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LA MACHINE À EXPLORER LE TEMPS, CHAPITRE VI – LE CRÉPUSCULE DE L'HUMANITÉ

CHAPITRE VI – LE CRÉPUSCULE DE L'HUMANITÉ

« BIENTÔT je fis l'étrange découverte que mes petits hôtes ne s'intéressaient réellement à rien. Comme des enfants, ils s'approchaient de moi pleins d'empressement, avec des cris de surprise, mais, comme des enfants aussi, ils cessaient bien vite de m'examiner et s'éloignaient en quête de quelque autre bagatelle. Après le dîner et mes essais de conversation, je remarquai pour la première fois que tous ceux qui m'avaient entouré à mon arrivée étaient partis. Et de même, étrangement, j'arrivai vite à faire peu de cas de ces petits personnages. Ma faim et ma curiosité étant satisfaites, je retournai, en franchissant le porche, dehors à la clarté du soleil. Sans cesse je rencontrais de nouveaux groupes de ces humains de l'avenir, et ils me suivaient à quelque distance, bavardaient et riaient à mon sujet, puis, après m'avoir souri et fait quelques signaux amicaux, ils m'abandonnaient à mes réflexions.

« Quand je sortis du vaste édifice, le calme du soir descendait sur le monde, et la scène n'était plus éclairée que par les chaudes rougeurs du soleil couchant. Toutes choses me paraissaient bien confuses. Tout était si différent du monde que je connaissais – même les fleurs. Le grand édifice que je venais de quitter était situé sur une pente qui descendait à un large fleuve ; mais la Tamise s'était transportée à environ un mille de sa position actuelle. Je résolus de gravir, à un mille et demi de là, le sommet de la colline, d'où je pourrais jeter un coup d'œil plus étendu sur cette partie de notre planète en l'an de grâce huit cent deux mille sept cent un, car telle était, comme j'aurais dû le dire déjà, la date qu'indiquaient les petits cadrans de la Machine.

« En avançant, j'étais attentif à toute impression qui eût pu, en quelque façon, m'expliquer la condition de splendeur ruinée dans laquelle je trouvais le monde – car tout avait l'apparence de ruines. Par exemple, il y avait à peu de distance, en montant la colline, un amas de blocs de granit, reliés par des masses d'aluminium, un vaste labyrinthe de murs à pic et d'entassements écroulés, parmi lesquels croissaient d'épais buissons de très belles plantes en forme de pagode, – des orties, semblait-il, – mais au feuillage merveilleusement teinté de brun, et ne pouvant piquer. C'étaient évidemment les restes abandonnés de quelque vaste construction, élevée dans un but que je ne pouvais déterminer. C'était là que je devais avoir un peu plus tard une bien étrange expérience – premier indice d'une découverte encore plus étrange – mais je vous en entretiendrai en temps voulu.

« D'une terrasse où je me reposai un instant, je regardai dans toutes les directions, à une soudaine pensée qui m'était venue, et je n'aperçus nulle part de petites habitations. Apparemment, la maison familiale et peut-être la famille n'existaient plus. Ici et là, dans la verdure, s'élevaient des sortes de palais, mais la maison isolée et le cottage, qui donnent une physionomie si caractéristique au paysage anglais, avaient disparu.

« C'est le communisme », me dis-je.

« Et sur les talons de celle-là vint une autre pensée. J'examinai la demi-douzaine de petits êtres qui me suivaient. Alors je m'aperçus brusquement que tous avaient la même forme de costume, le même visage imberbe au teint délicat, et la même mollesse des membres, comme de grandes fillettes. Il peut sans doute vous paraître étrange que je ne l'eusse pas remarqué. Mais tout était si étrange ! Pour le costume et les différences de tissus et de coupe, pour l'aspect et la démarche, qui de nos jours distinguent les sexes, ces humains du futur étaient identiques. Et à mes yeux les enfants semblaient n'être que les miniatures de leurs parents. J'en conclus que les enfants de ce temps étaient extrêmement précoces, physiquement du moins, et je pus par la suite vérifier abondamment cette opinion.

« L'aisance et la sécurité où vivaient ces gens me faisaient admettre que cette étroite ressemblance des sexes était après tout ce à quoi l'on devait s'attendre, car la force de l'homme et la faiblesse de la femme, l'institution de la famille et les différenciations des occupations sont les simples nécessités combatives d'un âge de force physique. Là où la population est abondante et équilibrée, de nombreuses naissances sont pour l'État un mal plutôt qu'un bien : là où la violence est rare et où la propagation de l'espèce n'est pas compromise, il y a moins de nécessité – réellement il n'y a aucune nécessité – d'une famille effective, et la spécialisation des sexes, par rapport aux besoins des enfants, disparaît. Nous en observons déjà des indices, et dans cet âge futur c'était un fait accompli. Ceci, je dois vous le rappeler, n'est qu'une simple conjecture que je faisais à ce moment-là. Plus tard, je devais apprécier jusqu'à quel point elle était éloignée de la réalité.

