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Les Aventures de Pinocchio, Chapitre 36

Chapitre 36

La marionnette Pinocchio devient enfin un vrai petit garçon.

Alors que Pinocchio nageait le plus vite possible pour rejoindre la côte, il s'aperçut que son papa, à cheval sur son dos, avait les jambes à moitié dans l'eau et qu'il tremblait fortement comme s'il avait une crise de paludisme. Tremblait-il de froid ou de peur ? Peut-être des deux mais, optant plutôt pour la peur, Pinocchio lui dit pour le réconforter :

- Courage, papa ! Dans quelques minutes nous arriverons sur la terre ferme et nous serons sauvés.

- Mais où est-il ce fameux rivage ? – demanda le vieil homme, de plus en plus inquiet, en plissant les yeux comme le font les tailleurs pour enfiler une aiguille.

- Moi, je le vois. – assura la marionnette – Vous savez, je suis comme les chats qui ont une meilleure vue la nuit que le jour.

Pinocchio faisait semblant d'être de bonne humeur. En réalité, les forces commençaient à lui manquer, sa respiration était de plus en plus courte et il était au bord du découragement car la côte était encore très loin.

Il continua néanmoins de nager jusqu'à ce qu'il n'ait plus du tout de souffle. Alors, il tourna la tête vers Geppetto et, haletant, lui dit :

- Mon papa, aidez-moi... je n'en peux plus ! Je crois que je vais mourir...

Ils étaient effectivement sur le point de se noyer quand ils entendirent une voix de guitare désaccordée qui demandait :

- Qui parle de mourir ?

- C'est moi et mon pauvre papa. - Mais je reconnais cette façon de parler ! – continua la voix éraillée – Tu ne serais pas Pinocchio ?

- Si, si, c'est moi ! Et toi, qui es-tu ?

- Je suis le Thon. J'étais avec toi dans le corps du Raquin. - Comment as-tu fait pour t'échapper ? - J'ai suivi ton exemple. C'est toi qui m'as montré le chemin et je me suis sauvé moi aussi. - Ah, joli Thon, tu tombes à pic ! Au nom de l'amour que je te porte et que je porte à toute ta progéniture, je t'en supplie, aide-nous, sinon nous sommes perdus. - De tout cœur. Accrochez-vous à ma queue et laissez-vous tirer. Dans quelques minutes, nous aurons atteint le rivage.

Geppetto et Pinocchio ne se le firent pas dire deux fois mais ils préférèrent se mettre à califourchon sur le dos du Thon :

- On n'est pas trop lourds ? – s'inquiéta Pinocchio. - Lourds ? Pas le moins le monde ! J'ai l'impression d'avoir deux coquilles vides sur mon dos – affirma le Thon qui avait la puissante stature d'un veau de deux ans. Arrivé sur le rivage, Pinocchio sauta à terre, aida son père à en faire autant puis, se tournant vers le Thon, lui dit d'une voix très émue : - Ami, tu as sauvé mon papa ! Je n'ai pas assez de mots pour te remercier. Permets-moi au moins de t'embrasser en signe de reconnaissance éternelle. Le Thon sortit son museau de l'eau. Pinocchio s'agenouilla et posa sur sa bouche un baiser très affectueux. Ce geste si spontané et qui exprimait tant d'amitié troubla profondément le Thon peu habitué à ce genre d'effusion. Du coup, honteux qu'on puisse le voir pleurer comme un bébé, il rentra sa tête dans l'eau et disparut. Entre-temps, le jour s'était levé. Pinocchio offrit son bras à Geppetto qui pouvait à peine tenir debout et lui dit :

- Appuyez-vous sur moi, mon petit papa ! On va marcher lentement, comme des tortues, et quand nous serons fatigués, on s'arrêtera. - Mais où nous emmènes-tu ?

- On va chercher une maison ou une cabane, en espérant que l'on nous donnera un morceau de pain pour manger et un peu de paille pour dormir. Ils n'avaient pas fait cent pas qu'ils virent, assis sur le bord de la route, deux individus à l'air louche et minable qui demandaient l'aumône. C'étaient le Chat et le Renard. Ils étaient beaucoup moins fringants qu'autrefois. Le Chat, à force de jouer à l'aveugle, avait fini par perdre la vue pour de bon. Quant au Renard, la vieillesse l'avait rendu à moitié paralysé et il n'avait même plus de queue. Ce triste gibier de potence était tombé dans une misère si grande qu'il dut un beau jour vendre ce superbe appendice à un marchand ambulant qui l'acheta pour en faire un chasse-mouches. - Eh ! Pinocchio ! – cria le Renard d'une voix pleurnicharde – Aie pitié de deux pauvres infirmes ! - Infirmes ! – répéta le Chat.

- Adieu, beaux masques ! – répondit la marionnette – Vous m'avez embobiné une fois, mais vous ne m'y reprendrez plus. - Tu vois bien, Pinocchio, qu'aujourd'hui nous sommes vraiment pauvres et malheureux ! - Malheureux ! – répéta le Chat.

- Si vous êtes pauvres, c'est bien de votre faute. Rappelez-vous le proverbe : « Bien mal acquis ne profite jamais ». Adieu, mes jolis !

- Aie pitié de nous !

- De nous !

- Adieu, beaux masques ! Rappelez-vous le proverbe : « La farine du diable en son toujours se transforme »

- Ne nous abandonne pas !

- Pas ! – répéta le Chat.

- Adieu, beaux masques ! Rappelez-vous le proverbe : « Qui vole à autrui son manteau n'aura même pas de chemise pour mourir ». Pinocchio et Geppetto continuèrent tranquillement leur chemin. Peu après, ils découvrirent un sentier qui menait à une jolie chaumière au milieu des champs. Elle était en paille mais recouverte d'un toit de tuiles. - Cette maison est certainement habitée – fit remarquer Pinocchio – Allons-y !

Ils s'engagèrent dans le sentier et allèrent frapper à la porte de la chaumière. Une voix ténue se fit entendre :

- Qu'est-ce que c'est ? - C'est un pauvre papa et son pauvre enfant qui n'ont rien pour manger ni pour dormir. - Tournez la clé et entrez !

Pinocchio manœuvra la clé, la porte s'ouvrit et ils purent entrer. Mais ils eurent beau regarder partout, ils ne virent personne.

- Où donc est le maître de ces lieux ? – s'étonna Pinocchio. - Je suis là-haut !

Le fils et le père levèrent la tête en même temps : ils aperçurent alors, sur une poutre du plafond, le Grillon-qui-parle.

