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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XII

CHAPITRE XII

Traversée du détroit.—Le Mrima.—Propos de Dick et proposition de Joe.— Recette pour le café.—L'Uzaramo.—L'infortuné Maizan.—Le mont Duthumi.—Les cartes du docteur—Nuit sur un nopal. L'air était pur, le vent modéré ; le Victoria monta presque perpendiculairement à une hauteur de 1,500 pieds, qui fut indiquée par une dépression de 2 pouces moins 2 lignes [Environ cinq centimètres. La dépression est à peu prés d'un centimètre par cent mètres d'élévation] dans la colonne barométrique. A cette élévation, un courant plus marqué porta le ballon vers le sudouest. Quel magnifique spectacle se déroulait aux yeux des voyageurs !

L'île de Zanzibar s'offrait tout entière à la vue et se détachait en couleur plus foncée, comme sur un vaste planisphère ; les champs prenaient une apparence d'échantillons de diverses couleurs ; de gros bouquets d'arbres indiquaient les bois et les taillis. Les habitants de l'île apparaissaient comme des insectes. Les hourras et les cris s'éteignaient peu à peu dans l'atmosphère, et les coups de canon du navire vibraient seuls dans la concavité inférieure de l'aérostat. « Que tout cela est beau ! »s'écria Joe en rompant le silence pour la première fois. Il n'obtint pas de réponse. Le docteur s'occupait d'observer les variations barométriques et de prendre note des divers détails de son ascension. Kennedy regardait et n'avait pas assez d'yeux pour tout voir. Les rayons du soleil venant en aide au chalumeau, la tension du gaz augmenta. Le Victoria atteignit une hauteur de 2,500 pieds.

Le Resolute apparaissait sous l'aspect d'une simple barque, et la côte africaine apparaissait dans l'ouest par une immense bordure d'écume. « Vous ne parlez pas ? fit Joe.

—Nous regardons, répondit le docteur en dirigeant sa lunette vers le continent.

—Pour mon compte, il faut que je parle.

—A ton aise ! Joe, parle tant qu'il te plaira. Et Joe fit à lui seul une terrible consommation d'onomatopées. Les oh ! les ah ! les hein ! éclataient entre ses lèvres.

Pendant la traversée de la mer, le docteur jugea convenable de se maintenir à cette élévation ; il pouvait observer la côte sur une plus grande étendue ; le thermomètre et le baromètre, suspendus dans l'intérieur de la tente entr'ouverte, se trouvaient sans cesse à portée de sa vue ; un second baromètre, placé extérieurement, devait servir pendant les quarts de nuit. Au bout de deux heures, le Victoria , poussé avec une vitesse d'un peu plus de huit milles, gagna sensiblement la côte. Le docteur résolut de se rapprocher de terre ; il modéra la flamme du chalumeau, et bientôt le ballon descendit à 300 pieds du sol.

Il se trouvait au-dessus du Mrima, nom que porte cette portion de la côte orientale de l'Afrique ; d'épaisses bordures de mangliers en protégeaient les bords ; la marée basse laissait apercevoir leurs épaisses racines rongées par la dent de l'Océan Indien. Les dunes qui formaient autrefois la ligne côtière s'arrondissaient à l'horizon ; et le mont Nguru dressait son pic dans le nord-ouest. Le Victoria passa près d'un village que, sur sa carte, le docteur reconnut être le Kaole. Toute la population rassemblée poussait des hurlements de colère et de crainte ; des flèches furent vainement dirigées contre ce monstre des airs, qui se balançait majestueusement au-dessus de toutes ces fureurs impuissantes.

Le vent portait au sud, mais le docteur ne s'inquiéta pas de cette direction ; elle lui permettait au contraire de suivre la route tracée par les capitaines Burton et Speke. Kennedy était enfin devenu aussi loquace que Joe ; ils se renvoyaient mutuellement leurs phrases admiratives.

« Fi des diligences ! disait l'un. —Fi des steamers ! disait l'autre. —Fi des chemins de fer ! ripostait Kennedy, avec lesquels on traverse les pays sans les voir !

—Parlez-moi d'un ballon, reprenait Joe ; on ne se sent pas marcher, et la nature prend la peine de se dérouler à vos yeux ! —Quel spectacle ! quelle admiration ! quelle extase ! un rêve dans un hamac !

—Si nous déjeunions ? fit Joe, que 1e grand air mettait en appétit.

—C'est une idée mon garçon. —Oh ! la cuisine ne sera pas longue à faire ! du biscuit et de la viande conservée.

—Et du café à discrétion, ajouta le docteur. Je te permets d'emprunter un peu de chaleur à mon chalumeau ; il en a de reste. Et de cette façon nous n'aurons point à craindre d'incendie. —Ce serait terrible, reprit Kennedy. C'est comme une poudrière que nous avons au-dessus de nous. —Pas tout à fait, répondit Fergusson ; mais enfin, si le gaz s'enflammait, i1 se consumerait peu à peu, et nous descendrions à terre, ce qui nous désobligerait ; mais soyez sans crainte, notre aérostat est hermétiquement clos. —Mangeons donc, fit Kennedy.

