×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Nota Bene, Autopsie d’une religion : Les Cathares

Autopsie d'une religion : Les Cathares

Cet épisode est sponsorisé par les éditions 10*18 qui sortent un roman historique qui

j'en suis sûr va vous plaire puisqu'il s'agit “d'Angelus”, une enquête policière

au temps des cathares ! En gros, y a un meurtre hyper sanglant dans un atelier de taille de

pierre, les corps sont mis en scène façon Seven et l'église chrétienne pointe du

doigt, comme par hasard, les cathares ! On va donc suivre non pas un mais trois protagonistes,

un envoyé de l'église, un représentant des hérétiques et un membre de l'atelier

de taille de pierre qui veut se venger, le tout dans une enquête policière au coeur

de l'an 1165.

Bref, un roman historique très cool, avec du sang, des mystères et des cathares, trois

trucs qui me plaisent bien, je vous en reparle à la fin de l'épisode, d'ici là, très

bon visionnage !

Mes chers camarades bien le bonjour !

Une religion, c'est comme un être vivant : elle a une naissance, une croissance, parfois

des maladies, comme par exemple, quand des hérésies ou des schismes la divisent et

l'affaiblissent, et puis...elle peut aussi mourir.

Aujourd'hui, je vous propose de nous faire médecins légistes d'une religion morte.

Ça existe.

Comme les langues mortes.

Nous allons étudier au scalpel ce “cadavre”, et essayer de déterminer la cause de son

décès.

Est-ce qu'un de ses organes était déficient ? Est-ce que “son heure était venue”,

tout simplement ? C'est parti pour l'autopsie d'une dissidence religieuse : le catharisme.

Eh oui, j'aurais pu choisir l'antiquité égyptienne ou les dieux celtes, mais il faut

dire que le catharisme est une religion plus récente, disparue seulement au 14e siècle,

et qui est relativement bien sourcée.

En plus, sa principale ennemie, la religion catholique romaine, est encore “vivante”

de nos jours : ça nous fait un bon point de comparaison.

Mais tout d'abord, un petit point de contexte pour comprendre où on se situe !

Le christianisme occidental médiéval est une religion puissante, qui régule l'ensemble

de la société.

Le son des cloches, les prières, les fêtes religieuses, rythment le quotidien et fixent

les jours fériés.

Adopté par les pouvoirs politiques, ce christianisme régule également l'exercice gouvernemental

et les relations diplomatiques : les chrétiens sont censés ne pas se tuer entre eux (toux)...enfin...

en principe.

Et tout pouvoir découle, d'une façon ou d'une autre, de Dieu.

Les promesses de paix et les alliances doivent être respectées, car elles font l'objet

d'un serment, posé sur les évangiles, le livre sacré de tous les chrétiens.

Bref, vous avez là une société où religion et politique sont intimement mêlés.

Et c'est dans ce contexte que naît le catharisme.

Dans cette autopsie, notre principal suspect, c'est l'Eglise catholique, qui a manifestement

causé la mort de l'hérésie cathare.

Mais si on remonte en détail dans l'historique de la victime, ça semble un peu plus compliqué

que ça… Revenons donc loin, très loin en arrière, dans la vie prénatale du catharisme

: avant même que le Moyen ge n'accouche de cette religion.

- En l'An Mil, l'Europe occidentale est pleine de petites hérésies.

Hérésie est un mot grec, qui signifie “choix, préférence”.

Un hérétique est un chrétien, mais qui a fait un choix à part, et se place à la

marge de l'église.

Par exemple, il reconnaît tous les dogmes et les rituels catholiques mais...pas l'autorité

du pape.

Ce choix le positionne hors de l'église.

Il peut alors être ex - communié, jeté hors de la communauté des fidèles.

Ces hérésies, il y en a beaucoup : en 1049 le concile de Reims prononce que « l'hérésie

pullule en Gaule » !

- Au 11e siècle, chaque prince qui crée des abbayes ou des paroisses s'octroie les

investitures, c'est-à-dire le droit de nommer les curés ou les abbés sur place.

Résultat : on a un clergé qui obéit parfois plus aux différents rois qu'au pape, qui

est pourtant chef de l'église.

Le pape lui-même, d'ailleurs, règne de façon plutôt collégiale : il ne prend pas

ses décisions seul.

- La réforme grégorienne commence alors.

Son but est de centraliser l'église.

Les investitures doivent revenir au pape.

Tout le clergé doit lui obéir, et d'ailleurs, les décisions du pape devront désormais

primer sur celles du collège des cardinaux.

Unifier la chrétienté, c'est en effet le seul moyen de pouvoir continuer les croisades,

pour protéger le tombeau du Christ.

Et ce n'est pas facile : la réforme grégorienne commence en 1020, et ne s'achève qu'en

1215… Presque 200 ans pour mener une réforme ! Chez nous aujourd'hui, ça ferait … 40

mandats présidentiels ? Je vous avais dit : c'est pas simple !

- Au 12e siècle, l'Occident est en plein boom démographique, économique, et culturel.

On appelle ça la Renaissance du 12e siècle.

Rien à voir avec LA Renaissance que tout le monde connaît, c'est bien avant.

Les universités étudient la grammaire, la rhétorique, la dialectique, et font venir

en Europe de nouvelles sources philosophique gréco-arabes.

Cet engouement culturel, intellectuel et spirituel permet de tout questionner, même les sujets

religieux : le péché originel, l'origine des âmes, la création du monde, etc.

Et tous ces débats… c'est une pépinière à hérésies.