« Tandis que je m'attardais à ces choses, mon attention fut attirée par une jolie petite construction qui ressemblait à un puits sous une coupole. Je songeai, un moment, à la bizarrerie d'un puits au milieu de cette nature renouvelée, et je repris le fil de mes spéculations. Il n'y avait du côté du sommet de la colline aucun grand édifice, et comme mes facultés locomotrices tenaient évidemment du miracle, je me trouvai bientôt seul pour la première fois. Avec une étrange sensation de liberté et d'aventure, je me hâtai vers la crête.

« Je trouvai là un siège, fait d'un métal jaune que je ne reconnus pas et corrodé par places d'une sorte de rouille rosâtre, à demi recouvert de mousse molle ; les bras modelés et polis représentaient des têtes de griffons. Je m'assis et contemplai le spectacle de notre vieux monde, au soleil couchant de ce long jour. C'était un des plus beaux et agréables spectacles que j'aie jamais vus. Le soleil déjà avait franchi l'horizon, et l'ouest était d'or en flammes, avec des barres horizontales de pourpre et d'écarlate. Au-dessous était la vallée de la Tamise, dans laquelle le fleuve s'étendait comme une bande d'acier poli. J'ai déjà parlé des grands palais qui pointillaient de blanc les verdures variées, quelques-uns en ruine et quelques-autres encore occupés. Ici et là s'élevaient quelque forme blanche ou argentée dans le jardin désolé de la terre ; ici et là survenait la dure ligne verticale de quelque monument à coupole ou de quelque obélisque. Nulles haies ; nul signe de propriété, nulle apparence d'agriculture ; la terre entière était devenue un jardin.

« Observant tous ces faits, je commençai à les coordonner et voici, sous la forme qu'elle prit ce soir-là, quel fut le sens de mon interprétation.

« Par la suite, je m'aperçus que je n'avais trouvé qu'une demi-vérité et n'avais même entrevu qu'une facette de la vérité.

« Je croyais être parvenu à l'époque du déclin du monde. Le crépuscule rougeâtre m'évoqua le crépuscule de l'humanité. Pour la première fois, je commençai à concevoir une conséquence bizarre de l'effort social où nous sommes actuellement engagés. Et cependant, remarquez-le, c'est une conséquence assez logique. La force est le produit de la nécessité : la sécurité entretient et encourage la faiblesse. L'œuvre d'amélioration des conditions de l'existence – le vrai progrès civilisant qui assure de plus en plus le confort et diminue l'inquiétude de la vie – était tranquillement arrivée à son point culminant. Les triomphes de l'humanité unie sur la nature s'étaient succédés sans cesse. Des choses qui ne sont, à notre époque, que des rêves, étaient devenues des réalités. Et ce que je voyais en était les fruits !

« Après tout, l'activité d'aujourd'hui, les conditions sanitaires et l'agriculture en sont encore à l'âge rudimentaire. La science de notre époque ne s'est attaquée qu'à un minuscule secteur du champ des maladies humaines, mais malgré cela elle étend ses opérations d'une allure ferme et persistante. Notre agriculture et notre horticulture détruisent à peine une mauvaise herbe ici et là, et cultivent peut-être une vingtaine de plantes saines, laissant les plus nombreuses compenser, comme elles peuvent, les mauvaises. Nous améliorons nos plantes et nos animaux favoris – et nous en avons si peu ! – par la sélection et l'élevage ; tantôt une pêche nouvelle et meilleure, tantôt une grappe sans pépins, tantôt une fleur plus belle et plus parfumée ; tantôt une espèce de bétail mieux adaptée à nos besoins. Nous les améliorons graduellement, parce que nos vues sont vagues et hésitantes, et notre connaissance des choses très limitée ; parce qu'aussi la Nature est timide et lente dans nos mains malhabiles. Un jour tout cela ira de mieux en mieux. Tel est le sens du courant, en dépit des reflux. Le monde entier sera intelligent, instruit et recherchera la coopération ; toutes choses iront de plus en plus vite vers la soumission de la Nature. À la fin, sagement et soigneusement nous réajusterons l'équilibre de la vie animale et de la vie végétale pour qu'elles s'adaptent à nos besoins humains.

« Ce réajustement, me disais-je, doit avoir été fait et bien fait : fait, à vrai dire, une fois pour toutes, dans l'espace du temps à travers lequel ma machine avait bondi. Dans l'air, ni moucherons, ni moustiques ; sur le sol, ni mauvaises herbes, ni fongosités ; des papillons brillants voltigeaient de-ci, de-là. L'idéal de la médecine préventive était atteint. Les maladies avaient été exterminées. Je ne vis aucun indice de maladie contagieuse quelconque pendant tout mon séjour. Et j'aurai à vous dire plus tard que les processus de putréfaction et de corruption eux-mêmes avaient été profondément affectés par ces changements.

« Des triomphes sociaux avaient été obtenus. Je voyais l'humanité hébergée en de splendides asiles, somptueusement vêtue, et jusqu'ici je n'avais trouvé personne qui fût occupé à un labeur quelconque. Nul signe, nulle part, de lutte, de contestation sociale ou économique La boutique, la réclame, le trafic, tout le commerce qui constitue la vie de notre monde n'existait plus. Il était naturel que par cette soirée resplendissante je saisisse avec empressement l'idée d'un paradis social. La difficulté que crée l'accroissement trop rapide de la population avait été surmontée et la population avait cessé de s'accroître.

