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Les Aventures de Pinocchio, Chapitre 24

Chapitre 24

Pinocchio arrive dans une île appelée « Ile des Abeilles Industrieuses » et retrouve la Fée. La marionnette, dans l'espoir d'arriver à temps pour sauver son pauvre père, nagea toute la nuit. Et quelle horrible nuit il passa ! Le tonnerre grondait avec fracas, il tombait des trombes d'eau et même de la grêle, des éclairs éclairaient le ciel comme s'il faisait jour. Au petit matin, Pinocchio entrevit non loin de lui une longue bande de terre qui émergeait de la mer.

Dés lors, il mobilisa toutes ses forces pour arriver jusque là, mais en vain. Il faisait du sur-place, ballotté comme une vulgaire brindille par le flux et le reflux des flots déchaînés. Surgit, heureusement pour lui, une vague encore plus impétueuse que les autres qui le catapulta sans ménagement sur le sable du rivage.

Sa chute fut si violente que toutes ses côtes et toutes ses jointures craquèrent. Il se consola immédiatement en remarquant :

- Ouf ! Cette fois encore, je l'ai échappé belle ! Puis, peu à peu, le ciel redevint serein, le soleil brilla de nouveau et la mer retrouva son calme.

Pinocchio enleva alors ses vêtements pour les faire sécher et inspecta l'immense étendue maritime pour tenter d'apercevoir une minuscule embarcation avec un petit homme dedans. Mais il eut beau chercher, il ne voyait rien d'autre que le ciel, l'océan et quelques voiles de bateaux si éloignés qu'ils n'étaient pas plus gros qu'une mouche. - Si au moins je savais comment se nomme cette île ! – se disait-il – Si au moins j'étais sûr qu'elle était habitée par des gens civilisés, je veux dire par des gens qui n'ont pas la mauvaise habitude de pendre les enfants aux branches des arbres ! Mais à qui le demander ? A qui, s'il n'y a personne ? A la pensée de se retrouver complètement seul dans un pays déserté, toute la tristesse du monde lui tomba dessus et il était sur le point de pleurer quand, soudain, il vit passer, à quelques encablures du rivage, un gros poisson qui vaquait tranquillement à ses affaires. Ne connaissant pas son nom, la marionnette s'adressa à lui en ces termes : - Eh!, monsieur le poisson, pourrais-je vous dire un mot ?

- Même deux – répondit le poisson qui, en fait, était un Dauphin, un Dauphin très aimable comme on en trouve peu dans n'importe quelle mer du globe. - Pourriez-vous me dire si, dans cette île, il y a des villages où l'on puisse manger sans prendre le risque d'être mangé ? - Certainement – répondit le Dauphin – Tu en trouveras même un non loin d'ici. - Comment on y va ?

- Tu prends ce sentier, là, sur ta gauche, et tu marches tout droit. Tu ne peux pas te tromper.

- Autre chose. Vous qui passez vos jours et vos nuits à sillonner l'océan, n'auriez-vous pas croisé par hasard une chaloupe avec mon papa dedans ? - Qui donc est ton papa ?

- Oh, c'est le meilleur papa du monde comme moi je suis le plus sale gosse qui puisse exister. - Avec la tempête de cette nuit, la chaloupe a dû sombrer.

- Et mon papa ?

- Ton papa, à cette heure, aura sans doute été avalé par un redoutable requin qui sème terreur et désolation dans les eaux de cette île.

- Ce requin, il est vraiment grand ? – s'enquit Pinocchio qui commençait à trembler. - S'il est grand ? – répliqua le Dauphin – Pour t'en faire une idée, je te dirai qu'il est plus grand qu'un immeuble de cinq étages et que dans sa gueule pourrait passer un train entier avec sa locomotive. - Mamma mia ! – geignit la marionnette effrayée.

Pinocchio se rhabilla à toute vitesse et remercia le Dauphin :

- Adieu, monsieur le poisson, excusez le dérangement et merci mille fois pour votre courtoisie.

