×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, Tome 2, 38. Le rendez-vous

38. Le rendez-vous

Le rendez-vous.

Le lendemain, en se levant, le premier mot d'Albert fut pour proposer à Franz d'aller faire une visite au comte; il l'avait déjà remercié la veille, mais il comprenait qu'un service comme celui qu'il lui avait rendu valait bien deux remerciements.

Franz, qu'un attrait mêlé de terreur attirait vers le comte de Monte-Cristo, ne voulut pas le laisser aller seul chez cet homme et l'accompagna; tous deux furent introduits dans le salon: cinq minutes après, le comte parut.

«Monsieur le comte, lui dit Albert en allant à lui, permettez-moi de vous répéter ce matin ce que je vous ai mal dit hier: c'est que je n'oublierai jamais dans quelle circonstance vous m'êtes venu en aide, et que je me souviendrai toujours que je vous dois la vie ou à peu près.

—Mon cher voisin, répondit le comte en riant, vous vous exagérez vos obligations envers moi. Vous me devez une petite économie d'une vingtaine de mille francs sur votre budget de voyage et voilà tout; vous voyez bien que ce n'est pas la peine d'en parler. De votre côté, ajouta-t-il, recevez tous mes compliments, vous avez été adorable de sans-gêne et de laisser-aller.

—Que voulez-vous, comte, dit Albert; je me suis figuré que je m'étais fait une mauvaise querelle et qu'un duel s'en était suivi, et j'ai voulu faire comprendre une chose à ces bandits: c'est qu'on se bat dans tous les pays du monde, mais qu'il n'y a que les Français qui se battent en riant. Néanmoins, comme mon obligation vis-à-vis de vous n'en est pas moins grande, je viens vous demander si, par moi, par mes amis et par mes connaissances, je ne pourrais pas vous être bon à quelque chose. Mon père, le comte de Morcerf, qui est d'origine espagnole, a une haute position en France et en Espagne, je viens me mettre, moi et tous les gens qui m'aiment, à votre disposition.

—Eh bien, dit le comte, je vous avoue, monsieur de Morcerf, que j'attendais votre offre et que je l'accepte de grand cœur. J'avais déjà jeté mon dévolu sur vous pour vous demander un grand service.

—Lequel?

—Je n'ai jamais été à Paris! je ne connais pas Paris....

—Vraiment! s'écria Albert, vous avez pu vivre jusqu'à présent sans voir Paris? c'est incroyable!

—C'est ainsi, cependant; mais je sens comme vous qu'une plus longue ignorance de la capitale du monde intelligent est chose impossible. Il y a plus: peut-être même aurais-je fait ce voyage indispensable depuis longtemps, si j'avais connu quelqu'un qui pût m'introduire dans ce monde où je n'avais aucune relation.

—Oh! un homme comme vous! s'écria Albert.

—Vous êtes bien bon, mais comme je ne me reconnais à moi-même d'autre mérite que de pouvoir faire concurrence comme millionnaire à M. Aguado ou à M. Rothschild, et que je ne vais pas à Paris pour jouer à la Bourse, cette petite circonstance m'a retenu. Maintenant votre offre me décide. Voyons, vous engagez-vous, mon cher monsieur de Morcerf (le comte accompagna ces mots d'un singulier sourire), vous engagez-vous, lorsque j'irai en France, à m'ouvrir les portes de ce monde où je serai aussi étranger qu'un Huron ou qu'un Cochinchinois?

—Oh! quant à cela, monsieur le comte, à merveille et de grand cœur! répondit Albert; et d'autant plus volontiers (mon cher Franz, ne vous moquez pas trop de moi!) que je suis rappelé à Paris par une lettre que je reçois ce matin même et où il est question pour moi d'une alliance avec une maison fort agréable et qui a les meilleures relations dans le monde parisien.

—Alliance par mariage? dit Franz en riant.

—Oh! mon Dieu, oui! Ainsi, quand vous reviendrez à Paris vous me trouverez homme posé et peut-être père de famille. Cela ira bien à ma gravité naturelle, n'est-ce pas? En tout cas, comte, je vous le répète, moi et les miens sommes à vous corps et âme.

—J'accepte, dit le comte, car je vous jure qu'il ne me manquait que cette occasion pour réaliser des projets que je rumine depuis longtemps.»

