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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 28. Où il est prouvé qu’on ne pense pas toujours à tout

Chapitre 28. Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout

Chapitre 28. Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout Gros émoi, murmures, bravos ! Maître Henri-Robert déposa des conclusions tendant à ce que l'affaire fût renvoyée à une autre session pour supplément d'instruction ; le ministère public lui- même s'y associa. L'affaire fut renvoyée. Le lendemain, M. Robert Darzac était remis en liberté provisoire, et le père Mathieu bénéficiait « d'un non-lieu » immédiat. On chercha vainement Frédéric Larsan. La preuve de l'innocence était faite. M. Darzac échappa enfin à l'affreuse calamité qui l'avait, un instant, menacé, et il put espérer, après une visite à Mlle Stangerson, que celle-ci recouvrerait un jour, à force de soins assidus, la raison. Quant à ce gamin de Rouletabille, il fut, naturellement, « l'homme du jour » ! À sa sortie du palais de Versailles, la foule l'avait porté en triomphe. Les journaux du monde entier publièrent ses exploits et sa photographie ; et lui, qui avait tant interviewé d'illustres personnages, fut illustre et interviewé à son tour ! Je dois dire qu'il ne s'en montra pas plus fier pour ça ! Nous revînmes de Versailles ensemble, après avoir dîné fort gaiement au « Chien qui fume ». Dans le train, je commençai à lui poser un tas de questions qui, pendant le repas, s'étaient pressées déjà sur mes lèvres et que j'avais tues toutefois parce que je savais que Rouletabille n'aimait pas travailler en mangeant. « Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout à fait sublime et digne de votre cerveau héroïque. Ici il m'arrêta, m'invitant à parler plus simplement et prétendant qu'il ne se consolerait jamais de voir qu'une aussi belle intelligence que la mienne était prête à tomber dans le gouffre hideux de la stupidité, et cela simplement à cause de l'admiration que j'avais pour lui... « Je viens au fait, fis-je, un peu vexé. Tout ce qui vient de se passer ne m'apprend point du tout ce que vous êtes allé faire en Amérique. Si je vous ai bien compris : quand vous êtes parti la dernière fois du Glandier, vous aviez tout deviné de Frédéric Larsan ? ... Vous saviez que Larsan était l'assassin et vous n'ignoriez plus rien de la façon dont il avait tenté d'assassiner ? — Parfaitement. Et vous, fit-il, en détournant la conversation, vous ne vous doutiez de rien ?

— De rien !

— C'est incroyable. — Mais, mon ami... vous avez eu bien soin de me dissimuler votre pensée et je ne vois point comment je l'aurais pénétrée... Quand je suis arrivé au Glandier avec les revolvers, « à ce moment précis », vous soupçonniez déjà Larsan ? — Oui ! Je venais de tenir le raisonnement de la « galerie inexplicable ! » mais le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson ne m'avait pas encore été expliqué par la découverte du binocle de presbyte... Enfin, mon soupçon n'était que mathématique, et l'idée de Larsan assassin m'apparaissait si formidable que j'étais résolu à attendre des « traces sensibles » avant d'oser m'y arrêter davantage. Tout de même cette idée me tracassait, et j'avais parfois une façon de vous parler du policier qui eût dû vous mettre en éveil. D'abord je ne mettais plus du tout en avant « sa bonne foi » et je ne vous disais plus « qu'il se trompait ». Je vous entretenais de son système comme d'un misérable système, et le mépris que j'en marquais, qui s'adressait dans votre esprit au policier, s'adressait en réalité, dans le mien, moins au policier qu'au bandit que je le soupçonnais d'être !... Rappelez-vous... quand je vous énumérais toutes les preuves qui s'accumulaient contre M. Darzac, je vous disais : « Tout cela semble donner quelque corps à l'hypothèse du grand Fred. C'est, du reste, cette hypothèse, que je crois fausse, qui l'égarera... » et j'ajoutais sur un ton qui eût dû vous stupéfier : « Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric Larsan ? Voilà ! Voilà ! Voilà ! ... »