—Voilà, Messieurs, dit Joe, et, tout en vous imitant, je vais confectionner un café dont vous me direz des nouvelles.

—Le fait est, reprit le docteur, que Joe, entre mille vertus, a un talent remarquable pour préparer ce délicieux breuvage ; il le compose d'un mélange de diverses provenances, qu'il n'a jamais voulu me faire connaître. —Eh bien ! mon maître, puisque nous sommes en plein air, je peux bien vous confier ma recette. C'est tout bonnement un mélange en parties égales de moka, de bourbon et de rio-nunez. Quelques instants après, trois tasses fumantes étaient servies et terminaient un déjeuner substantiel assaisonné par la bonne humeur des convives ; puis chacun se remit à son poste d'observation. Le pays se distinguait par une extrême fertilité. Des sentiers sinueux et étroits s'enfonçaient sous des voûtes de verdure. On passait au-dessus des champs cultivés de tabac de maïs, d'orge, en pleine maturité ; ça et là de vastes rizières avec leurs tiges droites et leurs fleurs de couleur purpurine. On apercevait des moutons et des chèvres renfermés dans de grandes cages élevées sur pilotis, ce qui les préservait de la dent du léopard. Une végétation luxuriante s'échevelait sur ce sol prodigue. Dans de nombreux villages se reproduisaient des scènes de cris et de stupéfaction à la vue du Victoria , et le docteur Fergusson se tenait prudemment hors de la portés des flèches ; les habitants, attroupés autour de leurs huttes contiguës, poursuivaient longtemps les voyageurs de leurs vaines imprécations.

A midi, le docteur en consultant sa carte, estima qu'il se trouvait au-dessus du pays d'Uzaramo [U, ou, signifient contrée dans la langue du pays]. La campagne se montrait hérissée de cocotiers, de papayers, de cotonniers, au-dessus desquels le Victoria paraissait se jouer. Joe trouvait cette végétation toute naturelle, du moment qu'il s'agissait de l'Afrique. Kennedy apercevait des lièvres et des cailles qui ne demandaient pas mieux que de recevoir un coup de fusil ; mais c'eût été de la poudre perdue, attendu l'impossibilité de ramasser le gibier. Les aéronautes marchaient avec une vitesse de douze milles à l'heure, et se trouvèrent bientôt par 38° 2` de longitude au-dessus du village de Tounda. « C'est là, dit le docteur, que Burton et Speke furent pris de fièvres violentes et crurent un instant leur expédition compromise Et cependant ils étaient encore peu éloignés de la côte, mais déjà la fatigue et les privations se faisaient rudement sentir. En effet, dans cette contrée règne une malaria perpétuelle ; le docteur n'en put même éviter les atteintes qu'en élevant le ballon au-dessus des miasmes de cette terre humide, dont un soleil ardent pompait les émanations. Parfois on put apercevoir une caravane se reposant dans un « kraal » en attendant la fraîcheur du soir pour reprendre sa route. Ce sont de vastes emplacements entourés de haies et de jungles, où les trafiquants s'abritent non seulement contre les bêtes fauves, mais aussi contre les tribus pillardes de la contrée. On voyait les indigènes courir, se disperser à la vue du Victoria . Kennedy désirait les contempler de plus près ; mais Samuel s'opposa constamment à ce dessein. « Les chefs sont armés de mousquets, dit-il, et notre ballon serait un point de mire trop facile pour y loger une balle.

—Est-ce qu'un trou de balle amènerait une chute ? demanda Joe.

—Immédiatement, non ; mais bientôt ce trou deviendrait une vaste déchirure par laquelle s'envolerait tout notre gaz —Alors tenons-nous à une distance respectueuse de ces mécréants. Que doivent-ils penser à nous voir planer dans les airs ? Je suis sur qu'ils ont envie de nous adorer. Laissons-nous adorer, répondit le docteur, mais de loin. On y gagne toujours. Voyez, le pays change déjà d'aspect ; les villages sont plus rares ; les manguiers ont disparu ; leur végétation s'arrête a cette latitude.Le sol devient montueux et fait pressentir de prochaines montagnes. —En effet, dit Kennedy, il me semble apercevoir quelques hauteurs de ce côté.