Franz ne douta point un instant que ces projets ne fussent ceux dont le comte avait laissé échapper un mot dans la grotte de Monte-Cristo, et il regarda le comte pendant qu'il disait ces paroles pour essayer de saisir sur sa physionomie quelque révélation de ces projets qui le conduisaient à Paris; mais il était bien difficile de pénétrer dans l'âme de cet homme, surtout lorsqu'il la voilait avec un sourire.

«Mais, voyons, comte, reprit Albert enchanté d'avoir à produire un homme comme Monte-Cristo, n'est-ce pas là un de ces projets en l'air, comme on en fait mille en voyage, et qui, bâtis sur du sable, sont emportés au premier souffle du vent?

—Non, d'honneur, dit le comte; je veux aller à Paris, il faut que j'y aille.

—Et quand cela?

—Mais quand y serez-vous vous-même?

—Moi, dit Albert; oh! mon Dieu! dans quinze jours ou trois semaines au plus tard; le temps de revenir.

—Eh bien, dit le comte, je vous donne trois mois; vous voyez que je vous fais la mesure large.

—Et dans trois mois, s'écria Albert avec joie, vous venez frapper à ma porte?

—Voulez-vous un rendez-vous jour pour jour, heure pour heure? dit le comte, je vous préviens que je suis d'une exactitude désespérante.

—Jour pour jour, heure pour heure, dit Albert; cela me va à merveille.

—Eh bien, soit. Il étendit la main vers un calendrier suspendu près de la glace. Nous sommes aujourd'hui, dit-il, le 21 février (il tira sa montre); il est dix heures et demie du matin. Voulez-vous m'attendre le 21 mai prochain, à dix heures et demie du matin?

—À merveille! dit Albert, le déjeuner sera prêt.

—Vous demeurez?

—Rue du Helder, n° 27.

—Vous êtes chez vous en garçon, je ne vous gênerai pas?

—J'habite dans l'hôtel de mon père, mais un pavillon au fond de la cour entièrement séparé.

—Bien.»

Le comte prit ses tablettes et écrivit: «Rue du Helder, n° 27, 21 mai, à dix heures et demie du matin.»

«Et maintenant, dit le comte en remettant ses tablettes dans sa poche, soyez tranquille, l'aiguille de votre pendule ne sera pas plus exacte que moi.

—Je vous reverrai avant mon départ? demanda Albert.

—C'est selon: quand partez-vous?

—Je pars demain, à cinq heures du soir.

—En ce cas, je vous dis adieu. J'ai affaire à Naples et ne serai de retour ici que samedi soir ou dimanche matin. Et vous, demanda le comte à Franz, partez-vous aussi, monsieur le baron?

—Oui.

—Pour la France?

—Non, pour Venise. Je reste encore un an ou deux en Italie.

—Nous ne nous verrons donc pas à Paris?

—Je crains de ne pas avoir cet honneur.

—Allons, messieurs, bon voyage», dit le comte aux deux amis en leur tendant à chacun une main.

C'était la première fois que Franz touchait la main de cet homme; il tressaillit, car elle était glacée comme celle d'un mort.

«Une dernière fois, dit Albert, c'est bien arrêté, sur parole d'honneur, n'est-ce pas? rue du Helder, n° 27, le 21 mai, à dix heures et demie du matin?

—Le 21 mai, à dix heures et demie du matin, rue du Helder, n° 27», reprit le comte.

Sur quoi les deux jeunes gens saluèrent le comte et sortirent.

«Qu'avez-vous donc? dit en rentrant chez lui Albert à Franz, vous avez l'air tout soucieux.

—Oui, dit Franz, je vous l'avoue, le comte est un homme singulier, et je vois avec inquiétude ce rendez-vous qu'il vous a donné à Paris.

—Ce rendez-vous... avec inquiétude! Ah çà! mais êtes-vous fou, mon cher Franz? s'écria Albert.

—Que voulez-vous, dit Franz, fou ou non, c'est ainsi.

—Écoutez, reprit Albert, et je suis bien aise que l'occasion se présente de vous dire cela, mais je vous ai toujours trouvé assez froid pour le comte, que, de son côté, j'ai toujours trouvé parfait, au contraire, pour nous. Avez-vous quelque chose de particulier contre lui?

