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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 26. Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu

Chapitre 26. Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu

Chapitre 26. Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu

Le 15 janvier suivant, c'est-à-dire deux mois et demi après les tragiques événements que je viens de rapporter, L'Époque publiait, en première colonne, première page, le sensationnel article suivant :

« Le jury de Seine-et-Oise est appelé aujourd'hui, à juger l'une des plus mystérieuses affaires qui soient dans les annales judiciaires. Jamais procès n'aura présenté tant de points obscurs, incompréhensibles, inexplicables. Et cependant l'accusation n'a point hésité à faire asseoir sur le banc des assises un homme respecté, estimé, aimé de tous ceux qui le connaissent, un jeune savant, espoir de la science française, dont toute l'existence fut de travail et de probité. Quand Paris apprit l'arrestation de M. Robert Darzac, un cri unanime de protestation s'éleva de toutes parts. La Sorbonne tout entière, déshonorée par le geste inouï du juge d'instruction, proclama sa foi dans l'innocence du fiancé de Mlle Stangerson.

M. Stangerson lui-même attesta hautement l'erreur où s'était fourvoyée la justice, et il ne fait de doute pour personne que, si la victime pouvait parler, elle viendrait réclamer aux douze jurés de Seine-et-Oise l'homme dont elle voulait faire son époux et que l'accusation veut envoyer à l'échafaud. Il faut espérer qu'un jour prochain Mlle Stangerson recouvrera sa raison qui a momentanément sombré dans l'horrible mystère du Glandier. Voulez-vous qu'elle la reperde lorsqu'elle apprendra que l'homme qu'elle aime est mort de la main du bourreau ? Cette question s'adresse au jury « auquel nous nous proposons d'avoir affaire, aujourd'hui même ».

« Nous sommes décidés, en effet, à ne point laisser douze braves gens commettre une abominable erreur judiciaire. Certes, des coïncidences terribles, des traces accusatrices, un silence inexplicable de la part de l'accusé, un emploi du temps énigmatique, l'absence de tout alibi, ont pu entraîner la conviction du parquet qui, « ayant vainement cherché la vérité ailleurs », s'est résolu à la trouver là. Les charges sont, en apparence, si accablantes pour M. Robert Darzac, qu'il faut même excuser un policier aussi averti, aussi intelligent, et généralement aussi heureux que M. Frédéric Larsan de s'être laissé aveugler par elles. Jusqu'alors, tout est venu accuser M. Robert Darzac, devant l'instruction ; aujourd'hui, nous allons, nous, le défendre devant le jury ; et nous apporterons à la barre une lumière telle que tout le mystère du Glandier en sera illuminé. « Car nous possédons la vérité. « Si nous n'avons point parlé plus tôt, c'est que l'intérêt même de la cause que nous voulons défendre l'exigeait sans doute. Nos lecteurs n'ont pas oublié ces sensationnelles enquêtes anonymes que nous avons publiées sur le « Pied gauche de la rue Oberkampf », sur le fameux vol du « Crédit universel » et sur l'affaire des « Lingots d'or de la Monnaie ». Elles nous faisaient prévoir la vérité, avant même que l'admirable ingéniosité d'un Frédéric Larsan ne l'eût dévoilée tout entière. Ces enquêtes étaient conduites par notre plus jeune rédacteur, un enfant de dix-huit ans, Joseph Rouletabille, qui sera illustre demain. Quand l'affaire du Glandier éclata, notre petit reporter se rendit sur les lieux, força toutes les portes et s'installa dans le château d'où tous les représentants de la presse avaient été chassés. À côté de Frédéric Larsan, il chercha la vérité ; il vit avec épouvante l'erreur où s'abîmait tout le génie du célèbre policier ; en vain essaya-t-il de le rejeter hors de la mauvaise piste où il s'était engagé : le grand Fred ne voulut point consentir à recevoir des leçons de ce petit journaliste. Nous savons où cela a conduit M. Robert Darzac.

« Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que, le soir même de l'arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph Rouletabille pénétrait dans le bureau de notre directeur et lui disait : « Je pars en voyage. Combien de temps serai-je parti, je ne pourrais vous le dire ; peut-être un mois, deux mois, trois mois...peut-être ne reviendrai-je jamais... Voici une lettre... Si je ne suis pas revenu le jour où M.Darzac comparaîtra devant les assises, vous ouvrirez cette lettre en cour d'assises, après le défilé des témoins. Entendez-vous pour cela avec l'avocat de M. Robert Darzac. M. Robert Darzac est innocent. Dans cette lettre il y a le nom de l'assassin , et, je ne dirai point : les preuves, car, les preuves, je vais les chercher, mais l'explication irréfutable de sa '' culpabilité. » Et notre rédacteur partit. Nous sommes restés longtemps sans nouvelles mais un inconnu est venu trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire : « Agissez suivant les instructions de Joseph Rouletabille, si la chose devient nécessaire. Il y a la vérité dans cette lettre. » Cet homme n'a point voulu nous dire son nom.