Puis, sans attendre, il s'engagea sur le sentier à pas vifs, si vifs qu'il courait presque. Mais à chaque bruit, il se retournait afin de vérifier qu'il n'était pas suivi par le terrible requin grand comme une maison de cinq étages et avec un train entier dans la gueule. Après une demi-heure de marche, il arriva dans un petit village nommé « Le Village des Abeilles Industrieuses ». Les rues étaient sillonnées de gens qui couraient dans tous les sens et qui avaient tous quelque chose à faire. On avait beau chercher, on ne voyait ni oisif, ni vagabond.

- J'ai compris – conclut immédiatement ce paresseux de Pinocchio – ce pays n'est pas pour moi ! Moi, je ne suis pas né pour travailler !

Mais, en même temps, la faim le tourmentait car il n'avait rien mangé depuis vingt-quatre heures, pas même un plat de vesces. Que faire ?

Pour cesser de jeûner, il avait le choix entre chercher un peu de travail ou alors mendier quelques sous ou un morceau de pain.

Mendier lui faisait honte car son papa lui avait enseigné que seuls les vieillards et les infirmes avaient le droit de demander l'aumône. Les vrais pauvres méritant assistance et compassion étaient uniquement ceux qui, trop âgés ou malades, ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins en travaillant de leurs propres mains. Tous les autres devaient travailler et s'ils souffraient de la faim parce qu'ils ne faisaient rien, tant pis pour eux. A ce moment-là passa dans la rue un homme transpirant et haletant qui tirait à grand peine deux charrettes de charbon.

Pinocchio, jugeant sa physionomie avenante, l'accosta et lui demanda d'une petite voix tout en baissant les yeux : - Me feriez-vous la charité d'un petit sou, car je meurs de faim ? - Ce n'est pas un mais quatre sous que je te donnerai – répondit le charbonnier – si tu m'aides à tirer ces charrettes jusque chez moi. - Quelle idée ! – répliqua la marionnette offensée – Sachez, pour votre gouverne, que je ne suis pas une bête de somme et que je n'ai jamais été attelé à une charrette ! - Tant mieux pour toi. Dans ce cas, mon garçon, si tu meurs vraiment de faim, mange donc deux belles tranches de ton superbe orgueil et prends bien garde de ne pas attraper une indigestion.

Deux minutes plus tard, c'est un maçon qui passait en portant sur l'épaule un sac de chaux. - Mon bon monsieur, feriez-vous l'aumône d'un sou à un pauvre garçon qui baille tellement il a faim ? – supplia Pinocchio.

- Bien volontiers – lui répondit le maçon – Je te donnerai même cinq sous si tu m'aides à porter ce sac. - Mais la chaux, c'est très lourd – fit remarquer Pinocchio – et je ne veux pas me fatiguer. - Si tu ne veux pas te fatiguer, mon garçon, alors amuse-toi à bailler et grand bien te fasse.

Ainsi passèrent, en moins d'une demi-heure, une vingtaine de personnes à qui la marionnette demanda l'aumône. Toutes lui répondirent :

- Tu n'as pas honte ? Au lieu de traîner dans la rue, cherche plutôt du travail et apprends à gagner ta vie !

Finalement apparut une sympathique jeune femme qui portait deux jarres pleines d'eau. - Bonne dame, accepteriez-vous que je boive une gorgée d'eau à l'une de vos cruches – démanda Pinocchio dont la gorge brûlait, asséchée par la soif. - Bois, mon garçon ! – lui dit la jeune femme en posant son fardeau à terre.

Pinocchio but comme une éponge puis murmura, tout en s'essuyant la bouche : - Maintenant, je n'ai plus soif. Mais comment faire pour ne plus avoir faim ?

La gentille dame, entendant ces paroles, s'empressa de dire : - Si tu m'aides à porter l'une de ces jarres, je te donnerai un beau morceau de pain quand nous serons arrivés à la maison. Pinocchio regarda sans répondre la grande cruche.

- Et avec le pain, je te servirai un plat de choux-fleurs à la vinaigrette – ajouta la jeune femme.