La liberté intellectuelle se heurte aux dogmes de l'église, créant parfois des frictions.

Bref, vous m'avez compris : à l'époque, les hérésies perdurent depuis longtemps,

et l'église elle-même est encore en cours de centralisation.

Mais avec la réforme grégorienne...on sent bien que le vent tourne !

L'autopsie peut commencer.

Premier point : quel est l'âge de la victime ? Eh bien...on ne sait pas exactement.

En fait, elle apparaît probablement dans le “bouquet” des hérésies de l'an

mil.

Mais le mot cathare apparaît bien plus tard, quand on essaye de poser un seul nom sur un

phénomène qui à l'époque est encore multiple et qu'on a du mal à identifier.

En tout cas, le jeune catharisme s'installe, avec les autres hérésies, dans l'Empire,

en Flandres, ou encore en France.

Toutefois dans ces espaces bien centralisés, les princes le chassent assez rapidement.

Mais contrairement à ses petits camarades, le catharisme a eu la bonne idée de ne pas

mettre tous ses oeufs dans le même panier : il a aussi fait son nid en Italie et en

Languedoc.

Or ces pays sont encore troublés par des guerres entre cités, ou par la Grande Guerre

Méridionale du 12e siècle, qu'on surnomme aussi la Guerre de Cent ans méridionale.

Rien à voir avec LA Guerre de Cent ans que tout le monde connaît, c'est bien avant…

(Parfois j'ai l'impression que l'histoire se répète !)

Bref, à ce moment, ces régions n'ont pas un pouvoir centralisateur fort : le catharisme

peut s'installer, et commencer sa croissance en toute tranquillité.

Mais pas n'importe comment : en effet, le catharisme a des positions doctrinales assez

particulière pour l'époque.

Dans un premier temps, c'est-à-dire au milieu du 12e siècle, le catharisme commence

à devenir une véritable hérésie déclarée : pour ses adeptes, les “bons-hommes”

et les “bonnes femmes” (c'est leur nom), il n'y a qu'un seul Dieu, créateur des

anges.

Un ange déchu, le diable, a créé un monde matériel, et des corps de chair, pour y emprisonner

les autres anges.

Mais bon, ce n'est pas un drame : en envoyant son fils Jésus, Dieu a promis de sauver tous

les hommes (c'est-à-dire toutes les âmes angéliques prisonnières de corps mortel).

Donc ça va, c'est cool.

Le problème, c'est que ce récit contredit complètement le discours de l'Eglise !

En effet, comme le corps est mauvais, Jésus Christ ne s'est pas vraiment incarné en

homme, et il n'est pas vraiment mort.

Il a juste fait semblant.

Cette petite distinction, elle entraîne toute une chaîne de déductions, qui ont énormément

d'effets sur la structure sociale de l'époque.

Par exemple, la communion chrétienne est fausse : on ne peut pas manger “le corps

du christ” si le christ n'a jamais eu de corps.

Plus de messes ! Plus de mariage non plus, car comme le corps est mauvais, le sexe est

un péché.

Et les obsèques ? Et bien, on s'en moque un peu, vu que les corps ne sont que des prisons

: l'âme s'en est allé, et c'est tout ce qui compte.

Peu à peu, le catharisme se sépare donc des habitudes qui régissent la société

civile.

Au sommet de la pyramide de cette nouvelle religion, et qui représente très bien cette

séparation, se trouve la figure du Parfait.

Le Parfait, ou la Parfaite, est un croyant qui a reçu le consolamentum, le sacrement

unique des cathares : son but est de détacher au maximum son âme de ce monde matériel.

Il n'est plus lié en rien aux obligations de la chair : il ne doit pas jouir de la boisson,

de la nourriture ou du sexe.

Il ne peut même pas toucher une personne du sexe opposé.

Il ne peut pas mentir, pas voler, mais pas prêter de serment non plus !

Dur pour une société où beaucoup d'accords sont basés sur un serment prêté sur la

bible !

Eh oui, le catharisme est encore jeune, il est habité par l'esprit de réforme : il

vit une sorte de crise d'adolescence chrétienne, en remettant beaucoup de choses en question.

Et il accuse durement l'Eglise catholique d'être une vieille institution qui s'est

perdue en chemin, qui a renoncé à ses principes, et qui s'enrichit désormais injustement.

Au début du 13e siècle, les choses ont bien changées.

Le catharisme est implanté durablement en Italie et en Languedoc.

Après les beaux discours, il est temps d'être rationnel.

Tout d'abord, il faut des fidèles.

Or les principes hérétiques sont très intellectuels et idéalistes, ils sont durs à incarner.

Au début, ce sont donc des gens instruits, assez fortunés, qui sont séduits par ces

idées.

Pas l'homme du peuple qui ne sait ni lire, ni écrire, et qui travaille pour nourrir

sa famille.

Pour lui, les grands mystères de la vie ont déjà été posés et résolus… par l'Eglise

! Il se contente d'aller à la messe le dimanche, de respecter les commandements,

et c'est bon.

Une hérésie comme celle du catharisme ne peut être menée que par une élite intellectuelle

qui ose remettre en question toute la structure sociale et religieuse de son temps.

L'élite urbaine fortunée a d'ailleurs tout intérêt à embrasser le catharisme,

qui remet en question les lois et les impôts de l'église.

Peu à peu, le catharisme commence à se structurer : la théologie cathare se spécialise, notamment

au travers de grands colloques internationaux, organisés pour confronter les représentants

de l'Eglise de Rome, et unifier toutes les mouvances hérétiques sous un même dogme.