« Aujourd'hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises ; Joseph Rouletabille n'est pas de retour ; peut-être ne le reverrons-nous jamais. La presse, elle aussi, compte ses héros, victimes du devoir : le devoir professionnel, le premier de tous les devoirs. Peut-être, à cette heure, y a-t-il succombé ! Nous saurons le venger. Notre directeur, cet après-midi, sera à la cour d'assises de Versailles, avec la lettre : la lettre qui contient le nom de l'assassin ! En tête de l'article, on avait mis le portrait de Rouletabille.

Les parisiens qui se rendirent ce jour-là à Versailles pour le procès dit du « Mystère de la Chambre Jaune » n'ont certainement pas oublié l'incroyable cohue qui se bousculait à la gare Saint- Lazare. On ne trouvait plus de place dans les trains et l'on dut improviser des convois supplémentaires. L'article de L'Époque avait bouleversé tout le monde, excité toutes les curiosités, poussé jusqu'à l'exaspération la passion des discussions. Des coups de poing furent échangés entre les partisans de Joseph Rouletabille et les fanatiques de Frédéric Larsan, car, chose bizarre, la fièvre de ces gens venait moins de ce qu'on allait peut-être condamner un innocent que de l'intérêt qu'ils portaient à leur propre compréhension du « mystère de la Chambre Jaune ». Chacun avait son explication et la tenait pour bonne. Tous ceux qui expliquaient le crime comme Frédéric Larsan n'admettaient point qu'on pût mettre en doute la perspicacité de ce policier populaire ; et tous les autres, qui avaient une explication autre que celle de Frédéric Larsan, prétendaient naturellement qu'elle devait être celle de Joseph Rouletabille qu'ils ne connaissaient pas encore.

Le numéro de L'Époque à la main, les « Larsan « et les « Rouletabille « se disputèrent, se chamaillèrent, jusque sur les marches du palais de justice de Versailles, jusque dans le prétoire. Un service d'ordre extraordinaire avait été commandé. L'innombrable foule qui ne put pénétrer dans le palais resta jusqu'au soir aux alentours du monument, maintenue difficilement par la troupe et la police, avide de nouvelles, accueillant les rumeurs les plus fantastiques. Un moment, le bruit circula qu'on venait d'arrêter, en pleine audience, M. Stangerson lui-même, qui s'était avoué l'assassin de sa fille... C'était de la folie. L'énervement était à son comble. Et l'on attendait toujours Rouletabille. Des gens prétendaient le connaître et le reconnaître ; et, quand un jeune homme, muni d'un laissez-passer, traversait la place libre qui séparait la foule du palais de justice, des bousculades se produisaient. On s'écrasait. On criait : « Rouletabille ! Voici Rouletabille ! » Des témoins, qui ressemblaient plus ou moins vaguement au portrait publié par L'Époque , furent aussi acclamés. L'arrivée du directeur de L'Époque fut encore le signal de quelques manifestations. Les uns applaudirent, les autres sifflèrent. Il y avait beaucoup de femmes dans la foule.

Dans la salle des assises, le procès se déroulait sous la présidence de M. De Rocoux, un magistrat imbu de tous les préjugés des gens de robe, mais foncièrement honnête. On avait fait l'appel des témoins. J'en étais, naturellement, ainsi que tous ceux qui, de près ou de loin, avaient touché les mystères du Glandier : M. Stangerson, vieilli de dix ans, méconnaissable, Larsan, M. Arthur W. Rance, la figure toujours enluminée, le père Jacques, le père Mathieu, qui fut amené, menottes aux mains, entre deux gendarmes, MmeMathieu, toute en larmes, les Bernier, les deux gardes-malades, le maître d'hôtel, tous les domestiques du château, l'employé de poste du bureau 40, l'employé du chemin de fer d'Épinay, quelques amis de M. et de Mlle Stangerson, et tous les témoins à décharge de M. Robert Darzac. J'eus la chance d'être entendu parmi les premiers témoins, ce qui me permit d'assister à presque tout le procès.

Je n'ai point besoin de vous dire que l'on s'écrasait dans le prétoire. Des avocats étaient assis jusque sur les marches de « la cour » ; et, derrière les magistrats en robe rouge, tous les parquets des environs étaient représentés. M. Robert Darzac apparut au banc des accusés, entre les gendarmes, si calme, si grand et si beau, qu'un murmure d'admiration plus que de compassion l'accueillit. Il se pencha aussitôt vers son avocat, maître Henri-Robert, qui, assisté de son premier secrétaire, maître André Hesse, alors débutant, avait déjà commencé à feuilleter son dossier.

Beaucoup s'attendaient à ce que M. Stangerson allât serrer la main de l'accusé ; mais l'appel des témoins eut lieu et ceux-ci quittèrent tous la salle sans que cette démonstration sensationnelle se fût produite. Au moment où les jurés prirent place, on remarqua qu'ils avaient eu l'air de s'intéresser beaucoup à un rapide entretien que maître Henri-Robert avait eu avec le directeur de L'Époque . Celui-ci s'en fut ensuite prendre place au premier rang de public. Quelques-uns s'étonnèrent qu'il ne suivît point les témoins dans la salle qui leur était réservée.