Pinocchio jeta un autre coup d'œil sur la cruche mais sans se décider. - Et après le chou-fleur, tu auras droit à une dragée fourrée au rossolis.

La perspective d'une telle friandise eut raison de la résistance de la marionnette qui, s'armant de courage, se décida : - D'accord ! Je porterai l'un de ces cruches jusque chez vous. Elle était fort lourde et Pinocchio n'eut pas la force de la porter à bout de bras. Il se résigna à la poser sur sa tête.

Une fois arrivés, la gentille jeune femme fit asseoir Pinocchio à une petite table qui était déjà mise et disposa devant lui le pain, le chou-fleur et la dragée au rossolis.

Pinocchio ne mangea pas : il dévora. Son estomac était aussi vide qu'un quartier déserté par ses habitants depuis des lustres. Les morsures de la faim se calmant, il releva alors la tête pour remercier sa bienfaitrice mais il l'avait à peine dévisagée qu'il poussa un long « Oooh ! » de stupéfaction et en resta médusé, les yeux écarquillés, la fourchette en l'air et la bouche pleine de choux-fleurs. - Qu'est-ce qui me vaut tant d'étonnement ? – interrogea la jeune femme en riant.

- Vous êtes... – balbutia Pinocchio – Vous êtes... Mais vous êtes... Comme vous lui ressemblez... Je me rappelle bien... Oui, oui : les mêmes yeux, les mêmes cheveux, oui, oui, des cheveux bleu-nuit comme les siens ! O ma chère petite Fée ! Ma Fée à moi ! Dites-moi que c'est vous, que c'est vraiment vous ! Ne me faites plus pleurer ! Si vous saviez comme j'ai pleuré ! J'ai tant pleuré !... En disant cela et tout en pleurant à chaudes larmes, Pinocchio se jeta à terre et enserra de ses bras les genoux de la mystérieuse jeune femme.

Chapitre 24 Kapitel 24 Chapter 24 Capítulo 24 Capítulo 24 Глава 24 第24章

Pinocchio arrive dans une île appelée « Ile des Abeilles Industrieuses » et retrouve la Fée. Pinocchio arrives at an island called "Island of Industrious Bees" and reunites with the Fairy. La marionnette, dans l'espoir d'arriver à temps pour sauver son pauvre père, nagea toute la nuit. The puppet, hoping to arrive in time to save his poor father, swam all night. Et quelle horrible nuit il passa ! And what a horrible night he passed! Le tonnerre grondait avec fracas, il tombait des trombes d'eau et même de la grêle, des éclairs éclairaient le ciel comme s'il faisait jour. The thunder rumbled with a crash, there were downpours and even hail, lightning lit up the sky as if it were daytime. Au petit matin, Pinocchio entrevit non loin de lui une longue bande de terre qui émergeait de la mer. In the early morning, Pinocchio glimpsed not far from him a long strip of land emerging from the sea.

Dés lors, il mobilisa toutes ses forces pour arriver jusque là, mais en vain. From then on, he mobilized all his forces to get there, but in vain. Il faisait du sur-place, ballotté comme une vulgaire brindille par le flux et le reflux des flots déchaînés. He was on the spot, tossed like a common twig by the ebb and flow of the raging waves. Он шел по воде, подхваченный приливом и отливом бушующих волн, как ветка. Surgit, heureusement pour lui, une vague encore plus impétueuse que les autres qui le catapulta sans ménagement sur le sable du rivage. Happily for him, a wave surged even more impetuous than the others which catapulted him unceremoniously onto the sand of the shore.

Sa chute fut si violente que toutes ses côtes et toutes ses jointures craquèrent. His fall was so violent that all his ribs and joints cracked. Il se consola immédiatement en remarquant : He consoled himself immediately by noticing:

-         Ouf ! - Phew! Cette fois encore, je l'ai échappé belle ! This time again, I had a narrow escape! Puis, peu à peu, le ciel redevint serein, le soleil brilla de nouveau et la mer retrouva son calme. Then, little by little, the sky became serene again, the sun shone again and the sea regained its calm.