« Mais avec ce changement des conditions viennent inévitablement les adaptations à ce changement, et à moins que la science biologique ne soit qu'un amas d'erreurs, quelles sont les causes de la vigueur et de l'intelligence humaines ? Les difficultés et la liberté : conditions sous lesquelles les individus actifs, vigoureux et souples, survivent et les plus faibles succombent ; conditions qui favorisent et récompensent l'alliance loyale des gens capables, l'empire sur soi-même, la patience, la décision. L'institution de la famille et les émotions qui en résultent : la jalousie féroce, la tendresse envers la progéniture, le dévouement du père et de la mère, tout cela trouve sa justification et son appui dans les dangers qui menacent les jeunes. Maintenant, où sont ces dangers ? Un sentiment nouveau s'élève contre la jalousie conjugale, contre la maternité farouche, contre les passions de toute sorte ; choses maintenant inutiles, qui nous entravent, survivances sauvages et discordantes dans une vie agréable et raffinée.

« Je songeai à la délicatesse physique de ces gens, à leur manque d'intelligence, à ces ruines énormes et nombreuses, et cela confirma mon opinion d'une conquête parfaite de la nature. Car après la lutte vient la quiétude. L'humanité avait été forte, énergique et intelligente et avait employé toute son abondante vitalité à transformer les conditions dans lesquelles elle vivait. Et maintenant les conditions nouvelles réagissaient à leur tour sur l'humanité.

« Dans cette sécurité et ce confort parfaits l'incessante énergie qui est notre force doit devenir faiblesse. De notre temps même, certains désirs et tendances, autrefois nécessaires à la survivance, sont des sources constantes de défaillances. Le courage physique et l'amour des combats, par exemple, ne sont pas à l'homme civilisé de grands secours – et peuvent même lui être obstacles. Dans un état d'équilibre physique et de sécurité, la puissance intellectuelle, aussi bien que physique, serait déplacée. J'en conclus que pendant d'innombrables années, il n'y avait eu aucun danger de guerre ou de violences isolées, aucun danger de bêtes sauvages, aucune épidémie qui aient requis de vigoureuses constitutions ou un besoin quelconque d'activité. Pour une telle vie, ceux que nous appellerions les faibles sont aussi bien équipés que les forts, et de fait ils ne sont plus faibles. Et même mieux équipés, car les forts seraient tourmentés par un trop-plein d'énergie. Nul doute que l'exquise beauté des édifices que je voyais ne fût le résultat des derniers efforts de l'énergie maintenant sans objet de l'humanité, avant qu'elle eût atteint sa parfaite harmonie avec les conditions dans lesquelles elle vivait – l'épanouissement de ce triomphe qui fut le commencement de l'ultime et grande paix. Ce fut toujours là le sort de l'énergie en sécurité ; elle se porte vers l'art et l'érotisme, et viennent ensuite la langueur et la décadence.

« Cette impulsion artistique elle-même doit à la fin s'affaiblir et disparaître – elle avait presque disparu à l'époque où j'étais. S'orner de fleurs, chanter et danser au soleil, c'était tout ce qui restait de l'esprit artistique ; rien de plus. Même cela devait à la fin faire place à une oisiveté satisfaite. Nous sommes incessamment aiguisés sur la meule de la souffrance et de la nécessité et voilà qu'enfin, me semblait-il, cette odieuse meule était brisée.

« Et je restais là, dans les ténèbres envahissantes, pensant avoir, par cette simple explication, résolu le problème du monde – pénétré le mystère de l'existence de ces délicieux êtres. Il se pouvait que les moyens qu'ils avaient imaginés pour restreindre l'accroissement de la population eussent trop bien réussi, et que leur nombre, au lieu de rester stationnaire, eût plutôt diminué. Cela eût expliqué l'abandon des ruines. Mon explication était très simple, et suffisamment plausible – comme le sont la plupart des théories erronées.


CHAPITRE VI – LE CRÉPUSCULE DE L'HUMANITÉ CHAPTER VI - THE TWILIGHT OF HUMANITY CAPÍTULO VI - EL CREPÚSCULO DE LA HUMANIDAD ГЛАВА VI - СУМЕРКИ ЧЕЛОВЕЧЕСТВА

