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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 21. À l’affût

Chapitre 21. À l'affût

Chapitre 21. À l'affût

Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point émouvoir extrêmement Rouletabille. Nous nous retrouvâmes dans sa chambre, et, ne me parlant même point de la scène que nous venions de surprendre, il me donna ses dernières instructions pour la nuit. Nous allions d'abord dîner. Après dîner, je devais entrer dans le cabinet noir et, là, j'attendrais tout le temps qu'il faudrait « pour voir quelque chose ».

« Si vous « voyez » avant moi, m'expliqua mon ami, il faudra m'avertir. Vous verrez avant moi si l'homme arrive dans la galerie droite par tout autre chemin que la galerie tournante, puisque vous découvrez toute la galerie droite et que moi je ne puis voir que la galerie tournante. Pour m'avertir, vous n'aurez qu'à dénouer l'embrasse du rideau de la fenêtre de la galerie droite qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Le rideau tombera de lui-même, voilant la fenêtre et faisant immédiatement un carré d'ombre là où il y avait un carré de lumière, puisque la galerie est éclairée. Pour faire ce geste, vous n'avez qu'à allonger la main hors du cabinet noir. Moi, dans la galerie tournante qui fait angle droit avec la galerie droite, j'aperçois, par les fenêtres de la galerie tournante, tous les carrés de lumière que font les fenêtres de la galerie droite. Quand le carré lumineux qui nous occupe deviendra obscur, je saurai ce que cela veut dire.

— Et alors ?

— Alors, vous me verrez apparaître au coin de la galerie tournante.

— Et qu'est-ce que je ferai ?

— Vous marcherez aussitôt vers moi, derrière l'homme, mais je serai déjà sur l'homme et j'aurai vu si sa figure entre dans mon cercle...

— Celui qui est « tracé par le bon bout de la raison », terminai-je en esquissant un sourire.

— Pourquoi souriez-vous ? C'est bien inutile... Enfin, profitez, pour vous réjouir, des quelques instants qui vous restent, car je vous jure que tout à l'heure vous n'en aurez plus l'occasion.

— Et si l'homme échappe ?

— Tant mieux ! fit flegmatiquement Rouletabille. Je ne tiens pas à le prendre ; il pourra s'échapper en dégringolant l'escalier et par le vestibule du rez-de-chaussée... et cela avant que vous n'ayez atteint le palier, puisque vous êtes au fond de la galerie. Moi, je le laisserai partir après avoir vu sa figure . C'est tout ce qu'il me faut : voir sa figure. Je saurai bien m'arranger ensuite pour qu'il soit mort pour Mlle Stangerson, même s'il reste vivant. Si je le prends vivant, Mlle Stangerson et M. Robert Darzac ne me le pardonneront peut-être jamais ! Et je tiens à leur estime ; ce sont de braves gens. Quand je vois Mlle Stangerson verser un narcotique dans le verre de son père, pour que son père, cette nuit, ne soit pas réveillé par la conversation qu'elle doit avoir avec son assassin , vous devez comprendre que sa reconnaissance pour moi aurait des limites si j'amenais à son père, les poings liés et la bouche ouverte , l'homme de la « Chambre Jaune » et de la « galerie inexplicable » ! C'est peut-être un grand bonheur que, la nuit de la « galerie inexplicable », l'homme se soit évanoui comme par enchantement !

Je l'ai compris cette nuit-là à la physionomie soudain rayonnante de Mlle Stangerson quand elle eut appris qu'il avait échappé . Et j'ai compris que, pour sauver la malheureuse, il fallait moins prendre l'homme que le rendre muet, de quelque façon que ce fut. Mais tuer un homme ! tuer un homme ! ce n'est pas une petite affaire. Et puis, ça ne me regarde pas... à moins qu'il ne m'en donne l'occasion ! ... D'un autre côté, le rendre muet sans que la dame me fasse de confidences... c'est une besogne qui consiste d'abord à deviner tout avec rien ! ... Heureusement, mon ami, j'ai deviné... ou plutôt non, j'ai raisonné... et je ne demande à l'homme de ce soir de ne m'apporter que la figure sensible qui doit entrer...

— Dans le cercle...

— Parfaitement. et sa figure ne me surprendra pas ! ...

— Mais je croyais que vous aviez déjà vu sa figure, le soir où vous avez sauté dans la chambre...

— Mal... la bougie était par terre... et puis, toute cette barbe...

— Ce soir, il n'en aura donc plus ?

— Je crois pouvoir affirmer qu'il en aura... Mais la galerie est claire, et puis, maintenant, je sais... ou du moins mon cerveau sait... alors mes yeux verront...

— S'il ne s'agit que de le voir et de le laisser échapper... pourquoi nous être armés ?

— Parce que, mon cher, si l'homme de la « Chambre Jaune » et de la « galerie inexplicable » sait que je sais, il est capable de tout ! Alors, il faudra nous défendre.

— Et vous êtes sûr qu'il viendra ce soir ? ...

— Aussi sûr que vous êtes là ! ... Mlle Stangerson, à dix heures et demie, ce matin, le plus habilement du monde, s'est arrangée pour être sans gardes-malades cette nuit ; elle leur a donné congé pour vingt-quatre heures, sous des prétextes plausibles, et n'a voulu, pour veiller auprès d'elle, pendant leur absence, que son cher père, qui couchera dans le boudoir de sa fille et qui accepte cette nouvelle fonction avec une joie reconnaissante. La coïncidence du départ de M. Darzac (après les paroles qu'il m'a dites) et des précautions exceptionnelles de Mlle Stangerson, pour faire autour d'elle de la solitude, ne permet aucun doute. La venue de l'assassin, que Darzac redoute, Mlle Stangerson la prépare !

— C'est effroyable !

— Oui.

— Et le geste que nous lui avons vu faire, c'est le geste qui va endormir son père ?

— Oui.

— En somme, pour l'affaire de cette nuit, nous ne sommes que deux ?

— Quatre ; le concierge et sa femme veillent à tout hasard... Je crois leur veille inutile, « avant »... Mais le concierge pourra m'être utile « après, si on tue » !

— Vous croyez donc qu'on va tuer ?

— On tuera s'il le veut !

— Pourquoi n'avoir pas averti le père Jacques ? Vous ne vous servez plus de lui, aujourd'hui ?

— Non », me répondit Rouletabille d'un ton brusque.

Je gardai quelque temps le silence ; puis, désireux de connaître le fond de la pensée de Rouletabille, je lui demandai à brûle- pourpoint :

« Pourquoi ne pas avertir Arthur Rance ? Il pourrait nous être d'un grand secours...

— Ah ça ! fit Rouletabille avec méchante humeur... Vous voulez donc mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson ! ... Allons dîner... c'est l'heure... Ce soir nous dînons chez Frédéric Larsan... à moins qu'il ne soit encore pendu aux trousses de Robert Darzac... Il ne le lâche pas d'une semelle. Mais, bah ! s'il n'est pas là en ce moment, je suis bien sûr qu'il sera là cette nuit ! ... En voilà un que je vais rouler ! À ce moment, nous entendîmes du bruit dans la chambre à côté.

« Ce doit être lui, dit Rouletabille.

— J'oubliais de vous demander, fis-je : quand nous serons devant le policier, pas une allusion à l'expédition de cette nuit, n'est- ce pas ?

— Évidemment ; nous opérons seuls, pour notre compte personnel.