Pinocchio enleva alors ses vêtements pour les faire sécher et inspecta l'immense étendue maritime pour tenter d'apercevoir une minuscule embarcation avec un petit homme dedans. Pinocchio then took off his clothes to dry them and surveyed the vast expanse of sea to try to see a tiny boat with a small man in it. Mais il eut beau chercher, il ne voyait rien d'autre que le ciel, l'océan et quelques voiles de bateaux si éloignés qu'ils n'étaient pas plus gros qu'une mouche. But no matter how hard he looked, he saw nothing but the sky, the ocean, and a few sails from ships so distant they were no bigger than a fly. -         Si au moins je savais comment se nomme cette île ! - If at least I knew what this island is called! – se disait-il – Si au moins j'étais sûr qu'elle était habitée par des gens civilisés, je veux dire par des gens qui n'ont pas la mauvaise habitude de pendre les enfants aux branches des arbres ! He said to himself - If at least I was sure she was inhabited by civilized people, I mean by people who do not have the bad habit of hanging children on tree branches! Mais à qui le demander ? But who to ask? A qui, s'il n'y a personne ? To whom, if there is no one? A la pensée de se retrouver complètement seul dans un pays déserté, toute la tristesse du monde lui tomba dessus et il était sur le point de pleurer quand, soudain, il vit passer, à quelques encablures du rivage, un gros poisson qui vaquait tranquillement à ses affaires. At the thought of finding himself completely alone in a deserted country, all the sadness in the world fell on him and he was on the point of crying when, suddenly, he saw passing, not far from the shore, a big fish which was calmly going about his business. Al pensar en encontrarse completamente solo en un país abandonado, toda la tristeza del mundo le cayó encima y estuvo a punto de llorar cuando, de repente, vio pasar, a pocos metros de la orilla, un gran pez que iba tranquilamente a sus asuntos. Ne connaissant pas son nom, la marionnette s'adressa à lui en ces termes : Not knowing his name, the puppet addressed him in these terms: Sin conocer su nombre, el títere se dirigió a él en estos términos: -         Eh!, monsieur le poisson, pourrais-je vous dire un mot ? - Hey, mister fish, could I say a word to you? - ¡Eh, señor pez, ¿podría decirle una palabra?

-         Même deux – répondit le poisson qui, en fait, était un Dauphin, un Dauphin très aimable comme on en trouve peu dans n'importe quelle mer du globe. "Even two," replied the fish, who was, in fact, a dolphin, a very amiable dolphin, as one finds little in any sea of the globe. -         Pourriez-vous me dire si, dans cette île, il y a des villages où l'on puisse manger sans prendre le risque d'être mangé ? - Could you tell me if, on this island, there are villages where you can eat without taking the risk of being eaten? -         Certainement – répondit le Dauphin – Tu en trouveras même un non loin d'ici. "Certainly," answered the dauphin. "You'll even find one not far from here. -         Comment on y va ? - How do we get there?

-         Tu prends ce sentier, là, sur ta gauche, et tu marches tout droit. - You take this path, there, on your left, and you walk straight. Tu ne peux pas te tromper. You can not go wrong.

-         Autre chose. - Something else. Vous qui passez vos jours et vos nuits à sillonner l'océan, n'auriez-vous pas croisé par hasard une chaloupe avec mon papa dedans ? You who spend your days and nights criss-crossing the ocean, haven't you come across a rowboat with my daddy in it? -         Qui donc est ton papa ? - Who is your daddy?

-         Oh, c'est le meilleur papa du monde comme moi je suis le plus sale gosse qui puisse exister. - Oh, he's the best dad in the world like me, I'm the dirtiest kid that can exist. - О, он самый лучший отец в мире, как и я самый грязный ребенок на свете. -         Avec la tempête de cette nuit, la chaloupe a dû sombrer. - With the storm of this night, the boat had to sink.

-         Et mon papa ? - What about my dad?