—Peut-être.

—L'aviez-vous vu déjà quelque part avant de le rencontrer ici?

—Justement.

—Où cela?

—Me promettez-vous de ne pas dire un mot de ce que je vais vous raconter?

—Je vous le promets.

—Parole d'honneur?

—Parole d'honneur.

—C'est bien. Écoutez donc.

Et alors Franz raconta à Albert son excursion à l'île de Monte-Cristo, comment il y avait trouvé un équipage de contrebandiers, et au milieu de cet équipage deux bandits corses. Il s'appesantit sur toutes les circonstances de l'hospitalité féerique que le comte lui avait donnée dans sa grotte des Mille et une Nuits ; il lui raconta le souper, le haschich, les statues, la réalité et le rêve, et comment à son réveil il ne restait plus comme preuve et comme souvenir de tous ces événements que ce petit yacht, faisant à l'horizon voile pour Porto-Vecchio.

Puis il passa à Rome, à la nuit du Colisée, à la conversation qu'il avait entendue entre lui et Vampa, conversation relative à Peppino, et dans laquelle le comte avait promis d'obtenir la grâce du bandit, promesse qu'il avait si bien tenue, ainsi que nos lecteurs ont pu en juger.

Enfin, il en arriva à l'aventure de la nuit précédente, à l'embarras où il s'était trouvé en voyant qu'il lui manquait pour compléter la somme six ou sept cents piastres; enfin à l'idée qu'il avait eue de s'adresser au comte, idée qui avait eu à la fois un résultat si pittoresque et si satisfaisant.

Albert écoutait Franz de toutes ses oreilles.

«Eh bien, lui dit-il quand il eut fini, où voyez-vous dans tout cela quelque chose à reprendre? Le comte est voyageur, le comte a un bâtiment à lui, parce qu'il est riche. Allez à Portsmouth ou à Southampton, vous verrez les ports encombrés de yachts appartenant à de riches Anglais qui ont la même fantaisie. Pour savoir où s'arrêter dans ses excursions, pour ne pas manger cette affreuse cuisine qui nous empoisonne, moi depuis quatre mois, vous depuis quatre ans pour ne pas coucher dans ces abominables lits où l'on ne peut dormir, il se fait meubler un pied-à-terre à Monte-Cristo: quand son pied-à-terre est meublé, il craint que le gouvernement toscan ne lui donne congé et que ses dépenses ne soient perdues, alors il achète l'île et en prend le nom. Mon cher, fouillez dans votre souvenir, et dites-moi combien de gens de votre connaissance prennent le nom des propriétés qu'ils n'ont jamais eues.

—Mais, dit Franz à Albert, les bandits corses qui se trouvent dans son équipage?

—Eh bien, qu'y a-t-il d'étonnant à cela? Vous savez mieux que personne, n'est-ce pas, que les bandits corses ne sont pas des voleurs, mais purement et simplement des fugitifs que quelque vendetta a exilés de leur ville ou de leur village; on peut donc les voir sans se compromettre: quant à moi, je déclare que si jamais je vais en Corse, avant de me faire présenter au gouverneur et au préfet, je me fais présenter aux bandits de Colomba, si toutefois on peut mettre la main dessus; je les trouve charmants.

—Mais Vampa et sa troupe, reprit Franz; ceux-là sont des bandits qui arrêtent pour voler; vous ne le niez pas, je l'espère. Que dites-vous de l'influence du comte sur de pareils hommes?

—Je dirai, mon cher, que, comme selon toute probabilité je dois la vie à cette influence, ce n'est point à moi à la critiquer de trop près. Ainsi donc, au lieu de lui en faire comme vous un crime capital, vous trouverez bon que je l'excuse, sinon de m'avoir sauvé la vie, ce qui est peut-être un peu exagéré mais du moins de m'avoir épargné quatre mille piastres, qui font bel et bien vingt-quatre mille livres de notre monnaie, somme à laquelle on ne m'aurait certes pas estimé en France; ce qui prouve, ajouta Albert en riant, que nul n'est prophète en son pays.