La lecture de l'acte d'accusation s'accomplit comme presque toujours, sans incident. Je ne relaterai pas ici le long interrogatoire que subit M. Darzac. Il répondit à la foi de la façon la plus naturelle et la plus mystérieuse. « Tout ce qu'il pouvait dire » parut naturel, tout ce qu'il tut parut terrible pour lui, même aux yeux de ceux qui « sentaient » son innocence. Son silence sur les points que nous connaissons se dressa contre lui et il semblait bien que ce silence dût fatalement l'écraser. Il résista aux objurgations du président des assises et du ministère public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance, équivalait à la mort.

« C'est bien, dit-il, je la subirai donc ; mais je suis innocent ! Avec cette habileté prodigieuse qui a fait sa renommée, et profitant de l'incident, maître Henri-Robert essaya de grandir le caractère de son client, par le fait même de son silence, en faisant allusion à des devoirs moraux que seules des âmes héroïques sont susceptibles de s'imposer. L'éminent avocat ne parvint qu'à convaincre tout à fait ceux qui connaissaient M. Darzac, mais les autres restèrent hésitants. Il y eut une suspension d'audience, puis le défilé des témoins commença et Rouletabille n'arrivait toujours point. Chaque fois qu'une porte s'ouvrait, tous les yeux allaient à cette porte, puis se reportaient sur le directeur de L'Époque qui restait, impassible, à sa place. On le vit enfin qui fouillait dans sa poche et qui « en tirait une lettre ». Une grosse rumeur suivit ce geste.

Mon intention n'est point de retracer ici tous les incidents de ce procès. J'ai assez longuement rappelé toutes les étapes de l'affaire pour ne point imposer aux lecteurs le défilé nouveau des événements entourés de leur mystère. J'ai hâte d'arriver au moment vraiment dramatique de cette journée inoubliable. Il survint, comme maître Henri-Robert posait quelques questions au père Mathieu, qui, à la barre des témoins, se défendait, entre ses deux gendarmes, d'avoir assassiné « l'homme vert ». Sa femme fut appelée et confrontée avec lui. Elle avoua, en éclatant en sanglots, qu'elle avait été « l'amie » du garde, que son mari s'en était douté ; mais elle affirma encore que celui-ci n'était pour rien dans l'assassinat de son « ami ». Maître Henri-Robert demanda alors à la cour de bien vouloir entendre immédiatement, sur ce point, Frédéric Larsan.

« Dans une courte conversation que je viens d'avoir avec Frédéric Larsan, pendant la suspension d'audience, déclara l'avocat, celui- ci m'a fait comprendre que l'on pouvait expliquer la mort du garde autrement que par l'intervention du père Mathieu. Il serait intéressant de connaître l'hypothèse de Frédéric Larsan. Frédéric Larsan fut introduit. Il s'expliqua fort nettement.

« Je ne vois point, dit-il, la nécessité de faire intervenir le père Mathieu en tout ceci. Je l'ai dit à M. de Marquet, mais les propos meurtriers de cet homme lui ont évidemment nui dans l'esprit de M. le juge d'instruction. Pour moi, l'assassinat de Mlle Stangerson et l'assassinat du garde « sont la même affaire ». On a tiré sur l'assassin de Mlle Stangerson, fuyant dans la cour d'honneur ; on a pu croire l'avoir atteint, on a pu croire l'avoir tué ; à la vérité il n'a fait que trébucher au moment où il disparaissait derrière l'aile droite du château. Là, l'assassin a rencontré le garde qui voulut sans doute s'opposer à sa fuite. L'assassin avait encore à la main le couteau dont il venait de frapper Mlle Stangerson, il en frappa le garde au coeur, et le garde en est mort.

Cette explication si simple parut d'autant plus plausible que, déjà, beaucoup de ceux qui s'intéressaient aux mystères du Glandier l'avaient trouvée. Un murmure d'approbation se fit entendre.

« Et l'assassin, qu'est-il devenu, dans tout cela ? demanda le président.

— Il s'est évidemment caché, monsieur le président, dans un coin obscur de ce bout de cour et, après le départ des gens du château qui emportaient le corps, il a pu tranquillement s'enfuir. À ce moment, du fond du « public debout », une voix juvénile s'éleva. Au milieu de la stupeur de tous, elle disait :

« Je suis de l'avis de Frédéric Larsan pour le coup de couteau au coeur. Mais je ne suis plus de son avis sur la manière dont l'assassin s'est enfui du bout de cour ! Tout le monde se retourna ; les huissiers se précipitèrent, ordonnant le silence. Le président demanda avec irritation qui avait élevé la voix et ordonna l'expulsion immédiate de l'intrus ; mais on réentendit la même voix claire qui criait :

« C'est moi, monsieur le président, c'est moi, Joseph Rouletabille !


