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Les Aventures de Pinocchio, Chapitre 32

Chapitre 32

Ses oreilles ayant poussé, Pinocchio se met à braire comme un vrai petit âne.

Quelle fut cette mauvaise surprise ?

Je vais vous le dire, mes chers petits lecteurs. En se réveillant, Pinocchio se gratta la tête et c'est là qu'il découvrit que... Vous avez deviné, n'est-ce pas ? Il découvrit, à son grand étonnement, que ses oreilles avaient poussé au moins de la longueur d'une main. Vous vous rappelez que la marionnette avait toujours eu des oreilles si petites qu'on ne pouvait même pas les voir à l'œil nu. Imaginez donc la surprise de Pinocchio quand il se rendit compte que celles-ci s'étaient tellement allongées pendant la nuit qu'elles ressemblaient maintenant à deux écouvillons. Il chercha immédiatement un miroir pour se regarder. N'en trouvant pas, il remplit d'eau une cuvette pour la toilette et, se mirant dedans, vit ce qu'il n'aurait jamais voulu voir. C'est à dire sa propre image agrémentée d'une magnifique paire d'oreilles d'âne. Je vous laisse imaginer la souffrance, la honte et le désespoir du pauvre Pinocchio !

Il commença par pleurer, gémir et se cogner la tête contre le mur. Mais plus son désespoir grandissait, plus ses oreilles s'allongeaient et se recouvraient de poils. Alertée par ces cris aigus, une jolie petite marmotte qui habitait l'étage au-dessus entra dans la pièce. Voyant la grande agitation de la marionnette, elle lui demanda avec empressement :

- Que se passe-t-il, cher voisin ?

- Je suis malade, petite marmotte, très malade. Et malade d'une maladie qui me fait peur ! Tu sais prendre le pouls ?

- Un peu.

- Alors, dis-moi si j'ai de la fièvre. La marmotte prit le pouls de la marionnette avec l'une de ses pattes de devant et lui dit en soupirant : - Hélas, mon pauvre ami, j'ai une mauvaise nouvelle à te donner. - C'est à dire ? - Tu as une méchante et forte fièvre

- Mais de quelle sorte de fièvre s'agit-il ? - Tu as une fièvre de cheval, ou plutôt d'âne. - Je ne comprends rien à ce que tu dis – répliqua la marionnette qui avait trop bien compris.

- Je vais donc t'expliquer. Dans deux ou trois heures tu ne seras pas plus une marionnette qu'un petit garçon. - Et que serai-je ?

- D'ici deux heures ou trois tu deviendras un bourricot, un vrai, comme ceux qui tirent les carrioles ou portent choux et salades au marché. - Oh ! Pauvre de moi ! Pauvre de moi ! – hurla Pinocchio en saisissant ses oreilles à pleine main, tirant dessus et essayant de les arracher rageusement comme si ce n'étaient pas les siennes. - Mon ami – intervint la marmotte pour le calmer – que cherches-tu donc à faire? Tu n'y peux rien ! C'est le destin ! Il est prouvé scientifiquement que tous les enfants paresseux qui rejettent les livres, l'école et les maîtres, qui passent leurs journées à jouer et à se divertir, deviennent tôt ou tard des petits ânes. - C'est prouvé ? – questionna la marionnette en sanglotant.

- Hélas, oui ! Et désormais les pleurs sont inutiles. Il fallait y penser plus tôt.

- Mais ce n'est pas de ma faute, crois-moi, petite marmotte, c'est à cause de La Mèche ! - La Mèche ? Qui est-ce ?

- Un copain d'école. Moi, je voulais rentrer à la maison, je voulais être obéissant, je voulais étudier et me distinguer... Mais La Mèche m'a dit : « Pourquoi t'embêter à travailler ? Pourquoi aller en classe ? Viens plutôt avec nous au Pays des Jouets. Là-bas, on n'étudie pas, on s'amuse du matin au soir et on est toujours joyeux. - Pourquoi avoir suivi les conseils de ce faux ami, de ce mauvais compagnon ?

- Pourquoi ? Parce que, petite marmotte, je suis une marionnette sans cervelle... et sans cœur. Si au moins j'avais eu un peu de cœur, je n'aurais pas abandonné ma bonne fée qui m'aimait comme son propre enfant et qui a tant fait pour moi ! A cette heure, je ne serais plus une marionnette mais un vrai petit garçon, comme tous les autres. Oh ! Si jamais je rencontre La Mèche, gare à lui ! Je lui dirai ses quatre vérités.