Ces « voilà ! » eussent dû vous donner à réfléchir ; il y avait tout mon soupçon dans ces « Voilà ! » Et que signifiait : « égare-t-elle réellement ? » sinon qu'elle pouvait ne pas l'égarer, lui, mais qu'elle était destinée à nous égarer, nous ! Je vous regardais à ce moment et vous n'avez pas tressailli, vous n'avez pas compris... J'en ai été enchanté, car, jusqu'à la découverte du binocle, je ne pouvais considérer le crime de Larsan que comme une absurde hypothèse... Mais, après la découverte du binocle qui m'expliquait le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson... voyez ma joie, mes transports... Oh ! Je me souviens très bien ! Je courais comme un fou dans ma chambre et je vous criais : « Je roulerai le grand Fred ! je le roulerai d'une façon retentissante ! » Ces paroles s'adressaient alors au bandit. Et, le soir même, quand, chargé par M. Darzac de surveiller la chambre de Mlle Stangerson, je me bornai jusqu'à dix heures du soir à dîner avec Larsan sans prendre aucune mesure autre, tranquille parce qu'il était là, en face de moi ! à ce moment encore, cher ami, vous auriez pu soupçonner que c'était seulement cet homme-là que je redoutais... Et quand je vous disais, au moment où nous parlions de l'arrivée prochaine de l'assassin : « Oh ! je suis bien sûr que Frédéric Larsan sera là cette nuit ! ... »

« Mais il y a une chose capitale qui eût pu, qui eût dû nous éclairer tout à fait et tout de suite sur le criminel, une chose qui nous dénonçait Frédéric Larsan et que nous avons laissée échapper, vous et moi ! ...

« Auriez-vous donc oublié l'histoire de la canne ? « Oui, en dehors du raisonnement qui, pour tout « esprit logique », dénonçait Larsan, il y avait l'« histoire de la canne »qui le dénonçait à tout « esprit observateur ». « J'ai été tout à fait étonné — apprenez-le donc — qu'à l'instruction, Larsan ne se fût pas servi de la canne contre M. Darzac. Est-ce que cette canne n'avait pas été achetée le soir du crime par un homme dont le signalement répondait à celui de M. Darzac ? Eh bien, tout à l'heure, j'ai demandé à Larsan lui-même, avant qu'il prît le train pour disparaître, je lui ai demandé pourquoi il n'avait pas usé de la canne. Il m'a répondu qu'il n'en avait jamais eu l'intention ; que, dans sa pensée, il n'avait jamais rien imaginé contre M. Darzac avec cette canne et que nous l'avions fort embarrassé, le soir du cabaret d'Épinay, en lui prouvant qu'il nous mentait ! Vous savez qu'il disait qu'il avait eu cette canne à Londres ; or, la marque attestait qu'elle était de Paris ! Pourquoi, à ce moment, au lieu de penser : « Fred ment ; il était à Londres ; il n'a pas pu avoir cette canne de Paris, à Londres ? » ; Pourquoi ne nous sommes-nous pas dit : « Fred ment. Il n'était pas à Londres, puisqu'il a acheté cette canne à Paris ! » Fred menteur, Fred à Paris, au moment du crime ! C'est un point de départ de soupçon, cela ! Et quand, après votre enquête chez Cassette, vous nous apprenez que cette canne a été achetée par un homme qui est habillé comme M. Darzac, alors que nous sommes sûrs, d'après la parole de M. Darzac lui-même, que ce n'est pas lui qui a acheté cette canne, alors que nous sommes sûrs, grâce à l'histoire du bureau de poste 40, qu'il y a à Paris un homme qui prend la silhouette Darzac, alors que nous nous demandons quel est donc cet homme qui, déguisé en Darzac, se présente le soir du crime chez Cassette pour acheter une canne que nous retrouvons entre les mains de Fred, comment ? comment ? comment ne nous sommes-nous pas dit un instant : « Mais... mais... mais... cet inconnu déguisé en Darzac qui achète une canne que Fred a entre les mains, ... si c'était... si c'était... Fred lui-même ? ... »