Chapitre 26. Chapter 26. Where Joseph Rouletabille is impatiently awaited Capítulo 26. Onde Joseph Rouletabille é aguardado com impaciência Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu

Chapitre 26. Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu Where Joseph Rouletabille is impatiently awaited

Le 15 janvier suivant, c’est-à-dire deux mois et demi après les tragiques événements que je viens de rapporter, L’Époque publiait, en première colonne, première page, le sensationnel article suivant : On the following January 15, that is to say two and a half months after the tragic events I have just reported, L'Époque published, in the first column, first page, the following sensational article: No dia 15 de janeiro seguinte, ou seja, dois meses e meio depois dos trágicos acontecimentos que acabo de relatar, L'Époque publicou, na primeira coluna, primeira página, o seguinte artigo sensacional:

« Le jury de Seine-et-Oise est appelé aujourd’hui, à juger l’une des plus mystérieuses affaires qui soient dans les annales judiciaires. “The jury of Seine-et-Oise is called today, to judge one of the most mysterious cases which are in the judicial annals. Jamais procès n’aura présenté tant de points obscurs, incompréhensibles, inexplicables. Never has a trial presented so many obscure, incomprehensible, inexplicable points. Et cependant l’accusation n’a point hésité à faire asseoir sur le banc des assises un homme respecté, estimé, aimé de tous ceux qui le connaissent, un jeune savant, espoir de la science française, dont toute l’existence fut de travail et de probité. And yet the prosecution did not hesitate to make sit on the bench a man respected, esteemed, loved by all who know him, a young scientist, hope of French science, whose whole existence was of work. and probity. E, no entanto, a promotoria não hesitou em fazer sentar no banco um homem respeitado, estimado, amado por todos que o conhecem, um jovem cientista, esperança da ciência francesa, cuja existência inteira foi de trabalho ... e probidade. Quand Paris apprit l’arrestation de M. Robert Darzac, un cri unanime de protestation s’éleva de toutes parts. When Paris learned of the arrest of M. Robert Darzac, a unanimous cry of protest arose from all sides. La Sorbonne tout entière, déshonorée par le geste inouï du juge d’instruction, proclama sa foi dans l’innocence du fiancé de Mlle Stangerson. The entire Sorbonne, dishonored by the extraordinary gesture of the examining magistrate, proclaimed its faith in the innocence of Mlle Stangerson's fiancé.

M. Stangerson lui-même attesta hautement l’erreur où s’était fourvoyée la justice, et il ne fait de doute pour personne que, si la victime pouvait parler, elle viendrait réclamer aux douze jurés de Seine-et-Oise l’homme dont elle voulait faire son époux et que l’accusation veut envoyer à l’échafaud. Mr. Stangerson himself highly attested to the error in which justice had gone astray, and there is no doubt for no one that, if the victim could speak, she would come and ask the twelve jurors of Seine-et-Oise for the man whom she wanted to make her husband and whom the prosecution wants to send to the scaffold. Il faut espérer qu’un jour prochain Mlle Stangerson recouvrera sa raison qui a momentanément sombré dans l’horrible mystère du Glandier. It is to be hoped that one day soon Miss Stangerson will recover her sanity which momentarily sank into the horrible mystery of the Glandier. Voulez-vous qu’elle la reperde lorsqu’elle apprendra que l’homme qu’elle aime est mort de la main du bourreau ? Do you want her to lose her again when she learns that the man she loves has died at the hand of the executioner? Você quer que ela a perca de novo quando souber que o homem que ela ama morreu nas mãos do carrasco? Cette question s’adresse au jury « auquel nous nous proposons d’avoir affaire, aujourd’hui même ». This question is addressed to the jury "which we propose to deal with today".