Il fut sur le point de sortir mais, arrivé sur le pas de la porte, il se rappela qu'il avait des oreilles d'âne. Il avait honte de se montrer ainsi en public, mais que faire ? Il finit par prendre un bonnet de coton qu'il mit sur sa tête et enfonça jusqu'au nez. Ensuite, il partit à la recherche de La Mèche, décidé à le retrouver n'importe où. Il le chercha dans les rues, sur les places, dans les petits théâtres, mais il ne le trouva nulle part. Il eut beau demander à tous ceux qu'il croisait, personne ne l'avait vu. Alors il se rendit chez lui et frappa à sa porte.

- Qui est-ce ? – demanda La Mèche qui était là.

- C'est moi – répondit la marionnette. - Attends une minute ! Je vais t'ouvrir. Une demi-heure plus tard, la porte s'ouvrit. Et Pinocchio n'en revint pas : son ami La Mèche avait, lui aussi, un grand bonnet de coton qui lui descendait jusqu'au nez ! A la vue de cet accoutrement, la marionnette se sentit presque consolée et se dit :

« N'aurait-il pas attrapé la même maladie que moi ? N'aurait-il pas, lui aussi, la fièvre des ânes ? Faisant semblant de n'avoir rien remarqué, il lui demanda en souriant - Comment vas-tu, mon cher La Mèche ?

- Aussi bien qu'une souris dans une meule de gruyère. - Tu es sûr ?

- Pourquoi donc te mentirai-je ?

- Excuse-moi mais, dans ce cas, pourquoi portes-tu ce bonnet qui te couvre les oreilles ?

- Ordonnance du médecin parce que je me suis fait mal au genou. Et toi, ma vieille, pourquoi as-tu aussi un bonnet de coton qui te descend jusqu'au nez ? - Ordonnance du médecin parce que j'ai une écorchure au pied. - Pauvre Pinocchio !

- Pauvre La Mèche !

Un long silence s'ensuivit durant lequel les deux amis ne firent rien d'autre que de s'observer avec un sourire moqueur. Pinocchio fut le premier à reprendre le dialogue :

- Pardonne ma curiosité, mon cher La Mèche, mais as-tu jamais souffert des oreilles ?

- Jamais ! Et toi ?

- Jamais ! Pourtant, depuis ce matin, j'ai une oreille qui me fait mal. - Moi, c'est pareil. - Ah ! Toi aussi ? Et quelle oreille te fait mal, La Mèche ?

- Les deux, Pinocchio. Et toi ?

- Les deux. Ne s'agirait-il pas de la même maladie ? - J'ai bien peur que oui. - Veux-tu me faire plaisir, La Mèche ?

- Volontiers, Pinocchio.

- Alors, fais-moi voir tes oreilles.

- Pas de problème. Mais j'aimerais d'abord voir les tiennes, mon cher Pinocchio. - Non, non. Toi en premier.

- Mais non, cher ami ! Après toi !

- Bon, dans ce cas, je propose un arrangement – dit la marionnette.

- Voyons l'arrangement. - Enlevons nos bonnets en même temps. D'accord ? - D'accord. - Attention ! Je compte jusqu'à trois. Un ! Deux ! Trois !

A trois, les deux garçons arrachèrent leurs coiffes et les jetèrent en l'air. La scène qui suivit parait incroyable. Pourtant, elle est vraie. Découvrant qu'ils étaient l'un et l'autre atteints de la même maladie, Pinocchio et La Mèche, au lieu d'être mortifiés et de prendre un air désolé, se mirent à débiter mille grosses plaisanteries à propos de leurs longues oreilles et éclatèrent de rire. Longtemps ils se tordirent de rire mais La Mèche se tut tout à coup, changea de couleur, chancela et implora:

- Au secours, Pinocchio ! Aide-moi !

- Qu'est-ce qui t'arrive ? - Je ne peux plus tenir sur mes jambes.

- Mais moi non plus ! – cria Pinocchio titubant à son tour et fondant en larmes.