—Dans l'ouest..., ce sont les premières chaînes d'Ourizara, le mont Duthumi, sans doute, derrière lequel j'espère nous abriter pour passer la nuit. Je vais donner plus d'activité à la flamme du chalumeau : nous sommes obligés de nous tenir à une hauteur de cinq à six cents pieds. —C'est tout de même une fameuse idée que vous avez eue là, Monsieur, dit Joe ; la manuvre n'est difficile ni fatigante, on tourne un robinet, et tout est dit. —Nous voici plus à l'aise, fit le chasseur lorsque le ballon se fut élevé ; la réflexion des rayons du soleil sur ce sable rouge devenait insupportable. —Quels arbres magnifiques ! s'écria Joe ; quoique très naturel, c'est très beau ! Il n'en faudrait pas une douzaine pour faire une forêt. —Ce sont des baobabs, répondit le docteur Fergusson ; tenez, en voici un dont le tronc peut avoir cent pieds de circonférence. C'est peut-être au pied de ce même arbre que périt le Français Maizan en 1845, car nous sommes au-dessus du village de Deje la Mhora, où il s'aventura seul ; il fut saisi par le chef de cette contrée, attaché au pied d'un baobab, et ce nègre féroce lui coupa lentement les articulations, pendant que retentissait le chant de guerre ; puis il entama la gorge, s'arrêta pour aiguiser son couteau émoussé, et arracha la tête du malheureux avant qu'elle ne fût coupée ! Ce pauvre Français avait vingt-six ans !

—Et la France n'a pas tiré vengeance d'un pareil crime ? demanda Kennedy.

—La France a réclamé ; le saïd de Zanzibar a tout fait pour s'emparer du meurtrier, mais il n'a pu y réussir. —Je demande à ne pas m'arrêter en route, dit Joe ; montons, mon maître, montons, si vous m'en croyez. —D'autant plus volontiers, Joe, que le mont Duthumi se dresse devant nous Si mes calculs sont exacts, nous l'aurons dépassé avant sept heures du soir. —Nous ne voyagerons pas la nuit ? demanda le chasseur.

—Non, autant que possible ; avec des précautions et de la vigilance, on le ferait sans danger, mais il ne suffit pas de traverser l'Afrique, il faut la voir. —Jusqu'ici nous n'avons pas à nous plaindre, mon maître, Le pays le plus cultivé et le plus fertile du monde, au lieu d'un désert ! Croyez donc aux géographes !

—Attendons, Joe, attendons ; nous verrons plus tard. Vers six heures et demie du soir, le Victoria se trouva en face du mont Duthumi ; il dut, pour le franchir, s'élever à plus de trois mille pieds, et pour cela le docteur n'eut à élever la température que de dix-huit degrés [10° centigrades]. On peut dire qu'il manuvrait véritablement son ballon à la main. Kennedy lui indiquait les obstacles à surmonter, et le Victoria volait par les airs en rasant la montagne.

A huit heures, il descendait le versant opposé, dont la pente était plus adoucie ; les ancres furent lancées au dehors de la nacelle, et l'une d'elles, rencontrant les branches d'un nopal énorme, s'y accrocha fortement. Aussitôt Joe se laissa glisser par la cordé et l'assujettit avec la plus grande solidité. L'échelle de soie lui fut tendue, et il remonta lestement. L'aérostat demeurait presque immobile, à l'abri des vents de l'est. Le repas du soir fut préparé ; les voyageurs, excités par leur promenade aérienne, firent une large brèche à leurs provisions

« Quel chemin avons-nous fait aujourd'hui ? » demanda Kennedy en avalant des morceaux inquiétants.

Le docteur fit le point au moyen d'observations lunaires, et consulta l'excellente carte qui lui servait de guide ; elle appartenait à l'atlas « der Neuester Entedekungen Afrika », publié à Gotha par son savant ami Petermann, et que celui-ci lui avait adressé. Cet atlas, devait servir au voyage tout entier du docteur, car il contenait l'itinéraire de Burton et Speke aux Grands Lacs, le Soudan d'après le docteur Barth, le bas Sénégal d'après Guillaume Lejean, et le delta du Niger par le docteur Baikie. Fergusson s'était également muni d'un ouvrage. qui réunissait en un seul corps toutes les notions acquises sur le Nil, et intitulé : « The sources of the Nil, being a general surwey of the basin of that river and of its heab stream with the history of the Nilotic discovery by Charles Beke, th. D. Il possédait aussi les excellentes cartes publiées dans les « Bulletins de la Société de Géographie de Londres, » et aucun point des contrées découvertes ne devait lui échapper.

En pointant sa carte, il trouva que sa route latitudinale était de deux degrés, ou cent vingt milles dans l'ouest [Cinquante lieues]. Kennedy remarqua que la route se dirigeait vers le midi. Mais cette direction satisfaisait le docteur, qui voulait, autant que possible, reconnaître les traces de ses devanciers.

Il fut décidé que la nuit serait divisée en trois quarts, afin que chacun pût à son tour veiller à la sûreté des deux autres. Le docteur dut prendre le quart de neuf heures, Kennedy celui de minuit et Joe celui de trois heures du matin.

Donc, Kennedy et Joe, enveloppés de leurs couvertures, s'étendirent sous la tente et dormirent paisiblement tandis que veillait le docteur Fergusson.


