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Les mots de l'actualité (2009), BALLE   2009-03-04

BALLE 2009-03-04

« Un mystère à dix balles », voilà le titre du journal Libération de ce matin. Il se fait l'écho d'un fait divers qui étonne et parfois inquiète : des menaces de mort sont envoyées à des hommes politiques français. Dix ont été recensées, chacune accompagnée d'une balle de 9 mm, c'est-à-dire d'un projectile de pistolet dont le symbolisme est sinistre et flagrant. Pourquoi « balle » ? Parce qu'une balle est une munition dont on charge une arme à feu. On dit « balle » par analogie de forme, même si les balles modernes n'ont plus grand chose de sphérique. Mais jadis, et notamment quand les projectiles étaient de plomb, elles avaient cette forme de boule qui leur a donné ce nom.

Car une balle est d'abord une boule, un objet qui a cette forme et dont on se sert pour jouer, un petit ballon. Ce qui donne une indication de forme, mais qui fait aussi référence au mouvement. La balle se lance, atteint ou manque son but.

La balle est surtout un projectile qu'on utilise dans une arme légère – pistolet, fusil, carabine. Si on charge un canon, on a recours au boulet. L'image, bien sûr, est la même, mais le changement de mot montre qu'on change d'échelle. Et quand on est passé à des objets oblongs, qui fendent mieux l'air, et sont plus mortels et plus précis, on a parlé d'obus. Techniquement, on sait qu'il ne faut pas confondre « balle » et « cartouche ». La cartouche se compose de plusieurs éléments (douille, réserve de poudre, projectile), alors que la balle est le projectile seul. Et souvent, on ne parle de cartouche que lorsque l'arme envoie toute une volée de projectiles en même temps, renfermés dans un même étui. Mais le mot « balle » est encore très courant dans de nombreuses expressions : « les balles sifflent », « douze balles dans la peau », formule à faire frissonner qui évoque une exécution capitale, quand quelqu'un se fait fusiller. Mais quand on parle d'un mystère à dix balles, il y a en plus un jeu de mots derrière. On pense à un mystère à deux balles, ce qui signifie un mystère à la manque, de peu d'intérêt, avec le sentiment qu'on a affaire à quelque chose de petit, de minable. On peut retracer l'histoire de l'expression. Ici, le mot « balle » renvoie à une autre réalité. Une balle est une somme d'argent, et même une unité monétaire et argotique. On ne parle plus de l'idée de sphère, mais de la seule idée de rondeur. Et des pièces de monnaie, ce sont des ronds, des balles.

Au XVIIe siècle, une balle est une livre. Au début du XIXe, ça devient un franc, et ce sens est resté très actif jusqu'à aujourd'hui. On dit souvent que l'argot est très mobile, mais c'est souvent un langage qui s'accroche à ses références. Les balles désignaient des anciens francs. Et suite à la grande réforme monétaire de De Gaulle, on a parlé de 100 balles pour désigner un nouveau franc. Et aujourd'hui encore, la balle, c'est le franc, et ce n'est pas du tout l'euro. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


BALLE   2009-03-04 BALL 2009-03-04 BULLET 2009-03-04

« Un mystère à dix balles », voilà le titre du journal Libération de ce matin. Il se fait l'écho d'un fait divers qui étonne et parfois inquiète : des menaces de mort sont envoyées à des hommes politiques français. Dix ont été recensées, chacune accompagnée d'une balle de 9 mm, c'est-à-dire d'un projectile de pistolet dont le symbolisme est sinistre et flagrant. Pourquoi « balle » ? Parce qu'une balle est une munition dont on charge une arme à feu. On dit « balle » par analogie de forme, même si les balles modernes n'ont plus grand chose de sphérique. Mais jadis, et notamment quand les projectiles étaient de plomb, elles avaient cette forme de boule qui leur a donné ce nom.

Car une balle est d'abord une boule, un objet qui a cette forme et dont on se sert pour jouer, un petit ballon. Ce qui donne une indication de forme, mais qui fait aussi référence au mouvement. La balle se lance, atteint ou manque son but.

La balle est surtout un projectile qu'on utilise dans une arme légère – pistolet, fusil, carabine. Si on charge un canon, on a recours au boulet. L'image, bien sûr, est la même, mais le changement de mot montre qu'on change d'échelle. Et quand on est passé à des objets oblongs, qui fendent mieux l'air, et sont plus mortels et plus précis, on a parlé d'obus. Techniquement, on sait qu'il ne faut pas confondre « balle » et « cartouche ». La cartouche se compose de plusieurs éléments (douille, réserve de poudre, projectile), alors que la balle est le projectile seul. Et souvent, on ne parle de cartouche que lorsque l'arme envoie toute une volée de projectiles en même temps, renfermés dans un même étui. Mais le mot « balle » est encore très courant dans de nombreuses expressions : « les balles sifflent », « douze balles dans la peau », formule à faire frissonner qui évoque une exécution capitale, quand quelqu'un se fait fusiller. Mais quand on parle d'un mystère à dix balles, il y a en plus un jeu de mots derrière. On pense à un mystère à deux balles, ce qui signifie un mystère à la manque, de peu d'intérêt, avec le sentiment qu'on a affaire à quelque chose de petit, de minable. On peut retracer l'histoire de l'expression. Ici, le mot « balle » renvoie à une autre réalité. Une balle est une somme d'argent, et même une unité monétaire et argotique. On ne parle plus de l'idée de sphère, mais de la seule idée de rondeur. Et des pièces de monnaie, ce sont des ronds, des balles.

Au XVIIe siècle, une balle est une livre. Au début du XIXe, ça devient un franc, et ce sens est resté très actif jusqu'à aujourd'hui. On dit souvent que l'argot est très mobile, mais c'est souvent un langage qui s'accroche à ses références. Les balles désignaient des anciens francs. Et suite à la grande réforme monétaire de De Gaulle, on a parlé de 100 balles pour désigner un nouveau franc. Et aujourd'hui encore, la balle, c'est le franc, et ce n'est pas du tout l'euro. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/