-         Ton papa, à cette heure, aura sans doute été avalé par un redoutable requin qui sème terreur et désolation dans les eaux de cette île. - Your dad, at this hour, will undoubtedly have been swallowed by a fearsome shark which sows terror and desolation in the waters of this island.

-         Ce requin, il est vraiment grand ? - This shark, is it really big? – s'enquit Pinocchio qui commençait à trembler. – inquired Pinocchio who was beginning to tremble. -         S'il est grand ? - If he is tall? – répliqua le Dauphin – Pour t'en faire une idée, je te dirai qu'il est plus grand qu'un immeuble de cinq étages et que dans sa gueule pourrait passer un train entier avec sa locomotive. – replied the Dauphin – To get an idea of it, I will tell you that it is taller than a five-storey building and that in its mouth could pass an entire train with its locomotive. -         Mamma mia ! - Mamma mia! – geignit la marionnette effrayée. - the frightened puppet whimpered.

Pinocchio se rhabilla à toute vitesse et remercia le Dauphin : Pinocchio dressed quickly and thanked the Dauphin:

-    Adieu, monsieur le poisson, excusez le dérangement et merci mille fois pour votre courtoisie. - Farewell, mister fish, excuse the inconvenience and thank you a thousand times for your courtesy.

Puis, sans attendre, il s'engagea sur le sentier à pas vifs, si vifs qu'il courait presque. Then, without waiting, he walked down the path, so quick that he ran almost. Mais à chaque bruit, il se retournait afin de vérifier qu'il n'était pas suivi par le terrible requin grand comme une maison de cinq étages et avec un train entier dans la gueule. But at each noise, he turned to check that he was not followed by the terrible shark as big as a five-storey house and with a whole train in its mouth. Après une demi-heure de marche, il arriva dans un petit village nommé « Le Village des Abeilles Industrieuses ». After half an hour of walking, he arrived in a small village called "The Village of the Industrial Bees". Les rues étaient sillonnées de gens qui couraient dans tous les sens et qui avaient tous quelque chose à faire. The streets were criss-crossed with people running in all directions, all of whom had something to do. On avait beau chercher, on ne voyait ni oisif, ni vagabond. No matter how hard we looked, we saw no idler or vagrant.

-         J'ai compris – conclut immédiatement ce paresseux de Pinocchio – ce pays n'est pas pour moi ! - I understood – immediately concludes this lazy Pinocchio – this country is not for me! Moi, je ne suis pas né pour travailler ! Me, I was not born to work!

Mais, en même temps, la faim le tourmentait car il n'avait rien mangé depuis vingt-quatre heures, pas même un plat de vesces. But, at the same time, hunger tormented him because he hadn't eaten anything for twenty-four hours, not even a dish of vetches. Но в то же время его мучил голод, ведь он не ел ничего уже двадцать четыре часа, даже тарелку вики. Que faire ? What to do?

Pour cesser de jeûner, il avait le choix entre chercher un peu de travail ou alors mendier quelques sous ou un morceau de pain. To stop fasting, he had the choice between looking for a little work or begging for a few pennies or a piece of bread.

Mendier lui faisait honte car son papa lui avait enseigné que seuls les vieillards et les infirmes avaient le droit de demander l'aumône. Begging made him ashamed because his father had taught him that only the old and the infirm had the right to ask for alms. Les vrais pauvres méritant assistance et compassion étaient uniquement ceux qui, trop âgés ou malades, ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins en travaillant de leurs propres mains. The truly poor deserving of assistance and compassion were only those who, being too old or sick, could no longer support themselves by working with their own hands. Tous les autres devaient travailler et s'ils souffraient de la faim parce qu'ils ne faisaient rien, tant pis pour eux. Everyone else had to work and if they went hungry because they didn't do anything, too bad for them. A ce moment-là passa dans la rue un homme transpirant et haletant qui tirait à grand peine deux charrettes de charbon. At that moment a sweating and panting man passed in the street, struggling to pull two carts of coal.