CHAPITRE XII CHAPTER XII CAPÍTULO XII CAPÍTULO XII

Traversée du détroit.—Le Mrima.—Propos de Dick et proposition de Joe.— Recette pour le café.—L’Uzaramo.—L’infortuné Maizan.—Le mont Duthumi.—Les cartes du docteur—Nuit sur un nopal. Crossing the Strait. — The Mrima. — Dick's Proposal and Joe's Proposal.— Recipe for Coffee. — The Uzaramo. — The Unfortunate Maizan. — Mount Duthumi. — Doctor's Cards — Night on a Nopal. L’air était pur, le vent modéré ; le  Victoria monta presque perpendiculairement à une hauteur de 1,500 pieds, qui fut indiquée par une dépression de 2 pouces moins 2 lignes [Environ cinq centimètres. The air was pure, the wind moderate; the Victoria climbed almost perpendicularly to a height of 1,500 feet, which was indicated by a depression of 2 inches minus 2 lines [About five centimeters. La dépression est à peu prés d’un centimètre par cent mètres d’élévation] dans la colonne barométrique. The depression is about a centimeter per hundred meters of elevation] in the barometric column. A cette élévation, un courant plus marqué porta le ballon vers le sudouest. At this elevation, a more marked current carried the balloon towards the southwest. Quel magnifique spectacle se déroulait aux yeux des voyageurs !

L’île de Zanzibar s’offrait tout entière à la vue et se détachait en couleur plus foncée, comme sur un vaste planisphère ; les champs prenaient une apparence d’échantillons de diverses couleurs ; de gros bouquets d’arbres indiquaient les bois et les taillis. The island of Zanzibar was entirely visible and stood out in a darker color, as on a vast world map; the fields took on the appearance of samples of various colors; large clumps of trees indicated the woods and coppices. Les habitants de l’île apparaissaient comme des insectes. The inhabitants of the island appeared as insects. Les hourras et les cris s’éteignaient peu à peu dans l’atmosphère, et les coups de canon du navire vibraient seuls dans la concavité inférieure de l’aérostat. The cheers and cries gradually died out in the atmosphere, and the ship's cannon shots vibrated alone in the lower concavity of the aerostat. « Que tout cela est beau ! "How beautiful it all is!" »s’écria Joe en rompant le silence pour la première fois. Cried Joe, breaking the silence for the first time. Il n’obtint pas de réponse. He got no response. Le docteur s’occupait d’observer les variations barométriques et de prendre note des divers détails de son ascension. The doctor was busy observing the barometric variations and taking note of the various details of his ascent. Kennedy regardait et n’avait pas assez d’yeux pour tout voir. Kennedy was looking and didn't have enough eyes to see everything. Les rayons du soleil venant en aide au chalumeau, la tension du gaz augmenta. The rays of the sun coming to the aid of the torch, the tension of the gas increased. Le  Victoria atteignit une hauteur de 2,500 pieds.

Le  Resolute apparaissait sous l’aspect d’une simple barque, et la côte africaine apparaissait dans l’ouest par une immense bordure d’écume. The Resolute appeared in the appearance of a simple boat, and the African coast appeared in the west by an immense border of foam. « Vous ne parlez pas ? fit Joe. said Joe.

—Nous regardons, répondit le docteur en dirigeant sa lunette vers le continent. "We are looking," replied the doctor, aiming his telescope at the mainland.

—Pour mon compte, il faut que je parle. “For my own account, I must speak.

—A ton aise ! -Comfortable ! Joe, parle tant qu’il te plaira. Joe, talk as much as you like. Et Joe fit à lui seul une terrible consommation d’onomatopées. And Joe alone made a terrible consumption of onomatopoeias. Les oh ! les ah ! les hein ! éclataient entre ses lèvres. burst between his lips.

Pendant la traversée de la mer, le docteur jugea convenable de se maintenir à cette élévation ; il pouvait observer la côte sur une plus grande étendue ; le thermomètre et le baromètre, suspendus dans l’intérieur de la tente entr’ouverte, se trouvaient sans cesse à portée de sa vue ; un second baromètre, placé extérieurement, devait servir pendant les quarts de nuit. During the crossing of the sea, the doctor considered it advisable to maintain himself at this elevation; he could observe the coast over a larger area; the thermometer and the barometer, suspended in the interior of the half-open tent, were constantly within sight of him; a second barometer, placed outside, was to be used during night shifts. Au bout de deux heures, le  Victoria , poussé avec une vitesse d’un peu plus de huit milles, gagna sensiblement la côte. At the end of two hours, the Victoria, pushed with a speed of a little more than eight miles, reached the coast appreciably. Le docteur résolut de se rapprocher de terre ; il modéra la flamme du chalumeau, et bientôt le ballon descendit à 300 pieds du sol. The doctor resolved to approach earth; he moderated the flame of the torch, and soon the balloon descended 300 feet from the ground.

