger. Mais ça on y reviendra plus tard. Sur le flanc droit du combattant donc,

grâce à un système de suspension varié (selon les époques), composé soit de chaînes

semi-rigides et de courroies organiques, soit de courroies en cuir et d'anneaux métalliques,

est suspendu un fourreau entièrement métallique ne pesant que quelques centaines de grammes.

Le fourreau d'épée laténien, c'est vraiment là qu'on voit la grande

qualité du travail métallurgique chez les Celtes, en fait. Parce que, d'une part,

il est composé de tôles extrêmement fines qui font parfois juste un demi millimètre d'épaisseur. Et

ensuite au niveau de la facture du fourreau c'est un assemblage qui est réalisé avec une précision

qui est de l'ordre du demi-millimètre également, puisque tout est assujetti

par des éléments qui sont rentrés en force, en contrainte, et tout tient de cette façon-là.

Et puis, il y a la défense. On voit que le bouclier est un peu particulier. On reconnaît

sa forme ovale, plate. La poignée est au centre et c'est intéressant ; il n'y a pas de système de


Comment étaient équipés les guerriers Gaulois ? (1) How were Gaulish warriors equipped? (1) Como se equipavam os guerreiros gauleses? (1) Как были экипированы галльские воины? (1) 高卢战士的装备如何? (1)

Mes chers camarades, bien le bonjour et bienvenue  ici dans le village gaulois de Coriobona.

Coriobona, c'est un village reconstitué par  l'association « Les Gaulois d'Esse », en

Charente. Et si nous sommes ici aujourd'hui,  ça n'est pas pour manger du sanglier, mais

pour défoncer quelques clichés en vous présentant  l'équipement des combattants gaulois. Cette vidéo,

elle s'inscrit dans une petite série de  vidéos sur l'archéologie et les Gaulois

que je réalise en compagnie de Guillaume Reich,  docteur en archéologie protohistorique, dont la

spécialité est justement les Celtes du Second âge  du Fer, leur armement et les techniques martiales

gauloises. Le Second âge du Fer, c'est la période  qui s'étend de 475 avant notre ère à 25 avant

notre ère pour toute l'Europe tempérée. On appelle  aussi cette période « La Tène », tout simplement

parce que La Tène, c'est un site archéologique  de très grande importance qui se trouve en Suisse

et qui a livré beaucoup de matériel qui nous a  permis de nous renseigner sur ce Second âge du

Fer. Alors, autant le préciser tout de suite, les  Celtes ça englobe pas mal de trucs, du coup dans

cette vidéo on va utiliser sans distinction les  termes « celte », « gaulois », « laténien ». Pour

ceux qui ne suivent pas, « laténien » comme La  Tène, la période qu'on vient de décrire. Dans

notre imaginaire, les Gaulois sont victimes d'un  certains nombre d'images d'Épinal, c'est-à-dire

des clichés qui leur collent à la peau. On a  longtemps imaginé les Celtes comme des « barbares

», c'est-à-dire, comme des sauvages, sans culture  et sans raffinement, heureusement civilisés par "that is, as savages, uncultured and unrefined, happily civilized by

Rome. Alors que la civilisation celtique, figure  parmi les plus brillantes de l'Antiquité. Nous

continuons toujours aujourd'hui d'utiliser des  acquis ou des inventions de la période celtique,

qui ont durablement influencé les cultures  antiques, et c'est valable dans de très nombreux

domaines, comme la philosophie, l'agriculture,  l'artisanat ou encore, l'art de la guerre. Ce que

je vous propose aujourd'hui, c'est de développer  quelques-uns des aspects concernant la guerre,

justement, qui semble revêtir une importance  capitale dans les sociétés gauloises.

Nous avons affaire ici à deux guerriers gaulois  en tenue de combat, et si l'on peut déjà voir

des similitudes entre leurs panoplies, ils ne  correspondent pas à la même époque, puisque près

de 200 ans les séparent. Le premier, présenté  par Patrick, représente un combattant léger,

fantassin ou cavalier, de la seconde moitié du  IIIème siècle avant notre ère, tandis que le

second, incarné par Jean-Paul, exhibe une panoplie  d'un combattant lourd, pouvant combattre à cheval

ou à pied, caractéristique de la moitié du Ier  siècle avant notre ère, à une période que l'on

nomme par convention « époque de la guerre des  Gaules ». Il y a donc un décalage d'environ deux

siècles dans les équipements présentés ici,  et ce saut dans le temps, rendu possible par

la reconstitution protohistorique, nous permet  d'apprécier l'évolution de l'armement celtique

au cours des trois derniers siècles avant notre  ère. Cette évolution est liée aux changements

dans la manière de se battre, c'est-à-dire  des améliorations consécutives aux expériences

heureuses comme désastreuses sur les champs de  bataille antiques, mais aussi, aux innovations

technologiques et aux métamorphoses plus générales  au sein des sociétés celtiques. Il y a donc bien

des différences entre les équipements, qui  correspondent à une réalité archéologique.