« BIENTÔT je fis l'étrange découverte que mes petits hôtes ne s'intéressaient réellement à rien. “Soon I made the strange discovery that my little hosts weren't really interested in anything. Comme des enfants, ils s'approchaient de moi pleins d'empressement, avec des cris de surprise, mais, comme des enfants aussi, ils cessaient bien vite de m'examiner et s'éloignaient en quête de quelque autre bagatelle. Like children, they approached me eagerly, with cries of surprise, but, like children too, they quickly ceased to examine me and went away in search of some other trifle. Après le dîner et mes essais de conversation, je remarquai pour la première fois que tous ceux qui m'avaient entouré à mon arrivée étaient partis. After dinner and my attempts at conversation, I noticed for the first time that everyone who had surrounded me when I arrived was gone. Et de même, étrangement, j'arrivai vite à faire peu de cas de ces petits personnages. Und ebenso gelang es mir seltsamerweise schnell, diesen kleinen Figuren wenig Beachtung zu schenken. And likewise, strangely, I quickly came to disregard these little characters. Ma faim et ma curiosité étant satisfaites, je retournai, en franchissant le porche, dehors à la clarté du soleil. Sans cesse je rencontrais de nouveaux groupes de ces humains de l'avenir, et ils me suivaient à quelque distance, bavardaient et riaient à mon sujet, puis, après m'avoir souri et fait quelques signaux amicaux, ils m'abandonnaient à mes réflexions. I constantly met new groups of these humans of the future, and they followed me at some distance, chatted and laughed about me, then, after having smiled at me and made a few friendly signals, they left me to my reflections. . Todo el tiempo me encontraba con nuevos grupos de estos humanos del futuro, y me seguían a distancia, charlando y riéndose de mí, luego, tras sonreírme y hacerme algunos gestos amistosos, me dejaban con mis reflexiones.

« Quand je sortis du vaste édifice, le calme du soir descendait sur le monde, et la scène n'était plus éclairée que par les chaudes rougeurs du soleil couchant. “When I left the vast edifice, the calm of evening descended on the world, and the stage was no longer lit except by the warm redness of the setting sun. "Cuando salí del vasto edificio, la quietud del atardecer descendía sobre el mundo, y el escenario sólo estaba iluminado por el cálido resplandor rojo del sol poniente. Toutes choses me paraissaient bien confuses. Tout était si différent du monde que je connaissais – même les fleurs. Le grand édifice que je venais de quitter était situé sur une pente qui descendait à un large fleuve ; mais la Tamise s'était transportée à environ un mille de sa position actuelle. The large building which I had just left was situated on a slope which descended to a wide river; but the Thames had moved about a mile from its present position. Je résolus de gravir, à un mille et demi de là, le sommet de la colline, d'où je pourrais jeter un coup d'œil plus étendu sur cette partie de notre planète en l'an de grâce huit cent deux mille sept cent un, car telle était, comme j'aurais dû le dire déjà, la date qu'indiquaient les petits cadrans de la Machine. Ich beschloss, in anderthalb Meilen Entfernung den Gipfel des Hügels zu erklimmen, von wo aus ich im Jahr des Herrn achthundertzweitausendsiebenhunderteinundzwanzig einen umfassenderen Blick auf diesen Teil unseres Planeten werfen konnte, denn das war, wie ich schon hätte sagen sollen, das Datum, das die kleinen Zifferblätter der Maschine anzeigten. I resolved to climb, a mile and a half away, the summit of the hill, whence I might cast a more extensive view of this part of our planet in the year of grace eight hundred two thousand seven hundred. one, for such was, as I should have already said, the date indicated by the little dials of the Machine.

« En avançant, j'étais attentif à toute impression qui eût pu, en quelque façon, m'expliquer la condition de splendeur ruinée dans laquelle je trouvais le monde – car tout avait l'apparence de ruines. “As I went, I was attentive to any impression which could in any way explain to me the condition of ruined splendor in which I found the world – for everything had the appearance of ruins. Par exemple, il y avait à peu de distance, en montant la colline, un amas de blocs de granit, reliés par des masses d'aluminium, un vaste labyrinthe de murs à pic et d'entassements écroulés, parmi lesquels croissaient d'épais buissons de très belles plantes en forme de pagode, – des orties, semblait-il, – mais au feuillage merveilleusement teinté de brun, et ne pouvant piquer. For example, a short distance up the hill there was a heap of granite blocks, bound together by masses of aluminum, a vast maze of sheer walls and crumbling heaps, among which grew thick bushes of very beautiful pagoda-shaped plants--nettles, it seemed--but with marvelously brown-tinged foliage, and unable to sting. C'étaient évidemment les restes abandonnés de quelque vaste construction, élevée dans un but que je ne pouvais déterminer. They were evidently the abandoned remains of some vast construction, erected for a purpose which I could not determine. C'était là que je devais avoir un peu plus tard une bien étrange expérience – premier indice d'une découverte encore plus étrange – mais je vous en entretiendrai en temps voulu. It was here that I was to have a very strange experience a little later – the first hint of an even stranger discovery – but I will tell you about it in due time. Fue allí donde más tarde tuve una experiencia muy extraña, la primera pista de un descubrimiento aún más extraño, pero ya les contaré más cosas a su debido tiempo.

« D'une terrasse où je me reposai un instant, je regardai dans toutes les directions, à une soudaine pensée qui m'était venue, et je n'aperçus nulle part de petites habitations. “From a terrace where I rested for a moment, I looked in all directions, at a sudden thought that had occurred to me, and I saw no small dwellings anywhere. Apparemment, la maison familiale et peut-être la famille n'existaient plus. Ici et là, dans la verdure, s'élevaient des sortes de palais, mais la maison isolée et le cottage, qui donnent une physionomie si caractéristique au paysage anglais, avaient disparu.

« C'est le communisme », me dis-je.