Il se trouvait au-dessus du Mrima, nom que porte cette portion de la côte orientale de l’Afrique ; d’épaisses bordures de mangliers en protégeaient les bords ; la marée basse laissait apercevoir leurs épaisses racines rongées par la dent de l’Océan Indien. It was above the Mrima, the name that this part of the eastern coast of Africa bears; thick edges of mangroves protected the edges; the low tide revealed their thick roots gnawed by the teeth of the Indian Ocean. Les dunes qui formaient autrefois la ligne côtière s’arrondissaient à l’horizon ; et le mont Nguru dressait son pic dans le nord-ouest. The dunes that once formed the coast line rounded off the horizon; and Mount Nguru peaked in the northwest. Le  Victoria passa près d’un village que, sur sa carte, le docteur reconnut être le Kaole. The Victoria passed near a village which, on his map, the doctor recognized as the Kaole. Toute la population rassemblée poussait des hurlements de colère et de crainte ; des flèches furent vainement dirigées contre ce monstre des airs, qui se balançait majestueusement au-dessus de toutes ces fureurs impuissantes. The whole assembled population uttered howls of anger and fear; arrows were vainly aimed at this monster from the air, which swayed majestically above all these impotent fury.

Le vent portait au sud, mais le docteur ne s’inquiéta pas de cette direction ; elle lui permettait au contraire de suivre la route tracée par les capitaines Burton et Speke. The wind was going south, but the doctor was not worried about this direction; on the contrary, it enabled him to follow the route traced by Captains Burton and Speke. Kennedy était enfin devenu aussi loquace que Joe ; ils se renvoyaient mutuellement leurs phrases admiratives. Kennedy had finally become as talkative as Joe; they passed each other their admiring sentences.

« Fi des diligences ! "Fi of stagecoaches! disait l’un. said one. —Fi des steamers ! “Fi steamers! disait l’autre. said the other. —Fi des chemins de fer ! "Railways!" ripostait Kennedy, avec lesquels on traverse les pays sans les voir ! replied Kennedy, with whom we cross countries without seeing them!

—Parlez-moi d’un ballon, reprenait Joe ; on ne se sent pas marcher, et la nature prend la peine de se dérouler à vos yeux ! "Tell me about a balloon," said Joe; you do not feel you are walking, and nature takes the trouble to unfold in your eyes! —Quel spectacle ! quelle admiration ! quelle extase ! un rêve dans un hamac ! a dream in a hammock!

—Si nous déjeunions ? "Shall we have lunch?" fit Joe, que 1e grand air mettait en appétit. said Joe, who was hungry for fresh air.

—C’est une idée mon garçon. “It's an idea my boy. —Oh ! -Oh ! la cuisine ne sera pas longue à faire ! it won't take long to cook! du biscuit et de la viande conservée.

—Et du café à discrétion, ajouta le docteur. "And coffee at will," added the doctor. Je te permets d’emprunter un peu de chaleur à mon chalumeau ; il en a de reste. I allow you to borrow a little heat from my torch; there is more. Et de cette façon nous n’aurons point à craindre d’incendie. And in this way we will not have to fear fire. —Ce serait terrible, reprit Kennedy. "It would be terrible," said Kennedy. C’est comme une poudrière que nous avons au-dessus de nous. It's like a powder keg that we have above us. —Pas tout à fait, répondit Fergusson ; mais enfin, si le gaz s’enflammait, i1 se consumerait peu à peu, et nous descendrions à terre, ce qui nous désobligerait ; mais soyez sans crainte, notre aérostat est hermétiquement clos. "Not quite," replied Fergusson; but finally, if the gas ignited, it would be consumed little by little, and we would descend to the ground, which would derail us; but don't worry, our aerostat is hermetically sealed. —Mangeons donc, fit Kennedy.

—Voilà, Messieurs, dit Joe, et, tout en vous imitant, je vais confectionner un café dont vous me direz des nouvelles. "There you are, gentlemen," said Joe, "and while imitating you, I am going to make a coffee which you will tell me about."