Certes, sa qualité d'agent de la Sûreté n'était point propice à une pareille hypothèse ; mais, quand nous avions constaté l'acharnement avec lequel Fred accumulait les preuves contre Darzac, la rage avec laquelle il poursuivait le malheureux... nous aurions pu être frappés par un mensonge de Fred aussi important que celui qui le faisait entrer en possession, à Paris, d'une canne qu'il ne pouvait avoir eue à Londres . Même, s'il l'avait trouvée à Paris, le mensonge de Londres n'en existait pas moins. Tout le monde le croyait à Londres, même ses chefs et il achetait une canne à Paris ! Maintenant, comment se faisait-il que, pas une seconde, il n'en usa comme d'une canne trouvée autour de M. Darzac ! C'est bien simple ! C'est tellement simple que nous n'y avons pas pensé... Larsan l'avait achetée, après avoir été blessé légèrement à la main par la balle de Mlle Stangerson, uniquement pour avoir un maintien, pour avoir toujours la main refermée, pour n'être point tenté d'ouvrir la main et de montrer sa blessure intérieure ? Comprenez-vous ? ... Voilà ce qu'il m'a dit, Larsan, et je me rappelle vous avoir répété souvent combien je trouvais bizarre « que sa main ne quittât pas cette canne ». À table, quand je dînais avec lui, il n'avait pas plutôt quitté cette canne qu'il s'emparait d'un couteau dont sa main droite ne se séparait plus. Tous ces détails me sont revenus quand mon idée se fût arrêtée sur Larsan, c'est-à-dire trop tard pour qu'ils me fussent d'un quelconque secours. C'est ainsi que, le soir où Larsan a simulé devant nous le sommeil, je me suis penché sur lui et, très habilement, j'ai pu voir, sans qu'il s'en doutât, dans sa main. Il ne s'y trouvait plus qu'une bande légère de taffetas qui dissimulait ce qui restait d'une blessure légère. Je constatai qu'il eût pu prétendre à ce moment que cette blessure lui avait été faite par toute autre chose qu'une balle de revolver. Tout de même, pour moi, à cette heure-là, c'était un nouveau signe extérieur qui entrait dans le cercle de mon raisonnement. La balle, m'a dit tout à l'heure Larsan, n'avait fait que lui effleurer la paume et avait déterminé une assez abondante hémorragie. « Si nous avions été plus perspicaces, au moment du mensonge de Larsan, et plus... dangereux... il est certain que celui-ci eût sorti, pour détourner les soupçons, l'histoire que nous avions imaginée pour lui, l'histoire de la découverte de la canne autour de Darzac ; mais les événements se sont tellement précipités que nous n'avons plus pensé à la canne ! Tout de même nous l'avons fort ennuyé, Larsan-Ballmeyer, sans que nous nous en doutions ! — Mais, interrompis-je, s'il n'avait aucune intention, en achetant la canne, contre Darzac, pourquoi avait-il alors la silhouette Darzac ? Le pardessus mastic ? Le melon ? Etc.

— Parce qu'il arrivait du crime et qu'aussitôt le crime commis, il avait repris le déguisement Darzac qui l'a toujours accompagné dans son oeuvre criminelle dans l'intention que vous savez ! « Mais déjà, vous pensez bien, sa main blessée l'ennuyait et il eut, en passant avenue de l'Opéra, l'idée d'acheter une canne, idée qu'il réalisa sur-le-champ ! ... Il était huit heures ! Un homme, avec la silhouette Darzac, qui achète une canne que je trouve dans les mains de Larsan ! ... Et moi, moi qui avais deviné que le drame avait déjà eu lieu à cette heure-là, qu'il venait d'avoir lieu, qui étais à peu près persuadé de l'innocence de Darzac je ne soupçonne pas Larsan ! ... il y a des moments...

— Il y a des moments, fis-je, où les plus vastes intelligences... »

Rouletabille me ferma la bouche... Et comme je l'interrogeais encore, je m'aperçus qu'il ne m'écoutait plus... Rouletabille dormait. J'eus toutes les peines du monde à le tirer de son sommeil quand nous arrivâmes à Paris.


Chapitre 28. Chapter 28. Proving that we don't always think of everything Capítulo 28. A prova de que nem sempre pensamos em tudo Глава 28. Доказательство того, что мы не всегда думаем обо всем Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout

Chapitre 28. Chapter 28. Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout Where it is proven that we do not always think of everything Gros émoi, murmures, bravos ! Big excitement, whispers, bravos! Maître Henri-Robert déposa des conclusions tendant à ce que l'affaire fût renvoyée à une autre session pour supplément d'instruction ; le ministère public lui- même s'y associa. Maître Henri-Robert filed conclusions tending that the case be referred to another session for further investigation; the public ministry itself joined in. Maître Henri-Robert apresentou conclusões tendendo a ter o assunto adiado para outra sessão para investigação posterior; a própria acusação aderiu. L'affaire fut renvoyée. Le lendemain, M. Robert Darzac était remis en liberté provisoire, et le père Mathieu bénéficiait « d'un non-lieu » immédiat. The following day, Mr. Robert Darzac was released on bail, and Father Mathieu had immediate "dismissal". No dia seguinte, o Sr. Robert Darzac foi libertado sob fiança e o Padre Mathieu foi imediatamente despedido. On chercha vainement Frédéric Larsan. We searched in vain for Frédéric Larsan. La preuve de l'innocence était faite. The proof of innocence was made. M. Darzac échappa enfin à l'affreuse calamité qui l'avait, un instant, menacé, et il put espérer, après une visite à Mlle Stangerson, que celle-ci recouvrerait un jour, à force de soins assidus, la raison. M. Darzac at last escaped the dreadful calamity which had threatened him for a moment, and he could hope, after a visit to Mlle. Stangerson, that she would one day recover, by dint of assiduous care, her sanity. Quant à ce gamin de Rouletabille, il fut, naturellement, « l'homme du jour » ! As for this kid from Rouletabille, he was, of course, "the man of the day"! À sa sortie du palais de Versailles, la foule l'avait porté en triomphe. When he left the Palace of Versailles, the crowd had carried him in triumph. Les journaux du monde entier publièrent ses exploits et sa photographie ; et lui, qui avait tant interviewé d'illustres personnages, fut illustre et interviewé à son tour ! Newspapers around the world published his exploits and his photography; and he, who had interviewed so many illustrious characters, was illustrious and interviewed in his turn! Je dois dire qu'il ne s'en montra pas plus fier pour ça ! I must say, he wasn't any prouder for it! Devo dizer que ele não ficou mais orgulhoso disso por isso! Nous revînmes de Versailles ensemble, après avoir dîné fort gaiement au « Chien qui fume ». We returned from Versailles together, after having dined very gaily at the "Chien qui fume". Dans le train, je commençai à lui poser un tas de questions qui, pendant le repas, s'étaient pressées déjà sur mes lèvres et que j'avais tues toutefois parce que je savais que Rouletabille n'aimait pas travailler en mangeant. In the train, I began to ask him a bunch of questions which, during the meal, had already pressed on my lips and which I had however kept quiet because I knew that Rouletabille did not like to work while eating. « Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout à fait sublime et digne de votre cerveau héroïque. “My friend,” I said, “this Larsan affair is quite sublime and worthy of your heroic brain. Ici il m'arrêta, m'invitant à parler plus simplement et prétendant qu'il ne se consolerait jamais de voir qu'une aussi belle intelligence que la mienne était prête à tomber dans le gouffre hideux de la stupidité, et cela simplement à cause de l'admiration que j'avais pour lui... Here he stopped me, inviting me to speak more simply and claiming that he would never be consoled to see that such a beautiful intelligence as mine was ready to fall into the hideous abyss of stupidity, and that simply because of the admiration I had for him ... Aqui ele me interrompeu, convidando-me a falar com mais simplicidade e alegando que jamais se consolaria ao ver que uma inteligência tão bela como a minha estava prestes a cair no abismo hediondo da estupidez, e que simplesmente pela admiração que eu tinha por ele ... « Je viens au fait, fis-je, un peu vexé. "I'm coming to the point," I said, a little annoyed. Tout ce qui vient de se passer ne m'apprend point du tout ce que vous êtes allé faire en Amérique. Everything that has just happened does not tell me at all what you went to do in America. Si je vous ai bien compris : quand vous êtes parti la dernière fois du Glandier, vous aviez tout deviné de Frédéric Larsan ? If I understood you correctly: when you left Le Glandier the last time, you guessed everything about Frédéric Larsan? ... Vous saviez que Larsan était l'assassin et vous n'ignoriez plus rien de la façon dont il avait tenté d'assassiner ? ... Did you know Larsan was the assassin and you were no longer unaware of the way he attempted to assassinate? — Parfaitement. - Perfectly. Et vous, fit-il, en détournant la conversation, vous ne vous doutiez de rien ? And you, he said, turning the conversation aside, did you suspect a thing?

— De rien !