« Nous sommes décidés, en effet, à ne point laisser douze braves gens commettre une abominable erreur judiciaire. "We are determined, indeed, not to let twelve good people commit an abominable miscarriage of justice. Certes, des coïncidences terribles, des traces accusatrices, un silence inexplicable de la part de l’accusé, un emploi du temps énigmatique, l’absence de tout alibi, ont pu entraîner la conviction du parquet qui, « ayant vainement cherché la vérité ailleurs », s’est résolu à la trouver là. Certainly, terrible coincidences, accusatory traces, an inexplicable silence on the part of the accused, an enigmatic timetable, the absence of any alibi, could have led to the conviction of the prosecution who, "having vainly sought the truth elsewhere », Resolved to find her there. Les charges sont, en apparence, si accablantes pour M. Robert Darzac, qu’il faut même excuser un policier aussi averti, aussi intelligent, et généralement aussi heureux que M. Frédéric Larsan de s’être laissé aveugler par elles. The charges are, in appearance, so overwhelming for Mr. Robert Darzac, that we must even excuse a policeman as informed, so intelligent, and generally as happy as Mr. Frédéric Larsan for having let himself be blinded by them. As acusações são, aparentemente, tão avassaladoras para o Sr. Robert Darzac, que devemos até desculpar um policial tão avisado, tão inteligente e geralmente tão feliz quanto o Sr. Frédéric Larsan por ter se permitido ser cegado por eles. Jusqu’alors, tout est venu accuser M. Robert Darzac, devant l’instruction ; aujourd’hui, nous allons, nous, le défendre devant le jury ; et nous apporterons à la barre une lumière telle que tout le mystère du Glandier en sera illuminé. Until then, everything has come to accuse Mr. Robert Darzac, before the investigation; today, we are going to defend it before the jury; and we will bring to the bar such light that all the mystery of the Glandier will be illuminated. « Car nous possédons la vérité. “Because we have the truth. « Si nous n’avons point parlé plus tôt, c’est que l’intérêt même de la cause que nous voulons défendre l’exigeait sans doute. "If we did not speak earlier, it is because the very interest of the cause that we want to defend undoubtedly required it. Nos lecteurs n’ont pas oublié ces sensationnelles enquêtes anonymes que nous avons publiées sur le « Pied gauche de la rue Oberkampf », sur le fameux vol du « Crédit universel » et sur l’affaire des « Lingots d’or de la Monnaie ». Our readers have not forgotten these sensational anonymous surveys that we published on the "Left foot of the rue Oberkampf", on the famous theft of the "Universal Credit" and on the case of the "Gold ingots of the Mint" . Elles nous faisaient prévoir la vérité, avant même que l’admirable ingéniosité d’un Frédéric Larsan ne l’eût dévoilée tout entière. They made us foresee the truth, even before the admirable ingenuity of a Frédéric Larsan had fully revealed it. Ces enquêtes étaient conduites par notre plus jeune rédacteur, un enfant de dix-huit ans, Joseph Rouletabille, qui sera illustre demain. These surveys were conducted by our youngest editor, an eighteen year old child, Joseph Rouletabille, who will be famous tomorrow. Quand l’affaire du Glandier éclata, notre petit reporter se rendit sur les lieux, força toutes les portes et s’installa dans le château d’où tous les représentants de la presse avaient été chassés. À côté de Frédéric Larsan, il chercha la vérité ; il vit avec épouvante l’erreur où s’abîmait tout le génie du célèbre policier ; en vain essaya-t-il de le rejeter hors de la mauvaise piste où il s’était engagé : le grand Fred ne voulut point consentir à recevoir des leçons de ce petit journaliste. Beside Frédéric Larsan, he sought the truth; he saw with terror the error in which all the genius of the famous policeman was spoiled; in vain did he try to throw him out of the wrong track into which he had embarked: the great Fred would not consent to receive lessons from this little journalist. Nous savons où cela a conduit M. Robert Darzac. We know where that led to Mr. Robert Darzac.

« Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que, le soir même de l’arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph Rouletabille pénétrait dans le bureau de notre directeur et lui disait : « Je pars en voyage. "Now, France must know, the world must know that, on the very evening of the arrest of Mr. Robert Darzac, young Joseph Rouletabille entered the office of our director and said to him:" I am leaving. trip. Combien de temps serai-je parti, je ne pourrais vous le dire ; peut-être un mois, deux mois, trois mois...peut-être ne reviendrai-je jamais... Voici une lettre... Si je ne suis pas revenu le jour où M.Darzac comparaîtra devant les assises, vous ouvrirez cette lettre en cour d’assises, après le défilé des témoins. Por quanto tempo ficarei fora, eu não poderia te dizer; talvez um mês, dois meses, três meses ... talvez eu nunca mais volte ... Aqui está uma carta ... Se eu não voltei no dia em que o senhor Darzac comparecer perante os assizes, você vai abrir esta carta em tribunal de justiça, após o desfile das testemunhas. Entendez-vous pour cela avec l’avocat de M. Robert Darzac. Arrange for this with the lawyer for Mr. Robert Darzac. M. Robert Darzac est innocent. Dans cette lettre il y a le nom de l’assassin , et, je ne dirai point : les preuves, car, les preuves, je vais les chercher, mais l’explication irréfutable de sa '' culpabilité. In this letter there is the name of the murderer, and, I will not say: the proofs, because, the proofs, I will seek them, but the irrefutable explanation of his `` guilt. Nesta carta está o nome do assassino, e, não direi: as provas, porque, as provas, irei procurá-las, mas sim a explicação irrefutável da sua “culpa”. » Et notre rédacteur partit. E nosso editor foi embora. Nous sommes restés longtemps sans nouvelles mais un inconnu est venu trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire : « Agissez suivant les instructions de Joseph Rouletabille, si la chose devient nécessaire. We had no news for a long time, but a stranger came to our director a week ago to tell him: “Act according to Joseph Rouletabille's instructions, if the thing becomes necessary. Il y a la vérité dans cette lettre. There is truth in this letter. » Cet homme n’a point voulu nous dire son nom.

« Aujourd’hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises ; Joseph Rouletabille n’est pas de retour ; peut-être ne le reverrons-nous jamais. “Today, January 15, here we are on the big day of the Assizes; Joseph Rouletabille is not back; maybe we'll never see him again. “Hoje, 15 de janeiro, estamos no grande dia das Jornadas; Joseph Rouletabille não está de volta; talvez nunca mais o vejamos. La presse, elle aussi, compte ses héros, victimes du devoir : le devoir professionnel, le premier de tous les devoirs. The press, too, counts its heroes, victims of duty: professional duty, the first of all duties. Peut-être, à cette heure, y a-t-il succombé ! Perhaps, at this hour, he succumbed! Nous saurons le venger. We will know how to avenge him. Notre directeur, cet après-midi, sera à la cour d’assises de Versailles, avec la lettre : la lettre qui contient le nom de l’assassin ! En tête de l’article, on avait mis le portrait de Rouletabille. At the head of the article, we put the portrait of Rouletabille.