Rituels, livres saints, et hiérarchie apparaissent.

C'est tout une société dissidente qui commence à éclore : évêques, Parfaits

itinérants, couvents de Parfaites, mais aussi écoles et hôpitaux, souvent financés par

de riches protecteurs, comme la célèbre comtesse Esclarmonde de Foix.

Toutes les religions en arrivent là un jour ou l'autre : il faut se situer par-rapport

au pouvoir politique déjà en place.

En prenant du poids, une religion devient une réalité économique et politique avec

laquelle il faut compter.

Et le catharisme a beau être sincèrement anti-matérialiste et désintéressé, le

clergé reçoit des rentes et les religieux itinérants font parfois office de transporteurs

de fond.

En fait, en quelques années, c'est une véritable “église bis” qui s'est construite.

Et parfois, à quelques points de doctrine ou de dogme prêt...des gens peuvent être

indifféremment cathare ou catholique, sans vraiment concevoir une différence très nette.

La dissection nous indique, à ce stade, une religion musclée, sportive, compétitive:

l'ossature des rituels cathare est assez bonne, sa croissance dans les milieux privilégiés

est optimale.

Qu'est-ce qui pourrait bien mal tourner ?

... Toc toc ! “Coucou, c'est nous, les croisés

!” ...

Eh oui, pas de chance : devenir une grande religion, c'est une course de fond.

Le catharisme, lui, fait plutôt dans le sprint.

Les bonshommes ne font pas grand mal, mais ils marchent allègrement sur les plates-bandes

de Rome.

Et puis, leur philosophie non violente est plutôt sympa sur le coup, mais en profondeur

elle contredit les grands axes religieux, moraux et sociaux sur lesquels repose la société

dans son ensemble.

Poursuivant et prolongeant la réforme grégorienne qui veut purifier l'église, le catharisme

continue sur sa course folle.

Au coeur d'un « bloc civilisationnel » basé sur les alliances maritales, les lignages,

et la paroles donnée, le catharisme n'a pas peur de tout remettre en question… Le

jeune et enthousiaste catharisme se prend les pieds dans le tapis.

Il est le symbole de toutes ces hérésies chrétiennes qui, tout au long du Moyen ge,

sont en définitive plus extrêmes que le “vaisseau mère”.

En effet, pour exiger de ses fidèles autant de renonciations aux plaisirs terrestres,

il faut justifier d'un mythe solide, clair.

Peu à peu, l'idée d'un diable créateur de la matière donne lieu à un dualisme.

On ne sait pas trop comment, mais certains de ces chrétiens finissent à croire qu'il

n'y a plus un Dieu, mais deux principes créateurs.

Pour l'Eglise de Rome, c'en est trop.

Pour l'ensemble de la chrétienté aussi, d'ailleurs.

Une immense croisade est organisée par le pape Innocent III, réunissant des chrétiens

venus de toutes les nations occidentales.

Quand l'armée croisée arrive, il faut choisir : se convertir, ou finir au bûcher.

Mais des nobles Languedociens, catholiques d'ailleurs, s'opposent à la croisade

: hérétiques ou non, ils doivent défendre leurs sujets.

Mal leur en prend : ils se retrouvent accusés à leur tour ! La résistance est balayée

par la puissance capétienne...le roi en profite pour s'emparer du Languedoc, qui devient

alors Français.

Oui, car vous vous en doutez, une guerre, même sainte, n'a pas que des motifs religieux

: conquérir le Languedoc est intéressant à tout point de vue : c'est une terre riche,

et qui donne accès à la mer Méditerranée.

Et pour les chevaliers du rang, on peut espérer récupérer un lopin de terre confisqué à

une famille hérétique.

Quoi qu'il en soit, c'est la fin du grand catharisme, traumatisé à jamais par ce gigantesque

coup à la tête.

Cette religion, prématurément vieillie, commence déjà son agonie...

La croisade a été un succès militaire, mais un échec religieux : la population languedocienne,

marquée par la croisade, rechigne, et se convertit...au catharisme ! Désormais on

trouve des hérétiques parmi l'élite urbaine...mais aussi parmi le peuple, dans les campagnes,

un peu partout ! L'Eglise met alors en place l'Inquisition, ce qui veut dire “l'enquête”.

Le rôle de ce tribunal spécial est d'identifier et de confondre les hérétiques.

Quand on dit inquisition, ne pensez pas tout de suite torture et bûcher, des pratiques

qui restent relativement rares.

Mais pensez plutôt parchemins et registres : les inquisiteurs interrogent et fichent

toute la population, compilent et comparent les interrogatoires.

Le but est de ne surtout pas déclencher de révolte : on ne traque que les hérétiques

les plus importants.

Il s'agit de décapiter le mouvement cathare, en arrêtant uniquement ses meneurs.

Et si possible...en les convertissant au catholicisme ! Si on les brûle, c'est qu'on a échoué.

Cette tactique marche très bien : et l'on découvre alors que sans sa structure dirigeante,

sans ses rituels et ses évangiles qui sont des sources écrites, permanentes...une religion

meurt assez vite !

Et voilà, c'en est bientôt fini.

Oh, il y a bien encore quelques bonshommes et quelques bonnes femmes...mais ils n'ont

plus rien de commun avec les débuts du mouvement.

Sur la fin, on piège les cathares qui refusent de tuer les poulets : désormais, ils croient

en effet à la réincarnation dans les animaux.