—Eh bien, voilà justement; de quel pays est le comte? quelle langue parle-t-il? quels sont ses moyens d'existence? d'où lui vient son immense fortune? quelle a été cette première partie de sa vie mystérieuse et inconnue qui a répandu sur la seconde cette teinte sombre et misanthropique? Voilà, à votre place, ce que je voudrais savoir.

—Mon cher Franz, reprit Albert, quand en recevant ma lettre vous avez vu que nous avions besoin de l'influence du comte, vous avez été lui dire: «Albert de Morcerf, mon ami, court un danger; aidez-moi à le tirer de ce danger!» n'est-ce pas?

—Oui.

—Alors, vous a-t-il demandé: «Qu'est-ce que M. Albert de Morcerf? d'où lui vient son nom? d'où lui vient sa fortune? quels sont ses moyens d'existence? quel est son pays? où est-il né?» Vous a-t-il demandé tout cela, dites?

—Non, je l'avoue.

—Il est venu, voilà tout. Il m'a tiré des mains de M. Vampa; où, malgré mes apparences pleines de désinvolture, comme vous dites, je faisais fort mauvaise figure, je l'avoue. Eh bien, mon cher, quand en échange d'un pareil service il me demande de faire pour lui ce qu'on fait tous les jours pour le premier prince russe ou italien qui passe par Paris, c'est-à-dire de le présenter dans le monde, vous voulez que je lui refuse cela! Allons donc vous êtes fou.»

Il faut dire que, contre l'habitude, toutes les bonnes raisons étaient cette fois du côté d'Albert.

«Enfin, reprit Franz avec un soupir, faites comme vous voudrez, mon cher vicomte; car tout ce que vous me dites là est fort spécieux, je l'avoue; mais il n'en est pas moins vrai que le comte de Monte-Cristo est un homme étrange.

—Le comte de Monte-Cristo est un philanthrope. Il ne vous a pas dit dans quel but il venait à Paris. Eh bien, il vient pour concourir aux prix Montyon; et s'il ne lui faut que ma voix pour qu'il les obtienne, et l'influence de ce monsieur si laid qui les fait obtenir, eh bien, je lui donnerai l'une et je lui garantirai l'autre. Sur ce, mon cher Franz, ne parlons plus de cela, mettons-nous à table et allons faire une dernière visite à Saint-Pierre.»

Il fut fait comme disait Albert, et le lendemain, à cinq heures de l'après-midi, les deux jeunes gens se quittaient, Albert de Morcerf pour revenir à Paris, Franz d'Épinay pour aller passer une quinzaine de jours à Venise.

Mais, avant de monter en voiture, Albert remit encore au garçon de l'hôtel, tant il avait peur que son convive ne manquât au rendez-vous, une carte pour le comte de Monte-Cristo, sur laquelle au-dessous de ces mots: «Vicomte Albert de Morcerf», il y avait écrit au crayon:

21 mai, à dix heures et demie du matin, 27, rue du Helder.


38. Le rendez-vous 38. Der Termin 38. The appointment 38. A nomeação

Le rendez-vous. The appointment.

Le lendemain, en se levant, le premier mot d’Albert fut pour proposer à Franz d’aller faire une visite au comte; il l’avait déjà remercié la veille, mais il comprenait qu’un service comme celui qu’il lui avait rendu valait bien deux remerciements. The next day, on rising, Albert's first word was to propose to Franz to pay a visit to the count; he had already thanked him the day before, but he understood that a service like the one he had given him was worth two thanks.

Franz, qu’un attrait mêlé de terreur attirait vers le comte de Monte-Cristo, ne voulut pas le laisser aller seul chez cet homme et l’accompagna; tous deux furent introduits dans le salon: cinq minutes après, le comte parut. Franz, whom an attraction mingled with terror attracted towards the Count of Monte Cristo, would not let him go alone to this man, and accompanied him; both were introduced into the salon; five minutes later the count appeared.

«Monsieur le comte, lui dit Albert en allant à lui, permettez-moi de vous répéter ce matin ce que je vous ai mal dit hier: c’est que je n’oublierai jamais dans quelle circonstance vous m’êtes venu en aide, et que je me souviendrai toujours que je vous dois la vie ou à peu près. "Monsieur le Comte," Albert said to him, "let me repeat to you this morning what I have said badly to you yesterday, that I will never forget in what circumstances you came to my aid, and that I will always remember that I owe you life or something.