Les parisiens qui se rendirent ce jour-là à Versailles pour le procès dit du « Mystère de la Chambre Jaune » n’ont certainement pas oublié l’incroyable cohue qui se bousculait à la gare Saint- Lazare. The Parisians who went to Versailles that day for the so-called “Mystery of the Yellow Room” trial have certainly not forgotten the incredible crowd that jostled at Saint-Lazare station. On ne trouvait plus de place dans les trains et l’on dut improviser des convois supplémentaires. L’article de L’Époque avait bouleversé tout le monde, excité toutes les curiosités, poussé jusqu’à l’exaspération la passion des discussions. Des coups de poing furent échangés entre les partisans de Joseph Rouletabille et les fanatiques de Frédéric Larsan, car, chose bizarre, la fièvre de ces gens venait moins de ce qu’on allait peut-être condamner un innocent que de l’intérêt qu’ils portaient à leur propre compréhension du « mystère de la Chambre Jaune ». Punches were exchanged between the partisans of Joseph Rouletabille and the fanatics of Frédéric Larsan, because, strangely enough, the fever of these people arose less from the fact that one was perhaps going to condemn an innocent person than from the interest that they brought to their own understanding of the "mystery of the Yellow Room". Chacun avait son explication et la tenait pour bonne. Everyone had their explanation and took it for granted. Tous ceux qui expliquaient le crime comme Frédéric Larsan n’admettaient point qu’on pût mettre en doute la perspicacité de ce policier populaire ; et tous les autres, qui avaient une explication autre que celle de Frédéric Larsan, prétendaient naturellement qu’elle devait être celle de Joseph Rouletabille qu’ils ne connaissaient pas encore.

Le numéro de L’Époque à la main, les « Larsan « et les « Rouletabille « se disputèrent, se chamaillèrent, jusque sur les marches du palais de justice de Versailles, jusque dans le prétoire. Un service d’ordre extraordinaire avait été commandé. Extraordinary order service had been ordered. L’innombrable foule qui ne put pénétrer dans le palais resta jusqu’au soir aux alentours du monument, maintenue difficilement par la troupe et la police, avide de nouvelles, accueillant les rumeurs les plus fantastiques. The innumerable crowd which could not enter the palace remained until the evening around the monument, hardly maintained by the troop and the police, eager for news, welcoming the most fantastic rumors. A inumerável multidão que não pôde entrar no palácio permaneceu até à noite em torno do monumento, mantida com dificuldade pelas tropas e pela polícia, ávida por notícias, acolhendo os mais fantásticos rumores. Un moment, le bruit circula qu’on venait d’arrêter, en pleine audience, M. Stangerson lui-même, qui s’était avoué l’assassin de sa fille... C’était de la folie. For a moment the rumor circulated that, in full audience, Mr. Stangerson himself had just been arrested, who had confessed to the murderer of his daughter. It was madness. L’énervement était à son comble. The nervousness was at its height. O nervosismo estava no auge. Et l’on attendait toujours Rouletabille. And we were still waiting for Rouletabille. Des gens prétendaient le connaître et le reconnaître ; et, quand un jeune homme, muni d’un laissez-passer, traversait la place libre qui séparait la foule du palais de justice, des bousculades se produisaient. People claimed to know and recognize him; and when a young man, provided with a pass, crossed the open space which separated the crowd from the courthouse, there was a rush. On s’écrasait. We were crashing. On criait : « Rouletabille ! Voici Rouletabille ! » Des témoins, qui ressemblaient plus ou moins vaguement au portrait publié par L’Époque , furent aussi acclamés. Witnesses, who more or less vaguely resembled the portrait published by L'Époque, were also acclaimed. L’arrivée du directeur de L’Époque fut encore le signal de quelques manifestations. Les uns applaudirent, les autres sifflèrent. Some applauded, others whistled. Il y avait beaucoup de femmes dans la foule.

Dans la salle des assises, le procès se déroulait sous la présidence de M. De Rocoux, un magistrat imbu de tous les préjugés des gens de robe, mais foncièrement honnête. On avait fait l’appel des témoins. We had called the witnesses. J’en étais, naturellement, ainsi que tous ceux qui, de près ou de loin, avaient touché les mystères du Glandier : M. Stangerson, vieilli de dix ans, méconnaissable, Larsan, M. Arthur W. Rance, la figure toujours enluminée, le père Jacques, le père Mathieu, qui fut amené, menottes aux mains, entre deux gendarmes, MmeMathieu, toute en larmes, les Bernier, les deux gardes-malades, le maître d’hôtel, tous les domestiques du château, l’employé de poste du bureau 40, l’employé du chemin de fer d’Épinay, quelques amis de M. et de Mlle Stangerson, et tous les témoins à décharge de M. Robert Darzac. J’eus la chance d’être entendu parmi les premiers témoins, ce qui me permit d’assister à presque tout le procès. I was lucky enough to be one of the first witnesses, which meant I was able to attend almost the entire trial.