Pinocchio, jugeant sa physionomie avenante, l'accosta et lui demanda d'une petite voix tout en baissant les yeux : Pinocchio, judging his pleasant face, accosted him and asked him in a small voice while lowering his eyes: -         Me feriez-vous la charité d'un petit sou, car je meurs de faim ? - Would you do me the charity of a penny, because I'm starving? -         Ce n'est pas un mais quatre sous que je te donnerai – répondit le charbonnier – si tu m'aides à tirer ces charrettes jusque chez moi. - It's not one but four sous that I will give you – answered the coalman – if you help me to pull these carts to my house. -         Quelle idée ! - What an idea ! – répliqua la marionnette offensée – Sachez, pour votre gouverne, que je ne suis pas une bête de somme et que je n'ai jamais été attelé à une charrette ! - replied the offended puppet - Know, for your guidance, that I am not a beast of burden and that I have never been hitched to a cart! -         Tant mieux pour toi. - Much better for you. Dans ce cas, mon garçon, si tu meurs vraiment de faim, mange donc deux belles tranches de ton superbe orgueil et prends bien garde de ne pas attraper une indigestion. In that case, my boy, if you are really starving, then eat two nice slices of your superb pride and be careful not to get indigestion.

Deux minutes plus tard, c'est un maçon qui passait en portant sur l'épaule un sac de chaux. Two minutes later, a mason passed by, carrying a bag of lime over his shoulder. -         Mon bon monsieur, feriez-vous l'aumône d'un sou à un pauvre garçon qui baille tellement il a faim ? - My good sir, would you give alms a penny to a poor boy who is yawning so hungry? – supplia Pinocchio. - begged Pinocchio.

-         Bien volontiers – lui répondit le maçon – Je te donnerai même cinq sous si tu m'aides à porter ce sac. - Very gladly – replied the mason – I will even give you five sous if you help me to carry this bag. -         Mais la chaux, c'est très lourd – fit remarquer Pinocchio – et je ne veux pas me fatiguer. - But lime is very heavy – pointed out Pinocchio – and I don't want to get tired. -         Si tu ne veux pas te fatiguer, mon garçon, alors amuse-toi à bailler et grand bien te fasse. - If you do not want to get tired, my boy, then have fun yawning and great good to you.

Ainsi passèrent, en moins d'une demi-heure, une vingtaine de personnes à qui la marionnette demanda l'aumône. Thus passed, in less than half an hour, about twenty people to whom the puppet asked for alms. Toutes lui répondirent : They all replied:

-         Tu n'as pas honte ? - You have no shame ? Au lieu de traîner dans la rue, cherche plutôt du travail et apprends à gagner ta vie ! Instead of hanging out in the street, look for work and learn to earn a living!

Finalement apparut une sympathique jeune femme qui portait deux jarres pleines d'eau. Finally a friendly young woman appeared, carrying two jars full of water. -         Bonne dame, accepteriez-vous que je boive une gorgée d'eau à l'une de vos cruches – démanda Pinocchio dont la gorge brûlait, asséchée par la soif. - Good lady, would you allow me to drink a sip of water from one of your jugs – asked Pinocchio whose throat was burning, parched with thirst. -         Bois, mon garçon ! - Drink, my boy! – lui dit la jeune femme en posant son fardeau à terre. – said the young woman, putting her burden on the ground.

Pinocchio but comme une éponge puis murmura, tout en s'essuyant la bouche : Pinocchio drank like a sponge then murmured, while wiping his mouth: -         Maintenant, je n'ai plus soif. - Now I'm not thirsty. Mais comment faire pour ne plus avoir faim ? But how to stop being hungry?

La gentille dame, entendant ces paroles, s'empressa de dire : The nice lady, hearing these words, hastened to say: -         Si tu m'aides à porter l'une de ces jarres, je te donnerai un beau morceau de pain quand nous serons arrivés à la maison. - If you help me carry one of these jars, I'll give you a nice piece of bread when we get home. Pinocchio regarda sans répondre la grande cruche. Pinocchio stared at the large jug without answering.