— C'est incroyable. — Mais, mon ami... vous avez eu bien soin de me dissimuler votre pensée et je ne vois point comment je l'aurais pénétrée... Quand je suis arrivé au Glandier avec les revolvers, « à ce moment précis », vous soupçonniez déjà Larsan ? - But, my friend ... you were very careful to conceal your thought from me and I do not see how I would have penetrated it ... When I arrived at the Glandier with the revolvers, "at this precise moment", you already suspected Larsan? - Mas, meu amigo ... você teve muito cuidado em esconder seu pensamento de mim e não vejo como eu o teria penetrado ... Quando cheguei ao Glandier com os revólveres, "neste preciso momento", você já suspeitou de Larsan? — Oui ! Je venais de tenir le raisonnement de la « galerie inexplicable ! I had just taken the reasoning of the "inexplicable gallery!" » mais le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson ne m'avait pas encore été expliqué par la découverte du binocle de presbyte... Enfin, mon soupçon n'était que mathématique, et l'idée de Larsan assassin m'apparaissait si formidable que j'étais résolu à attendre des « traces sensibles » avant d'oser m'y arrêter davantage. But the return of Larsan to Miss Stangerson's room had not yet been explained to me by the discovery of the presbyopic lens ... Finally, my suspicion was only mathematical, and the idea of Larsan as an assassin appeared to me. so formidable that I was determined to wait for "sensitive traces" before daring to stop there further. »Mas o retorno de Larsan ao quarto da Srta. Stangerson ainda não havia sido explicado para mim pela descoberta das lentes presbiópicas ... Finalmente, minha suspeita era apenas matemática, e a ideia do assassino de Larsan me pareceu tão formidável que Eu estava determinado a esperar por "rastros sensíveis" antes de ousar parar por aí. Tout de même cette idée me tracassait, et j'avais parfois une façon de vous parler du policier qui eût dû vous mettre en éveil. All the same this idea bothered me, and I sometimes had a way of talking to you about the policeman who should have put you on the alert. Mesmo assim, essa ideia me incomodava, e às vezes eu tinha um jeito de falar com você sobre o policial que deveria ter colocado você em alerta. D'abord je ne mettais plus du tout en avant « sa bonne foi » et je ne vous disais plus « qu'il se trompait ». First I no longer put "his good faith" at all and I no longer told you "he was wrong". Em primeiro lugar, deixei de apresentar “a sua boa fé” de forma alguma e já não vos disse “que se enganava”. Je vous entretenais de son système comme d'un misérable système, et le mépris que j'en marquais, qui s'adressait dans votre esprit au policier, s'adressait en réalité, dans le mien, moins au policier qu'au bandit que je le soupçonnais d'être !... I talked to you about his system as a miserable system, and the contempt I marked for it, which was addressed in your mind to the policeman, was actually addressed, in mine, less to the policeman than to the bandit than I suspected him to be! ... Falei-vos do sistema dele como de um sistema miserável, e o desprezo que demonstrei por ele, que em sua mente era dirigido ao policial, era na verdade, na minha, dirigido menos ao policial do que ao bandido do que ao policial. Suspeitei que fosse! ... Rappelez-vous... quand je vous énumérais toutes les preuves qui s'accumulaient contre M. Darzac, je vous disais : « Tout cela semble donner quelque corps à l'hypothèse du grand Fred. Remember ... when I enumerated all the evidence that was accumulating against Mr. Darzac, I said to you: "All this seems to give some substance to the hypothesis of the great Fred. C'est, du reste, cette hypothèse, que je crois fausse, qui l'égarera... » et j'ajoutais sur un ton qui eût dû vous stupéfier : « Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric Larsan ? It is, moreover, this hypothesis, which I believe false, which will lead him astray ... "and I added in a tone which should have amazed you:" Now, does this hypothesis really mislead Frédéric Larsan? É, aliás, essa hipótese, que considero falsa, que o enganará ... ”e acrescentei em um tom que deveria tê-lo espantado:“ Ora, essa hipótese realmente engana Frédéric Larsan? Voilà ! Voilà ! Voilà ! ... »

Ces « voilà ! » eussent dû vous donner à réfléchir ; il y avait tout mon soupçon dans ces « Voilà ! Should have given you food for thought; there was all my suspicion in these "Here! Deveria ter lhe dado o que pensar; havia toda a minha suspeita nesses "Pronto!" » Et que signifiait : « égare-t-elle réellement ? And what did it mean: "does it really lead astray?" » sinon qu'elle pouvait ne pas l'égarer, lui, mais qu'elle était destinée à nous égarer, nous ! If not that she could not lead him astray, but that she was destined to lead us astray! Je vous regardais à ce moment et vous n'avez pas tressailli, vous n'avez pas compris... J'en ai été enchanté, car, jusqu'à la découverte du binocle, je ne pouvais considérer le crime de Larsan que comme une absurde hypothèse... Mais, après la découverte du binocle qui m'expliquait le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson... voyez ma joie, mes transports... Oh ! I was looking at you at that moment and you did not start, you did not understand ... I was delighted by it, because, until the discovery of the binocular, I could only consider Larsan's crime as an absurd assumption ... But, after the discovery of the binocular that explained Larsan's return to me in Miss Stangerson's room ... see my joy, my transport ... Oh! Je me souviens très bien ! I remember very well ! Je courais comme un fou dans ma chambre et je vous criais : « Je roulerai le grand Fred ! I was running like crazy in my room and I was shouting to you: "I will ride the big Fred!" je le roulerai d'une façon retentissante ! I will roll it in a resounding way! Vou rolar de forma retumbante! » Ces paroles s'adressaient alors au bandit. These words were addressed to the bandit. Et, le soir même, quand, chargé par M. Darzac de surveiller la chambre de Mlle Stangerson, je me bornai jusqu'à dix heures du soir à dîner avec Larsan sans prendre aucune mesure autre, tranquille parce qu'il était là, en face de moi ! And that very evening, when, instructed by M. Darzac to watch Mlle Stangerson's room, I confined myself until ten in the evening to dine with Larsan without taking any other measure, quiet because he was there, in front of me! à ce moment encore, cher ami, vous auriez pu soupçonner que c'était seulement cet homme-là que je redoutais... Et quand je vous disais, au moment où nous parlions de l'arrivée prochaine de l'assassin : « Oh ! at that moment again, dear friend, you might have suspected that it was only this man that I dreaded ... And when I said to you, as we spoke of the imminent arrival of the assassin: "Oh ! je suis bien sûr que Frédéric Larsan sera là cette nuit ! I'm sure Frédéric Larsan will be there tonight! ... »