« Et sur les talons de celle-là vint une autre pensée. “And on the heels of that one came another thought. J'examinai la demi-douzaine de petits êtres qui me suivaient. Alors je m'aperçus brusquement que tous avaient la même forme de costume, le même visage imberbe au teint délicat, et la même mollesse des membres, comme de grandes fillettes. Then I suddenly realized that they all had the same shape of costume, the same beardless face with delicate complexion, and the same softness of the limbs, like big little girls. Il peut sans doute vous paraître étrange que je ne l'eusse pas remarqué. It may seem strange to you that I did not notice it. Mais tout était si étrange ! But everything was so strange! Pour le costume et les différences de tissus et de coupe, pour l'aspect et la démarche, qui de nos jours distinguent les sexes, ces humains du futur étaient identiques. In costume and the differences in fabric and cut, in appearance and gait, which nowadays distinguish the sexes, these humans of the future were identical. Et à mes yeux les enfants semblaient n'être que les miniatures de leurs parents. And to me the children seemed to be only miniatures of their parents. J'en conclus que les enfants de ce temps étaient extrêmement précoces, physiquement du moins, et je pus par la suite vérifier abondamment cette opinion. I concluded from this that the children of this time were extremely precocious, at least physically, and I was subsequently able to verify this opinion abundantly.

« L'aisance et la sécurité où vivaient ces gens me faisaient admettre que cette étroite ressemblance des sexes était après tout ce à quoi l'on devait s'attendre, car la force de l'homme et la faiblesse de la femme, l'institution de la famille et les différenciations des occupations sont les simples nécessités combatives d'un âge de force physique. “The ease and security in which these people lived made me admit that this close resemblance of the sexes was after all what one should expect, for the strength of the man and the weakness of the woman, the the institution of the family and the differentiations of occupations are the simple combative necessities of an age of physical strength. Là où la population est abondante et équilibrée, de nombreuses naissances sont pour l'État un mal plutôt qu'un bien : là où la violence est rare et où la propagation de l'espèce n'est pas compromise, il y a moins de nécessité – réellement il n'y a aucune nécessité – d'une famille effective, et la spécialisation des sexes, par rapport aux besoins des enfants, disparaît. Wo die Bevölkerung reichlich und ausgeglichen ist, sind viele Geburten für den Staat eher ein Schaden als ein Nutzen: Wo Gewalt selten ist und die Ausbreitung der Art nicht gefährdet ist, gibt es weniger - wirklich keine - Notwendigkeit für eine effektive Familie, und die Spezialisierung der Geschlechter in Bezug auf die Bedürfnisse der Kinder verschwindet. Where the population is plentiful and balanced, many births are a harm rather than a good for the State: where violence is rare and where the propagation of the species is not compromised, there are fewer the need – really there is no need – for an effective family, and the specialization of the sexes, in relation to the needs of the children, disappears. Nous en observons déjà des indices, et dans cet âge futur c'était un fait accompli. We are already seeing signs of it, and in this future age it was a done deal. Ceci, je dois vous le rappeler, n'est qu'une simple conjecture que je faisais à ce moment-là. This, I must remind you, is just a guess I was making at the time. Plus tard, je devais apprécier jusqu'à quel point elle était éloignée de la réalité. Later, I was to appreciate how far removed she was from reality.

« Tandis que je m'attardais à ces choses, mon attention fut attirée par une jolie petite construction qui ressemblait à un puits sous une coupole. “While I was dwelling on these things, my attention was caught by a pretty little building which looked like a well under a cupola. Je songeai, un moment, à la bizarrerie d'un puits au milieu de cette nature renouvelée, et je repris le fil de mes spéculations. I thought for a moment of the oddity of a well in the midst of this renewed nature, and I resumed the thread of my speculations. Pensé por un momento en la rareza de un pozo en medio de esta naturaleza renovada, y luego reanudé mis especulaciones. Il n'y avait du côté du sommet de la colline aucun grand édifice, et comme mes facultés locomotrices tenaient évidemment du miracle, je me trouvai bientôt seul pour la première fois. There were no large buildings near the top of the hill, and as my locomotor faculties were evidently miraculous, I soon found myself alone for the first time. Avec une étrange sensation de liberté et d'aventure, je me hâtai vers la crête. Mit einem seltsamen Gefühl von Freiheit und Abenteuer eilte ich zum Kamm.

« Je trouvai là un siège, fait d'un métal jaune que je ne reconnus pas et corrodé par places d'une sorte de rouille rosâtre, à demi recouvert de mousse molle ; les bras modelés et polis représentaient des têtes de griffons. “I found a seat there, made of a yellow metal which I did not recognize and corroded in places with a sort of pinkish rust, half covered with soft foam; the modeled and polished arms represented the heads of griffins. Je m'assis et contemplai le spectacle de notre vieux monde, au soleil couchant de ce long jour. C'était un des plus beaux et agréables spectacles que j'aie jamais vus. Le soleil déjà avait franchi l'horizon, et l'ouest était d'or en flammes, avec des barres horizontales de pourpre et d'écarlate. Au-dessous était la vallée de la Tamise, dans laquelle le fleuve s'étendait comme une bande d'acier poli. Below was the valley of the Thames, in which the river stretched like a band of polished steel. J'ai déjà parlé des grands palais qui pointillaient de blanc les verdures variées, quelques-uns en ruine et quelques-autres encore occupés. I have already spoken of the great palaces which dotted the varied greenery with white, some in ruins and others still occupied. Ici et là s'élevaient quelque forme blanche ou argentée dans le jardin désolé de la terre ; ici et là survenait la dure ligne verticale de quelque monument à coupole ou de quelque obélisque. Here and there rose some white or silver form in the desolate garden of the earth; here and there came the hard vertical line of some domed monument or some obelisk. Nulles haies ; nul signe de propriété, nulle apparence d'agriculture ; la terre entière était devenue un jardin. No hurdles; no sign of ownership, no appearance of agriculture; the whole earth had become a garden.