— Et toute la gloire sera pour nous ? Rouletabille, ricanant, ajouta :

« Tu l'as dit, bouffi ! Nous dînâmes avec Frédéric Larsan, dans sa chambre. Nous le trouvâmes chez lui... Il nous dit qu'il venait d'arriver et nous invita à nous mettre à table. Le dîner se passa dans la meilleure humeur du monde, et je n'eus point de peine à comprendre qu'il fallait l'attribuer à la quasi-certitude où Rouletabille et Frédéric Larsan, l'un et l'autre, et chacun de son côté, étaient de tenir enfin la vérité. Rouletabille confia au grand Fred que j'étais venu le voir de mon propre mouvement et qu'il m'avait retenu pour que je l'aidasse dans un grand travail qu'il devait livrer, cette nuit même, à L'Époque . Je devais repartir, dit-il, pour Paris, par le train d'onze heures, emportant sa « copie », qui était une sorte de feuilleton où le jeune reporter retraçait les principaux épisodes des mystères du Glandier. Larsan sourit à cette explication comme un homme qui n'en est point dupe, mais qui se garde, par politesse, d'émettre la moindre réflexion sur des choses qui ne le regardent pas. Avec mille précautions dans le langage et jusque dans les intonations, Larsan et Rouletabille s'entretinrent assez longtemps de la présence au château de M. Arthur-W. Rance, de son passé en Amérique qu'ils eussent voulu connaître mieux, du moins quant aux relations qu'il avait eues avec les Stangerson. À un moment, Larsan, qui me parut soudain souffrant, dit avec effort :

« Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n'avons plus grand'chose à faire au Glandier, et m'est avis que nous n'y coucherons plus de nombreux soirs.

— C'est aussi mon avis, monsieur Fred.

— Vous croyez donc, mon ami, que l'affaire est finie ?

— Je crois, en effet, qu'elle est finie et qu'elle n'a plus rien à nous apprendre, répliqua Rouletabille.

— Avez-vous un coupable ? demanda Larsan.

— Et vous ?

— Oui.

— Moi aussi, dit Rouletabille.

— Serait-ce le même ?

— Je ne crois pas, si vous n'avez pas changé d'idée » , dit le jeune reporter.

Et il ajouta avec force :

« M. Darzac est un honnête homme !

— Vous en êtes sûr ? demanda Larsan.

Eh bien, moi, je suis sûr du contraire... C'est donc la bataille ?

— Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Frédéric Larsan.

— La jeunesse ne doute de rien », termina le grand Fred en riant et en me serrant la main.

Rouletabille répondit comme un écho :

« De rien ! Mais soudain, Larsan, qui s'était levé pour nous souhaiter le bonsoir, porta les deux mains à sa poitrine et trébucha. Il dut s'appuyer à Rouletabille pour ne pas tomber. Il était devenu extrêmement pâle.

« Oh ! oh ! fit-il, qu'est-ce que j'ai là ? Est-ce que je serais empoisonné ? Et il nous regardait d'un oeil hagard... En vain, nous l'interrogions, il ne nous répondait plus... Il s'était affaissé dans un fauteuil et nous ne pûmes en tirer un mot. Nous étions extrêmement inquiets, et pour lui, et pour nous, car nous avions mangé de tous les plats auxquels avait touché Frédéric Larsan. Nous nous empressions autour de lui. Maintenant, il ne semblait plus souffrir, mais sa tête lourde avait roulé sur son épaule et ses paupières appesanties nous cachaient son regard. Rouletabille se pencha sur sa poitrine et ausculta son coeur...

Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la lui avais vue tout à l'heure bouleversée. Il me dit :

« Il dort ! Et il m'entraîna dans sa chambre, après avoir refermé la porte de la chambre de Larsan.

« Le narcotique ? demandai-je... Mlle Stangerson veut donc endormir tout le monde, ce soir ? ...

— Peut-être... me répondit Rouletabille en songeant à autre chose.

— Mais nous ! ... nous ! exclamai-je. Qui me dit que nous n'avons pas avalé un pareil narcotique ?

— Vous sentez-vous indisposé ? me demanda Rouletabille avec sang- froid.

— Non, aucunement !

— Avez-vous envie de dormir ?

— En aucune façon...

— Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare. Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait offert ; quant à lui, il alluma sa bouffarde, son éternelle bouffarde.

Nous restâmes ainsi dans cette chambre jusqu'à dix heures, sans qu'un mot fût prononcé. Plongé dans un fauteuil, Rouletabille fumait sans discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. À dix heures, il se déchaussa, me fit un signe et je compris que je devais, comme lui, retirer mes chaussures. Quand nous fûmes sur nos chaussettes, Rouletabille dit, si bas que je devinai plutôt le mot que je ne l'entendis :

« Revolver ! Je sortis mon revolver de la poche de mon veston.

« Armez ! fit-il encore.

J'armai.

Alors il se dirigea vers la porte de sa chambre, l'ouvrit avec des précautions infinies ; la porte ne cria pas. Nous fûmes dans la galerie tournante. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je compris que je devais prendre mon poste dans le cabinet noir. Comme je m'éloignais déjà de lui, Rouletabille me rejoignit « et m'embrassa », et puis je vis qu'avec les mêmes précautions il retournait dans sa chambre. Étonné de ce baiser et un peu inquiet, j'arrivai dans la galerie droite que je longeai sans encombre ; je traversai le palier et continuai mon chemin dans la galerie, aile gauche, jusqu'au cabinet noir. Avant d'entrer dans le cabinet noir, je regardai de près l'embrasse du rideau de la fenêtre... Je n'avais, en effet, qu'à la toucher du doigt pour que le lourd rideau retombât d'un seul coup, « cachant à Rouletabille le carré de lumière » : signal convenu. Le bruit d'un pas m'arrêta devant la porte d'Arthur Rance. « Il n'était donc pas encore couché ! » Mais comment était-il encore au château, n'ayant pas dîné avec M. Stangerson et sa fille ? Du moins, je ne l'avais pas vu à table, dans le moment que nous avions saisi le geste de Mlle Stangerson.

Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m'y trouvais parfaitement. Je voyais toute la galerie en enfilade, galerie éclairée comme en plein jour. Évidemment, rien de ce qui allait s'y passer ne pouvait m'échapper. Mais qu'est-ce qui allait s'y passer ? Peut- être quelque chose de très grave. Nouveau souvenir inquiétant du baiser de Rouletabille. On n'embrasse ainsi ses amis que dans les grandes occasions ou quand ils vont courir un danger ! Je courais donc un danger ?

Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j'attendis. Je ne suis pas un héros, mais je ne suis pas un lâche.

J'attendis une heure environ ; pendant cette heure je ne remarquai rien d'anormal. Dehors, la pluie, qui s'était mise à tomber violemment vers neuf heures du soir, avait cessé.

Mon ami m'avait dit que rien ne se passerait probablement avant minuit ou une heure du matin. Cependant il n'était pas plus d'onze heures et demie quand la porte de la chambre d'Arthur Rance s'ouvrit. J'en entendis le faible grincement sur ses gonds. On eût dit qu'elle était poussée de l'intérieur avec la plus grande précaution. La porte resta ouverte un instant qui me parut très long. Comme cette porte était ouverte, dans la galerie, c'est-à- dire poussée hors la chambre, je ne pus voir, ni ce qui se passait dans la chambre, ni ce qui se passait derrière la porte. À ce moment, je remarquai un bruit bizarre qui se répétait pour la troisième fois, qui venait du parc, et auquel je n'avais pas attaché plus d'importance qu'on n'a coutume d'en attacher au miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les gouttières. Mais, cette troisième fois, le miaulement était si pur et si « spécial » que je me rappelai ce que j'avais entendu raconter du cri de la « Bête du Bon Dieu ». Comme ce cri avait accompagné, jusqu'à ce jour, tous les drames qui s'étaient déroulés au Glandier, je ne pus m'empêcher, à cette réflexion, d'avoir un frisson. Aussitôt je vis apparaître, au delà de la porte, et refermant la porte, un homme. Je ne pus d'abord le reconnaître, car il me tournait le dos et il était penché sur un ballot assez volumineux.