« Mais il y a une chose capitale qui eût pu, qui eût dû nous éclairer tout à fait et tout de suite sur le criminel, une chose qui nous dénonçait Frédéric Larsan et que nous avons laissée échapper, vous et moi ! "But there is one capital thing which could have, which should have enlightened us completely and immediately on the criminal, something which denounced Frédéric Larsan to us and which we let slip, you and me!" ...

« Auriez-vous donc oublié l'histoire de la canne ? "Have you forgotten the story of the cane? « Oui, en dehors du raisonnement qui, pour tout « esprit logique », dénonçait Larsan, il y avait l'« histoire de la canne »qui le dénonçait à tout « esprit observateur ». "Yes, apart from the reasoning which denounced Larsan for any" logical mind ", there was the" story of the cane "which denounced it to any" observing mind ". “Sim, além do raciocínio que, para qualquer 'mente lógica' denunciava Larsan, havia a 'história da bengala' que a denunciava a qualquer 'mente observadora'. « J'ai été tout à fait étonné — apprenez-le donc — qu'à l'instruction, Larsan ne se fût pas servi de la canne contre M. Darzac. “I was completely astonished - learn it then - that at the instruction, Larsan would not have used the cane against M. Darzac. Est-ce que cette canne n'avait pas été achetée le soir du crime par un homme dont le signalement répondait à celui de M. Darzac ? Wasn't that cane bought on the evening of the crime by a man whose description corresponded to that of Mr. Darzac? Não foi esta bengala comprada na noite do crime por um homem cuja descrição correspondia à do Sr. Darzac? Eh bien, tout à l'heure, j'ai demandé à Larsan lui-même, avant qu'il prît le train pour disparaître, je lui ai demandé pourquoi il n'avait pas usé de la canne. Well, earlier I asked Larsan himself, before he took the train to disappear, I asked him why he hadn't used the cane. Il m'a répondu qu'il n'en avait jamais eu l'intention ; que, dans sa pensée, il n'avait jamais rien imaginé contre M. Darzac avec cette canne et que nous l'avions fort embarrassé, le soir du cabaret d'Épinay, en lui prouvant qu'il nous mentait ! He replied that he never intended to; that, in his mind, he had never imagined anything against M. Darzac with this cane and that we had greatly embarrassed him, the evening of the cabaret of Épinay, by showing him that he was lying to us! Vous savez qu'il disait qu'il avait eu cette canne à Londres ; or, la marque attestait qu'elle était de Paris ! You know he said he had this cane in London; however, the brand attested that it was from Paris! Pourquoi, à ce moment, au lieu de penser : « Fred ment ; il était à Londres ; il n'a pas pu avoir cette canne de Paris, à Londres ? Why, then, instead of thinking, “Fred is lying; he was in London; he couldn't have had this cane from Paris, in London? » ; Pourquoi ne nous sommes-nous pas dit : « Fred ment. "; Why didn't we say, "Fred is lying. Il n'était pas à Londres, puisqu'il a acheté cette canne à Paris ! He was not in London, since he bought this cane in Paris! » Fred menteur, Fred à Paris, au moment du crime ! »Fred liar, Fred in Paris, at the time of the crime! »Fred mentiroso, Fred em Paris, na hora do crime! C'est un point de départ de soupçon, cela ! It is a starting point of suspicion, that! Et quand, après votre enquête chez Cassette, vous nous apprenez que cette canne a été achetée par un homme qui est habillé comme M. Darzac, alors que nous sommes sûrs, d'après la parole de M. Darzac lui-même, que ce n'est pas lui qui a acheté cette canne, alors que nous sommes sûrs, grâce à l'histoire du bureau de poste 40, qu'il y a à Paris un homme qui prend la silhouette Darzac, alors que nous nous demandons quel est donc cet homme qui, déguisé en Darzac, se présente le soir du crime chez Cassette pour acheter une canne que nous retrouvons entre les mains de Fred, comment ? And when, after your investigation at Cassette, you tell us that this cane was bought by a man who is dressed like Mr. Darzac, while we are sure, according to the words of Mr. Darzac himself, that this it is not he who bought this cane, whereas we are sure, thanks to the history of the post office 40, that there is in Paris a man who takes the Darzac silhouette, whereas we wonder what is So this man who, disguised as Darzac, shows up on the night of the crime at Cassette to buy a cane that we find in Fred's hands, how? comment ? comment ne nous sommes-nous pas dit un instant : « Mais... mais... mais... cet inconnu déguisé en Darzac qui achète une canne que Fred a entre les mains, ... si c'était... si c'était... Fred lui-même ? How did we not say to ourselves for a moment: "But ... but ... but ... this stranger disguised as Darzac who buys a cane that Fred has in his hands, ... if it was ... if it was ... Fred himself? ... »