Leurs jambes plièrent et ils se retrouvèrent par terre à marcher sur les mains et sur les genoux. Et alors qu'ils faisaient ainsi le tour de la pièce, leurs bras se transformèrent en pattes, leurs visages s'allongèrent pour devenir museaux et leurs dos se couvrirent d'un pelage gris clair tacheté de noir. Pourtant, savez-vous quel moment fut le plus dur pour ces deux malheureux ? Le moment le plus dur, le plus humiliant pour eux, ce fut quand ils sentirent leur pousser une queue. Vaincus par la honte et la douleur, ils tentèrent alors, face à la cruauté de leur destin, de se plaindre et de gémir

Ils n'y parvinrent pas. Plaintes et gémissements ne furent que des braiments d'âne. Tous deux ne purent émettre que de bruyants « Hi-han ! Hi-han ! Hi-han ! ».

Et c'est juste à ce moment-là que l'on frappa à la porte et qu'une voix ordonna : - Ouvrez ! Je suis le petit homme, le charretier qui vous a amenés ici. Ouvrez immédiatement, sinon gare à vous !

Chapitre 32 Kapitel 32 Chapter 32 Capítulo 32 Rozdział 32 Capítulo 32 Глава 32

Ses oreilles ayant poussé, Pinocchio se met à braire comme un vrai petit âne. His ears having grown, Pinocchio begins to bray like a real little donkey.

Quelle fut cette mauvaise surprise ? What was this bad surprise?

Je vais vous le dire, mes chers petits lecteurs. I will tell you, my dear little readers. Я расскажу вам, мои дорогие читатели. En se réveillant, Pinocchio se gratta la tête et c'est là qu'il découvrit que... When he woke up, Pinocchio scratched his head and that's when he discovered that... Vous avez deviné, n'est-ce pas ? You guessed, did not you? Il découvrit, à son grand étonnement, que ses oreilles avaient poussé au moins de la longueur d'une main. He discovered, to his astonishment, that his ears had grown at least the length of one hand. Vous vous rappelez que la marionnette avait toujours eu des oreilles si petites qu'on ne pouvait même pas les voir à l'œil nu. You remember the puppet always had ears so small you couldn't even see them with the naked eye. Imaginez donc la surprise de Pinocchio quand il se rendit compte que celles-ci s'étaient tellement allongées pendant la nuit qu'elles ressemblaient maintenant à deux écouvillons. Imagine Pinocchio's surprise when he realized that they had grown so long during the night that they now looked like two swabs. Il chercha immédiatement un miroir pour se regarder. He immediately looked for a mirror to look at himself. N'en trouvant pas, il remplit d'eau une cuvette pour la toilette et, se mirant dedans, vit ce qu'il n'aurait jamais voulu voir. Not finding any, he filled a basin with water and, mirroring himself, saw what he would never have liked to see. Не найдя ни одного, он наполнил водой унитаз и, заглянув в него, увидел то, что никогда не хотел увидеть. C'est à dire sa propre image agrémentée d'une magnifique paire d'oreilles d'âne. That is to say his own image embellished with a magnificent pair of donkey ears. Je vous laisse imaginer la souffrance, la honte et le désespoir du pauvre Pinocchio ! I let you imagine the suffering, the shame and the despair of poor Pinocchio!

Il commença par pleurer, gémir et se cogner la tête contre le mur. He started crying, moaning and banging his head against the wall. Mais plus son désespoir grandissait, plus ses oreilles s'allongeaient et se recouvraient de poils. But the more his despair grew, the more his ears grew longer and covered with hair. Alertée par ces cris aigus, une jolie petite marmotte qui habitait l'étage au-dessus entra dans la pièce. Alerted by these high-pitched cries, a pretty little groundhog who lived on the floor above entered the room. Voyant la grande agitation de la marionnette, elle lui demanda avec empressement : Seeing the great agitation of the puppet, she asked him eagerly:

- Que se passe-t-il, cher voisin ? - What's going on, dear neighbor?

- Je suis malade, petite marmotte, très malade. - I am sick, little groundhog, very sick. - Я болен, маленький сурок, очень болен. Et malade d'une maladie qui me fait peur ! And sick with a disease that scares me! Tu sais prendre le pouls ? You know how to take the pulse?

- Un peu. - A little.