- Oh ! Mais c'est mon cher grillon ! – s'exclama Pinocchio en le saluant poliment. - Ah bon ! Maintenant, je suis ton « cher grillon », n'est-ce pas ? Rappelle-toi pourtant que tu m'as envoyé un marteau à la figure pour me chasser de chez toi ! - C'est vrai, grillon ! Alors chasse-moi toi aussi et, si tu veux, assomme-moi avec un marteau mais aie pitié de mon pauvre papa !

- J'aurai pitié de vous deux. Mais je tenais à te rappeler ta grossièreté pour que tu saches qu'en ce monde il vaut mieux se montrer courtois envers autrui si l'on veut, dans les moments difficiles, bénéficier de la courtoisie des autres. - Tu as raison, grillon, mille fois raison et je retiendrai la leçon. Mais, dis-moi, comment as-tu fait pour acquérir une si belle chaumière ?

- Elle m'a été donnée hier par une gracieuse chèvre à la toison bleu-nuit. - Et cette chèvre, où est-elle allée ?

- Je n'en sais rien. - Mais quand reviendra-t-elle ? – insista Pinocchio.

- Elle ne reviendra pas. En partant, hier, elle semblait très affectée. Elle avait des bêlements qui semblaient dire : « Pauvre Pinocchio... jamais je ne le reverrai... le Raquin l'aura bel et bien dévoré... » - C'est ce qu'elle a dit ? Vraiment ? Donc c'était bien elle, c'était bien ma bonne petite Fée ! – se mit à hurler Pinocchio en éclatant en sanglots.

Il pleura beaucoup puis essuya ses larmes et prépara un bon lit de paille sur lequel s'étendit le vieux Geppetto. Alors, se tournant vers le grillon :

- Dis-moi, mon petit grillon, sais-tu où je pourrais trouver un verre de lait pour papa ?

- Tu trouveras du lait chez Giangio le maraîcher. Il possède des vaches. C'est le troisième champ à partir d'ici. Pinocchio courut donc chez le maraîcher qui lui demanda :

- Quelle quantité de lait veux-tu ?

- Un verre plein.

- Un verre de lait coûte un sou. Commence donc par me donner un sou.

- Mais je n'ai même pas un centime – répondit Pinocchio, à la fois vexé et désolé. - Alors, jeune marionnette, rien à faire! Si tu n'as même pas un centime à me donner, moi je n'ai même pas un doigt de lait à te vendre. - Tant pis ! – dit Pinocchio qui n'avait plus qu'à s'en aller. - Attends un peu ! – ajouta Giangio le maraîcher – On peut toujours s'arranger. Cela t'irait de tourner la noria ? - La noria ? C'est quoi ? - C'est cette machine en bois qui sert à remonter l'eau du puits pour arroser mes légumes. - Je vais essayer.

- Dans ce cas, tu me tires une centaine de seaux et, en échange, je te donne un verre de lait.

- D'accord. Giangio conduisit la marionnette dans le potager et lui montra comment faire fonctionner la noria. Pinocchio se mit immédiatement au travail mais il n'avait pas encore tiré ses cent seaux d'eau qu'il était déjà ruisselant de sueur de la tête aux pieds. Jamais il n'avait éprouvé une telle fatigue. - Jusqu'à présent, c'est mon âne qui faisait ce travail pénible mais la pauvre bête est moribonde. – expliqua le maraîcher.

- Je pourrais le voir ? – demanda Pinocchio.

- Bien sûr.

En entrant dans l'écurie, Pinocchio vit un joli petit âne couché sur la paille, usé par trop de travail et pas assez de nourriture. Il le regarda longuement et se dit, troublé :

- Mais cet ânon, je le connais ! J'ai déjà vu sa tête quelque part ! Alors, se penchant vers lui et utilisant le langage des ânes, il lui demanda :

- Qui es-tu ?

Le petit âne parvint à ouvrir les yeux et balbutia, dans le même dialecte :

- Je... m'appelle... La...Mè...che... Puis, refermant les yeux, il expira.

- Pauvre La Mèche ! – soupira Pinocchio en essuyant avec de la paille une larme qui coulait le long de sa joue.

- Tu es ému par un âne qui ne t'a rien coûté ? – s'étonna le maraîcher – Qu'est-ce que je devrais dire, moi qui l'ai payé quatre pièces d'or comptant ! - C'est à dire... c'était mon ami ! - Un ami ?

- Oui, un copain de l'école. - Comment ! – s'esclaffa Giangio qui riait à gorge déployée – Comment ! Tu avais des bourricots comme camarades de classe ? Eh bien ! Tu as dû faire de fameuses études !

La marionnette, froissée par cette remarque, ne répondit rien, prit son verre de lait encore chaud et s'en retourna à la maison du grillon. Il continua, cinq mois durant, à se lever chaque jour avant l'aube pour aller manœuvrer la noria afin de gagner les verres de lait qui faisait tant de bien à son papa dont la santé était délicate. Non content d'exercer cette tâche, il profita de son temps libre pour apprendre à fabriquer avec du jonc corbeilles et paniers. Grâce à l'argent qu'il gagnait ainsi, il réussit à faire face aux dépenses domestiques qu'il gérait avec beaucoup de sagesse. Parmi mille autres choses, il fabriqua également une élégante carriole pour promener son père afin qu'il prenne un peu l'air quand il faisait beau. Lors des veillées, il s'entraînait à lire et à écrire. Pour la lecture, il avait acheté au village, pour quelques centimes, un gros livre auquel il manquait les premières et les dernières pages. Pour l'écriture, il utilisait une brindille en guise de plume, et comme il n'avait ni encre ni encrier, il la trempait dans un petit récipient rempli de jus de mûres et de cerises. Il en résulta que, grâce à sa volonté d'apprendre, de travailler et d'aller de l'avant, non seulement il parvint à soigner son père toujours maladif, mais il put aussi mettre de côté assez d'argent pour s'acheter un habit neuf. Un matin, il dit à Geppetto :

- Papa, je vais au marché m'acheter une veste, un chapeau et des chaussures. Et quand je rentrerai, je serai tellement chic que vous me prendrez pour un grand monsieur.

Une fois dehors, il se mit à courir, tout content et joyeux quand, soudain, il entendit qu'on l'appelait par son nom. C'était une belle Limace qui sortait d'une haie : - Tu ne me reconnais pas ? – demanda la Limace.

- C'est à dire... - Tu ne te rappelles pas la Limace qui servait de femme de chambre à la Fée aux cheveux bleu-nuit ?De cette nuit où je suis descendue pour te donner de la lumière alors que tu avais un pied coincé dans la porte de sa maison ?