Certes, sa qualité d'agent de la Sûreté n'était point propice à une pareille hypothèse ; mais, quand nous avions constaté l'acharnement avec lequel Fred accumulait les preuves contre Darzac, la rage avec laquelle il poursuivait le malheureux... nous aurions pu être frappés par un mensonge de Fred aussi important que celui qui le faisait entrer en possession, à Paris, d'une canne qu'il ne pouvait avoir eue à Londres . Of course, his status as a security officer was not conducive to such a hypothesis; but, when we had seen the fury with which Fred was accumulating the evidence against Darzac, the rage with which he pursued the unfortunate ... we could have been struck by a lie from Fred as important as the one which made him come into possession, in Paris, with a cane he could not have had in London. Claro, seu status como oficial de segurança não conduzia a tal hipótese; mas, quando vimos a fúria com que Fred acumulava provas contra Darzac, a fúria com que perseguia o infeliz ... poderíamos ter sido atingidos por uma mentira de Fred tão importante quanto aquela que o fez tomar posse , em Paris, com uma bengala que não poderia ter em Londres. Même, s'il l'avait trouvée à Paris, le mensonge de Londres n'en existait pas moins. Even if he had found it in Paris, the lie of London still existed. Mesmo se ele a tivesse encontrado em Paris, a mentira de Londres ainda existia. Tout le monde le croyait à Londres, même ses chefs et il achetait une canne à Paris ! Everyone believed him in London, even his bosses, and he bought a cane in Paris! Maintenant, comment se faisait-il que, pas une seconde, il n'en usa comme d'une canne trouvée autour de M. Darzac ! Now how was it that, not for a second, he used it like a cane found around Mr. Darzac! Agora, como foi que, nem por um segundo, ele não a usou como uma bengala encontrada em torno de M. Darzac! C'est bien simple ! C'est tellement simple que nous n'y avons pas pensé... Larsan l'avait achetée, après avoir été blessé légèrement à la main par la balle de Mlle Stangerson, uniquement pour avoir un maintien, pour avoir toujours la main refermée, pour n'être point tenté d'ouvrir la main et de montrer sa blessure intérieure ? It's so simple that we didn't think about it ... Larsan had bought it, after being slightly wounded in the hand by Miss Stangerson's bullet, only to have a posture, to always have his hand closed, so as not to be tempted to open your hand and show your inner wound? Comprenez-vous ? Do you understand ? ... Voilà ce qu'il m'a dit, Larsan, et je me rappelle vous avoir répété souvent combien je trouvais bizarre « que sa main ne quittât pas cette canne ». ... That's what he told me, Larsan, and I remember telling you often how odd I found "that his hand did not leave that cane." À table, quand je dînais avec lui, il n'avait pas plutôt quitté cette canne qu'il s'emparait d'un couteau dont sa main droite ne se séparait plus. At table, when I had dinner with him, he had no sooner left this cane than he grabbed a knife from which his right hand never separated. À mesa, quando jantei com ele, mal havia deixado esta bengala, agarrou uma faca da qual sua mão direita nunca se separou. Tous ces détails me sont revenus quand mon idée se fût arrêtée sur Larsan, c'est-à-dire trop tard pour qu'ils me fussent d'un quelconque secours. All these details came back to me when my idea was fixed on Larsan, that is to say too late for them to be of any help to me. Todos esses detalhes voltaram à minha mente quando minha ideia se fixou em Larsan, o que era tarde demais para que eles pudessem me ajudar. C'est ainsi que, le soir où Larsan a simulé devant nous le sommeil, je me suis penché sur lui et, très habilement, j'ai pu voir, sans qu'il s'en doutât, dans sa main. So it was that the night Larsan pretended to be asleep in front of us, I leaned over him and, very skilfully, I could see, without him suspecting it, in his hand. Il ne s'y trouvait plus qu'une bande légère de taffetas qui dissimulait ce qui restait d'une blessure légère. There was nothing left but a thin strip of taffeta that concealed what remained of a slight wound. Je constatai qu'il eût pu prétendre à ce moment que cette blessure lui avait été faite par toute autre chose qu'une balle de revolver. I saw that he could have claimed at that moment that this wound had been done to him by something other than a revolver bullet. Tout de même, pour moi, à cette heure-là, c'était un nouveau signe extérieur qui entrait dans le cercle de mon raisonnement. All the same, for me, at that hour, it was a new external sign which entered the circle of my reasoning. La balle, m'a dit tout à l'heure Larsan, n'avait fait que lui effleurer la paume et avait déterminé une assez abondante hémorragie. The bullet, Larsan told me earlier, had only touched his palm and had caused a fairly profuse hemorrhage. A bala, Larsan me disse antes, havia apenas arranhado sua palma e causado uma hemorragia bastante forte. « Si nous avions été plus perspicaces, au moment du mensonge de Larsan, et plus... dangereux... il est certain que celui-ci eût sorti, pour détourner les soupçons, l'histoire que nous avions imaginée pour lui, l'histoire de la découverte de la canne autour de Darzac ; mais les événements se sont tellement précipités que nous n'avons plus pensé à la canne ! "If we had been more perceptive, at the time of Larsan's lie, and more ... dangerous ... it is certain that the latter would have released, to deflect suspicion, the story we had imagined for him, l history of the discovery of the cane around Darzac; but events got so rushed that we no longer thought of the cane! Tout de même nous l'avons fort ennuyé, Larsan-Ballmeyer, sans que nous nous en doutions ! All the same we annoyed him very much, Larsan-Ballmeyer, without our suspecting it! — Mais, interrompis-je, s'il n'avait aucune intention, en achetant la canne, contre Darzac, pourquoi avait-il alors la silhouette Darzac ? "But," I interrupted, "if he had no intention of buying the cane against Darzac, why did he have the Darzac figure then?" "Mas", interrompi, "se ele não tinha intenção de comprar a bengala contra Darzac, por que ele tinha a figura de Darzac então?" Le pardessus mastic ? The putty overcoat? Le melon ? The melon ? Etc.