Mais on y voit aussi quelques ressemblances. Il existe effectivement une panoplie standardisée

que l'on retrouve tout au long du Second  âge du Fer. Cette panoplie, en fait,

on la connaît surtout par ce qu'on appelle  les « ensembles clos ». C'est le cas par

exemple de la plupart des sépultures. Cette  composition très fréquente, effectivement,

c'est ce que nous on appelle en archéologie la  panoplie ternaire. Elle est composée de deux

armes offensives et d'une arme à fonction mixte,  mi-défensive, mi-offensive. La première, c'est

l'arme offensive par excellence des guerriers de  l'Antiquité. Une arme d'hast, c'est-à-dire un fer

fiché sur une hampe en bois qui va composer une  pique ou une lance, et la seconde arme offensive

particulièrement emblématique, si ce n'est  mythique, du combattant celte, c'est l'épée

en fer, qui se loge dans un fourreau métallique  sur le côté droit du combattant. Et puis l'arme à

fonction mixte, c'est naturellement le bouclier.  Ces trois éléments – arme d'hast, arme de poing

et bouclier – forment ce qu'on appelle la  « panoplie ternaire », qu'on va retrouver

finalement sur les représentations des guerriers  des deux périodes qui vont être proposées là.

Penchons-nous un peu plus sur ces armes pour y  voir plus clair, notamment sur leurs évolutions, Let's take a closer look at these weapons to see more clearly, especially their evolutions,

à commencer par celle des armes d'hast. Ces  armes font l'objet de variations morphologiques starting with that of polearms. These weapons are subject to morphological variations

conséquentes, à tel point qu'il est difficile  d'établir des classifications réellement consistent, so much so that it is difficult to establish classifications

pertinentes basées sur des critères évidents. Il y  a bien sûr des grandes familles qui se dessinent, relevant based on obvious criteria. There are of course great families emerging,

mais elles connaissent une répartition  inégale dans le temps et sont souvent en but they are unevenly distributed over time and are often in

usage sur de longues périodes, parfois plusieurs  siècles. En revanche, des différences de formes,

de dimensions, renvoient manifestement à des  usages variés, à des spécialités martiales,

à des spécialisations techniques. Et pour être  plus clair on va vous montrer que certains points

reviennent constamment sur les armes, peu importe  la période. Par exemple, les pointes sont toujours

en alliage ferreux, elles sont systématiquement  composées d'un empennage partagé autour d'une

nervure médiane, même si c'est la flamme de  cet empennage qui subit les plus importantes midrib, even if it's the flame on this tail that bears the brunt of the damage.

variations. Cette hampe en bois est, au fond,  l'essentiel de l'arme d'hast. Elles sont

pourtant mal connues car elles sont très rarement  conservées. Bah oui, le bois, ça pourrit, et ça se

conserve assez mal et ça, c'est un vrai problème,  puisque c'est la morphologie et les dimensions de

la hampe qui vont conditionner les usages martiaux  qu'on va pouvoir faire de cette arme d'hast.

On ne se bat pas avec une lance de la même  manière qu'avec une pique. On n'emploie pas

une perche de 3 mètres de la même façon qu'un  bâton de 1 mètre. Seuls quelques rares contextes,

notamment l'ensevelissement et la privation  d'oxygène, autorisent la conservation de ces

hampes de bois, permettant d'estimer la matière  et les dimensions exactes de quelques exemplaires.

Bien sûr il y a des moyens indirects de  se procurer ces informations. Par exemple,

on peut mesurer l'intérieur des douilles. On va  pouvoir également analyser les restes en bois

qui vont se loger à l'intérieur de ces fers  de lances et qui sont parfois conservés par

la corrosion. On va pouvoir estimer également  leur dimensions par la longueur des fosses dans

lesquelles est parfois enterré l'armement.  Et puis ça peut être aussi estimé grâce à

l'apport de l'iconographie ancienne et tout  ça nous permet de restituer grosso modo une

arme d'hast qui fait entre 2 mètres et  2 mètres 50 de longueur à peu près. La pole weapon which is between 2 meters and 2 meters 50 in length approximately. The

hampe est généralement taillée dans du frêne, qui  est le bois le plus adapté, à la fois en terme de

résistance mécanique aux chocs qu'en terme de  souplesse. C'est d'ailleurs pour ça, en fait,

que cette essence est régulièrement employée  pour la confection des manches d'outils. Parfois,

l'extrémité proximale, c'est-à-dire la  zone théoriquement la plus proche du corps,

par opposition à l'extrémité distale tournée vers  l'adversaire, est dotée d'un renfort métallique

que l'on nomme un « talon ». Ce talon peut  être à soie ou à douille, et est un accessoire that we call a "heel". This heel can be silk or sleeve, and is an accessory

extrêmement intéressant pour le combat... Mais ça, on le verra dans un prochaine épisode,

si vous voyez ce que je veux dire... Ces  armes d'hast sont très répandues à l'époque,

c'est même l'arme par excellence du guerrier  celte ; celle qui caractérise le fantassin, mais

peut aussi être utilisée à cheval. On dit parfois  que les Celtes sont les inventeurs de ce que l'on

conceptualise en tant qu'Occidentaux sous le terme  de « lance ». Beaucoup d'armes d'hast historiques

découlent de la « langkias » des Gaulois. D'où  l'importance d'insister sur la lance. Ça rime !