On est très très loin du cathare du 13e siècle, et encore plus loin de celui du 12e

siècle qui croit en un Dieu unique, avec une seule vie sur Terre.

Si bien que certains historiens ne parlent plus du catharisme, mais des catharismes.

Il y en a même qui déclare que “les cathares”...ça n'existe pas.

Mais bon, ça c'est plutôt pour faire le buzz…

Alors, cause du décès ?

Un lourd trauma crânien a laissé des traces, mais sans l'achever : la croisade.

Le catharisme est plus vraisemblablement décédé quand l'Inquisition a fait disparaître

son clergé, ses élites et ses livres sacré.

Cette religion est littéralement morte de faim, n'étant plus nourrie par la matière

rituelle et spirituelle nécessaire.

Pourtant, en procédant à une autopsie approfondie, on décèle des traces de carences antérieures

au décès : le catharisme a connu une croissance trop rapide, qui a rendu son ossature fragile.

Ses poumons sont endommagés : dans un milieu médiéval hostile, très lié au serment,

au mariage, et à l'unité sociale et religieuse, le catharisme étouffait.

Malnutrition, fragilité osseuse, asthme… le catharisme était une religion à part,

assez originale… mais fragile.

Dans ces cas là, le secret est de s'appuyer sur un plus fort que soi : un puissant roi,

un empire, n'importe quoi.

Mais le catharisme n'y ait pas parvenu : trop réformiste pour les chrétiens, trop extrême

pour le peuple, trop rebelle pour les puissants… il n'a pas eu de protecteur, et n'a pas

pu tenir le coup.

Merci à Jean de Boisséson pour m'avoir accompagné sur la préparation de cette émission,

il fait parti d'une structure associative, Saga Films, qui a pour but de mettre en avant

l'Histoire occitane alors n'hésitez pas à aller faire un petit tour par chez eux,

je vous mets le lien en description !

Comme je vous l'ai indiqué au début de l'épisode, ce dernier est sponsorisé par

les éditions 10*18 qui sortent le nouvel ouvrage de François-Henri Soulié, “Angélus”

! En gros il s'agit d'une enquête policière bien touffue au coeur du catharisme puisqu'on

se retrouve plongé en 1165 au milieu d'une scène de crime assez horrible ou plusieurs

personnes ont péri, leur corps ayant été mis mystérieusement en scène.

Assez rapidement certains accusent les cathares qui eux se défendent de toute implication

dans ces meurtres.

On est alors précipité dans le récit et on découvre trois protagonistes, deux mêmes

une enquête, l'un pour l'église catholique, l'autre pour les cathares, et le troisième

cherche à identifier le coupable pour venger ses amis.

Bref, Angelus c'est un roman historique assez ambitieux qui nous fait questionner

sur notre rapport à la modernité et au changement à travers cette période de bouleversement

de la société.

Et puis c'est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur les cathares et

leur idéologie parfois assez en avance vous le verrez, mais pas sur tous les points, faut

pas déconner ! Je vous mets le lien du livre en description pour en savoir plus et j'espère

que ça vous plaira pour ceux qui craqueront, je compte sur vous pour me faire un retour

quand vous aurez lu le livre !

Encore merci à tous d'avoir suivi cet épisode, j'espère qu'il était bon ! On se retrouve

vite sur Youtube mais aussi sur Facebook, instagram et twitter.

Bises !

Autopsie d’une religion : Les Cathares Autopsie einer Religion: Die Katharer Autopsy of a religion: The Cathars Autopsia de una religión: los cátaros 宗教の検死:カタリ派 Autopsie van een religie: De Katharen Autópsia de uma religião: os cátaros Вскрытие религии: катары Obduktion av en religion: katarerna Bir Dinin Otopsisi: Katharlar 宗教剖析:卡特里派 宗教剖析:卡特里派

Cet épisode est sponsorisé par les éditions 10*18 qui sortent un roman historique qui

j'en suis sûr va vous plaire puisqu'il s'agit “d'Angelus”, une enquête policière I'm sure you'll like it since it's "Angelus", a police investigation

au temps des cathares ! En gros, y a un meurtre hyper sanglant dans un atelier de taille de in the days of the Cathars! Basically, there's a hyper bloody murder in a workshop the size of

pierre, les corps sont mis en scène façon Seven et l'église chrétienne pointe du stone, bodies are staged Seven-style and the Christian church points

doigt, comme par hasard, les cathares ! On va donc suivre non pas un mais trois protagonistes,

un envoyé de l'église, un représentant des hérétiques et un membre de l'atelier

de taille de pierre qui veut se venger, le tout dans une enquête policière au coeur who wants revenge, all in a police investigation in the heart of the city.

de l'an 1165.

Bref, un roman historique très cool, avec du sang, des mystères et des cathares, trois

trucs qui me plaisent bien, je vous en reparle à la fin de l'épisode, d'ici là, très

bon visionnage !

Mes chers camarades bien le bonjour !

Une religion, c'est comme un être vivant : elle a une naissance, une croissance, parfois

des maladies, comme par exemple, quand des hérésies ou des schismes la divisent et

l'affaiblissent, et puis...elle peut aussi mourir. weaken her, and then ... she can also die.

Aujourd'hui, je vous propose de nous faire médecins légistes d'une religion morte.

Ça existe.

Comme les langues mortes. Like dead languages.

Nous allons étudier au scalpel ce “cadavre”, et essayer de déterminer la cause de son

décès.

Est-ce qu'un de ses organes était déficient ? Est-ce que “son heure était venue”, Was any of his organs deficient? Has “his hour come”,

tout simplement ? C'est parti pour l'autopsie d'une dissidence religieuse : le catharisme.