Je n’ai point besoin de vous dire que l’on s’écrasait dans le prétoire. I don't need to tell you that we were crashing in the courtroom. Des avocats étaient assis jusque sur les marches de « la cour » ; et, derrière les magistrats en robe rouge, tous les parquets des environs étaient représentés. Lawyers were seated even on the steps of "the court"; and, behind the magistrates in red robes, all the district offices were represented. M. Robert Darzac apparut au banc des accusés, entre les gendarmes, si calme, si grand et si beau, qu’un murmure d’admiration plus que de compassion l’accueillit. Il se pencha aussitôt vers son avocat, maître Henri-Robert, qui, assisté de son premier secrétaire, maître André Hesse, alors débutant, avait déjà commencé à feuilleter son dossier.

Beaucoup s’attendaient à ce que M. Stangerson allât serrer la main de l’accusé ; mais l’appel des témoins eut lieu et ceux-ci quittèrent tous la salle sans que cette démonstration sensationnelle se fût produite. Many expected Mr. Stangerson to shake the accused's hand; but the calling of the witnesses took place and they all left the room without this sensational demonstration having occurred. Au moment où les jurés prirent place, on remarqua qu’ils avaient eu l’air de s’intéresser beaucoup à un rapide entretien que maître Henri-Robert avait eu avec le directeur de L’Époque . When the jurors took their seats, it was noticed that they had seemed to take a great interest in a quick interview that Maître Henri-Robert had had with the director of L'Époque. Quando os jurados se sentaram, percebeu-se que pareciam ter ficado muito interessados na rápida entrevista do Maître Henri-Robert com o diretor do L'Époque. Celui-ci s’en fut ensuite prendre place au premier rang de public. The latter then took his place in the first row of the audience. Quelques-uns s’étonnèrent qu’il ne suivît point les témoins dans la salle qui leur était réservée. Some were astonished that he did not follow the witnesses in the room which was reserved for them.

La lecture de l’acte d’accusation s’accomplit comme presque toujours, sans incident. Je ne relaterai pas ici le long interrogatoire que subit M. Darzac. Il répondit à la foi de la façon la plus naturelle et la plus mystérieuse. He responded to faith in the most natural and mysterious way. Ele respondeu à fé da maneira mais natural e misteriosa. « Tout ce qu’il pouvait dire » parut naturel, tout ce qu’il tut parut terrible pour lui, même aux yeux de ceux qui « sentaient » son innocence. "Everything he could say" seemed natural, everything he said was terrible to him, even to those who "felt" his innocence. Son silence sur les points que nous connaissons se dressa contre lui et il semblait bien que ce silence dût fatalement l’écraser. His silence on the points that we know rose up against him and it seemed as though this silence must fatally crush him. Seu silêncio sobre os pontos que conhecemos levantou-se contra ele e parecia que esse silêncio iria esmagá-lo. Il résista aux objurgations du président des assises et du ministère public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance, équivalait à la mort. He is told that to be silent in such a circumstance was equivalent to death.

« C’est bien, dit-il, je la subirai donc ; mais je suis innocent ! “That's good,” he said, “I will therefore endure it; but I am innocent! Avec cette habileté prodigieuse qui a fait sa renommée, et profitant de l’incident, maître Henri-Robert essaya de grandir le caractère de son client, par le fait même de son silence, en faisant allusion à des devoirs moraux que seules des âmes héroïques sont susceptibles de s’imposer. L’éminent avocat ne parvint qu’à convaincre tout à fait ceux qui connaissaient M. Darzac, mais les autres restèrent hésitants. The eminent lawyer only succeeded in completely convincing those who knew M. Darzac, but the others remained hesitant. O eminente advogado só conseguiu convencer completamente os que conheciam M. Darzac, mas os outros permaneceram hesitantes. Il y eut une suspension d’audience, puis le défilé des témoins commença et Rouletabille n’arrivait toujours point. Chaque fois qu’une porte s’ouvrait, tous les yeux allaient à cette porte, puis se reportaient sur le directeur de L’Époque qui restait, impassible, à sa place. Each time a door opened, all eyes went to that door, then returned to the director of L'Epoque who remained, impassive, in his place. On le vit enfin qui fouillait dans sa poche et qui « en tirait une lettre ». Une grosse rumeur suivit ce geste.

Mon intention n’est point de retracer ici tous les incidents de ce procès. J’ai assez longuement rappelé toutes les étapes de l’affaire pour ne point imposer aux lecteurs le défilé nouveau des événements entourés de leur mystère. J’ai hâte d’arriver au moment vraiment dramatique de cette journée inoubliable. I can't wait to get to the truly dramatic moment of this unforgettable day. Il survint, comme maître Henri-Robert posait quelques questions au père Mathieu, qui, à la barre des témoins, se défendait, entre ses deux gendarmes, d’avoir assassiné « l’homme vert ». Aconteceu que o Mestre Henri-Robert fazia algumas perguntas ao Padre Mathieu, que, no banco das testemunhas, se defendia, entre os seus dois guardas, de ter assassinado "o homem verde". Sa femme fut appelée et confrontée avec lui. His wife was called and confronted with him. Elle avoua, en éclatant en sanglots, qu’elle avait été « l’amie » du garde, que son mari s’en était douté ; mais elle affirma encore que celui-ci n’était pour rien dans l’assassinat de son « ami ». She admitted, bursting into tears, that she had been "the friend" of the guard, that her husband had suspected it; but she further stated that he had nothing to do with the assassination of her "friend". Maître Henri-Robert demanda alors à la cour de bien vouloir entendre immédiatement, sur ce point, Frédéric Larsan. Maître Henri-Robert then asked the court to hear immediately, on this point, Frédéric Larsan. O Maître Henri-Robert pediu então ao tribunal que ouvisse imediatamente, sobre este ponto, Frédéric Larsan.