—Mon cher voisin, répondit le comte en riant, vous vous exagérez vos obligations envers moi. "My dear neighbor," replied the count, laughing, "you are exaggerating your obligations to me. Vous me devez une petite économie d’une vingtaine de mille francs sur votre budget de voyage et voilà tout; vous voyez bien que ce n’est pas la peine d’en parler. You owe me a little saving of twenty thousand francs on your travel budget and that's all; you see that it's not worth talking about. De votre côté, ajouta-t-il, recevez tous mes compliments, vous avez été adorable de sans-gêne et de laisser-aller. "On your side," he added, "receive all my compliments, you have been adorable with ease and sloppiness.

—Que voulez-vous, comte, dit Albert; je me suis figuré que je m’étais fait une mauvaise querelle et qu’un duel s’en était suivi, et j’ai voulu faire comprendre une chose à ces bandits: c’est qu’on se bat dans tous les pays du monde, mais qu’il n’y a que les Français qui se battent en riant. "What do you want, Count," said Albert; I imagined that I had had a bad quarrel and that a duel had followed, and I wanted to make one thing clear to these bandits: it is that one fights in all the countries of the world, but that only the French fight with laughter. Néanmoins, comme mon obligation vis-à-vis de vous n’en est pas moins grande, je viens vous demander si, par moi, par mes amis et par mes connaissances, je ne pourrais pas vous être bon à quelque chose. Nevertheless, as my obligation to you is no less great, I come to ask you if, by myself, by my friends and by my knowledge, I could not be good to you. Mon père, le comte de Morcerf, qui est d’origine espagnole, a une haute position en France et en Espagne, je viens me mettre, moi et tous les gens qui m’aiment, à votre disposition. My father, the Comte de Morcerf, who is of Spanish origin, has a high position in France and Spain, I come to put me and all the people who love me, at your disposal.

—Eh bien, dit le comte, je vous avoue, monsieur de Morcerf, que j’attendais votre offre et que je l’accepte de grand cœur. "Well," said the count, "I confess, Monsieur de Morcerf, that I was waiting for your offer, and that I accept it wholeheartedly. J’avais déjà jeté mon dévolu sur vous pour vous demander un grand service. I had already set my sights on you to ask you a great service.

—Lequel? -Which?

—Je n’ai jamais été à Paris! “I've never been to Paris! je ne connais pas Paris....

—Vraiment! s’écria Albert, vous avez pu vivre jusqu’à présent sans voir Paris? exclaimed Albert, "have you been able to live without seeing Paris? c’est incroyable!

—C’est ainsi, cependant; mais je sens comme vous qu’une plus longue ignorance de la capitale du monde intelligent est chose impossible. -This is so, however; but I feel like you that a longer ignorance of the capital of the intelligent world is impossible. Il y a plus: peut-être même aurais-je fait ce voyage indispensable depuis longtemps, si j’avais connu quelqu’un qui pût m’introduire dans ce monde où je n’avais aucune relation. There is more: perhaps I would have made this indispensable trip for a long time, if I had known someone who could introduce me into this world where I had no relation.

—Oh! un homme comme vous! a man like you! s’écria Albert.

—Vous êtes bien bon, mais comme je ne me reconnais à moi-même d’autre mérite que de pouvoir faire concurrence comme millionnaire à M. Aguado ou à M. Rothschild, et que je ne vais pas à Paris pour jouer à la Bourse, cette petite circonstance m’a retenu. "You are very good, but as I do not recognize myself as having any other merit than being able to compete as a millionaire with M. Aguado or M. Rothschild, and that I am not going to Paris to play on the Bourse. this little circumstance has held me back. Maintenant votre offre me décide. Now your offer decides me. Voyons, vous engagez-vous, mon cher monsieur de Morcerf (le comte accompagna ces mots d’un singulier sourire), vous engagez-vous, lorsque j’irai en France, à m’ouvrir les portes de ce monde où je serai aussi étranger qu’un Huron ou qu’un Cochinchinois? Let us see, you agree, my dear Monsieur de Morcerf (the Count accompanied these words with a singular smile), when you go to France, do you promise to open the doors of this world where I will also be foreigner than a Huron or a Cochinchinese?