- Oui, oui, je me rappelle tout – s'exclama Pinocchio – Réponds-moi vite, jolie Limace ! Où as-tu laissée ma bonne Fée ? Que fait-elle maintenant ? M'a-t-elle pardonné ? Ne m'a-t-elle pas oublié ? Est-ce qu'elle m'aime toujours ? Elle est loin d'ici ? Je pourrais la retrouver ?

A toutes ces questions formulées par la marionnette dans la plus grande précipitation et sans même reprendre souffle, la Limace répondit avec son flegme coutumier :

- Ah, mon pauvre Pinocchio ! Ta bonne Fée gît sur un lit d'hôpital ! - Elle est à l'hôpital ? - Malheureusement ! Elle a eu bien des malheurs ! Maintenant, elle est gravement malade et n'a même plus de quoi s'acheter un morceau de pain. - Oh, quelle peine tu me fais ! Pauvre, pauvre Fée ! Si j'avais un million, je volerais jusqu'à elle pour le lui donner. Mais je n'ai que ces quarante sous, juste de quoi m'acheter des vêtements. Prends-les, Limace, et porte-les immédiatement à ma bonne Fée.

- Mais tes vêtements ?

- Que m'importe de nouveaux habits ! Je vendrais les haillons que je porte si cela pouvait l'aider. Va, Limace ! Dépêche-toi ! Et d'ici deux jours, reviens à cet endroit ! Peut-être pourrais-je te donner encore un peu d'argent. Jusqu'à présent, j'ai travaillé pour aider mon papa. Désormais, je travaillerai cinq heures de plus pour ma maman. Au revoir, Limace ! A après-demain !

La Limace, contrairement à son habitude, fila comme un lézard sortant de son trou au plus fort de la canicule du mois d'août. Quand Pinocchio fut revenu chez lui, Geppetto lui demanda :

- Et cette veste neuve ?

- Impossible d'en trouver une qui m'aille ! Ce n'est pas grave : je l'achèterai une autre fois. Et ce soir-là, au lieu de veiller jusqu'à dix heures, Pinocchio travailla jusqu'à minuit tapant. Au lieu de huit paniers, il en fit seize.

A peine couché, il s'endormit. Mais dans son sommeil, il vit en songe la Fée, souriante et éblouissante de beauté, qui lui dit ceci après lui avoir donné un baiser :

- Bravo Pinocchio ! Parce que tu as si bon cœur, je te pardonne pour toutes les bêtises que tu as faites jusqu'à aujourd'hui. Les enfants qui s'occupent tendrement de leurs parents quand ils sont dans la gène ou qu'ils sont malades méritent toujours louanges et affection. Même s'ils ne sont pas toujours des modèles d'obéissance et de bonne conduite. Si, à l'avenir, tu deviens raisonnable, tu trouveras le bonheur. Le rêve s'achevait ainsi. Mais, à son réveil, Pinocchio ouvrit de grands yeux.

Car, figurez-vous qu'en se réveillant Pinocchio découvrit, émerveillé, qu'il n'était plus une marionnette en bois, qu'il ressemblait enfin à un enfant comme un autre ! La pièce aux murs nus de la cabane en paille était devenue une jolie chambre meublée et décorée avec une élégante simplicité. Sautant du lit, il découvrit aussi un costume neuf, un nouveau chapeau et une paire de bottines en cuir qui lui allèrent parfaitement.

En mettant machinalement les mains dans les poches de ses nouveaux habits, il trouva un petit porte-monnaie d'ivoire sur lequel était gravé : « La Fée aux cheveux bleu-nuit rembourse ses quarante sous à son cher petit Pinocchio et le remercie pour sa générosité ». Mais les quarante sous n'étaient plus de vulgaires pièces en cuivre. Le porte-monnaie contenait quarante sequins en or, flambant neuf et brillant de tous leurs feux.

Il alla se contempler dans le miroir et ne se reconnut pas. L'image familière d'une marionnette en bois avait disparu. A sa place souriait joyeusement un beau petit garçon à l'air vif et intelligent, aux cheveux châtains et aux yeux bleus. Tous ces évènements merveilleux se succédaient si vite que Pinocchio ne savait plus s'il était vraiment éveillé ou s'il continuait de rêver les yeux ouverts. - Et mon papa dans tout cela ? – cria-t-il soudain.

Il entra dans la pièce voisine et y trouva le vieux Geppetto en pleine forme, guilleret et de très bonne humeur, comme autrefois. Retrouvant son métier de sculpteur sur bois, il était en train de fabriquer un magnifique cadre orné de feuillages, de fleurs et de têtes d'animaux. Pinocchio lui sauta au cou et le couvrit de baisers :

- Comment expliquer tous ce changement, mon petit papa ?

- Tout cela, c'est grâce à toi – répondit Geppetto - Grâce à moi ?

- Mais oui. Quand les sales gosses deviennent de bons petits, ils ont aussi le pouvoir de transformer toute leur famille.

- Et le vieux Pinocchio en bois, qu'est-il devenu ? - Il est là.

La grande marionnette était contre une chaise, la tête penchant sur le côté, les bras ballants, les jambes emmêlées et à demi repliées. A se demander comment elle pouvait tenir debout.

Pinocchio la regarda un moment avec attention puis poussa un grand soupir de satisfaction :

- Quel drôle d'air j'avais quand j'étais une marionnette ! Et comme je suis content d'être devenu un vrai et bon petit garçon ! FIN

Chapitre 36 Kapitel 36 Chapter 36 Capítulo 36 Capítulo 36 Глава 36

La marionnette Pinocchio devient enfin un vrai petit garçon. The Pinocchio puppet finally becomes a real boy.

Alors que Pinocchio nageait le plus vite possible pour rejoindre la côte, il s'aperçut que son papa, à cheval sur son dos, avait les jambes à moitié dans l'eau et qu'il tremblait fortement comme s'il avait une crise de paludisme. As Pinocchio swam as fast as he could to reach the shore, he noticed that his dad, straddling his back, had his legs half in the water and was shaking badly as if he were having a malaria attack. Когда Пиноккио плыл изо всех сил, чтобы добраться до берега, он заметил, что его отец, сидя на спине, держит ноги наполовину в воде и сильно дрожит, как будто у него приступ малярии. Tremblait-il de froid ou de peur ? Was he shivering from cold or fear? Peut-être des deux mais, optant plutôt pour la peur, Pinocchio lui dit pour le réconforter : Perhaps both, but, opting for fear instead, Pinocchio said to comfort him:

- Courage, papa ! Dans quelques minutes nous arriverons sur la terre ferme et nous serons sauvés. In a few minutes we'll be on dry land and saved.