- Alors, dis-moi si j'ai de la fièvre. - So tell me if I have a fever. - Так что скажите мне, нет ли у меня жара. La marmotte prit le pouls de la marionnette avec l'une de ses pattes de devant et lui dit en soupirant : The marmot took the pulse of the puppet with one of its front paws and said to him with a sigh: - Hélas, mon pauvre ami, j'ai une mauvaise nouvelle à te donner. - Alas, my poor friend, I have bad news to give you. - C'est à dire ? - That is to say ? - Tu as une méchante et forte fièvre - You have a nasty and high fever

- Mais de quelle sorte de fièvre s'agit-il ? - But what kind of fever is it? - Но о какой лихорадке идет речь? - Tu as une fièvre de cheval, ou plutôt d'âne. - You have a horse fever, or rather a donkey fever. - Je ne comprends rien à ce que tu dis – répliqua la marionnette qui avait trop bien compris. "I do not understand what you're saying," replied the puppet, who had understood too well.

- Je vais donc t'expliquer. - So I will explain to you. Dans deux ou trois heures tu ne seras pas plus une marionnette qu'un petit garçon. In two or three hours you will be no more a puppet than a little boy. - Et que serai-je ? - And what will I be?

- D'ici deux heures ou trois tu deviendras un bourricot, un vrai, comme ceux qui tirent les carrioles ou portent choux et salades au marché. - In two or three hours you will become a donkey, a real one, like those who pull carts or carry cabbages and lettuces to the market. - Через два-три часа вы станете настоящим ослом, как те, что тянут телеги или везут капусту и салат на рынок. - Oh ! Pauvre de moi ! Poor me! Pauvre de moi ! Poor me! – hurla Pinocchio en saisissant ses oreilles à pleine main, tirant dessus et essayant de les arracher rageusement comme si ce n'étaient pas les siennes. Pinocchio shouted, grabbing his ears with his full hand, tugging at them and trying to snatch them away angrily as if they were not his. - Mon ami – intervint la marmotte pour le calmer – que cherches-tu donc à faire? - My friend – the marmot intervened to calm him down – what are you trying to do? Tu n'y peux rien ! You can't help it! C'est le destin ! It's fate ! Il est prouvé scientifiquement que tous les enfants paresseux qui rejettent les livres, l'école et les maîtres, qui passent leurs journées à jouer et à se divertir, deviennent tôt ou tard des petits ânes. It is scientifically proven that all lazy children who reject books, school and teachers, who spend their days playing and having fun, sooner or later become little donkeys. Научно доказано, что все ленивые дети, отвергающие книги, школу и учителей, проводящие дни в играх и развлечениях, рано или поздно превращаются в маленьких осликов. - C'est prouvé ? - It's proven ? – questionna la marionnette en sanglotant. Asked the puppet, sobbing.

- Hélas, oui ! - Unfortunately, yes ! Et désormais les pleurs sont inutiles. And now crying is useless. Il fallait y penser plus tôt. You should have thought of that earlier.

- Mais ce n'est pas de ma faute, crois-moi, petite marmotte, c'est à cause de La Mèche ! - But it's not my fault, believe me, little groundhog, it's because of La Mèche! - La Mèche ? Qui est-ce ? Who is this ?

- Un copain d'école. - A school friend. Moi, je voulais rentrer à la maison, je voulais être obéissant, je voulais étudier et me distinguer... Mais La Mèche m'a dit : « Pourquoi t'embêter à travailler ? Me, I wanted to go home, I wanted to be obedient, I wanted to study and distinguish myself... But La Mèche said to me: “Why bother to work? Pourquoi aller en classe ? Why go to class? Viens plutôt avec nous au Pays des Jouets. Come with us to Toyland instead. Là-bas, on n'étudie pas, on s'amuse du matin au soir et on est toujours joyeux. There, we don't study, we have fun from morning to night and we are always happy. - Pourquoi avoir suivi les conseils de ce faux ami, de ce mauvais compagnon ? - Why did you follow the advice of this false friend, this bad companion?

- Pourquoi ? - Why? Parce que, petite marmotte, je suis une marionnette sans cervelle... et sans cœur. Because, little marmot, I am a brainless... and heartless puppet. Si au moins j'avais eu un peu de cœur, je n'aurais pas abandonné ma bonne fée qui m'aimait comme son propre enfant et qui a tant fait pour moi ! If at least I had had a little heart, I wouldn't have abandoned my good fairy who loved me like her own child and who did so much for me! A cette heure, je ne serais plus une marionnette mais un vrai petit garçon, comme tous les autres. At that hour, I would no longer be a puppet but a real little boy, like all the others. Oh ! Oh! Si jamais je rencontre La Mèche, gare à lui ! If I ever meet La Mèche, beware of him! Если я когда-нибудь встречу Ла Меша, берегитесь его! Je lui dirai ses quatre vérités. I will tell him his four truths.