—Oh! quant à cela, monsieur le comte, à merveille et de grand cœur! as for that, Monsieur le Comte, wonderfully and with a big heart! répondit Albert; et d’autant plus volontiers (mon cher Franz, ne vous moquez pas trop de moi!) replied Albert; and all the more willingly (my dear Franz, do not make fun of me!) que je suis rappelé à Paris par une lettre que je reçois ce matin même et où il est question pour moi d’une alliance avec une maison fort agréable et qui a les meilleures relations dans le monde parisien. that I am recalled to Paris by a letter which I receive this very morning, and in which I speak of an alliance with a very agreeable house, and which has the best relations in the Parisian world.

—Alliance par mariage? dit Franz en riant.

—Oh! mon Dieu, oui! Ainsi, quand vous reviendrez à Paris vous me trouverez homme posé et peut-être père de famille. So, when you come back to Paris you will find me a posed man and perhaps a father. Cela ira bien à ma gravité naturelle, n’est-ce pas? It will go well with my natural gravity, will not it? En tout cas, comte, je vous le répète, moi et les miens sommes à vous corps et âme. In any case, count, I repeat, me and mine are your body and soul.

—J’accepte, dit le comte, car je vous jure qu’il ne me manquait que cette occasion pour réaliser des projets que je rumine depuis longtemps.» "I accept," said the count, "for I swear to you that I missed only this opportunity to carry out projects which I have been ruminating for a long time."

Franz ne douta point un instant que ces projets ne fussent ceux dont le comte avait laissé échapper un mot dans la grotte de Monte-Cristo, et il regarda le comte pendant qu’il disait ces paroles pour essayer de saisir sur sa physionomie quelque révélation de ces projets qui le conduisaient à Paris; mais il était bien difficile de pénétrer dans l’âme de cet homme, surtout lorsqu’il la voilait avec un sourire. Franz did not for a moment doubt that these plans were those of which the count had dropped a word in the grotto of Monte Cristo, and he looked at the count as he said these words in an attempt to seize on his physiognomy some revelation of these projects which led him to Paris; but it was very difficult to penetrate the soul of this man, especially when he veiled it with a smile.

«Mais, voyons, comte, reprit Albert enchanté d’avoir à produire un homme comme Monte-Cristo, n’est-ce pas là un de ces projets en l’air, comme on en fait mille en voyage, et qui, bâtis sur du sable, sont emportés au premier souffle du vent? "But, look, Count," said Albert, delighted at having to produce a man like Monte Cristo, "is this not one of those projects in the air, like a thousand on a journey, and which, built on sand, are carried away at the first breath of the wind?

—Non, d’honneur, dit le comte; je veux aller à Paris, il faut que j’y aille. "No, of honor," said the count; I want to go to Paris, I have to go.

—Et quand cela?

—Mais quand y serez-vous vous-même? "But when will you be there yourself?"

—Moi, dit Albert; oh! mon Dieu! dans quinze jours ou trois semaines au plus tard; le temps de revenir. in fifteen days or three weeks at the latest; time to come back.

—Eh bien, dit le comte, je vous donne trois mois; vous voyez que je vous fais la mesure large. “Well,” said the count, “I'll give you three months; you see that I give you the measure wide.

—Et dans trois mois, s’écria Albert avec joie, vous venez frapper à ma porte? "And in three months," exclaimed Albert, with joy, "you come knocking at my door?

—Voulez-vous un rendez-vous jour pour jour, heure pour heure? —Do you want a day-to-day, hour-to-hour appointment? dit le comte, je vous préviens que je suis d’une exactitude désespérante. said the count, "I warn you that I am desperately exact.

—Jour pour jour, heure pour heure, dit Albert; cela me va à merveille. "Day for day, hour for hour," said Albert; it suits me perfectly.

—Eh bien, soit. -Well, so be it. Il étendit la main vers un calendrier suspendu près de la glace. He extended his hand to a calendar hanging by the ice. Nous sommes aujourd’hui, dit-il, le 21 février (il tira sa montre); il est dix heures et demie du matin. We are today, he says, on the 21st of February (he drew his watch); it is half-past ten in the morning. Voulez-vous m’attendre le 21 mai prochain, à dix heures et demie du matin? Will you wait for me on the 21st of May, at half-past ten in the morning?