La deuxième arme de nos combattants  est l'épée, assez particulière,

très caractéristique. L'épée est une arme  emblématique du guerrier celte. Elle est moins

répandue et pourrait être réservée aux strates  sociales les plus hautes. On a tendance à dire,

qu'elle est l'arme de l'aristocratie. Et à vrai  dire, c'est plutôt probable. En langue gauloise

on la nomme « cladio », ce qui a donné «  gladius », soit le « glaive » des Romains.

Elle est très singulière, à la fois simple dans  son apparence et d'une richesse d'élaboration

sidérante. Sa taille varie un peu suivant les  périodes de quelques dizaines de centimètres,

passant d'une arme assez courte aux périodes  plus anciennes à une arme assez longue, dépassant

parfois le mètre au cours du Ier siècle avant  notre ère. Son poids varie grosso modo de 500-600

grammes à près d'un kilo, ce qui lui permet de  rester particulièrement maniable. Sa pointe est

aussi l'une des données qui change souvent, même  s'il y a quelques nuances à apporter. En effet,

pour les phases anciennes il y a souvent une  extrémité distale pointue qui tend à être moins for older phases there is often a sharp distal end which tends to be less

acérée au cours de la guerre des Gaules. Mais  c'est un schéma très théorique puisque l'on sharp during the Gallic Wars. But this is a very theoretical scheme since we

rencontre beaucoup d'armes de poing dotées d'une  pointe qui n'est pas très acérée mais qui autorise

tout de même l'emploi de l'estoc, c'est-à-dire un  coup avec la pointe de l'arme. Et au contraire, all the same the use of the thrust, that is to say a blow with the point of the weapon. And instead,

on trouve des épées pointues au Ier siècle  avant notre ère. Du coup, il n'y a pas

vraiment de vérité absolue sur la pointe de  l'épée gauloise. C'est relatif, on va dire.

Intéressons-nous maintenant à la façon dont ces  épées sont créées. La lame est en alliage ferreux

plus ou moins carburé, généralement trempé.  Elles conservent une certaine souplesse, ce qui,

nous y reviendrons dans un autre épisode, explique  certains stéréotypes au sujet de la fabrication

des épées mais justifie aussi certains usages.  La lame est forgée sans gouttière centrale,

mais parfois avec une nervure médiane. La  section varie entre un profil lenticulaire,

rhomboïdale (c'est-à-dire en losange) ou  nervuré. Ce qui est assez remarquable,

c'est que l'épée est à deux tranchants  parallèles, ce qui veut dire que l'on

utilisait ces épées surtout pour la taille.  La taille, dans le jargon, c'est un coup avec

le fil de la lame des côtés coupants. On va  l'opposer à l'estoc qu'on a vu tout à l'heure,

où l'on frappe avec la pointe. La partie basse  de l'épée est pourvue d'une poignée en matière

organique, qui peut être du bois, des matières  dures animales, éventuellement des éléments

métalliques, à laquelle on ajoute une petite garde  et un pommeau. La garde n'a ici pas réellement un

rôle de protection comme sur certaines armes du  bas Moyen ge, mais plus une fonction de blocage

de la main lors de la manipulation de l'arme.  Le pommeau, lui n'a pas de rôle de contrepoids,

puisqu'il est trop léger. D'ailleurs, en parlant  de la garde de l'épée, elle a une forme un peu

particulière, c'est-à-dire « curviligne », qui  fait écho à l'entrée du fourreau dans lequel

elle vient se loger. Mais ça on y reviendra plus  tard. Sur le flanc droit du combattant donc,

grâce à un système de suspension varié  (selon les époques), composé soit de chaînes

semi-rigides et de courroies organiques, soit  de courroies en cuir et d'anneaux métalliques,

est suspendu un fourreau entièrement métallique  ne pesant que quelques centaines de grammes.

Le fourreau d'épée laténien, c'est  vraiment là qu'on voit la grande

qualité du travail métallurgique chez les  Celtes, en fait. Parce que, d'une part,

il est composé de tôles extrêmement fines qui font  parfois juste un demi millimètre d'épaisseur. Et

ensuite au niveau de la facture du fourreau c'est  un assemblage qui est réalisé avec une précision

qui est de l'ordre du demi-millimètre  également, puisque tout est assujetti

par des éléments qui sont rentrés en force, en  contrainte, et tout tient de cette façon-là.

Et puis, il y a la défense. On voit que le  bouclier est un peu particulier. On reconnaît

sa forme ovale, plate. La poignée est au centre  et c'est intéressant ; il n'y a pas de système de