« Dans une courte conversation que je viens d’avoir avec Frédéric Larsan, pendant la suspension d’audience, déclara l’avocat, celui- ci m’a fait comprendre que l’on pouvait expliquer la mort du garde autrement que par l’intervention du père Mathieu. "In a short conversation that I have just had with Frédéric Larsan, during the recess of the hearing," declared the lawyer, "he made me understand that one could explain the death of the guard other than by the intervention by Father Mathieu. Il serait intéressant de connaître l’hypothèse de Frédéric Larsan. It would be interesting to know the hypothesis of Frédéric Larsan. Frédéric Larsan fut introduit. Il s’expliqua fort nettement. He explained himself very clearly.

« Je ne vois point, dit-il, la nécessité de faire intervenir le père Mathieu en tout ceci. Je l’ai dit à M. de Marquet, mais les propos meurtriers de cet homme lui ont évidemment nui dans l’esprit de M. le juge d’instruction. I said it to M. de Marquet, but the murderous remarks of this man obviously harmed him in the mind of the magistrate. Eu disse ao Sr. de Marquet, mas as palavras assassinas deste homem evidentemente o prejudicaram na mente do magistrado. Pour moi, l’assassinat de Mlle Stangerson et l’assassinat du garde « sont la même affaire ». On a tiré sur l’assassin de Mlle Stangerson, fuyant dans la cour d’honneur ; on a pu croire l’avoir atteint, on a pu croire l’avoir tué ; à la vérité il n’a fait que trébucher au moment où il disparaissait derrière l’aile droite du château. Miss Stangerson's killer was shot at, fleeing into the main courtyard; we might have thought we had reached it, we might have believed we had killed it; in fact he only stumbled as he disappeared behind the right wing of the castle. O assassino da Srta. Stangerson foi baleado, fugindo para o pátio principal; poderíamos ter pensado que o havíamos alcançado, poderíamos ter acreditado que o tínhamos matado; na verdade, ele apenas tropeçou ao desaparecer atrás da ala direita do castelo. Là, l’assassin a rencontré le garde qui voulut sans doute s’opposer à sa fuite. L’assassin avait encore à la main le couteau dont il venait de frapper Mlle Stangerson, il en frappa le garde au coeur, et le garde en est mort. The murderer still had in his hand the knife he had just struck Miss Stangerson with, he struck the guard in the heart, and the guard died.

Cette explication si simple parut d’autant plus plausible que, déjà, beaucoup de ceux qui s’intéressaient aux mystères du Glandier l’avaient trouvée. This simple explanation seemed all the more plausible since many of those interested in the Glandier mysteries had already found it. Essa explicação simples parecia ainda mais plausível porque muitos dos interessados nos mistérios de Glandier já a haviam descoberto. Un murmure d’approbation se fit entendre.

« Et l’assassin, qu’est-il devenu, dans tout cela ? "And what has become of the assassin in all of this?" demanda le président.

— Il s’est évidemment caché, monsieur le président, dans un coin obscur de ce bout de cour et, après le départ des gens du château qui emportaient le corps, il a pu tranquillement s’enfuir. - He obviously hid, Mr. President, in a dark corner of this end of the courtyard and, after the departure of the people from the castle who were carrying the body, he was able to escape quietly. - Ele obviamente se escondeu, Senhor Presidente, em um canto escuro desta extremidade do pátio e, após a saída das pessoas do castelo que carregavam o corpo, conseguiu escapar silenciosamente. À ce moment, du fond du « public debout », une voix juvénile s’éleva. At that moment, from the depths of the "standing audience", a youthful voice arose. Naquele momento, das profundezas da "plateia em pé", surgiu uma voz jovem. Au milieu de la stupeur de tous, elle disait : Amidst everyone's amazement, she said:

« Je suis de l’avis de Frédéric Larsan pour le coup de couteau au coeur. “I agree with Frédéric Larsan for the stab in the heart. “Eu concordo com Frédéric Larsan para a facada no coração. Mais je ne suis plus de son avis sur la manière dont l’assassin s’est enfui du bout de cour ! But I no longer agree with him on how the assassin ran away from the end of the yard! Mas não concordo mais com ele sobre como o assassino fugiu do fim do quintal! Tout le monde se retourna ; les huissiers se précipitèrent, ordonnant le silence. Todos se viraram; os porteiros correram para a frente, ordenando silêncio. Le président demanda avec irritation qui avait élevé la voix et ordonna l’expulsion immédiate de l’intrus ; mais on réentendit la même voix claire qui criait :

« C’est moi, monsieur le président, c’est moi, Joseph Rouletabille !