- Mais où est-il ce fameux rivage ? - But where is this famous shore? - Но где же находится этот знаменитый берег? – demanda le vieil homme, de plus en plus inquiet, en plissant les yeux comme le font les tailleurs pour enfiler une aiguille. – asked the old man, more and more worried, squinting like a tailor does when threading a needle.

- Moi, je le vois. - I can see it. – assura la marionnette – Vous savez, je suis comme les chats qui ont une meilleure vue la nuit que le jour. - assured the puppet - You know, I'm like cats who have better eyesight at night than during the day.

Pinocchio faisait semblant d'être de bonne humeur. Pinocchio pretended to be in a good mood. Пиноккио притворился, что у него хорошее настроение. En réalité, les forces commençaient à lui manquer, sa respiration était de plus en plus courte et il était au bord du découragement car la côte était encore très loin. In fact, his strength was failing him, his breathing was getting shorter and shorter, and he was on the verge of despondency as the coast was still a long way off.

Il continua néanmoins de nager jusqu'à ce qu'il n'ait plus du tout de souffle. Nevertheless, he continued to swim until he had no breath at all. Тем не менее он продолжал плыть, пока совсем не выдохся. Alors, il tourna la tête vers Geppetto et, haletant, lui dit : Then he turned his head to Geppetto and, panting, said:

- Mon papa, aidez-moi... je n'en peux plus ! - Daddy, help me... I can't take it anymore! Je crois que je vais mourir... I think I'm going to die...

Ils étaient effectivement sur le point de se noyer quand ils entendirent une voix de guitare désaccordée qui demandait : They were indeed about to drown when they heard an out-of-tune guitar voice asking:

- Qui parle de mourir ? - Who's talking about dying?

- C'est moi et mon pauvre papa. - It's me and my poor dad. - Mais je reconnais cette façon de parler ! - But I recognize this way of speaking! – continua la voix éraillée – Tu ne serais pas Pinocchio ? - continued the hoarse voice - Aren't you Pinocchio?

- Si, si, c'est moi ! - Yes, yes, it's me! Et toi, qui es-tu ? And who are you?

- Je suis le Thon. - I'm the Tuna. J'étais avec toi dans le corps du Raquin. I was with you in the Raquin body. - Comment as-tu fait pour t'échapper ? - How did you escape? - J'ai suivi ton exemple. - I followed your example. C'est toi qui m'as montré le chemin et je me suis sauvé moi aussi. You showed me the way and I saved myself too. - Ah, joli Thon, tu tombes à pic ! - Ah, pretty Tuna, you're just in time! - Ах, красавица Туна, ты как раз вовремя! Au nom de l'amour que je te porte et que je porte à toute ta progéniture, je t'en supplie, aide-nous, sinon nous sommes perdus. In the name of the love I have for you and for all your offspring, I beg you, help us, otherwise we are lost. Во имя любви, которую я питаю к тебе и всем твоим потомкам, я прошу тебя помочь нам, иначе мы пропали. - De tout cœur. - With all my heart. Accrochez-vous à ma queue et laissez-vous tirer. Hold on to my tail and let yourself be pulled. Dans quelques minutes, nous aurons atteint le rivage. In a few minutes, we'll have reached the shore.

Geppetto et Pinocchio ne se le firent pas dire deux fois mais ils préférèrent se mettre à califourchon sur le dos du Thon : Geppetto and Pinocchio were not told twice but preferred to ride on the back of the Tuna:

- On n'est pas trop lourds ? - Aren't we too heavy? – s'inquiéta Pinocchio. - Pinocchio worried. - Lourds ? Pas le moins le monde ! Not in the least! Ни в коем случае! J'ai l'impression d'avoir deux coquilles vides sur mon dos – affirma le Thon qui avait la puissante stature d'un veau de deux ans. I feel like I have two empty shells on my back – affirmed the Tuna who had the powerful stature of a two-year-old calf. Arrivé sur le rivage, Pinocchio sauta à terre, aida son père à en faire autant puis, se tournant vers le Thon, lui dit d'une voix très émue : When he reached the shore, Pinocchio jumped ashore, helped his father to do the same and then, turning to Tuna, said in a very emotional voice: - Ami, tu as sauvé mon papa ! - Ami, you saved my dad! Je n'ai pas assez de mots pour te remercier. I don't have enough words to thank you. Permets-moi au moins de t'embrasser en signe de reconnaissance éternelle. At least allow me to kiss you in eternal gratitude. Le Thon sortit son museau de l'eau. The Tuna lifted his snout out of the water. Pinocchio s'agenouilla et posa sur sa bouche un baiser très affectueux. Pinocchio knelt down and placed an affectionate kiss on her mouth. Ce geste si spontané et qui exprimait tant d'amitié troubla profondément le Thon peu habitué à ce genre d'effusion. This gesture, so spontaneous and expressive of friendship, deeply disturbed Tuna, unaccustomed to this kind of effusiveness. Du coup, honteux qu'on puisse le voir pleurer comme un bébé, il rentra sa tête dans l'eau et disparut. As a result, ashamed that he could be seen crying like a baby, he stuck his head in the water and disappeared. Entre-temps, le jour s'était levé. In the meantime, the day had dawned. Pinocchio offrit son bras à Geppetto qui pouvait à peine tenir debout et lui dit : Pinocchio offered his arm to Geppetto, who could barely stand, and said:

- Appuyez-vous sur moi, mon petit papa ! - Lean on me, Daddy! On va marcher lentement, comme des tortues, et quand nous serons fatigués, on s'arrêtera. We'll walk slowly, like turtles, and when we're tired, we'll stop. - Mais où nous emmènes-tu ? - But where are you taking us?