-         Et avec le pain, je te servirai un plat de choux-fleurs à la vinaigrette – ajouta la jeune femme. - And with the bread, I will serve you a dish of cauliflower with vinaigrette – added the young woman.

Pinocchio jeta un autre coup d'œil sur la cruche mais sans se décider. Pinocchio cast another glance at the jug, but he didn't make up his mind. -         Et après le chou-fleur, tu auras droit à une dragée fourrée au rossolis. - And after the cauliflower, you will be entitled to a dragee stuffed with sundew. - Y después de la coliflor, tendrás derecho a un bombón relleno de rosolís.

La perspective d'une telle friandise eut raison de la résistance de la marionnette qui, s'armant de courage, se décida : The prospect of such a delicacy overcame the resistance of the puppet who, steeling himself with courage, decided: La perspectiva de semejante golosina venció la resistencia del títere que, armándose de valor, decidió: -         D'accord ! - OK ! - ¡De acuerdo! Je porterai l'un de ces cruches jusque chez vous. I'll carry one of these jugs to your house. Elle était fort lourde et Pinocchio n'eut pas la force de la porter à bout de bras. It was very heavy and Pinocchio did not have the strength to carry it at arm's length. Il se résigna à la poser sur sa tête. He resigned himself to putting it on his head.

Une fois arrivés, la gentille jeune femme fit asseoir Pinocchio à une petite table qui était déjà mise et disposa devant lui le pain, le chou-fleur et la dragée au rossolis. Once there, the nice young woman made Pinocchio sit down at a small table that was already set and placed the bread, the cauliflower and the sundew dragee in front of him. Когда они пришли, добрая девушка усадила Пиноккио за уже накрытый стол и поставила перед ним хлеб, цветную капусту и сарафанное драже.

Pinocchio ne mangea pas : il dévora. Pinocchio did not eat: he devoured. Son estomac était aussi vide qu'un quartier déserté par ses habitants depuis des lustres. His stomach was as empty as a neighborhood deserted by its inhabitants for ages. Les morsures de la faim se calmant, il releva alors la tête pour remercier sa bienfaitrice mais il l'avait à peine dévisagée qu'il poussa un long « Oooh ! The bites of hunger subsiding, he then raised his head to thank his benefactress but he had barely stared at her when he let out a long "Oooh!" » de stupéfaction et en resta médusé, les yeux écarquillés, la fourchette en l'air et la bouche pleine de choux-fleurs. in amazement and was dumbfounded, eyes wide, fork in the air and mouth full of cauliflower. "Он был ошеломлен, его глаза расширились, вилка висела в воздухе, а рот был полон цветной капусты. -         Qu'est-ce qui me vaut tant d'étonnement ? - What makes me so amazed? – interrogea la jeune femme en riant. – asked the young woman, laughing.

-         Vous êtes... – balbutia Pinocchio – Vous êtes... Mais vous êtes... Comme vous lui ressemblez... Je me rappelle bien... Oui, oui : les mêmes yeux, les mêmes cheveux, oui, oui, des cheveux bleu-nuit comme les siens ! - You are ... - stammered Pinocchio - You are ... But you are ... As you look like him ... I remember well ... Yes, yes: the same eyes, the same hair, yes, yes , blue-haired hair like hers! O ma chère petite Fée ! O my dear little Fairy! Ma Fée à moi ! My Fairy to me! Dites-moi que c'est vous, que c'est vraiment vous ! Tell me it's you, it's really you! Ne me faites plus pleurer ! Don't make me cry anymore! Si vous saviez comme j'ai pleuré ! If you only knew how I cried! J'ai tant pleuré !... I cried so much!... En disant cela et tout en pleurant à chaudes larmes, Pinocchio se jeta à terre et enserra de ses bras les genoux de la mystérieuse jeune femme. Saying this and while weeping hot tears, Pinocchio threw himself on the ground and hugged the knees of the mysterious young woman with his arms. Сказав это, Пиноккио бросился на землю и обхватил руками колени загадочной девушки.