—Le fait est, reprit le docteur, que Joe, entre mille vertus, a un talent remarquable pour préparer ce délicieux breuvage ; il le compose d’un mélange de diverses provenances, qu’il n’a jamais voulu me faire connaître. "The fact is," replied the doctor, "that Joe, among a thousand virtues, has a remarkable talent for preparing this delicious drink; he composes it with a mixture of various origins, which he never wanted to make known to me. —Eh bien ! mon maître, puisque nous sommes en plein air, je peux bien vous confier ma recette. C’est tout bonnement un mélange en parties égales de moka, de bourbon et de rio-nunez. It is simply a mixture in equal parts of mocha, bourbon and rio-nunez. Quelques instants après, trois tasses fumantes étaient servies et terminaient un déjeuner substantiel assaisonné par la bonne humeur des convives ; puis chacun se remit à son poste d’observation. A few moments later, three steaming cups were served and finished a substantial lunch seasoned by the good humor of the guests; then each went back to their observation post. Le pays se distinguait par une extrême fertilité. Des sentiers sinueux et étroits s’enfonçaient sous des voûtes de verdure. Winding and narrow paths plunged under canopies of greenery. On passait au-dessus des champs cultivés de tabac de maïs, d’orge, en pleine maturité ; ça et là de vastes rizières avec leurs tiges droites et leurs fleurs de couleur purpurine. We passed over the cultivated fields of corn tobacco, barley, in full maturity; here and there vast rice fields with their straight stems and purpurine flowers. On apercevait des moutons et des chèvres renfermés dans de grandes cages élevées sur pilotis, ce qui les préservait de la dent du léopard. Sheep and goats were seen enclosed in large cages raised on stilts, which preserved them from the leopard's tooth. Une végétation luxuriante s’échevelait sur ce sol prodigue. Lush vegetation swarmed on this lavish soil. Dans de nombreux villages se reproduisaient des scènes de cris et de stupéfaction à la vue du  Victoria , et le docteur Fergusson se tenait prudemment hors de la portés des flèches ; les habitants, attroupés autour de leurs huttes contiguës, poursuivaient longtemps les voyageurs de leurs vaines imprécations. In many villages there were scenes of shouting and amazement at the sight of Victoria, and Doctor Fergusson stood cautiously out of the reach of the arrows; the inhabitants, gathered around their adjoining huts, pursued the travelers for a long time with their vain imprecations.

A midi, le docteur en consultant sa carte, estima qu’il se trouvait au-dessus du pays d’Uzaramo [U, ou, signifient contrée dans la langue du pays]. At noon, the doctor, consulting his card, estimated that he was above the country of Uzaramo [U, or, mean country in the language of the country]. La campagne se montrait hérissée de cocotiers, de papayers, de cotonniers, au-dessus desquels le  Victoria paraissait se jouer. The countryside was bristling with coconut palms, papaya trees, cotton plants, above which the Victoria seemed to be playing. Joe trouvait cette végétation toute naturelle, du moment qu’il s’agissait de l’Afrique. Joe found this vegetation quite natural, as long as it was Africa. Kennedy apercevait des lièvres et des cailles qui ne demandaient pas mieux que de recevoir un coup de fusil ; mais c’eût été de la poudre perdue, attendu l’impossibilité de ramasser le gibier. Kennedy saw hares and quails which asked for nothing better than being shot; but it would have been lost powder, awaiting the impossibility of collecting the game. Les aéronautes marchaient avec une vitesse de douze milles à l’heure, et se trouvèrent bientôt par 38° 2` de longitude au-dessus du village de Tounda. « C'est là, dit le docteur, que Burton et Speke furent pris de fièvres violentes et crurent un instant leur expédition compromise Et cependant ils étaient encore peu éloignés de la côte, mais déjà la fatigue et les privations se faisaient rudement sentir. "It was there," said the doctor, "that Burton and Speke were seized with violent fevers and for a moment believed their expedition compromised And yet they were still not far from the coast, but already the fatigue and the privations were being sharply felt . En effet, dans cette contrée règne une malaria perpétuelle ; le docteur n’en put même éviter les atteintes qu’en élevant le ballon au-dessus des miasmes de cette terre humide, dont un soleil ardent pompait les émanations. Indeed, in this country reigns a perpetual malaria; the doctor could not even avoid the attacks by raising the balloon above the miasmas of this humid earth, whose fumes pumped out a fiery sun. Parfois on put apercevoir une caravane se reposant dans un « kraal » en attendant la fraîcheur du soir pour reprendre sa route. Sometimes we could see a caravan resting in a "kraal" while waiting for the cool evening to resume its journey. Ce sont de vastes emplacements entourés de haies et de jungles, où les trafiquants s’abritent non seulement contre les bêtes fauves, mais aussi contre les tribus pillardes de la contrée. These are vast sites surrounded by hedges and jungles, where traffickers take shelter not only against wild beasts, but also against the plundering tribes of the region. On voyait les indigènes courir, se disperser à la vue du  Victoria . You could see the natives running, dispersing at the sight of Victoria. Kennedy désirait les contempler de plus près ; mais Samuel s’opposa constamment à ce dessein. Kennedy wanted to take a closer look; but Samuel constantly opposed this design. « Les chefs sont armés de mousquets, dit-il, et notre ballon serait un point de mire trop facile pour y loger une balle. "The chiefs are armed with muskets," he said, "and our balloon would be too easy to target for a bullet.

—Est-ce qu’un trou de balle amènerait une chute ? "Would a bullet hole cause a fall?" demanda Joe. asked Joe.