- On va chercher une maison ou une cabane, en espérant que l'on nous donnera un morceau de pain pour manger et un peu de paille pour dormir. - We look for a house or a hut, hoping to be given a piece of bread to eat and a bit of straw to sleep on. Ils n'avaient pas fait cent pas qu'ils virent, assis sur le bord de la route, deux individus à l'air louche et minable qui demandaient l'aumône. They hadn't gone a hundred paces when they saw, sitting on the side of the road, two shady, shabby-looking individuals begging for alms. C'étaient le Chat et le Renard. They were the Cat and the Fox. Ils étaient beaucoup moins fringants qu'autrefois. They were much less frisky than in the past. Le Chat, à force de jouer à l'aveugle, avait fini par perdre la vue pour de bon. The Cat, by dint of playing blind, had finally lost his sight for good. Quant au Renard, la vieillesse l'avait rendu à moitié paralysé et il n'avait même plus de queue. As for the Fox, old age had rendered him half-paralyzed and he no longer even had a tail. Ce triste gibier de potence était tombé dans une misère si grande qu'il dut un beau jour vendre ce superbe appendice à un marchand ambulant qui l'acheta pour en faire un chasse-mouches. This sad gallows game had fallen into such great poverty that one fine day he had to sell this superb appendage to a traveling merchant who bought it to make a fly swatter. Эта печальная птица-висельник так бедствовала, что однажды ей пришлось продать этот превосходный придаток странствующему торговцу, который купил его, чтобы использовать в качестве мухобойки. - Eh ! Pinocchio ! – cria le Renard d'une voix pleurnicharde – Aie pitié de deux pauvres infirmes ! - cried the Fox in a whining voice - Have mercy on two poor cripples! - Infirmes ! - Cripples! – répéta le Chat.

- Adieu, beaux masques ! - Farewell, beautiful masks! - Прощайте, прекрасные маски! – répondit la marionnette – Vous m'avez embobiné une fois, mais vous ne m'y reprendrez plus. - replied the puppet - You fooled me once, but you won't fool me again. - Tu vois bien, Pinocchio, qu'aujourd'hui nous sommes vraiment pauvres et malheureux ! - You see, Pinocchio, that today we are really poor and unhappy! - Malheureux ! - You wretch! – répéta le Chat. - repeated the Cat.

- Si vous êtes pauvres, c'est bien de votre faute. - If you're poor, it's your own fault. Rappelez-vous le proverbe : « Bien mal acquis ne profite jamais ». Remember the proverb: “Ill-gotten gains never profit”. Помните пословицу: "Нажитое нечестным путем никогда не окупается". Adieu, mes jolis ! Farewell, my pretties!

- Aie pitié de nous ! - Have mercy on us!

- De nous ! - From us!

- Adieu, beaux masques ! - Farewell, beautiful masks! Rappelez-vous le proverbe : « La farine du diable en son toujours se transforme » Remember the proverb: "The devil's flour into bran always turns" Помните пословицу: "Дьявольская мука всегда меняется".

- Ne nous abandonne pas ! - Don't abandon us!

- Pas ! - Not! – répéta le Chat.

- Adieu, beaux masques ! - Farewell, beautiful masks! Rappelez-vous le proverbe : « Qui vole à autrui son manteau n'aura même pas de chemise pour mourir ». Remember the proverb: “He who steals his coat from another will not even have a shirt to die”. Помните пословицу: "У того, кто лишит другого пальто, не будет даже рубашки, в которой он умрет". Pinocchio et Geppetto continuèrent tranquillement leur chemin. Pinocchio and Geppetto continued on their way. Peu après, ils découvrirent un sentier qui menait à une jolie chaumière au milieu des champs. Shortly after, they discovered a path that led to a pretty cottage in the middle of the fields. Elle était en paille mais recouverte d'un toit de tuiles. It was made of straw but covered with a tiled roof. Он был сделан из соломы, но покрыт черепичной крышей. - Cette maison est certainement habitée – fit remarquer Pinocchio – Allons-y ! - This house is certainly inhabited - remarked Pinocchio - Let's go!

Ils s'engagèrent dans le sentier et allèrent frapper à la porte de la chaumière. They set off down the path and knocked on the cottage door. Une voix ténue se fit entendre : A faint voice was heard:

- Qu'est-ce que c'est ? - What is it? - C'est un pauvre papa et son pauvre enfant qui n'ont rien pour manger ni pour dormir. - It's a poor father and child with nothing to eat or sleep. - Tournez la clé et entrez ! - Turn the key and enter!

Pinocchio manœuvra la clé, la porte s'ouvrit et ils purent entrer. Pinocchio operated the key, the door opened and they entered. Mais ils eurent beau regarder partout, ils ne virent personne. But no matter how much they looked around, they saw no one.

- Où donc est le maître de ces lieux ? - Where is the master of this place? – s'étonna Pinocchio. - Pinocchio exclaimed. - Je suis là-haut ! - I'm up here!

Le fils et le père levèrent la tête en même temps : ils aperçurent alors, sur une poutre du plafond, le Grillon-qui-parle. The son and father looked up at the same time, and saw Cricket-Talker on a ceiling beam.

- Oh ! Mais c'est mon cher grillon ! But that's my dear cricket! – s'exclama Pinocchio en le saluant poliment. – exclaimed Pinocchio, greeting him politely. - Ah bon ! - Really? Maintenant, je suis ton « cher grillon », n'est-ce pas ? Now I'm your "dear cricket", right? Rappelle-toi pourtant que tu m'as envoyé un marteau à la figure pour me chasser de chez toi ! Remember that you threw a hammer in my face to chase me out of your house! - C'est vrai, grillon ! - That's right, cricket! Alors chasse-moi toi aussi et, si tu veux, assomme-moi avec un marteau mais aie pitié de mon pauvre papa ! So chase me away too, and if you want, hit me with a hammer, but have mercy on my poor dad!

- J'aurai pitié de vous deux. - I'll take pity on both of you. - Я пожалею вас обоих. Mais je tenais à te rappeler ta grossièreté pour que tu saches qu'en ce monde il vaut mieux se montrer courtois envers autrui si l'on veut, dans les moments difficiles, bénéficier de la courtoisie des autres. But I wanted to remind you of your rudeness so that you know that in this world it is better to be courteous to others if you want, in difficult times, to benefit from the courtesy of others. Но я хотел напомнить вам о вашей грубости, чтобы вы знали, что в этом мире лучше быть вежливым с другими, если в трудные времена вы хотите воспользоваться вежливостью других. - Tu as raison, grillon, mille fois raison et je retiendrai la leçon. - You're right, cricket, a thousand times right and I'll learn my lesson. Mais, dis-moi, comment as-tu fait pour acquérir une si belle chaumière ? But, tell me, how did you manage to acquire such a beautiful cottage?

- Elle m'a été donnée hier par une gracieuse chèvre à la toison bleu-nuit. - It was given to me yesterday by a graceful goat with midnight blue fleece. - Et cette chèvre, où est-elle allée ? - And this goat, where did it go?

- Je n'en sais rien. - I don't know. - Mais quand reviendra-t-elle ? - But when will she be back? – insista Pinocchio. - Pinocchio insisted.