— Parce qu'il arrivait du crime et qu'aussitôt le crime commis, il avait repris le déguisement Darzac qui l'a toujours accompagné dans son oeuvre criminelle dans l'intention que vous savez ! - Because it happened from the crime and that as soon as the crime committed, he took back the Darzac disguise which always accompanied him in his criminal work with the intention that you know! « Mais déjà, vous pensez bien, sa main blessée l'ennuyait et il eut, en passant avenue de l'Opéra, l'idée d'acheter une canne, idée qu'il réalisa sur-le-champ ! "But already, you can imagine, his injured hand was bothering him and he had, while passing avenue de l'Opéra, the idea of buying a cane, an idea which he realized immediately! “Mas já, dá para imaginar, a mão machucada o entediava e ele teve a ideia, ao passar pela Avenue de l'Opéra, de comprar uma bengala, ideia que ele teve na hora! ... Il était huit heures ! ... It was eight o'clock! Un homme, avec la silhouette Darzac, qui achète une canne que je trouve dans les mains de Larsan ! A man, with the Darzac figure, who buys a cane that I find in Larsan's hands! ... Et moi, moi qui avais deviné que le drame avait déjà eu lieu à cette heure-là, qu'il venait d'avoir lieu, qui étais à peu près persuadé de l'innocence de Darzac je ne soupçonne pas Larsan ! ... And I, I who had guessed that the drama had already taken place at that hour, that it had just taken place, who was pretty much convinced of Darzac's innocence I don't suspect Larsan! ... il y a des moments... ... there are times ...

— Il y a des moments, fis-je, où les plus vastes intelligences... »

Rouletabille me ferma la bouche... Et comme je l'interrogeais encore, je m'aperçus qu'il ne m'écoutait plus... Rouletabille dormait. Rouletabille closed my mouth ... And as I questioned him again, I noticed that he was no longer listening to me ... Rouletabille was asleep. J'eus toutes les peines du monde à le tirer de son sommeil quand nous arrivâmes à Paris. I had all the trouble in the world to get him out of his sleep when we arrived in Paris. Tive todos os problemas do mundo para acordá-lo de seu sono quando chegamos a Paris.