—Immédiatement, non ; mais bientôt ce trou deviendrait une vaste déchirure par laquelle s’envolerait tout notre gaz —Immediately, no; but soon this hole would become a large tear through which all our gas would fly away —Alors tenons-nous à une distance respectueuse de ces mécréants. "Then let us keep a respectful distance from these disbelievers." Que doivent-ils penser à nous voir planer dans les airs ? What should they think of seeing us soar in the air? Je suis sur qu’ils ont envie de nous adorer. I'm sure they want to worship us. Laissons-nous adorer, répondit le docteur, mais de loin. Let us be worshiped, replied the doctor, but from a distance. On y gagne toujours. We always win. Voyez, le pays change déjà d’aspect ; les villages sont plus rares ; les manguiers ont disparu ; leur végétation s’arrête a cette latitude.Le sol devient montueux et fait pressentir de prochaines montagnes. See, the country is already changing in appearance; villages are more rare; the mango trees have disappeared; their vegetation stops at this latitude. The ground becomes hilly and gives an idea of the next mountains. —En effet, dit Kennedy, il me semble apercevoir quelques hauteurs de ce côté. "Indeed," said Kennedy, "I seem to perceive some heights on this side."

—Dans l’ouest..., ce sont les premières chaînes d’Ourizara, le mont Duthumi, sans doute, derrière lequel j’espère nous abriter pour passer la nuit. Je vais donner plus d’activité à la flamme du chalumeau : nous sommes obligés de nous tenir à une hauteur de cinq à six cents pieds. I will give more activity to the torch flame: we are forced to stand at a height of five to six hundred feet. —C'est tout de même une fameuse idée que vous avez eue là, Monsieur, dit Joe ; la manuvre n'est difficile ni fatigante, on tourne un robinet, et tout est dit. "It is all the same a famous idea which you had there, Monsieur," said Joe; the maneuver is neither difficult nor tiring, you turn on a tap, and everything is said. —Nous voici plus à l’aise, fit le chasseur lorsque le ballon se fut élevé ; la réflexion des rayons du soleil sur ce sable rouge devenait insupportable. "Here we are more at ease," said the hunter when the balloon rose; the reflection of the sun's rays on this red sand was becoming unbearable. —Quels arbres magnifiques ! "What magnificent trees!" s’écria Joe ; quoique très naturel, c’est très beau ! cried Joe; although very natural, it is very beautiful! Il n’en faudrait pas une douzaine pour faire une forêt. It wouldn't take a dozen to make a forest. —Ce sont des baobabs, répondit le docteur Fergusson ; tenez, en voici un dont le tronc peut avoir cent pieds de circonférence. "They are baobabs," replied Doctor Fergusson; here is one whose trunk can be a hundred feet in circumference. C’est peut-être au pied de ce même arbre que périt le Français Maizan en 1845, car nous sommes au-dessus du village de Deje la Mhora, où il s’aventura seul ; il fut saisi par le chef de cette contrée, attaché au pied d’un baobab, et ce nègre féroce lui coupa lentement les articulations, pendant que retentissait le chant de guerre ; puis il entama la gorge, s’arrêta pour aiguiser son couteau émoussé, et arracha la tête du malheureux avant qu’elle ne fût coupée ! It is perhaps at the foot of this same tree that the French Maizan perished in 1845, because we are above the village of Deje la Mhora, where he ventured alone; he was seized by the chief of this region, attached to the foot of a baobab tree, and this ferocious negro slowly cut his joints while the war song sounded; then he opened his throat, stopped to sharpen his dull knife, and tore off the head of the unfortunate man before it was cut! Ce pauvre Français avait vingt-six ans ! This poor Frenchman was twenty-six!

—Et la France n’a pas tiré vengeance d’un pareil crime ? "And did France not take revenge for such a crime?" demanda Kennedy.

—La France a réclamé ; le saïd de Zanzibar a tout fait pour s’emparer du meurtrier, mais il n’a pu y réussir. - France has claimed; the Zanzibar Said did everything to capture the murderer, but he could not succeed. —Je demande à ne pas m’arrêter en route, dit Joe ; montons, mon maître, montons, si vous m’en croyez. "I ask not to stop on the way," said Joe; let's go up, my master, let's go up, if you believe me. —D’autant plus volontiers, Joe, que le mont Duthumi se dresse devant nous Si mes calculs sont exacts, nous l’aurons dépassé avant sept heures du soir. "All the more willingly, Joe, that Mount Duthumi stands before us. If my calculations are correct, we will have passed it before seven o'clock in the evening." —Nous ne voyagerons pas la nuit ? “Aren't we going to travel at night? demanda le chasseur. asked the hunter.

—Non, autant que possible ; avec des précautions et de la vigilance, on le ferait sans danger, mais il ne suffit pas de traverser l’Afrique, il faut la voir. —No, as much as possible; with precautions and vigilance, we would do it without danger, but it is not enough to cross Africa, we must see it. —Jusqu’ici nous n’avons pas à nous plaindre, mon maître, Le pays le plus cultivé et le plus fertile du monde, au lieu d’un désert ! "So far we have nothing to complain about, my master, the most cultivated and fertile country in the world, instead of a desert!" Croyez donc aux géographes ! So believe in geographers!