« Observant tous ces faits, je commençai à les coordonner et voici, sous la forme qu'elle prit ce soir-là, quel fut le sens de mon interprétation. "Observing all these facts, I began to coordinate them and here, in the form it took that evening, was the meaning of my interpretation.

« Par la suite, je m'aperçus que je n'avais trouvé qu'une demi-vérité et n'avais même entrevu qu'une facette de la vérité. In der Folge wurde mir klar, dass ich nur eine halbe Wahrheit gefunden und nur eine Seite der Wahrheit gesehen hatte. “Afterwards, I realized that I had found only half the truth and had even glimpsed only one facet of the truth.

« Je croyais être parvenu à l'époque du déclin du monde. “I thought I had arrived at the time of the decline of the world. Le crépuscule rougeâtre m'évoqua le crépuscule de l'humanité. The reddish twilight reminded me of the twilight of humanity. Pour la première fois, je commençai à concevoir une conséquence bizarre de l'effort social où nous sommes actuellement engagés. Zum ersten Mal begann ich mir eine bizarre Konsequenz der sozialen Anstrengung vorzustellen, mit der wir uns jetzt beschäftigen. For the first time, I began to conceive of a bizarre consequence of the social effort in which we are now engaged. Et cependant, remarquez-le, c'est une conséquence assez logique. And yet, notice, it is a rather logical consequence. Y, sin embargo, es una consecuencia bastante lógica. La force est le produit de la nécessité : la sécurité entretient et encourage la faiblesse. Strength is the product of necessity: security sustains and encourages weakness. L'œuvre d'amélioration des conditions de l'existence – le vrai progrès civilisant qui assure de plus en plus le confort et diminue l'inquiétude de la vie – était tranquillement arrivée à son point culminant. Die Arbeit zur Verbesserung der Existenzbedingungen - der wahre zivilisatorische Fortschritt, der immer mehr Komfort gewährleistet und die Angst vor dem Leben verringert - hatte stillschweigend ihren Höhepunkt erreicht. The work of improving the conditions of existence—the true civilizing progress which provides more and more comfort and lessens the anxiety of life—had quietly reached its culmination. Les triomphes de l'humanité unie sur la nature s'étaient succédés sans cesse. The triumphs of united humanity over nature had followed one another incessantly. Los triunfos de una humanidad unida sobre la naturaleza se habían sucedido. Des choses qui ne sont, à notre époque, que des rêves, étaient devenues des réalités. Things that are, in our time, only dreams, had become realities. Et ce que je voyais en était les fruits ! And what I saw were the fruits!

« Après tout, l'activité d'aujourd'hui, les conditions sanitaires et l'agriculture en sont encore à l'âge rudimentaire. “After all, today's business, sanitary conditions and agriculture are still in the rudimentary age. La science de notre époque ne s'est attaquée qu'à un minuscule secteur du champ des maladies humaines, mais malgré cela elle étend ses opérations d'une allure ferme et persistante. The science of our time has attacked only a tiny sector of the field of human disease, but despite this it is expanding its operations with a firm and persistent pace. La ciencia de nuestro tiempo sólo ha abordado un minúsculo sector del campo de las enfermedades humanas, pero a pesar de ello amplía sus operaciones con paso firme y persistente. Notre agriculture et notre horticulture détruisent à peine une mauvaise herbe ici et là, et cultivent peut-être une vingtaine de plantes saines, laissant les plus nombreuses compenser, comme elles peuvent, les mauvaises. Unsere Landwirtschaft und unser Gartenbau zerstören hier und da kaum Unkraut und züchten vielleicht zwanzig gesunde Pflanzen, wobei die zahlreichsten übrig bleiben, um die schlechten zu kompensieren, so gut sie können. Our agriculture and horticulture barely destroys a weed here and there, and cultivates perhaps a score of healthy plants, leaving the more numerous to compensate, as best they can, for the bad ones. Nuestra agricultura y horticultura apenas destruyen una mala hierba aquí y allá, y cultivan tal vez una veintena de plantas sanas, dejando que las más numerosas compensen lo mejor que puedan las malas hierbas. Nous améliorons nos plantes et nos animaux favoris – et nous en avons si peu ! We improve our favorite plants and animals – and we have so few of them! – par la sélection et l'élevage ; tantôt une pêche nouvelle et meilleure, tantôt une grappe sans pépins, tantôt une fleur plus belle et plus parfumée ; tantôt une espèce de bétail mieux adaptée à nos besoins. – through selection and breeding; now a new and better peach, now a seedless cluster, now a prettier and more fragrant flower; sometimes a species of cattle better adapted to our needs. Nous les améliorons graduellement, parce que nos vues sont vagues et hésitantes, et notre connaissance des choses très limitée ; parce qu'aussi la Nature est timide et lente dans nos mains malhabiles. We improve them gradually, because our views are vague and hesitant, and our knowledge of things very limited; because also Nature is timid and slow in our clumsy hands. Las mejoramos gradualmente, porque nuestros puntos de vista son vagos y vacilantes, y nuestro conocimiento de las cosas muy limitado; porque la Naturaleza también es tímida y lenta en nuestras torpes manos. Un jour tout cela ira de mieux en mieux. One day it will all get better and better. Tel est le sens du courant, en dépit des reflux. Such is the direction of the current, in spite of the ebbs. Le monde entier sera intelligent, instruit et recherchera la coopération ; toutes choses iront de plus en plus vite vers la soumission de la Nature. The whole world will be intelligent, educated and seek cooperation; all things will move faster and faster towards the submission of Nature. À la fin, sagement et soigneusement nous réajusterons l'équilibre de la vie animale et de la vie végétale pour qu'elles s'adaptent à nos besoins humains.