L'homme, ayant refermé la porte, et portant le ballot, se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il était. Celui qui sortait, à cette heure, de la chambre d'Arthur Rance « était le garde ». C'était « l'homme vert ». Il avait ce costume que je lui avais vu sur la route, en face de l'auberge du « Donjon », le premier jour où j'étais venu au Glandier, et qu'il portait encore le matin même quand, sortant du château, nous l'avions rencontré, Rouletabille et moi. Aucun doute, c'était le garde. Je le vis fort distinctement. Il avait une figure qui me parut exprimer une certaine anxiété. Comme le cri de la « Bête du Bon Dieu » retentissait au dehors pour la quatrième fois, il déposa son ballot dans la galerie et s'approcha de la seconde fenêtre, en comptant les fenêtres à partir du cabinet noir. Je ne risquai aucun mouvement, car je craignais de trahir ma présence.

Quand il fut à cette fenêtre, il colla son front contre les vitraux dépolis, et regarda la nuit du parc. Il resta là une demi- minute. La nuit était claire, par intermittences, illuminée par une lune éclatante qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage. « L'homme vert » leva le bras à deux reprises, fit des signes que je ne comprenais point ; puis, s'éloignant de la fenêtre, reprit son ballot et se dirigea, suivant la galerie, vers le palier.

Rouletabille m'avait dit : « Quand vous verrez quelque chose, dénouez l'embrasse. » Je voyais quelque chose. Était-ce cette chose que Rouletabille attendait ? Ceci n'était point mon affaire et je n'avais qu'à exécuter la consigne qui m'avait été donnée. Je dénouai l'embrasse. Mon coeur battait à se rompre. L'homme atteignit le palier, mais à ma grande stupéfaction, comme je m'attendais à le voir continuer son chemin dans la galerie, aile droite, je l'aperçus qui descendait l'escalier conduisant au vestibule.

Que faire ? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui était retombé sur la fenêtre. Le signal avait été donné, et je ne voyais pas apparaître Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien ne vint ; personne n'apparut. J'étais perplexe. Une demi-heure s'écoula qui me parut un siècle. « Que faire maintenant, même si je voyais autre chose ? » Le signal avait été donné, je ne pouvais le donner une seconde fois... D'un autre côté, m'aventurer dans la galerie en ce moment pouvait déranger tous les plans de Rouletabille. Après tout, je n'avais rien à me reprocher, et, s'il s'était passé quelque chose que n'attendait point mon ami, celui- ci n'avait qu'à s'en prendre à lui-même. Ne pouvant plus être d'aucun réel secours d'avertissement pour lui, je risquai le tout pour le tout : je sortis du cabinet, et, toujours sur mes chaussettes, mesurant mes pas et écoutant le silence, je m'en fus vers la galerie tournante.

Personne dans la galerie tournante. J'allai à la porte de la chambre de Rouletabille. J'écoutai. Rien. Je frappai bien doucement. Rien. Je tournai le bouton, la porte s'ouvrit. J'étais dans la chambre. Rouletabille était étendu, tout de son long, sur le parquet.


Chapitre 21. Chapter 21. On the lookout Capítulo 21. Al acecho Глава 21. Начеку À l'affût

Chapitre 21. Chapter 21. À l’affût Auf der Suche On the lookout Na vigia

Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point émouvoir extrêmement Rouletabille. Diese Geste, die mich überwältigte, schien Rouletabille nicht extrem zu bewegen. This gesture, which overwhelmed me, did not seem to move Rouletabille extremely. Este gesto, que me disgustó, no pareció conmover en absoluto a Rouletabille. Nous nous retrouvâmes dans sa chambre, et, ne me parlant même point de la scène que nous venions de surprendre, il me donna ses dernières instructions pour la nuit. We found ourselves in his room, and, not even telling me about the scene we had just overheard, he gave me his final instructions for the night. Nos encontramos em seu quarto e, sem nem me contar sobre a cena que havíamos acabado de ouvir, deu-me suas instruções finais para a noite. Nous allions d’abord dîner. We were going to dinner first. Après dîner, je devais entrer dans le cabinet noir et, là, j’attendrais tout le temps qu’il faudrait « pour voir quelque chose ». After dinner, I was to go into the dark room and there I would wait all the time it took "to see something."

« Si vous « voyez » avant moi, m’expliqua mon ami, il faudra m’avertir. "If you" see "before me, my friend explained to me, you will have to warn me. "Se você 'vê' antes de mim", explicou meu amigo, "você terá que me avisar. Vous verrez avant moi si l’homme arrive dans la galerie droite par tout autre chemin que la galerie tournante, puisque vous découvrez toute la galerie droite et que moi je ne puis voir que la galerie tournante. You will see before me if the man arrives in the right gallery by any other path than the revolving gallery, since you discover the entire right gallery and I can only see the revolving gallery. Pour m’avertir, vous n’aurez qu’à dénouer l’embrasse du rideau de la fenêtre de la galerie droite qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Um mich zu warnen, müssen Sie nur den Vorhang des rechten Galeriefensters, das dem schwarzen Kabinett am nächsten liegt, aufknüpfen. To warn me, all you have to do is untie the curtain of the window in the right gallery which is closest to the darkroom. Para me avisar, tudo o que você precisa fazer é desamarrar a cortina da janela da galeria certa, que fica mais próxima da câmara escura. Le rideau tombera de lui-même, voilant la fenêtre et faisant immédiatement un carré d’ombre là où il y avait un carré de lumière, puisque la galerie est éclairée. Der Vorhang wird von selbst fallen, das Fenster verhüllen und sofort ein Quadrat aus Schatten machen, wo vorher ein Quadrat aus Licht war, da die Galerie beleuchtet ist. The curtain will fall on its own, veiling the window and immediately making a square of shadow where there was a square of light, since the gallery is lit. A cortina vai cair sozinha, velando a janela e imediatamente formando um quadrado de sombra onde havia um quadrado de luz, já que a galeria está iluminada. Pour faire ce geste, vous n’avez qu’à allonger la main hors du cabinet noir. Um diese Geste auszuführen, müssen Sie nur Ihre Hand aus dem schwarzen Kabinett strecken. To make this gesture, you just have to extend your hand out of the black cabinet. Moi, dans la galerie tournante qui fait angle droit avec la galerie droite, j’aperçois, par les fenêtres de la galerie tournante, tous les carrés de lumière que font les fenêtres de la galerie droite. Ich, in der Drehgalerie, die im rechten Winkel zur rechten Galerie verläuft, sehe durch die Fenster der Drehgalerie alle Lichtquadrate, die die Fenster der rechten Galerie bilden. Me, in the revolving gallery which makes a right angle with the right gallery, I perceive, through the windows of the revolving gallery, all the squares of light that the windows of the right gallery make. Eu, na galeria giratória que forma um ângulo reto com a galeria direita, vejo, através das janelas da galeria giratória, todos os quadrados de luz formados pelas janelas da galeria direita. Quand le carré lumineux qui nous occupe deviendra obscur, je saurai ce que cela veut dire. When the luminous square that occupies us becomes dark, I will know what that means. Quando o quadrado luminoso que nos ocupa ficar escuro, saberei o que isso significa.