Eh oui, j'aurais pu choisir l'antiquité égyptienne ou les dieux celtes, mais il faut

dire que le catharisme est une religion plus récente, disparue seulement au 14e siècle,

et qui est relativement bien sourcée. and is relatively well sourced.

En plus, sa principale ennemie, la religion catholique romaine, est encore “vivante”

de nos jours : ça nous fait un bon point de comparaison.

Mais tout d'abord, un petit point de contexte pour comprendre où on se situe !

Le christianisme occidental médiéval est une religion puissante, qui régule l'ensemble

de la société.

Le son des cloches, les prières, les fêtes religieuses, rythment le quotidien et fixent The sound of bells, prayers, religious festivals, punctuate daily life and fix

les jours fériés.

Adopté par les pouvoirs politiques, ce christianisme régule également l'exercice gouvernemental

et les relations diplomatiques : les chrétiens sont censés ne pas se tuer entre eux (toux)...enfin...

en principe.

Et tout pouvoir découle, d'une façon ou d'une autre, de Dieu.

Les promesses de paix et les alliances doivent être respectées, car elles font l'objet

d'un serment, posé sur les évangiles, le livre sacré de tous les chrétiens. of an oath, placed on the Gospels, the sacred book of all Christians.

Bref, vous avez là une société où religion et politique sont intimement mêlés.

Et c'est dans ce contexte que naît le catharisme.

Dans cette autopsie, notre principal suspect, c'est l'Eglise catholique, qui a manifestement

causé la mort de l'hérésie cathare.

Mais si on remonte en détail dans l'historique de la victime, ça semble un peu plus compliqué

que ça… Revenons donc loin, très loin en arrière, dans la vie prénatale du catharisme

: avant même que le Moyen ge n'accouche de cette religion. even before the Middle Ages gave birth to this religion.

- En l'An Mil, l'Europe occidentale est pleine de petites hérésies.

Hérésie est un mot grec, qui signifie “choix, préférence”.

Un hérétique est un chrétien, mais qui a fait un choix à part, et se place à la A heretic is a Christian, but one who has made a choice of his own, and stands apart from the rest.

marge de l'église.

Par exemple, il reconnaît tous les dogmes et les rituels catholiques mais...pas l'autorité

du pape.

Ce choix le positionne hors de l'église.

Il peut alors être ex - communié, jeté hors de la communauté des fidèles. He may then be ex-communicated, thrown out of the community of the faithful.

Ces hérésies, il y en a beaucoup : en 1049 le concile de Reims prononce que « l'hérésie

pullule en Gaule » ! swarms in Gaul”!

- Au 11e siècle, chaque prince qui crée des abbayes ou des paroisses s'octroie les - In the 11th century, each prince who created abbeys or parishes granted himself the

investitures, c'est-à-dire le droit de nommer les curés ou les abbés sur place. investitures, that is to say the right to appoint parish priests or abbots on the spot.

Résultat : on a un clergé qui obéit parfois plus aux différents rois qu'au pape, qui Result: we have a clergy who sometimes obey the different kings more than the pope, who

est pourtant chef de l'église.

Le pape lui-même, d'ailleurs, règne de façon plutôt collégiale : il ne prend pas The pope himself, moreover, reigns rather collegially: he does not take

ses décisions seul.

- La réforme grégorienne commence alors.

Son but est de centraliser l'église.

Les investitures doivent revenir au pape.

Tout le clergé doit lui obéir, et d'ailleurs, les décisions du pape devront désormais All clergy must obey him, and the pope's decisions will henceforth have to be respected.

primer sur celles du collège des cardinaux.

Unifier la chrétienté, c'est en effet le seul moyen de pouvoir continuer les croisades,

pour protéger le tombeau du Christ.

Et ce n'est pas facile : la réforme grégorienne commence en 1020, et ne s'achève qu'en

1215… Presque 200 ans pour mener une réforme ! Chez nous aujourd'hui, ça ferait … 40

mandats présidentiels ? Je vous avais dit : c'est pas simple !

- Au 12e siècle, l'Occident est en plein boom démographique, économique, et culturel.

On appelle ça la Renaissance du 12e siècle.

Rien à voir avec LA Renaissance que tout le monde connaît, c'est bien avant.

Les universités étudient la grammaire, la rhétorique, la dialectique, et font venir

en Europe de nouvelles sources philosophique gréco-arabes. in Europe from new Greco-Arabic philosophical sources.

Cet engouement culturel, intellectuel et spirituel permet de tout questionner, même les sujets This cultural, intellectual and spiritual enthusiasm makes it possible to question everything, even the subjects

religieux : le péché originel, l'origine des âmes, la création du monde, etc.

Et tous ces débats… c'est une pépinière à hérésies. And all these debates… it's a breeding ground for heresies.

La liberté intellectuelle se heurte aux dogmes de l'église, créant parfois des frictions.

Bref, vous m'avez compris : à l'époque, les hérésies perdurent depuis longtemps,

et l'église elle-même est encore en cours de centralisation.

Mais avec la réforme grégorienne...on sent bien que le vent tourne !

L'autopsie peut commencer.

Premier point : quel est l'âge de la victime ? Eh bien...on ne sait pas exactement.

En fait, elle apparaît probablement dans le “bouquet” des hérésies de l'an In fact, it probably appears in the "bouquet" of heresies of the year

mil.