- Elle ne reviendra pas. - She's not coming back. En partant, hier, elle semblait très affectée. When she left yesterday, she seemed very affected. Когда она вчера уходила, то выглядела очень расстроенной. Elle avait des bêlements qui semblaient dire : « Pauvre Pinocchio... jamais je ne le reverrai... le Raquin l'aura bel et bien dévoré... » Her bleating sounds seemed to say, "Poor Pinocchio... I'll never see him again... the Raquin will have eaten him alive..." - C'est ce qu'elle a dit ? - Is that what she said? Vraiment ? Really? Donc c'était bien elle, c'était bien ma bonne petite Fée ! So it was her, it was my good little Fairy! – se mit à hurler Pinocchio en éclatant en sanglots. - cried Pinocchio, bursting into tears.

Il pleura beaucoup puis essuya ses larmes et prépara un bon lit de paille sur lequel s'étendit le vieux Geppetto. He cried a lot, then wiped his tears and made a good straw bed for old Geppetto to lie on. Alors, se tournant vers le grillon : Then, turning to the cricket:

- Dis-moi, mon petit grillon, sais-tu où je pourrais trouver un verre de lait pour papa ? - Tell me, my little cricket, do you know where I could find a glass of milk for Daddy?

- Tu trouveras du lait chez Giangio le maraîcher. - You'll find milk at Giangio's market garden. Il possède des vaches. He owns cows. C'est le troisième champ à partir d'ici. It's the third field from here. Pinocchio courut donc chez le maraîcher qui lui demanda : So Pinocchio ran to the market gardener, who asked him:

- Quelle quantité de lait veux-tu ? - How much milk do you want?

- Un verre plein. - A full glass.

- Un verre de lait coûte un sou. - A glass of milk costs a penny. Commence donc par me donner un sou. Why don't you start by giving me a penny?

- Mais je n'ai même pas un centime – répondit Pinocchio, à la fois vexé et désolé. - But I don't even have a cent - replied Pinocchio, both offended and sorry. - Alors, jeune marionnette, rien à faire! - So, young puppet, nothing to do! Si tu n'as même pas un centime à me donner, moi je n'ai même pas un doigt de lait à te vendre. If you don't even have a penny to give me, I don't even have a finger of milk to sell you. - Tant pis ! - Too bad ! – dit Pinocchio qui n'avait plus qu'à s'en aller. - said Pinocchio, who just had to go. - Attends un peu ! - Wait a minute! – ajouta Giangio le maraîcher – On peut toujours s'arranger. - added Giangio the market gardener - We can always work something out. - добавил Джанджио, рыночный садовник - Мы всегда можем что-нибудь придумать. Cela t'irait de tourner la noria ? How would you like to turn the noria? Как бы вам хотелось пострелять в норию? - La noria ? - The noria? C'est quoi ? What is it? Что это такое? - C'est cette machine en bois qui sert à remonter l'eau du puits pour arroser mes légumes. - This wooden machine is used to bring up water from the well to water my vegetables. - Je vais essayer. - I'll give it a try.

- Dans ce cas, tu me tires une centaine de seaux et, en échange, je te donne un verre de lait. - In that case, you pull a hundred buckets for me and, in exchange, I'll give you a glass of milk.

- D'accord. - All right. Giangio conduisit la marionnette dans le potager et lui montra comment faire fonctionner la noria. Giangio led the puppet into the vegetable garden and showed him how to operate the waterwheel. Pinocchio se mit immédiatement au travail mais il n'avait pas encore tiré ses cent seaux d'eau qu'il était déjà ruisselant de sueur de la tête aux pieds. Pinocchio immediately got to work but he hadn't yet drawn his hundred buckets of water when he was already dripping with sweat from head to toe. Jamais il n'avait éprouvé une telle fatigue. He had never felt so tired. - Jusqu'à présent, c'est mon âne qui faisait ce travail pénible mais la pauvre bête est moribonde. - So far, my donkey has been doing the hard work, but the poor beast is dying. – expliqua le maraîcher. - explained the market gardener.

- Je pourrais le voir ? - Could I see it? – demanda Pinocchio. - Pinocchio asked.

- Bien sûr. - Of course you can.

En entrant dans l'écurie, Pinocchio vit un joli petit âne couché sur la paille, usé par trop de travail et pas assez de nourriture. Entering the stable, Pinocchio saw a pretty little donkey lying on the straw, worn out by too much work and not enough food. Il le regarda longuement et se dit, troublé : He looked at it for a long time and said to himself, troubled:

- Mais cet ânon, je le connais ! - But I know this colt! J'ai déjà vu sa tête quelque part ! I have already seen his face somewhere! Alors, se penchant vers lui et utilisant le langage des ânes, il lui demanda : Then, leaning towards him and using the language of donkeys, he asked:

- Qui es-tu ? - Who are you?

Le petit âne parvint à ouvrir les yeux et balbutia, dans le même dialecte : The little donkey managed to open his eyes and stammered, in the same dialect:

- Je... m'appelle... La...Mè...che... Puis, refermant les yeux, il expira. Then, closing his eyes, he exhaled.

- Pauvre La Mèche ! – soupira Pinocchio en essuyant avec de la paille une larme qui coulait le long de sa joue. - sighed Pinocchio, wiping a tear from his cheek with a piece of straw.

- Tu es ému par un âne qui ne t'a rien coûté ? - Are you moved by a donkey that cost you nothing? – s'étonna le maraîcher – Qu'est-ce que je devrais dire, moi qui l'ai payé quatre pièces d'or comptant ! – wondered the market gardener – What should I say, I who paid him four gold coins in cash! - C'est à dire... c'était mon ami ! - That is to say... he was my friend! - Un ami ? - A friend?

- Oui, un copain de l'école. - Yes, a friend from school. - Comment ! - But how! – s'esclaffa Giangio qui riait à gorge déployée – Comment ! - Giangio laughed out loud - How! Tu avais des bourricots comme camarades de classe ? Did you have donkeys for classmates? Eh bien ! Well, well, well! Tu as dû faire de fameuses études ! You must have done some great studies! Вы, должно быть, хорошо учились!