Il fut sur le point de sortir mais, arrivé sur le pas de la porte, il se rappela qu'il avait des oreilles d'âne. He was about to leave, but when he reached the doorstep he remembered that he had donkey ears. Il avait honte de se montrer ainsi en public, mais que faire ? He was ashamed to show himself like this in public, but what to do? Il finit par prendre un bonnet de coton qu'il mit sur sa tête et enfonça jusqu'au nez. He ended up taking a cotton cap, which he put on his head and drove to the nose. Ensuite, il partit à la recherche de La Mèche, décidé à le retrouver n'importe où. Then, he went in search of La Mèche, determined to find him anywhere. Il le chercha dans les rues, sur les places, dans les petits théâtres, mais il ne le trouva nulle part. He looked for him in the streets, in the squares, in the little theatres, but he found him nowhere. Il eut beau demander à tous ceux qu'il croisait, personne ne l'avait vu. No matter how much he asked everyone he met, no one had seen him. Alors il se rendit chez lui et frappa à sa porte. So he went to his house and knocked on his door.

- Qui est-ce ? - Who is it? – demanda La Mèche qui était là. - asked La Mèche, who was standing by.

- C'est moi – répondit la marionnette. - It's me - replied the puppet. - Attends une minute ! - Wait a minute ! Je vais t'ouvrir. I'll open it for you. Une demi-heure plus tard, la porte s'ouvrit. Half an hour later, the door opened. Et Pinocchio n'en revint pas : son ami La Mèche avait, lui aussi, un grand bonnet de coton qui lui descendait jusqu'au nez ! And Pinocchio couldn't believe it: his friend La Mèche also had a big cotton cap that came down to his nose! A la vue de cet accoutrement, la marionnette se sentit presque consolée et se dit : At the sight of this accoutrement, the puppet felt almost consoled and said to herself:

« N'aurait-il pas attrapé la même maladie que moi ? “Couldn't he have caught the same disease as me? N'aurait-il pas, lui aussi, la fièvre des ânes ? Wouldn't he also have donkey fever? Faisant semblant de n'avoir rien remarqué, il lui demanda en souriant Pretending not to have noticed anything, he asked her with a smile - Comment vas-tu, mon cher La Mèche ? - How are you, my dear La Mèche?

- Aussi bien qu'une souris dans une meule de gruyère. - As good as a mouse in a cheese wheel. - Tu es sûr ? - Are you sure?

- Pourquoi donc te mentirai-je ? - So why would I lie to you?

- Excuse-moi mais, dans ce cas, pourquoi portes-tu ce bonnet qui te couvre les oreilles ? - Excuse me, but then why are you wearing that hat covering your ears?

- Ordonnance du médecin parce que je me suis fait mal au genou. - Doctor's prescription because I hurt my knee. Et toi, ma vieille, pourquoi as-tu aussi un bonnet de coton qui te descend jusqu'au nez ? And you, old lady, why do you also have a cotton cap that goes down to your nose? - Ordonnance du médecin parce que j'ai une écorchure au pied. - Doctor's prescription because I have a scratch on my foot. - Pauvre Pinocchio ! - Poor Pinocchio!

- Pauvre La Mèche !

Un long silence s'ensuivit durant lequel les deux amis ne firent rien d'autre que de s'observer avec un sourire moqueur. A long silence ensued during which the two friends did nothing but look at each other with a mocking smile. Pinocchio fut le premier à reprendre le dialogue : Pinocchio was the first to resume the dialogue:

- Pardonne ma curiosité, mon cher La Mèche, mais as-tu jamais souffert des oreilles ? - Pardon my curiosity, my dear La Mèche, but have you ever suffered from earache?

- Jamais ! - Never! Et toi ? What about you?

- Jamais ! Pourtant, depuis ce matin, j'ai une oreille qui me fait mal. However, since this morning, I have an ear that hurts me. - Moi, c'est pareil. - It's the same for me. - Ah ! Toi aussi ? You too? Et quelle oreille te fait mal, La Mèche ? And which ear is hurting you, La Mèche?

- Les deux, Pinocchio. - Both, Pinocchio. Et toi ? What about you?