« Ce réajustement, me disais-je, doit avoir été fait et bien fait : fait, à vrai dire, une fois pour toutes, dans l'espace du temps à travers lequel ma machine avait bondi. This readjustment, I told myself, must have been done and done well: done, to tell the truth, once and for all, in the space of time through which my machine had leapt. Dans l'air, ni moucherons, ni moustiques ; sur le sol, ni mauvaises herbes, ni fongosités ; des papillons brillants voltigeaient de-ci, de-là. In the air, neither gnats nor mosquitoes; on the ground, neither weeds nor fungus; brilliant butterflies fluttered here and there. En el aire, no había mosquitos ni jejenes; en el suelo, ni malas hierbas ni hongos; brillantes mariposas revoloteaban aquí y allá. L'idéal de la médecine préventive était atteint. Das Ideal der Präventivmedizin wurde erreicht. Les maladies avaient été exterminées. The diseases had been exterminated. Je ne vis aucun indice de maladie contagieuse quelconque pendant tout mon séjour. I saw no evidence of any contagious disease during my entire stay. Et j'aurai à vous dire plus tard que les processus de putréfaction et de corruption eux-mêmes avaient été profondément affectés par ces changements. And I shall have to tell you later that the processes of putrefaction and corruption themselves had been profoundly affected by these changes.

« Des triomphes sociaux avaient été obtenus. "Social triumphs had been achieved. Je voyais l'humanité hébergée en de splendides asiles, somptueusement vêtue, et jusqu'ici je n'avais trouvé personne qui fût occupé à un labeur quelconque. Ich sah die Menschheit in prächtigen Anstalten untergebracht, prächtig gekleidet, und bis jetzt hatte ich niemanden gefunden, der mit irgendeiner Arbeit beschäftigt war. I saw humanity housed in splendid asylums, sumptuously dressed, and until now I had not found anyone who was busy with any kind of work. Nul signe, nulle part, de lutte, de contestation sociale ou économique La boutique, la réclame, le trafic, tout le commerce qui constitue la vie de notre monde n'existait plus. There was no sign, anywhere, of struggle, of social or economic contestation. The store, the advertisement, the traffic, all the commerce that constitutes the life of our world no longer existed. En ninguna parte había señales de lucha, de protesta social o económica. La tienda, la publicidad, el tráfico, todo el comercio que conforma la vida de nuestro mundo ya no existía. Il était naturel que par cette soirée resplendissante je saisisse avec empressement l'idée d'un paradis social. Es war natürlich, dass ich an diesem strahlenden Abend eifrig die Idee eines sozialen Paradieses begriff. It was natural that on this shining evening I eagerly grasped the idea of a social paradise. La difficulté que crée l'accroissement trop rapide de la population avait été surmontée et la population avait cessé de s'accroître. The difficulty created by the too rapid increase in population had been overcome and the population had ceased to increase.

« Mais avec ce changement des conditions viennent inévitablement les adaptations à ce changement, et à moins que la science biologique ne soit qu'un amas d'erreurs, quelles sont les causes de la vigueur et de l'intelligence humaines ? "But with this change in conditions inevitably come adaptations to that change, and unless biological science is a mass of errors, what are the causes of human vigor and intelligence? Les difficultés et la liberté : conditions sous lesquelles les individus actifs, vigoureux et souples, survivent et les plus faibles succombent ; conditions qui favorisent et récompensent l'alliance loyale des gens capables, l'empire sur soi-même, la patience, la décision. Difficulties and freedom: conditions under which the active, vigorous and flexible individuals survive and the weakest succumb; conditions which favor and reward the loyal alliance of capable people, self-control, patience, decision. L'institution de la famille et les émotions qui en résultent : la jalousie féroce, la tendresse envers la progéniture, le dévouement du père et de la mère, tout cela trouve sa justification et son appui dans les dangers qui menacent les jeunes. The institution of the family and the emotions that result from it: the fierce jealousy, the tenderness towards the offspring, the devotion of the father and the mother, all this finds its justification and support in the dangers that threaten the young. Maintenant, où sont ces dangers ? Un sentiment nouveau s'élève contre la jalousie conjugale, contre la maternité farouche, contre les passions de toute sorte ; choses maintenant inutiles, qui nous entravent, survivances sauvages et discordantes dans une vie agréable et raffinée. A new sentiment arises against conjugal jealousy, against fierce motherhood, against all sorts of passions; things now useless, which hinder us, wild and discordant survivals in a pleasant and refined life.