La marionnette, froissée par cette remarque, ne répondit rien, prit son verre de lait encore chaud et s'en retourna à la maison du grillon. The puppet, offended by this remark, answered nothing, took his still warm glass of milk and went back to the cricket house. Il continua, cinq mois durant, à se lever chaque jour avant l'aube pour aller manœuvrer la noria afin de gagner les verres de lait qui faisait tant de bien à son papa dont la santé était délicate. For five months, he continued to get up before dawn every day to maneuver the wagon in order to earn the glasses of milk that were so good for his father, whose health was delicate. Non content d'exercer cette tâche, il profita de son temps libre pour apprendre à fabriquer avec du jonc corbeilles et paniers. Not content with exercising this task, he took advantage of his free time to learn how to make baskets and baskets with rush. Grâce à l'argent qu'il gagnait ainsi, il réussit à faire face aux dépenses domestiques qu'il gérait avec beaucoup de sagesse. Thanks to the money he earned, he was able to meet his domestic expenses, which he managed with great wisdom. Parmi mille autres choses, il fabriqua également une élégante carriole pour promener son père afin qu'il prenne un peu l'air quand il faisait beau. Among a thousand other things, he also built an elegant carriage to take his father for a walk when the weather was fine. Помимо тысячи других вещей, он также построил элегантную карету, в которой отец мог гулять в хорошую погоду. Lors des veillées, il s'entraînait à lire et à écrire. In the evenings, he practiced reading and writing. Pour la lecture, il avait acheté au village, pour quelques centimes, un gros livre auquel il manquait les premières et les dernières pages. To read, he had bought a large book in the village for a few centimes, which was missing the first and last pages. Pour l'écriture, il utilisait une brindille en guise de plume, et comme il n'avait ni encre ni encrier, il la trempait dans un petit récipient rempli de jus de mûres et de cerises. For writing, he used a twig as a pen, and since he had no ink or inkwell, he dipped it in a small container filled with blackberry and cherry juice. Для письма он использовал прутик в качестве пера, а поскольку у него не было ни чернил, ни чернильницы, он обмакивал его в небольшой сосуд, наполненный ежевичным и вишневым соком. Il en résulta que, grâce à sa volonté d'apprendre, de travailler et d'aller de l'avant, non seulement il parvint à soigner son père toujours maladif, mais il put aussi mettre de côté assez d'argent pour s'acheter un habit neuf. As a result, through his willingness to learn, work, and move forward, he not only managed to care for his still sickly father, but he was also able to save enough money to buy a new suit of clothes. Un matin, il dit à Geppetto : One morning, he said to Geppetto:

- Papa, je vais au marché m'acheter une veste, un chapeau et des chaussures. - Dad, I'm going to the market to buy a jacket, hat and shoes. Et quand je rentrerai, je serai tellement chic que vous me prendrez pour un grand monsieur. And when I come home, I'll be so chic you'll think I'm a big man.

Une fois dehors, il se mit à courir, tout content et joyeux quand, soudain, il entendit qu'on l'appelait par son nom. Once outside, he began to run, all happy and joyful when, suddenly, he heard someone calling his name. Оказавшись на улице, он начал бежать, весь счастливый и веселый, как вдруг услышал, что его зовут по имени. C'était une belle Limace qui sortait d'une haie : It was a beautiful Slug emerging from a hedge: - Tu ne me reconnais pas ? - Don't you recognize me? – demanda la Limace. - asked the Slug.

- C'est à dire... - In other words... - Tu ne te rappelles pas la Limace qui servait de femme de chambre à la Fée aux cheveux bleu-nuit ?De cette nuit où je suis descendue pour te donner de la lumière alors que tu avais un pied coincé dans la porte de sa maison ? - Don't you remember the Slug who was maid to the Fairy with the blue-night hair, the night I came down to give you light when you had one foot stuck in the door of her house?

- Oui, oui, je me rappelle tout – s'exclama Pinocchio – Réponds-moi vite, jolie Limace ! - Yes, yes, I remember everything - exclaimed Pinocchio - Answer me quickly, pretty Slug! Où as-tu laissée ma bonne Fée ? Where did you leave my good Fairy? Que fait-elle maintenant ? What is she doing now? M'a-t-elle pardonné ? Has she forgiven me? Ne m'a-t-elle pas oublié ? Hasn't she forgotten me? Est-ce qu'elle m'aime toujours ? Does she still love me? Elle est loin d'ici ? Is she far from here? Je pourrais la retrouver ? Can I find her?

A toutes ces questions formulées par la marionnette dans la plus grande précipitation et sans même reprendre souffle, la Limace répondit avec son flegme coutumier : To all these questions formulated by the puppet in the greatest haste and without even catching his breath, the Slug answered with his customary phlegm:

- Ah, mon pauvre Pinocchio ! - Ah, my poor Pinocchio! Ta bonne Fée gît sur un lit d'hôpital ! Your fairy godmother lies in a hospital bed! - Elle est à l'hôpital ? - Is she in hospital? - Malheureusement ! - Unfortunately! Elle a eu bien des malheurs ! She's had a lot of misfortunes! На ее долю выпало немало несчастий! Maintenant, elle est gravement malade et n'a même plus de quoi s'acheter un morceau de pain. Now she is seriously ill and does not even have enough to buy a piece of bread. - Oh, quelle peine tu me fais ! - Oh, what pain you make me! Pauvre, pauvre Fée ! Poor, poor Fairy! Si j'avais un million, je volerais jusqu'à elle pour le lui donner. If I had a million dollars, I would fly to her and give it to her. Mais je n'ai que ces quarante sous, juste de quoi m'acheter des vêtements. But I've only got these forty cents, just enough to buy myself some clothes. Prends-les, Limace, et porte-les immédiatement à ma bonne Fée. Take them, Slug, and bring them immediately to my good Fairy.

- Mais tes vêtements ? - But your clothes?

- Que m'importe de nouveaux habits ! - What do I care about new clothes! Je vendrais les haillons que je porte si cela pouvait l'aider. I'd sell the rags I'm wearing if it would help him. Va, Limace ! Go, Slug! Dépêche-toi ! Hurry up! Et d'ici deux jours, reviens à cet endroit ! And in two days, come back to this place! Peut-être pourrais-je te donner encore un peu d'argent. Maybe I could give you some more money. Jusqu'à présent, j'ai travaillé pour aider mon papa. Until now, I've worked to help my dad. Désormais, je travaillerai cinq heures de plus pour ma maman. From now on, I'll be working an extra five hours for my mom. Au revoir, Limace ! Goodbye, Slug! A après-demain ! See you the day after tomorrow!

La Limace, contrairement à son habitude, fila comme un lézard sortant de son trou au plus fort de la canicule du mois d'août. The Slug, contrary to its habit, sped like a lizard coming out of its hole at the height of the August heat wave. Слизняк, вопреки своей привычке, бежал, как ящерица, вылезшая из своей норы в разгар августовской жары. Quand Pinocchio fut revenu chez lui, Geppetto lui demanda : When Pinocchio returned home, Geppetto asked him:

- Et cette veste neuve ? - And this new jacket?