- Les deux. - Both. Ne s'agirait-il pas de la même maladie ? Could it be the same disease? - J'ai bien peur que oui. - I'm afraid so. - Veux-tu me faire plaisir, La Mèche ? - Do you want to please me, La Mèche?

- Volontiers, Pinocchio. - Gladly, Pinocchio.

- Alors, fais-moi voir tes oreilles. - So let me see your ears.

- Pas de problème. - No problem. Mais j'aimerais d'abord voir les tiennes, mon cher Pinocchio. But I would like to see yours first, my dear Pinocchio. - Non, non. Toi en premier. You first.

- Mais non, cher ami ! - But no, dear friend! Après toi ! After you !

- Bon, dans ce cas, je propose un arrangement – dit la marionnette. - Well, in this case, I propose an arrangement – said the puppet.

- Voyons l'arrangement. - Let's see the arrangement. - Enlevons nos bonnets en même temps. - Let's take off our caps at the same time. D'accord ? Do you agree? - D'accord. - All right. - Attention ! Je compte jusqu'à trois. I count to three. Un ! Deux ! Trois !

A trois, les deux garçons arrachèrent leurs coiffes et les jetèrent en l'air. At three, the two boys ripped off their caps and threw them in the air. La scène qui suivit parait incroyable. The scene that followed seemed incredible. Pourtant, elle est vraie. Yet it is true. Découvrant qu'ils étaient l'un et l'autre atteints de la même maladie, Pinocchio et La Mèche, au lieu d'être mortifiés et de prendre un air désolé, se mirent à débiter mille grosses plaisanteries à propos de leurs longues oreilles et éclatèrent de rire. Discovering that they were both suffering from the same disease, Pinocchio and La Mèche, instead of being mortified and looking sorry, began to tell a thousand big jokes about their long ears and burst out laughing. Longtemps ils se tordirent de rire mais La Mèche se tut tout à coup, changea de couleur, chancela et implora: They laughed for a long time, but La Mèche suddenly fell silent, changed color, staggered and implored:

- Au secours, Pinocchio ! - Help, Pinocchio! Aide-moi ! Help me !

- Qu'est-ce qui t'arrive ? - What's wrong ? - Что с тобой? - Je ne peux plus tenir sur mes jambes. - I can't stand on my legs anymore.

- Mais moi non plus ! - But neither do I! – cria Pinocchio titubant à son tour et fondant en larmes. – cried Pinocchio, staggering in his turn and bursting into tears.

Leurs jambes plièrent et ils se retrouvèrent par terre à marcher sur les mains et sur les genoux. Their legs bent and they found themselves on the ground walking on their hands and knees. Et alors qu'ils faisaient ainsi le tour de la pièce, leurs bras se transformèrent en pattes, leurs visages s'allongèrent pour devenir museaux et leurs dos se couvrirent d'un pelage gris clair tacheté de noir. And as they walked around the room, their arms turned into legs, their faces elongated into snouts, and their backs were covered in light gray fur speckled with black. Pourtant, savez-vous quel moment fut le plus dur pour ces deux malheureux ? However, do you know what moment was the hardest for these two unfortunates? Le moment le plus dur, le plus humiliant pour eux, ce fut quand ils sentirent leur pousser une queue. The hardest, most humiliating moment for them was when they felt their cocks grow. Самым тяжелым и унизительным для них был момент, когда они почувствовали, что из них растет хвост. Vaincus par la honte et la douleur, ils tentèrent alors, face à la cruauté de leur destin, de se plaindre et de gémir Overcome by shame and pain, they tried then, faced with the cruelty of their destiny, to complain and moan Преодолевая стыд и боль, они пытались, глядя на жестокость своей судьбы, жаловаться и стонать

Ils n'y parvinrent pas. They did not succeed. Plaintes et gémissements ne furent que des braiments d'âne. Complaints and groans were nothing but donkey brays. Tous deux ne purent émettre que de bruyants « Hi-han ! Both could only emit loud "Hi-han!" Hi-han ! Hi-han! Hi-han ! ». ".

Et c'est juste à ce moment-là que l'on frappa à la porte et qu'une voix ordonna : And it was just then that there was a knock on the door and a voice ordered: - Ouvrez ! - Open! Je suis le petit homme, le charretier qui vous a amenés ici. I am the little man, the carter who brought you here. Ouvrez immédiatement, sinon gare à vous ! Open immediately, otherwise beware of you!