Mais le mot cathare apparaît bien plus tard, quand on essaye de poser un seul nom sur un

phénomène qui à l'époque est encore multiple et qu'on a du mal à identifier. phenomenon which at the time was still multiple and which was difficult to identify.

En tout cas, le jeune catharisme s'installe, avec les autres hérésies, dans l'Empire,

en Flandres, ou encore en France.

Toutefois dans ces espaces bien centralisés, les princes le chassent assez rapidement. However, in these highly centralized areas, the princes quickly chased him away.

Mais contrairement à ses petits camarades, le catharisme a eu la bonne idée de ne pas

mettre tous ses oeufs dans le même panier : il a aussi fait son nid en Italie et en

Languedoc.

Or ces pays sont encore troublés par des guerres entre cités, ou par la Grande Guerre

Méridionale du 12e siècle, qu'on surnomme aussi la Guerre de Cent ans méridionale.

Rien à voir avec LA Guerre de Cent ans que tout le monde connaît, c'est bien avant…

(Parfois j'ai l'impression que l'histoire se répète !)

Bref, à ce moment, ces régions n'ont pas un pouvoir centralisateur fort : le catharisme

peut s'installer, et commencer sa croissance en toute tranquillité.

Mais pas n'importe comment : en effet, le catharisme a des positions doctrinales assez

particulière pour l'époque.

Dans un premier temps, c'est-à-dire au milieu du 12e siècle, le catharisme commence

à devenir une véritable hérésie déclarée : pour ses adeptes, les “bons-hommes”

et les “bonnes femmes” (c'est leur nom), il n'y a qu'un seul Dieu, créateur des

anges.

Un ange déchu, le diable, a créé un monde matériel, et des corps de chair, pour y emprisonner A fallen angel, the devil, created a material world, and bodies of flesh, to imprison

les autres anges.

Mais bon, ce n'est pas un drame : en envoyant son fils Jésus, Dieu a promis de sauver tous

les hommes (c'est-à-dire toutes les âmes angéliques prisonnières de corps mortel).

Donc ça va, c'est cool. So it's cool.

Le problème, c'est que ce récit contredit complètement le discours de l'Eglise !

En effet, comme le corps est mauvais, Jésus Christ ne s'est pas vraiment incarné en

homme, et il n'est pas vraiment mort.

Il a juste fait semblant.

Cette petite distinction, elle entraîne toute une chaîne de déductions, qui ont énormément

d'effets sur la structure sociale de l'époque.

Par exemple, la communion chrétienne est fausse : on ne peut pas manger “le corps

du christ” si le christ n'a jamais eu de corps.

Plus de messes ! Plus de mariage non plus, car comme le corps est mauvais, le sexe est No more masses! No more weddings either, because as the body is bad, so is sex.

un péché.

Et les obsèques ? Et bien, on s'en moque un peu, vu que les corps ne sont que des prisons What about funerals? Well, we don't really care, since bodies are just prisons.

: l'âme s'en est allé, et c'est tout ce qui compte. : the soul is gone, and that's all that matters.

Peu à peu, le catharisme se sépare donc des habitudes qui régissent la société

civile.

Au sommet de la pyramide de cette nouvelle religion, et qui représente très bien cette

séparation, se trouve la figure du Parfait.

Le Parfait, ou la Parfaite, est un croyant qui a reçu le consolamentum, le sacrement

unique des cathares : son but est de détacher au maximum son âme de ce monde matériel. unique to the Cathars: his aim is to detach his soul as far as possible from this material world.

Il n'est plus lié en rien aux obligations de la chair : il ne doit pas jouir de la boisson, He is no longer bound by the obligations of the flesh: he must not enjoy drink,

de la nourriture ou du sexe.

Il ne peut même pas toucher une personne du sexe opposé. He can't even touch a person of the opposite sex.

Il ne peut pas mentir, pas voler, mais pas prêter de serment non plus ! He can't lie, he can't steal, but he can't take an oath either!

Dur pour une société où beaucoup d'accords sont basés sur un serment prêté sur la

bible !

Eh oui, le catharisme est encore jeune, il est habité par l'esprit de réforme : il

vit une sorte de crise d'adolescence chrétienne, en remettant beaucoup de choses en question.

Et il accuse durement l'Eglise catholique d'être une vieille institution qui s'est

perdue en chemin, qui a renoncé à ses principes, et qui s'enrichit désormais injustement.

Au début du 13e siècle, les choses ont bien changées.

Le catharisme est implanté durablement en Italie et en Languedoc.

Après les beaux discours, il est temps d'être rationnel. After the rhetoric, it's time to be rational.

Tout d'abord, il faut des fidèles. First of all, you need followers.

Or les principes hérétiques sont très intellectuels et idéalistes, ils sont durs à incarner. But heretical principles are highly intellectual and idealistic, and hard to embody.

Au début, ce sont donc des gens instruits, assez fortunés, qui sont séduits par ces At first, therefore, it was well-educated, fairly wealthy people who were seduced by these new products.

idées.

Pas l'homme du peuple qui ne sait ni lire, ni écrire, et qui travaille pour nourrir

sa famille.

Pour lui, les grands mystères de la vie ont déjà été posés et résolus… par l'Eglise

! Il se contente d'aller à la messe le dimanche, de respecter les commandements,

et c'est bon.

Une hérésie comme celle du catharisme ne peut être menée que par une élite intellectuelle

qui ose remettre en question toute la structure sociale et religieuse de son temps.

L'élite urbaine fortunée a d'ailleurs tout intérêt à embrasser le catharisme,

qui remet en question les lois et les impôts de l'église.