— Et alors ?

— Alors, vous me verrez apparaître au coin de la galerie tournante. - Then you will see me appear at the corner of the revolving gallery.

— Et qu’est-ce que je ferai ? - And what will I do?

— Vous marcherez aussitôt vers moi, derrière l’homme, mais je serai déjà sur l’homme et j’aurai vu si sa figure entre dans mon cercle... - You will immediately walk towards me, behind the man, but I will already be on the man and I will have seen if his face fits in my circle ... - Você vai imediatamente caminhar em minha direção, atrás do homem, mas eu já estarei no homem e terei visto se seu rosto se encaixa no meu círculo ...

— Celui qui est « tracé par le bon bout de la raison », terminai-je en esquissant un sourire. - The one who is "traced by the right end of reason," I finished, sketching a smile. - Aquela que é "traçada pelo bom fim da razão", terminei, esboçando um sorriso.

— Pourquoi souriez-vous ? C’est bien inutile... Enfin, profitez, pour vous réjouir, des quelques instants qui vous restent, car je vous jure que tout à l’heure vous n’en aurez plus l’occasion. It is quite useless ... Finally, take advantage, to rejoice, of the few moments which remain to you, because I swear to you that later you will not have the occasion any more.

— Et si l’homme échappe ? - What if the man escapes?

— Tant mieux ! - So much the better! fit flegmatiquement Rouletabille. said Rouletabille phlegmatically. Je ne tiens pas à le prendre ; il pourra s’échapper en dégringolant l’escalier et par le vestibule du rez-de-chaussée... et cela avant que vous n’ayez atteint le palier, puisque vous êtes au fond de la galerie. I don't want to take it; he can escape by tumbling down the stairs and through the hall on the ground floor ... and that before you have reached the landing, since you are at the end of the gallery. Eu não quero aceitar; ele poderá escapar caindo pelas escadas e pelo vestíbulo no andar térreo ... e isso antes de você chegar ao patamar, já que você está no final da galeria. Moi, je le laisserai partir après avoir vu sa figure . I will let him go after seeing his face. C’est tout ce qu’il me faut : voir sa figure. That's all I need: see his face. Je saurai bien m’arranger ensuite pour qu’il soit mort pour Mlle Stangerson, même s’il reste vivant. I can then arrange for him to be dead for Miss Stangerson, even if he remains alive. Si je le prends vivant, Mlle Stangerson et M. Robert Darzac ne me le pardonneront peut-être jamais ! If I take him alive, Mlle Stangerson and M. Robert Darzac will perhaps never forgive me! Et je tiens à leur estime ; ce sont de braves gens. And I want their esteem; they are good people. Quand je vois Mlle Stangerson verser un narcotique dans le verre de son père, pour que son père, cette nuit, ne soit pas réveillé par la conversation qu’elle doit avoir avec son assassin , vous devez comprendre que sa reconnaissance pour moi aurait des limites si j’amenais à son père, les poings liés et la bouche ouverte , l’homme de la « Chambre Jaune » et de la « galerie inexplicable » ! When I see Miss Stangerson pouring a narcotic into her father's glass, so that her father, tonight, is not woken up by the conversation she must have with her killer, you must understand that her recognition for me would have limits if I brought his father's fists and open mouth to his father, the man from the "Yellow Room" and from the "inexplicable gallery"! Quando vejo a Srta. Stangerson despejando um narcótico no copo de seu pai, para que seu pai, esta noite, não seja despertado pela conversa que ela deve ter com seu assassino, você deve entender que sua gratidão por mim teria limites. pai, de punhos cerrados e boca aberta, o homem da “Sala Amarela” e da “inexplicável galeria”! C’est peut-être un grand bonheur que, la nuit de la « galerie inexplicable », l’homme se soit évanoui comme par enchantement ! It is perhaps a great happiness that, on the night of the “inexplicable gallery”, the man fainted as if by magic!

Je l’ai compris cette nuit-là à la physionomie soudain rayonnante de Mlle Stangerson quand elle eut appris qu’il avait échappé . I understood him that night with Miss Stangerson's suddenly radiant face when she learned that he had escaped. Eu entendi naquela noite pelo semblante repentinamente radiante da Srta. Stangerson quando soube que ele havia escapado. Et j’ai compris que, pour sauver la malheureuse, il fallait moins prendre l’homme que le rendre muet, de quelque façon que ce fut. And I understood that, in order to save the unhappy woman, it was necessary less to take the man than to make him mute, in whatever way it was. E entendi que, para salvar a infeliz mulher, era preciso menos levar o homem do que silenciá-lo, de qualquer maneira. Mais tuer un homme ! But kill a man! tuer un homme ! ce n’est pas une petite affaire. Et puis, ça ne me regarde pas... à moins qu’il ne m’en donne l’occasion ! And then, that's none of my business ... unless he gives me the opportunity! ... D’un autre côté, le rendre muet sans que la dame me fasse de confidences... c’est une besogne qui consiste d’abord à deviner tout avec rien ! ... On the other hand, making it mute without the lady confiding in me ... it's a job that consists first of all in guessing everything with nothing! ... Por outro lado, deixá-lo mudo sem que a senhora me confie ... é um trabalho que consiste, antes de mais nada, em adivinhar tudo sem nada! ... Heureusement, mon ami, j’ai deviné... ou plutôt non, j’ai raisonné... et je ne demande à l’homme de ce soir de ne m’apporter que la figure sensible qui doit entrer... ... Fortunately, my friend, I guessed ... or rather not, I reasoned ... and I ask the man of this evening to bring me only the sensitive figure which must enter. ..

— Dans le cercle...

— Parfaitement. et sa figure ne me surprendra pas ! ...

— Mais je croyais que vous aviez déjà vu sa figure, le soir où vous avez sauté dans la chambre... - But I thought you had already seen his face, the night you jumped into the room ...

— Mal... la bougie était par terre... et puis, toute cette barbe... - Evil ... the candle was on the ground ... and then, all that beard ... - Ruim ... a vela estava no chão ... e então, toda aquela barba ...

— Ce soir, il n’en aura donc plus ? - So he won't have any more tonight?

— Je crois pouvoir affirmer qu’il en aura... Mais la galerie est claire, et puis, maintenant, je sais... ou du moins mon cerveau sait... alors mes yeux verront... - I think I can say that there will be ... But the gallery is clear, and then, now, I know ... or at least my brain knows ... then my eyes will see ...

— S’il ne s’agit que de le voir et de le laisser échapper... pourquoi nous être armés ? - If it is only a question of seeing it and letting it escape ... why are we armed?

— Parce que, mon cher, si l’homme de la « Chambre Jaune » et de la « galerie inexplicable » sait que je sais, il est capable de tout ! - Because, my dear, if the man of the “Yellow Room” and of the “inexplicable gallery” knows that I know, he is capable of anything! - Porque, minha cara, se o homem da “Sala Amarela” e da “inexplicável galeria” sabe que eu sei, ele é capaz de tudo! Alors, il faudra nous défendre. So we will have to defend ourselves.

— Et vous êtes sûr qu’il viendra ce soir ? ...