« Je songeai à la délicatesse physique de ces gens, à leur manque d'intelligence, à ces ruines énormes et nombreuses, et cela confirma mon opinion d'une conquête parfaite de la nature. “I thought of the physical delicacy of these people, of their lack of intelligence, of these enormous and numerous ruins, and this confirmed my opinion of a perfect conquest of nature. Car après la lutte vient la quiétude. Because after the struggle comes peace. L'humanité avait été forte, énergique et intelligente et avait employé toute son abondante vitalité à transformer les conditions dans lesquelles elle vivait. Et maintenant les conditions nouvelles réagissaient à leur tour sur l'humanité.

« Dans cette sécurité et ce confort parfaits l'incessante énergie qui est notre force doit devenir faiblesse. “In this perfect security and comfort the incessant energy which is our strength must become weakness. De notre temps même, certains désirs et tendances, autrefois nécessaires à la survivance, sont des sources constantes de défaillances. In our own time, certain desires and tendencies, once necessary for survival, are constant sources of failure. Le courage physique et l'amour des combats, par exemple, ne sont pas à l'homme civilisé de grands secours – et peuvent même lui être obstacles. Physical courage and a love of fighting, for example, are of little help to civilized man – and can even be obstacles to him. Dans un état d'équilibre physique et de sécurité, la puissance intellectuelle, aussi bien que physique, serait déplacée. In einem Zustand des physischen Gleichgewichts und der Sicherheit würden sowohl die intellektuelle als auch die physische Kraft verdrängt. En un estado de equilibrio físico y seguridad, se desplazaría tanto el poder intelectual como el físico. J'en conclus que pendant d'innombrables années, il n'y avait eu aucun danger de guerre ou de violences isolées, aucun danger de bêtes sauvages, aucune épidémie qui aient requis de vigoureuses constitutions ou un besoin quelconque d'activité. I conclude that for countless years there had been no danger of war or isolated violence, no danger of wild beasts, no epidemic which required vigorous constitutions or any need for activity. Pour une telle vie, ceux que nous appellerions les faibles sont aussi bien équipés que les forts, et de fait ils ne sont plus faibles. For such a life, those whom we would call the weak are as well equipped as the strong, and in fact they are no longer weak. Et même mieux équipés, car les forts seraient tourmentés par un trop-plein d'énergie. Nul doute que l'exquise beauté des édifices que je voyais ne fût le résultat des derniers efforts de l'énergie maintenant sans objet de l'humanité, avant qu'elle eût atteint sa parfaite harmonie avec les conditions dans lesquelles elle vivait – l'épanouissement de ce triomphe qui fut le commencement de l'ultime et grande paix. No doubt the exquisite beauty of the buildings I saw was the result of the last efforts of the now objectless energy of humanity, before it had reached its perfect harmony with the conditions in which it lived - the blossoming of this triumph which was the beginning of the ultimate and great peace. Ce fut toujours là le sort de l'énergie en sécurité ; elle se porte vers l'art et l'érotisme, et viennent ensuite la langueur et la décadence. This has always been the fate of safe energy; it leans towards art and eroticism, and then comes languor and decadence.

« Cette impulsion artistique elle-même doit à la fin s'affaiblir et disparaître – elle avait presque disparu à l'époque où j'étais. “That artistic impulse itself must eventually wane and fade away – it was almost gone when I was. S'orner de fleurs, chanter et danser au soleil, c'était tout ce qui restait de l'esprit artistique ; rien de plus. Même cela devait à la fin faire place à une oisiveté satisfaite. Nous sommes incessamment aiguisés sur la meule de la souffrance et de la nécessité et voilà qu'enfin, me semblait-il, cette odieuse meule était brisée. We are incessantly sharpened on the millstone of suffering and necessity and now, it seemed to me, this odious millstone was finally broken.

« Et je restais là, dans les ténèbres envahissantes, pensant avoir, par cette simple explication, résolu le problème du monde – pénétré le mystère de l'existence de ces délicieux êtres. “And I stood there, in the encroaching darkness, thinking that by this simple explanation I had solved the problem of the world – penetrated the mystery of the existence of these delicious beings. Il se pouvait que les moyens qu'ils avaient imaginés pour restreindre l'accroissement de la population eussent trop bien réussi, et que leur nombre, au lieu de rester stationnaire, eût plutôt diminué. It was possible that the means they had devised to restrain the increase of the population had succeeded too well, and that their number, instead of remaining stationary, had rather diminished. Cela eût expliqué l'abandon des ruines. This would have explained the abandonment of the ruins. Mon explication était très simple, et suffisamment plausible – comme le sont la plupart des théories erronées. My explanation was very simple, and plausible enough – as are most faulty theories.