Peu à peu, le catharisme commence à se structurer : la théologie cathare se spécialise, notamment

au travers de grands colloques internationaux, organisés pour confronter les représentants

de l'Eglise de Rome, et unifier toutes les mouvances hérétiques sous un même dogme.

Rituels, livres saints, et hiérarchie apparaissent. Rituals, holy books and hierarchies appeared.

C'est tout une société dissidente qui commence à éclore : évêques, Parfaits

itinérants, couvents de Parfaites, mais aussi écoles et hôpitaux, souvent financés par

de riches protecteurs, comme la célèbre comtesse Esclarmonde de Foix.

Toutes les religions en arrivent là un jour ou l'autre : il faut se situer par-rapport All religions come to this point sooner or later: you have to situate yourself in relation to others.

au pouvoir politique déjà en place.

En prenant du poids, une religion devient une réalité économique et politique avec By gaining weight, a religion becomes an economic and political reality with

laquelle il faut compter. to be reckoned with.

Et le catharisme a beau être sincèrement anti-matérialiste et désintéressé, le And while Catharism may be sincerely anti-materialistic and disinterested, the

clergé reçoit des rentes et les religieux itinérants font parfois office de transporteurs clergy receive rents and itinerant religious sometimes act as carriers

de fond. background.

En fait, en quelques années, c'est une véritable “église bis” qui s'est construite. In fact, in just a few years, a veritable "second church" has been built.

Et parfois, à quelques points de doctrine ou de dogme prêt...des gens peuvent être And sometimes, within a few points of doctrine or dogma...people can be...

indifféremment cathare ou catholique, sans vraiment concevoir une différence très nette.

La dissection nous indique, à ce stade, une religion musclée, sportive, compétitive:

l'ossature des rituels cathare est assez bonne, sa croissance dans les milieux privilégiés the backbone of Cathar rituals is quite good, its growth in privileged circles

est optimale.

Qu'est-ce qui pourrait bien mal tourner ? Was könnte möglicherweise falsch laufen?

... Toc toc ! “Coucou, c'est nous, les croisés ... Knock Knock ! “Hello, it's us, the crusaders

!” ...

Eh oui, pas de chance : devenir une grande religion, c'est une course de fond. Yes, no such luck: becoming a great religion is a long-distance race.

Le catharisme, lui, fait plutôt dans le sprint.

Les bonshommes ne font pas grand mal, mais ils marchent allègrement sur les plates-bandes The guys don't do much harm, but they walk cheerfully on the flowerbeds

de Rome.

Et puis, leur philosophie non violente est plutôt sympa sur le coup, mais en profondeur And then, their non-violent philosophy is quite nice on the spot, but in depth

elle contredit les grands axes religieux, moraux et sociaux sur lesquels repose la société it contradicts the main religious, moral and social axes on which society is based

dans son ensemble. as a whole.

Poursuivant et prolongeant la réforme grégorienne qui veut purifier l'église, le catharisme

continue sur sa course folle. continues on its wild ride.

Au coeur d'un « bloc civilisationnel » basé sur les alliances maritales, les lignages,

et la paroles donnée, le catharisme n'a pas peur de tout remettre en question… Le

jeune et enthousiaste catharisme se prend les pieds dans le tapis. young and enthusiastic Catharism tripped over the carpet.

Il est le symbole de toutes ces hérésies chrétiennes qui, tout au long du Moyen ge,

sont en définitive plus extrêmes que le “vaisseau mère”.

En effet, pour exiger de ses fidèles autant de renonciations aux plaisirs terrestres, Indeed, in order to demand from his faithful so many renunciations of earthly pleasures,

il faut justifier d'un mythe solide, clair.

Peu à peu, l'idée d'un diable créateur de la matière donne lieu à un dualisme. Little by little, the idea of a devil creating matter gave rise to a dualism.

On ne sait pas trop comment, mais certains de ces chrétiens finissent à croire qu'il We don't really know how, but some of these Christians end up believing that he

n'y a plus un Dieu, mais deux principes créateurs. there is no longer one God, but two creative principles.

Pour l'Eglise de Rome, c'en est trop. For the Church of Rome, this is too much.

Pour l'ensemble de la chrétienté aussi, d'ailleurs.

Une immense croisade est organisée par le pape Innocent III, réunissant des chrétiens

venus de toutes les nations occidentales.

Quand l'armée croisée arrive, il faut choisir : se convertir, ou finir au bûcher. When the Crusader army arrives, you have to choose: convert or be burned at the stake.

Mais des nobles Languedociens, catholiques d'ailleurs, s'opposent à la croisade But Languedoc nobles, who were also Catholics, opposed the crusade.

: hérétiques ou non, ils doivent défendre leurs sujets.

Mal leur en prend : ils se retrouvent accusés à leur tour ! La résistance est balayée It's a bad thing: they find themselves accused in turn! Resistance swept aside

par la puissance capétienne...le roi en profite pour s'emparer du Languedoc, qui devient

alors Français.

Oui, car vous vous en doutez, une guerre, même sainte, n'a pas que des motifs religieux

: conquérir le Languedoc est intéressant à tout point de vue : c'est une terre riche,

et qui donne accès à la mer Méditerranée.

Et pour les chevaliers du rang, on peut espérer récupérer un lopin de terre confisqué à

une famille hérétique. a heretic family.

Quoi qu'il en soit, c'est la fin du grand catharisme, traumatisé à jamais par ce gigantesque

coup à la tête.

Cette religion, prématurément vieillie, commence déjà son agonie...