- Impossible d'en trouver une qui m'aille ! - Impossible to find one that suits me! - Невозможно найти тот, который мне подходит! Ce n'est pas grave : je l'achèterai une autre fois. It doesn't matter: I'll buy it another time. Et ce soir-là, au lieu de veiller jusqu'à dix heures, Pinocchio travailla jusqu'à minuit tapant. And that evening, instead of staying up until ten o'clock, Pinocchio worked until sharp midnight. Au lieu de huit paniers, il en fit seize. Instead of eight baskets, he made sixteen.

A peine couché, il s'endormit. As soon as he slept, he fell asleep. Не успел он лечь в постель, как заснул. Mais dans son sommeil, il vit en songe la Fée, souriante et éblouissante de beauté, qui lui dit ceci après lui avoir donné un baiser : But in his sleep, he saw in a dream the Fairy, smiling and dazzlingly beautiful, who said this to him after giving him a kiss:

- Bravo Pinocchio ! Parce que tu as si bon cœur, je te pardonne pour toutes les bêtises que tu as faites jusqu'à aujourd'hui. Because you have such a good heart, I forgive you for all the stupid things you've done up to now. Les enfants qui s'occupent tendrement de leurs parents quand ils sont dans la gène ou qu'ils sont malades méritent toujours louanges et affection. Children who look after their parents tenderly when they're in trouble or ill always deserve praise and affection. Même s'ils ne sont pas toujours des modèles d'obéissance et de bonne conduite. Even if they are not always models of obedience and good behavior. Si, à l'avenir, tu deviens raisonnable, tu trouveras le bonheur. If, in the future, you become reasonable, you'll find happiness. Если в будущем вы станете разумным, то обретете счастье. Le rêve s'achevait ainsi. The dream ended like this. Mais, à son réveil, Pinocchio ouvrit de grands yeux. But when Pinocchio awoke, his eyes opened wide.

Car, figurez-vous qu'en se réveillant Pinocchio découvrit, émerveillé, qu'il n'était plus une marionnette en bois, qu'il ressemblait enfin à un enfant comme un autre ! After all, when Pinocchio woke up, he was amazed to discover that he was no longer a wooden puppet, that he finally looked like a child like any other! La pièce aux murs nus de la cabane en paille était devenue une jolie chambre meublée et décorée avec une élégante simplicité. The straw cabin's bare-walled room had become a pretty bedroom, furnished and decorated with elegant simplicity. Sautant du lit, il découvrit aussi un costume neuf, un nouveau chapeau et une paire de bottines en cuir qui lui allèrent parfaitement. Jumping out of bed, he also discovered a new suit, a new hat and a pair of leather boots that fit him perfectly.

En mettant machinalement les mains dans les poches de ses nouveaux habits, il trouva un petit porte-monnaie d'ivoire sur lequel était gravé : « La Fée aux cheveux bleu-nuit rembourse ses quarante sous à son cher petit Pinocchio et le remercie pour sa générosité ». Mechanically putting his hands in the pockets of his new clothes, he found a small ivory purse on which was engraved: "The fairy with midnight-blue hair pays back her forty sous to her dear little Pinocchio and thanks him for his generosity ". Mais les quarante sous n'étaient plus de vulgaires pièces en cuivre. But the forty sous were no longer ordinary copper coins. Но сорок центов уже не были обычными медными монетами. Le porte-monnaie contenait quarante sequins en or, flambant neuf et brillant de tous leurs feux. The purse contained forty gold sequins, brand new and shining brightly.

Il alla se contempler dans le miroir et ne se reconnut pas. He went to look in the mirror and didn't recognize himself. L'image familière d'une marionnette en bois avait disparu. The familiar image of a wooden puppet had disappeared. A sa place souriait joyeusement un beau petit garçon à l'air vif et intelligent, aux cheveux châtains et aux yeux bleus. In his place smiled a handsome, bright-looking boy with chestnut hair and blue eyes. Tous ces évènements merveilleux se succédaient si vite que Pinocchio ne savait plus s'il était vraiment éveillé ou s'il continuait de rêver les yeux ouverts. All these wonderful events were happening so fast that Pinocchio didn't know whether he was really awake or still dreaming with his eyes open. - Et mon papa dans tout cela ? - What about my dad? - А как же мой отец? – cria-t-il soudain. - he suddenly shouted.

Il entra dans la pièce voisine et y trouva le vieux Geppetto en pleine forme, guilleret et de très bonne humeur, comme autrefois. He went into the next room and found old Geppetto in great shape, perky and in a very good mood, just like in the old days. Retrouvant son métier de sculpteur sur bois, il était en train de fabriquer un magnifique cadre orné de feuillages, de fleurs et de têtes d'animaux. Returning to his profession as a wood carver, he was in the process of making a magnificent frame decorated with foliage, flowers and animal heads. Pinocchio lui sauta au cou et le couvrit de baisers : Pinocchio jumped on his neck and showered him with kisses:

- Comment expliquer tous ce changement, mon petit papa ? - How can I explain all this change, Daddy? - Как я могу объяснить все эти перемены, папа?

- Tout cela, c'est grâce à toi – répondit Geppetto - It's all thanks to you," replied Geppetto. - Grâce à moi ? - Thanks to me?

- Mais oui. - Конечно. Quand les sales gosses deviennent de bons petits, ils ont aussi le pouvoir de transformer toute leur famille. When bad kids become good kids, they also have the power to transform their entire family.

- Et le vieux Pinocchio en bois, qu'est-il devenu ? - Il est là. - Here it is.

La grande marionnette était contre une chaise, la tête penchant sur le côté, les bras ballants, les jambes emmêlées et à demi repliées. The tall puppet was leaning against a chair, head tilted to the side, arms dangling, legs tangled and half bent. Большая кукла прислонилась к стулу, голова наклонена на одну сторону, руки машут, ноги спутаны и полусогнуты. A se demander comment elle pouvait tenir debout. To wonder how she could stand. Это заставляло задуматься о том, как она могла стоять.

Pinocchio la regarda un moment avec attention puis poussa un grand soupir de satisfaction : Pinocchio looked at her thoughtfully for a moment, then sighed with satisfaction:

- Quel drôle d'air j'avais quand j'étais une marionnette ! - How funny I looked when I was a puppet! Et comme je suis content d'être devenu un vrai et bon petit garçon ! And how happy I am to have become a real, good little boy! FIN