— Aussi sûr que vous êtes là ! - As sure as you are there! ... Mlle Stangerson, à dix heures et demie, ce matin, le plus habilement du monde, s’est arrangée pour être sans gardes-malades cette nuit ; elle leur a donné congé pour vingt-quatre heures, sous des prétextes plausibles, et n’a voulu, pour veiller auprès d’elle, pendant leur absence, que son cher père, qui couchera dans le boudoir de sa fille et qui accepte cette nouvelle fonction avec une joie reconnaissante. ... Miss Stangerson, at half past ten this morning, the most skilfully in the world, managed to be without attendants tonight; she gave them leave for twenty-four hours, on plausible pretexts, and only wanted, to watch over her, during their absence, her dear father, who will sleep in her daughter's boudoir and who accepts this new function with grateful joy. ... Miss Stangerson, às dez e meia desta manhã, com a maior habilidade do mundo, conseguiu ficar sem enfermeiras naquela noite; deu-lhes licença de vinte e quatro horas, sob pretextos plausíveis, e para zelar por ela durante a sua ausência, apenas o seu querido pai, que vai dormir no boudoir da filha e que aceita com grata alegria esta nova função. La coïncidence du départ de M. Darzac (après les paroles qu’il m’a dites) et des précautions exceptionnelles de Mlle Stangerson, pour faire autour d’elle de la solitude, ne permet aucun doute. The coincidence of the departure of M. Darzac (after the words he said to me) and the exceptional precautions of Mlle Stangerson, to create solitude around her, leaves no room for doubt. A coincidência da partida de M. Darzac (depois das palavras que ele me disse) e as precauções excepcionais de Mlle Stangerson, para criar solidão ao seu redor, não deixa margem para dúvidas. La venue de l’assassin, que Darzac redoute, Mlle Stangerson la prépare ! The coming of the assassin, whom Darzac fears, Mlle Stangerson is preparing!

— C’est effroyable ! - It's terrible!

— Oui.

— Et le geste que nous lui avons vu faire, c’est le geste qui va endormir son père ? - And the gesture that we saw him make, is the gesture that will put his father to sleep?

— Oui.

— En somme, pour l’affaire de cette nuit, nous ne sommes que deux ? - In short, for the case of this night, there are only two of us?

— Quatre ; le concierge et sa femme veillent à tout hasard... Je crois leur veille inutile, « avant »... Mais le concierge pourra m’être utile « après, si on tue » ! - Vier; der Hausmeister und seine Frau wachen auf jeden Fall... Ich halte ihre Wachsamkeit für nutzlos, "vorher"... Aber der Hausmeister kann mir "danach, wenn wir töten" nützlich sein! - Four; the concierge and his wife watch over everything ... I think their watch is useless, "before" ... But the concierge can be useful to me "after, if we kill"! - Quatro; o porteiro e sua esposa estão à espreita de tudo ... acho inútil a vigilância deles, "antes" ... Mas o porteiro pode me servir "depois, se matarmos"!

— Vous croyez donc qu’on va tuer ? - So you think we're going to kill?

— On tuera s’il le veut ! - Wir töten, wenn er es will! - We'll kill if he wants!

— Pourquoi n’avoir pas averti le père Jacques ? - Warum haben Sie Pater Jacques nicht gewarnt? - Why didn't you warn Father Jacques? Vous ne vous servez plus de lui, aujourd’hui ? Benutzen Sie ihn heute nicht mehr? You no longer use it today?

— Non », me répondit Rouletabille d’un ton brusque. "No," Rouletabille replied sharply.

Je gardai quelque temps le silence ; puis, désireux de connaître le fond de la pensée de Rouletabille, je lui demandai à brûle- pourpoint : I remained silent for some time; then, wishing to know the basis of Rouletabille's thought, I asked him point blank:

« Pourquoi ne pas avertir Arthur Rance ? "Why not warn Arthur Rance?" Il pourrait nous être d’un grand secours... He could be of great help to us ...

— Ah ça ! - Oh that ! fit Rouletabille avec méchante humeur... Vous voulez donc mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson ! said Rouletabille in a nasty humor ... So you want to put everyone in Mlle Stangerson's secrets! ... Allons dîner... c’est l’heure... Ce soir nous dînons chez Frédéric Larsan... à moins qu’il ne soit encore pendu aux trousses de Robert Darzac... Il ne le lâche pas d’une semelle. ... Let's go to dinner ... it's time ... Tonight we have dinner at Frédéric Larsan's house ... unless he is still hanged after Robert Darzac ... He doesn't let go of him 'a sole. ... Vamos jantar ... está na hora ... Esta noite vamos jantar na casa de Frédéric Larsan ... a menos que ele ainda esteja nos calcanhares de Robert Darzac ... Ele não o larga. 'Uma sola. Mais, bah ! But, bah! s’il n’est pas là en ce moment, je suis bien sûr qu’il sera là cette nuit ! if he's not here right now, I'm sure he'll be here tonight! ... En voilà un que je vais rouler ! ... Here's one I'm going to ride! À ce moment, nous entendîmes du bruit dans la chambre à côté. At that moment we heard noise in the next room.

« Ce doit être lui, dit Rouletabille. "It must be him," said Rouletabille.

— J’oubliais de vous demander, fis-je : quand nous serons devant le policier, pas une allusion à l’expédition de cette nuit, n’est- ce pas ? "I forgot to ask you," I said. "When we are in front of the policeman, not a hint at this night's expedition, is it?

— Évidemment ; nous opérons seuls, pour notre compte personnel. - Obviously; we operate alone, on our own behalf.

— Et toute la gloire sera pour nous ? Rouletabille, ricanant, ajouta : Rouletabille, sneering, added:

« Tu l’as dit, bouffi ! “You said so, puffy! "¡Tú lo has dicho, puffy! "Você disse isso, inchado! Nous dînâmes avec Frédéric Larsan, dans sa chambre. We dined with Frédéric Larsan, in his room. Nous le trouvâmes chez lui... Il nous dit qu’il venait d’arriver et nous invita à nous mettre à table. Wir trafen ihn in seinem Haus an. Er sagte uns, dass er gerade angekommen sei und lud uns ein, uns an den Tisch zu setzen. We found him at his place ... He told us that he had just arrived and invited us to sit down to table. Le dîner se passa dans la meilleure humeur du monde, et je n’eus point de peine à comprendre qu’il fallait l’attribuer à la quasi-certitude où Rouletabille et Frédéric Larsan, l’un et l’autre, et chacun de son côté, étaient de tenir enfin la vérité. Das Abendessen verlief in bester Stimmung, und es fiel mir nicht schwer zu verstehen, dass dies auf die fast sichere Gewissheit zurückzuführen war, dass Rouletabille und Frédéric Larsan, beide und jeder auf seine Weise, endlich die Wahrheit hatten. The dinner was passed in the best mood in the world, and I had no difficulty in understanding that it had to be attributed to the virtual certainty that Rouletabille and Frédéric Larsan, both, and each of them. his side, were to finally hold the truth. Rouletabille confia au grand Fred que j’étais venu le voir de mon propre mouvement et qu’il m’avait retenu pour que je l’aidasse dans un grand travail qu’il devait livrer, cette nuit même, à L’Époque . Rouletabille erzählte dem großen Fred, dass ich aus eigenem Antrieb zu ihm gekommen war und dass er mich festgehalten hatte, damit ich ihm bei einer großen Arbeit helfen konnte, die er noch in derselben Nacht der Zeitung L'Époque liefern sollte. Rouletabille confided to the great Fred that I had come to see him on my own initiative and that he had retained me to help him in a great work which he was to deliver, that very night, at L'Epoque. Je devais repartir, dit-il, pour Paris, par le train d’onze heures, emportant sa « copie », qui était une sorte de feuilleton où le jeune reporter retraçait les principaux épisodes des mystères du Glandier. Ich sollte", sagte er, "mit dem Elf-Uhr-Zug nach Paris zurückfahren und seine "Kopie" mitnehmen, die eine Art Feuilleton war, in dem der junge Reporter die wichtigsten Episoden der Geheimnisse von Le Glandier nacherzählte. I was to leave, he said, for Paris, by the eleven o'clock train, taking his "copy", which was a sort of soap opera in which the young reporter retraced the main episodes of the Glandier mysteries. Tuve que partir de nuevo -dijo- para París en el tren de las once, llevando conmigo su "ejemplar", que era una especie de folletín en el que el joven reportero relataba los principales episodios de los misterios de Le Glandier. Eu deveria partir, disse ele, para Paris, no trem das onze horas, levando sua "cópia", que era uma espécie de novela em que o jovem repórter refazia os principais episódios dos mistérios de Glandier. Larsan sourit à cette explication comme un homme qui n’en est point dupe, mais qui se garde, par politesse, d’émettre la moindre réflexion sur des choses qui ne le regardent pas. Larsan lächelte über diese Erklärung wie ein Mann, der nicht darauf hereinfällt, sich aber aus Höflichkeit davor hütet, über Dinge, die ihn nichts angehen, auch nur einen Gedanken zu verlieren. Larsan smiles at this explanation like a man who is not fooled by it, but who, out of politeness, takes care not to express the slightest reflection on things which do not concern him. Avec mille précautions dans le langage et jusque dans les intonations, Larsan et Rouletabille s’entretinrent assez longtemps de la présence au château de M. Arthur-W. Mit tausend Vorsichtsmaßnahmen in der Sprache und sogar in der Betonung unterhielten sich Larsan und Rouletabille ziemlich lange über die Anwesenheit von Herrn Arthur-W. im Schloss. With a thousand precautions in language and even in intonations, Larsan and Rouletabille talked long enough about the presence at the chateau of M. Arthur-W. Rance, de son passé en Amérique qu’ils eussent voulu connaître mieux, du moins quant aux relations qu’il avait eues avec les Stangerson. Rance, über seine Vergangenheit in Amerika, über die sie gerne mehr gewusst hätten, zumindest was seine Beziehungen zu den Stangersons betraf. Rance, of his past in America that they would have liked to know better, at least as for the relations that he had had with the Stangersons. Rance, de seu passado na América, que eles gostariam de conhecer melhor, pelo menos no que diz respeito às suas relações com os Stangerson. À un moment, Larsan, qui me parut soudain souffrant, dit avec effort : At one point Larsan, who suddenly seemed unwell, said with an effort:

« Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n’avons plus grand’chose à faire au Glandier, et m’est avis que nous n’y coucherons plus de nombreux soirs. "I believe, Monsieur Rouletabille, that we have very little to do at Le Glandier, and it is my opinion that we will no longer sleep there many nights."

— C’est aussi mon avis, monsieur Fred.

— Vous croyez donc, mon ami, que l’affaire est finie ?

— Je crois, en effet, qu’elle est finie et qu’elle n’a plus rien à nous apprendre, répliqua Rouletabille. "I believe, in fact, that it is finished and that it has nothing more to teach us," replied Rouletabille.

— Avez-vous un coupable ? demanda Larsan.

— Et vous ?

— Oui.

— Moi aussi, dit Rouletabille.

— Serait-ce le même ? - Would it be the same?

— Je ne crois pas, si vous n’avez pas changé d’idée » , dit le jeune reporter.

Et il ajouta avec force : And he added forcefully:

« M. Darzac est un honnête homme !

— Vous en êtes sûr ? demanda Larsan.

Eh bien, moi, je suis sûr du contraire... C’est donc la bataille ? Well, I am sure of the contrary ... So is this the battle?

— Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Frédéric Larsan. And I will beat you, Mr. Frédéric Larsan.

— La jeunesse ne doute de rien », termina le grand Fred en riant et en me serrant la main. "Youth doesn't doubt anything," finished the big Fred, laughing and shaking my hand.

Rouletabille répondit comme un écho :

« De rien ! Mais soudain, Larsan, qui s’était levé pour nous souhaiter le bonsoir, porta les deux mains à sa poitrine et trébucha. But suddenly Larsan, who had risen to wish us good evening, put both hands to his chest and stumbled. Mas de repente Larsan, que se levantara para dizer boa noite, levou as duas mãos ao peito e tropeçou. Il dut s’appuyer à Rouletabille pour ne pas tomber. He had to lean on Rouletabille so as not to fall. Il était devenu extrêmement pâle. He had grown extremely pale.

« Oh ! oh ! fit-il, qu’est-ce que j’ai là ? he said, what have I got there? Est-ce que je serais empoisonné ? Would I be poisoned? Et il nous regardait d’un oeil hagard... En vain, nous l’interrogions, il ne nous répondait plus... Il s’était affaissé dans un fauteuil et nous ne pûmes en tirer un mot. And he looked at us with a haggard eye ... In vain, we questioned him, he no longer answered us ... He had collapsed in an armchair and we could not get a word out. E ele olhou para nós com o olhar abatido ... Em vão, nós o questionamos, ele não nos respondeu mais ... Ele desabou numa poltrona e não pudemos dizer uma palavra. Nous étions extrêmement inquiets, et pour lui, et pour nous, car nous avions mangé de tous les plats auxquels avait touché Frédéric Larsan. We were extremely worried, and for him, and for us, because we had eaten all the dishes that Frédéric Larsan had touched. Nous nous empressions autour de lui. We crowd around him. Corremos em torno dele. Maintenant, il ne semblait plus souffrir, mais sa tête lourde avait roulé sur son épaule et ses paupières appesanties nous cachaient son regard. Now he didn't seem to be in pain anymore, but his heavy head had rolled over his shoulder and his heavy eyelids were hiding his eyes from us. Agora ele não parecia mais sentir dor, mas sua cabeça pesada rolou sobre o ombro e suas pálpebras pesadas esconderam seu olhar de nós. Rouletabille se pencha sur sa poitrine et ausculta son coeur... Rouletabille leaned over his chest and auscultated his heart ...

Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la lui avais vue tout à l’heure bouleversée. When he got up, my friend had a face as calm as I had seen him upset earlier. Cuando se puso en pie, el rostro de mi amigo estaba tan tranquilo como lo había visto antes, cuando se había alterado tanto. Il me dit :

« Il dort ! " He is sleeping ! Et il m’entraîna dans sa chambre, après avoir refermé la porte de la chambre de Larsan. And he led me into his room, after closing the door to Larsan's room.

« Le narcotique ? demandai-je... Mlle Stangerson veut donc endormir tout le monde, ce soir ? I asked ... So Miss Stangerson wants to put everyone to sleep tonight? ...

— Peut-être... me répondit Rouletabille en songeant à autre chose. "Perhaps ..." replied Rouletabille, thinking of something else.

— Mais nous ! ... nous ! exclamai-je. I exclaimed. Qui me dit que nous n’avons pas avalé un pareil narcotique ? Who tells me we haven't swallowed such a narcotic?

— Vous sentez-vous indisposé ? me demanda Rouletabille avec sang- froid.