La croisade a été un succès militaire, mais un échec religieux : la population languedocienne,

marquée par la croisade, rechigne, et se convertit...au catharisme ! Désormais on

trouve des hérétiques parmi l'élite urbaine...mais aussi parmi le peuple, dans les campagnes,

un peu partout ! L'Eglise met alors en place l'Inquisition, ce qui veut dire “l'enquête”.

Le rôle de ce tribunal spécial est d'identifier et de confondre les hérétiques.

Quand on dit inquisition, ne pensez pas tout de suite torture et bûcher, des pratiques

qui restent relativement rares.

Mais pensez plutôt parchemins et registres : les inquisiteurs interrogent et fichent But think of scrolls and registers: inquisitors interrogate and put in files

toute la population, compilent et comparent les interrogatoires.

Le but est de ne surtout pas déclencher de révolte : on ne traque que les hérétiques The aim is to avoid sparking an uprising: only heretics are hunted down.

les plus importants.

Il s'agit de décapiter le mouvement cathare, en arrêtant uniquement ses meneurs.

Et si possible...en les convertissant au catholicisme ! Si on les brûle, c'est qu'on a échoué. And if possible ... by converting them to Catholicism! If we burn them, we have failed.

Cette tactique marche très bien : et l'on découvre alors que sans sa structure dirigeante, This tactic works very well: and then we discover that without its management structure,

sans ses rituels et ses évangiles qui sont des sources écrites, permanentes...une religion

meurt assez vite !

Et voilà, c'en est bientôt fini. And that's it, it's almost over.

Oh, il y a bien encore quelques bonshommes et quelques bonnes femmes...mais ils n'ont

plus rien de commun avec les débuts du mouvement.

Sur la fin, on piège les cathares qui refusent de tuer les poulets : désormais, ils croient At the end, the Cathars are tricked into refusing to kill the chickens.

en effet à la réincarnation dans les animaux. reincarnation in animals.

On est très très loin du cathare du 13e siècle, et encore plus loin de celui du 12e

siècle qui croit en un Dieu unique, avec une seule vie sur Terre. century that believes in one God, with one life on Earth.

Si bien que certains historiens ne parlent plus du catharisme, mais des catharismes.

Il y en a même qui déclare que “les cathares”...ça n'existe pas.

Mais bon, ça c'est plutôt pour faire le buzz…

Alors, cause du décès ? So, cause of death?

Un lourd trauma crânien a laissé des traces, mais sans l'achever : la croisade. Severe head trauma left its mark, but it didn't finish him off: the crusade.

Le catharisme est plus vraisemblablement décédé quand l'Inquisition a fait disparaître

son clergé, ses élites et ses livres sacré.

Cette religion est littéralement morte de faim, n'étant plus nourrie par la matière

rituelle et spirituelle nécessaire.

Pourtant, en procédant à une autopsie approfondie, on décèle des traces de carences antérieures

au décès : le catharisme a connu une croissance trop rapide, qui a rendu son ossature fragile.

Ses poumons sont endommagés : dans un milieu médiéval hostile, très lié au serment,

au mariage, et à l'unité sociale et religieuse, le catharisme étouffait.

Malnutrition, fragilité osseuse, asthme… le catharisme était une religion à part,

assez originale… mais fragile.

Dans ces cas là, le secret est de s'appuyer sur un plus fort que soi : un puissant roi, In these cases, the secret is to rely on someone stronger than yourself: a powerful king,

un empire, n'importe quoi.

Mais le catharisme n'y ait pas parvenu : trop réformiste pour les chrétiens, trop extrême But Catharism did not succeed: too reformist for Christians, too extreme

pour le peuple, trop rebelle pour les puissants… il n'a pas eu de protecteur, et n'a pas

pu tenir le coup.

Merci à Jean de Boisséson pour m'avoir accompagné sur la préparation de cette émission,

il fait parti d'une structure associative, Saga Films, qui a pour but de mettre en avant

l'Histoire occitane alors n'hésitez pas à aller faire un petit tour par chez eux,

je vous mets le lien en description !

Comme je vous l'ai indiqué au début de l'épisode, ce dernier est sponsorisé par

les éditions 10*18 qui sortent le nouvel ouvrage de François-Henri Soulié, “Angélus”

! En gros il s'agit d'une enquête policière bien touffue au coeur du catharisme puisqu'on

se retrouve plongé en 1165 au milieu d'une scène de crime assez horrible ou plusieurs

personnes ont péri, leur corps ayant été mis mystérieusement en scène.

Assez rapidement certains accusent les cathares qui eux se défendent de toute implication

dans ces meurtres.

On est alors précipité dans le récit et on découvre trois protagonistes, deux mêmes

une enquête, l'un pour l'église catholique, l'autre pour les cathares, et le troisième

cherche à identifier le coupable pour venger ses amis.

Bref, Angelus c'est un roman historique assez ambitieux qui nous fait questionner

sur notre rapport à la modernité et au changement à travers cette période de bouleversement

de la société.

Et puis c'est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur les cathares et

leur idéologie parfois assez en avance vous le verrez, mais pas sur tous les points, faut

pas déconner ! Je vous mets le lien du livre en description pour en savoir plus et j'espère

que ça vous plaira pour ceux qui craqueront, je compte sur vous pour me faire un retour

quand vous aurez lu le livre !

Encore merci à tous d'avoir suivi cet épisode, j'espère qu'il était bon ! On se retrouve

vite sur Youtube mais aussi sur Facebook, instagram et twitter.

Bises !