—Attendons, Joe, attendons ; nous verrons plus tard. “Wait, Joe, wait; We'll see later. Vers six heures et demie du soir, le  Victoria se trouva en face du mont Duthumi ; il dut, pour le franchir, s’élever à plus de trois mille pieds, et pour cela le docteur n’eut à élever la température que de dix-huit degrés [10° centigrades]. At about half past six in the evening, the Victoria found itself opposite Mount Duthumi; to cross it he had to rise more than three thousand feet, and for that the doctor had to raise the temperature only by eighteen degrees [10 ° centigrade]. On peut dire qu'il manuvrait véritablement son ballon à la main. You could say that he was actually handling his balloon by hand. Kennedy lui indiquait les obstacles à surmonter, et le  Victoria volait par les airs en rasant la montagne. Kennedy showed him the obstacles to overcome, and the Victoria flew through the air while leveling the mountain.

A huit heures, il descendait le versant opposé, dont la pente était plus adoucie ; les ancres furent lancées au dehors de la nacelle, et l’une d’elles, rencontrant les branches d’un nopal énorme, s’y accrocha fortement. At eight o'clock he descended the opposite slope, the slope of which was more gentle; the anchors were launched outside the nacelle, and one of them, meeting the branches of a huge nopal, hung tightly on it. Aussitôt Joe se laissa glisser par la cordé et l'assujettit avec la plus grande solidité. Immediately Joe let himself slip by the rope and subjected him with the greatest solitude. L’échelle de soie lui fut tendue, et il remonta lestement. The silk ladder was handed to him, and he went up quickly. L’aérostat demeurait presque immobile, à l’abri des vents de l’est. The aerostat remained almost stationary, sheltered from the easterly winds. Le repas du soir fut préparé ; les voyageurs, excités par leur promenade aérienne, firent une large brèche à leurs provisions The evening meal was prepared; the travelers, excited by their aerial walk, made a large breach in their provisions

« Quel chemin avons-nous fait aujourd’hui ? “What path have we made today? » demanda Kennedy en avalant des morceaux inquiétants. Asked Kennedy, swallowing disturbing bits.

Le docteur fit le point au moyen d’observations lunaires, et consulta l’excellente carte qui lui servait de guide ; elle appartenait à l’atlas « der Neuester Entedekungen Afrika », publié à Gotha par son savant ami Petermann, et que celui-ci lui avait adressé. The doctor made the point by means of lunar observations, and consulted the excellent map which served him as a guide; it belonged to the atlas “der Neuester Entedekungen Afrika”, published in Gotha by his learned friend Petermann, and which he had addressed to him. Cet atlas, devait servir au voyage tout entier du docteur, car il contenait l’itinéraire de Burton et Speke aux Grands Lacs, le Soudan d’après le docteur Barth, le bas Sénégal d’après Guillaume Lejean, et le delta du Niger par le docteur Baikie. This atlas was to serve the entire trip of the doctor, because it contained the route from Burton and Speke to the Great Lakes, Sudan according to doctor Barth, lower Senegal according to Guillaume Lejean, and the Niger delta by Doctor Baikie. Fergusson s’était également muni d’un ouvrage. Fergusson also had a book. qui réunissait en un seul corps toutes les notions acquises sur le Nil, et intitulé : « The sources of the Nil, being a general surwey of the basin of that river and of its heab stream with the history of the Nilotic discovery by Charles Beke, th. which brought together in one body all the notions acquired on the Nile, and entitled: "The sources of the Nile, being a general surwey of the basin of that river and of its heab stream with the history of the Nilotic discovery by Charles Beke, th. D. Il possédait aussi les excellentes cartes publiées dans les « Bulletins de la Société de Géographie de Londres, » et aucun point des contrées découvertes ne devait lui échapper.

En pointant sa carte, il trouva que sa route latitudinale était de deux degrés, ou cent vingt milles dans l’ouest [Cinquante lieues]. Pointing at his map, he found that its latitudinal route was two degrees, or one hundred and twenty miles west [Fifty leagues]. Kennedy remarqua que la route se dirigeait vers le midi. Kennedy noticed that the road was heading south. Mais cette direction satisfaisait le docteur, qui voulait, autant que possible, reconnaître les traces de ses devanciers. But this direction satisfied the doctor, who wanted, as much as possible, to recognize the traces of his predecessors.

Il fut décidé que la nuit serait divisée en trois quarts, afin que chacun pût à son tour veiller à la sûreté des deux autres. It was decided that the night would be divided into three quarters, so that each in turn could watch over the safety of the other two. Le docteur dut prendre le quart de neuf heures, Kennedy celui de minuit et Joe celui de trois heures du matin. The doctor had to work the nine o'clock shift, Kennedy the midnight shift, and Joe the three o'clock shift.

Donc, Kennedy et Joe, enveloppés de leurs couvertures, s’étendirent sous la tente et dormirent paisiblement tandis que veillait le docteur Fergusson. So Kennedy and Joe, wrapped in their blankets, stretched out in the tent and slept peacefully while Doctor Fergusson watched.