— Non, aucunement ! - No, not at all!

— Avez-vous envie de dormir ?

— En aucune façon... - No way... - De jeito nenhum...

— Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare. - Well, my friend, smoke this excellent cigar. Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait offert ; quant à lui, il alluma sa bouffarde, son éternelle bouffarde. And he passed me a first choice Havana which M. Darzac had offered him; as for him, he lit his bouffarde, his eternal bouffarde. Y me pasó un habano de primera calidad que le había regalado el señor Darzac; en cuanto a él, encendió su silbato, su eterno silbato. E ele me passou uma primeira escolha, Havana, que M. Darzac lhe oferecera; quanto a ele, acendeu seu bouffarde, seu eterno bouffarde.

Nous restâmes ainsi dans cette chambre jusqu’à dix heures, sans qu’un mot fût prononcé. We stayed in this room until ten o'clock, without a word being said. Plongé dans un fauteuil, Rouletabille fumait sans discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. Plunged into an armchair, Rouletabille was smoking continuously, his forehead worried and his gaze distant. À dix heures, il se déchaussa, me fit un signe et je compris que je devais, comme lui, retirer mes chaussures. At ten o'clock he took off his shoes, gave me a sign and I realized that I had to take my shoes off like him. Quand nous fûmes sur nos chaussettes, Rouletabille dit, si bas que je devinai plutôt le mot que je ne l’entendis : When we were on our socks, Rouletabille said, so low that I guessed the word rather than I heard it: Quando estávamos de meia, Rouletabille disse, tão baixo que adivinhei a palavra em vez de ouvi-la:

« Revolver ! Je sortis mon revolver de la poche de mon veston.

« Armez ! fit-il encore. he said again.

J’armai. I cocked.

Alors il se dirigea vers la porte de sa chambre, l’ouvrit avec des précautions infinies ; la porte ne cria pas. So he went to his bedroom door, opened it with infinite care; the door did not cry. Nous fûmes dans la galerie tournante. We were in the rotating gallery. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je compris que je devais prendre mon poste dans le cabinet noir. Comme je m’éloignais déjà de lui, Rouletabille me rejoignit « et m’embrassa », et puis je vis qu’avec les mêmes précautions il retournait dans sa chambre. As I was already moving away from him, Rouletabille joined me "and kissed me", and then I saw that with the same precautions he returned to his room. Cuando ya me estaba alejando de él, Rouletabille se unió a mí "y me besó", y entonces vi que con las mismas precauciones regresaba a su habitación. Étonné de ce baiser et un peu inquiet, j’arrivai dans la galerie droite que je longeai sans encombre ; je traversai le palier et continuai mon chemin dans la galerie, aile gauche, jusqu’au cabinet noir. Astonished by this kiss and a little worried, I arrived in the right gallery which I walked along without hindrance; I crossed the landing and continued my way through the gallery, left wing, to the darkroom. Sorprendido por este beso y un poco preocupado, llegué a la galería de la derecha, que recorrí sin obstáculos; crucé el rellano y continué por la galería de la izquierda hasta el armario negro. Espantado com este beijo e um pouco preocupado, cheguei à galeria certa por onde caminhei sem incidentes; Atravessei o patamar e continuei meu caminho pela galeria, ala esquerda, para a câmara escura. Avant d’entrer dans le cabinet noir, je regardai de près l’embrasse du rideau de la fenêtre... Je n’avais, en effet, qu’à la toucher du doigt pour que le lourd rideau retombât d’un seul coup, « cachant à Rouletabille le carré de lumière » : signal convenu. Bevor ich das dunkle Kabinett betrat, schaute ich mir den Vorhang des Fensters genau an... Ich brauchte ihn nur mit dem Finger zu berühren, und schon fiel der schwere Vorhang mit einem Ruck zurück und "verbarg Rouletabille das Lichtquadrat": das vereinbarte Signal. Before entering the black closet, I looked closely at the kiss on the window curtain ... I only had to touch it with my finger so that the heavy curtain fell suddenly , "Hiding the square of light from Rouletabille": signal agreed. Antes de entrar na câmara escura, observei de perto o beijo na cortina da janela ... bastava tocá-lo com o dedo para que a pesada cortina caísse repentinamente., "Escondendo o quadrado de luz de Rouletabille": sinal acertado. Le bruit d’un pas m’arrêta devant la porte d’Arthur Rance. The sound of a footstep stopped me in front of Arthur Rance's door. « Il n’était donc pas encore couché ! "So he wasn't in bed yet!" » Mais comment était-il encore au château, n’ayant pas dîné avec M. Stangerson et sa fille ? But how was he still at the castle, not having dined with Mr. Stangerson and his daughter? Du moins, je ne l’avais pas vu à table, dans le moment que nous avions saisi le geste de Mlle Stangerson. At least, I hadn't seen him at the table, when we had caught Miss Stangerson's gesture. Pelo menos eu não o tinha visto na mesa quando percebemos o gesto da Srta. Stangerson.

Je me retirai dans mon cabinet noir. I retired to my dark room. Je m’y trouvais parfaitement. I was there perfectly. Je voyais toute la galerie en enfilade, galerie éclairée comme en plein jour. I saw the whole gallery in a row, gallery lit as in broad daylight. Évidemment, rien de ce qui allait s’y passer ne pouvait m’échapper. Obviously, nothing that was going to happen there could escape me. Mais qu’est-ce qui allait s’y passer ? But what was going to happen there? Peut- être quelque chose de très grave. Maybe something very serious. Nouveau souvenir inquiétant du baiser de Rouletabille. New disturbing memory of Rouletabille's kiss. On n’embrasse ainsi ses amis que dans les grandes occasions ou quand ils vont courir un danger ! We only kiss our friends on special occasions or when they are going to be in danger! Je courais donc un danger ? Was I in danger then?

Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j’attendis. My fist tightened on the butt of my revolver, and I waited. Meu punho cerrou-se na coronha do revólver e esperei. Je ne suis pas un héros, mais je ne suis pas un lâche. I am not a hero, but I am not a coward. Não sou um herói, mas não sou um covarde.

J’attendis une heure environ ; pendant cette heure je ne remarquai rien d’anormal. Dehors, la pluie, qui s’était mise à tomber violemment vers neuf heures du soir, avait cessé. Outside, the rain, which had started to fall violently around nine in the evening, had stopped.

Mon ami m’avait dit que rien ne se passerait probablement avant minuit ou une heure du matin. My friend had told me that nothing would probably happen until midnight or one in the morning. Cependant il n’était pas plus d’onze heures et demie quand la porte de la chambre d’Arthur Rance s’ouvrit. It was not past half past eleven, however, when the door to Arthur Rance's bedroom opened. J’en entendis le faible grincement sur ses gonds. I heard the faint creak on its hinges. Eu ouvi o leve rangido em suas dobradiças. On eût dit qu’elle était poussée de l’intérieur avec la plus grande précaution. It looked like it was being pushed from the inside with the greatest care. La porte resta ouverte un instant qui me parut très long. The door remained open for a moment which seemed very long to me. Comme cette porte était ouverte, dans la galerie, c’est-à- dire poussée hors la chambre, je ne pus voir, ni ce qui se passait dans la chambre, ni ce qui se passait derrière la porte. As this door was open, in the gallery, that is to say pushed out of the room, I could not see either what was going on in the room, or what was going on behind the door. À ce moment, je remarquai un bruit bizarre qui se répétait pour la troisième fois, qui venait du parc, et auquel je n’avais pas attaché plus d’importance qu’on n’a coutume d’en attacher au miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les gouttières. In diesem Moment fiel mir ein seltsames Geräusch auf, das sich zum dritten Mal wiederholte, aus dem Park kam und dem ich nicht mehr Bedeutung beigemessen hatte als dem Miauen der Katzen, die nachts an den Dachrinnen herumstreunen. At that moment, I noticed a strange noise which was repeated for the third time, which came from the park, and to which I had not attached more importance than one is accustomed to attach to the meowing of the cats which wander, at night, on the gutters. Mais, cette troisième fois, le miaulement était si pur et si « spécial » que je me rappelai ce que j’avais entendu raconter du cri de la « Bête du Bon Dieu ». But, this third time, the meow was so pure and so "special" that I remembered what I had heard about the cry of the "Beast of the Good Lord". Comme ce cri avait accompagné, jusqu’à ce jour, tous les drames qui s’étaient déroulés au Glandier, je ne pus m’empêcher, à cette réflexion, d’avoir un frisson. As this cry had accompanied, up to this day, all the dramas that had taken place at the Glandier, I could not help but feel a shiver at this reflection. Aussitôt je vis apparaître, au delà de la porte, et refermant la porte, un homme. Immediately I saw appear, beyond the door, and closing the door, a man. Imediatamente vi aparecer, além da porta, e fechando a porta, um homem. Je ne pus d’abord le reconnaître, car il me tournait le dos et il était penché sur un ballot assez volumineux. Ich konnte ihn zunächst nicht erkennen, da er mir den Rücken zugewandt hatte und über ein ziemlich großes Bündel gebeugt war. I couldn't recognize him at first, because he had his back to me and he was leaning over a rather bulky bundle.

L’homme, ayant refermé la porte, et portant le ballot, se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il était. Der Mann schloss die Tür und trug das Bündel, drehte sich um und ging in das schwarze Kabinett, und dann sah ich, wer er war. The man, having closed the door, and carrying the bundle, turned to the black cabinet, and then I saw who he was. Celui qui sortait, à cette heure, de la chambre d’Arthur Rance « était le garde ». The one who came out of Arthur Rance's room at this hour "was the guard." C’était « l’homme vert ». It was "the green man". Il avait ce costume que je lui avais vu sur la route, en face de l’auberge du « Donjon », le premier jour où j’étais venu au Glandier, et qu’il portait encore le matin même quand, sortant du château, nous l’avions rencontré, Rouletabille et moi. He had this costume that I had seen him on the road, in front of the inn of the "Donjon", the first day that I had come to Glandier, and which he still wore the same morning when, leaving the castle, we had met him, Rouletabille and me. Aucun doute, c’était le garde. No doubt it was the guard. Sem dúvida era o guarda. Je le vis fort distinctement. I saw it very distinctly. Il avait une figure qui me parut exprimer une certaine anxiété. He had a face which seemed to me to express a certain anxiety. Comme le cri de la « Bête du Bon Dieu » retentissait au dehors pour la quatrième fois, il déposa son ballot dans la galerie et s’approcha de la seconde fenêtre, en comptant les fenêtres à partir du cabinet noir. As the cry of the "Beast of God" sounded outside for the fourth time, he put his bundle down in the gallery and approached the second window, counting the windows from the darkroom. Quando o grito da "Besta de Deus" soou do lado de fora pela quarta vez, ele colocou sua trouxa na galeria e se aproximou da segunda janela, contando as janelas do armário escuro. Je ne risquai aucun mouvement, car je craignais de trahir ma présence. I did not risk any movement, because I was afraid of betraying my presence.

Quand il fut à cette fenêtre, il colla son front contre les vitraux dépolis, et regarda la nuit du parc. When he was at this window, he pressed his forehead against the frosted stained glass, and looked at the night of the park. Quando estava naquela janela, ele pressionou a testa contra o vitral fosco e olhou para o parque à noite. Il resta là une demi- minute. La nuit était claire, par intermittences, illuminée par une lune éclatante qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage. The night was clear, intermittently, illuminated by a bright moon which suddenly disappeared under a large cloud. « L’homme vert » leva le bras à deux reprises, fit des signes que je ne comprenais point ; puis, s’éloignant de la fenêtre, reprit son ballot et se dirigea, suivant la galerie, vers le palier. "The green man" raised his arm twice, made signs that I did not understand; then, going away from the window, took up his bundle again and went, following the gallery, towards the landing.

Rouletabille m’avait dit : « Quand vous verrez quelque chose, dénouez l’embrasse. Rouletabille told me: "When you see something, let go of the kiss." » Je voyais quelque chose. Était-ce cette chose que Rouletabille attendait ? Was this the thing Rouletabille was waiting for? Ceci n’était point mon affaire et je n’avais qu’à exécuter la consigne qui m’avait été donnée. This was not my business and I had only to carry out the instructions given to me. Je dénouai l’embrasse. I released the kiss. Mon coeur battait à se rompre. My heart was beating to break. L’homme atteignit le palier, mais à ma grande stupéfaction, comme je m’attendais à le voir continuer son chemin dans la galerie, aile droite, je l’aperçus qui descendait l’escalier conduisant au vestibule. The man reached the landing, but to my amazement, as I expected to see him continue his way through the gallery, right wing, I saw him coming down the staircase leading to the hall.

Que faire ? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui était retombé sur la fenêtre. Stupidly, I stared at the heavy curtain that had fallen over the window. Le signal avait été donné, et je ne voyais pas apparaître Rouletabille au coin de la galerie tournante. The signal had been given, and I did not see Rouletabille appear at the corner of the revolving gallery. Rien ne vint ; personne n’apparut. Nothing came; no one appeared. J’étais perplexe. Une demi-heure s’écoula qui me parut un siècle. Half an hour passed which seemed to me a century. « Que faire maintenant, même si je voyais autre chose ? "What to do now, even if I saw something else?" » Le signal avait été donné, je ne pouvais le donner une seconde fois... D’un autre côté, m’aventurer dans la galerie en ce moment pouvait déranger tous les plans de Rouletabille. The signal had been given, I could not give it a second time ... On the other hand, venturing into the gallery at this moment could disturb all of Rouletabille's plans. Après tout, je n’avais rien à me reprocher, et, s’il s’était passé quelque chose que n’attendait point mon ami, celui- ci n’avait qu’à s’en prendre à lui-même. After all, I had nothing to reproach myself for, and if something had happened that my friend did not expect, he would only have to blame himself. Ne pouvant plus être d’aucun réel secours d’avertissement pour lui, je risquai le tout pour le tout : je sortis du cabinet, et, toujours sur mes chaussettes, mesurant mes pas et écoutant le silence, je m’en fus vers la galerie tournante. As I could no longer be of any real warning for him, I risked everything for everything: I left the cabinet, and, still in my socks, measuring my steps and listening to the silence, I went towards the rotating gallery.

Personne dans la galerie tournante. No one in the revolving gallery. J’allai à la porte de la chambre de Rouletabille. I went to the door of Rouletabille's room. J’écoutai. I listened. Rien. Je frappai bien doucement. Rien. Je tournai le bouton, la porte s’ouvrit. I turned the button, the door opened. J’étais dans la chambre. Rouletabille était étendu, tout de son long, sur le parquet. Rouletabille lag der Länge nach auf dem Parkettboden. Rouletabille was stretched out all along the floor. Rouletabille estava estendido no chão.