—À merveille! -Perfectly! dit Albert, le déjeuner sera prêt. said Albert, lunch will be ready.

—Vous demeurez? “Are you staying?

—Rue du Helder, n° 27.

—Vous êtes chez vous en garçon, je ne vous gênerai pas? -You are at home as a boy, I will not bother you?

—J’habite dans l’hôtel de mon père, mais un pavillon au fond de la cour entièrement séparé. -I live in my father's hotel, but a pavilion at the end of the courtyard completely separated.

—Bien.»

Le comte prit ses tablettes et écrivit: «Rue du Helder, n° 27, 21 mai, à dix heures et demie du matin.» The count took his tablets and wrote: "Rue du Helder, No. 27, May 21, at half past ten in the morning."

«Et maintenant, dit le comte en remettant ses tablettes dans sa poche, soyez tranquille, l’aiguille de votre pendule ne sera pas plus exacte que moi. "And now," said the count, putting his tablets back in his pocket, "be assured, the needle of your clock will not be more exact than I am.

—Je vous reverrai avant mon départ? "Will I see you again before I leave?" demanda Albert.

—C’est selon: quand partez-vous? "It depends on: when are you leaving?"

—Je pars demain, à cinq heures du soir. -I leave tomorrow, at five o'clock in the evening.

—En ce cas, je vous dis adieu. J’ai affaire à Naples et ne serai de retour ici que samedi soir ou dimanche matin. I'm dealing with Naples and will be back here only on Saturday night or Sunday morning. Et vous, demanda le comte à Franz, partez-vous aussi, monsieur le baron? And you, asked the count of Franz, are you going too, Monsieur le Baron?

—Oui.

—Pour la France?

—Non, pour Venise. Je reste encore un an ou deux en Italie. I'm still a year or two in Italy.

—Nous ne nous verrons donc pas à Paris? -We will not see us in Paris?

—Je crains de ne pas avoir cet honneur. -I fear not to have this honor.

—Allons, messieurs, bon voyage», dit le comte aux deux amis en leur tendant à chacun une main. "Come, gentlemen, have a good trip," said the count to the two friends, handing them each a hand.

C’était la première fois que Franz touchait la main de cet homme; il tressaillit, car elle était glacée comme celle d’un mort. It was the first time that Franz touched the hand of this man; he shuddered, for she was as cold as that of a dead man.

«Une dernière fois, dit Albert, c’est bien arrêté, sur parole d’honneur, n’est-ce pas? "One last time," said Albert, "it is well-timed, on your word of honor, is it not? rue du Helder, n° 27, le 21 mai, à dix heures et demie du matin? rue du Helder, n ° 27, May 21, at half past ten in the morning?

—Le 21 mai, à dix heures et demie du matin, rue du Helder, n° 27», reprit le comte.

Sur quoi les deux jeunes gens saluèrent le comte et sortirent. On which the two young men saluted the count and went out.

«Qu’avez-vous donc? "What do you have? dit en rentrant chez lui Albert à Franz, vous avez l’air tout soucieux. said Albert to Franz on his way home, you look very worried.

—Oui, dit Franz, je vous l’avoue, le comte est un homme singulier, et je vois avec inquiétude ce rendez-vous qu’il vous a donné à Paris. "Yes," said Franz, "I confess you, the count is a singular man, and I see with anxiety the rendezvous he has given you in Paris.

—Ce rendez-vous... avec inquiétude! "This meeting ... with concern!" Ah çà! Oh that! mais êtes-vous fou, mon cher Franz? but are you crazy, my dear Franz? s’écria Albert.

—Que voulez-vous, dit Franz, fou ou non, c’est ainsi. “What do you want,” said Franz, “crazy or not, that's it.

—Écoutez, reprit Albert, et je suis bien aise que l’occasion se présente de vous dire cela, mais je vous ai toujours trouvé assez froid pour le comte, que, de son côté, j’ai toujours trouvé parfait, au contraire, pour nous. "Listen," said Albert, "and I am glad that the opportunity presents itself to tell you that, but I have always found you cold enough for the count, whom, on the other hand, I have always found perfect, on the contrary, for us. Avez-vous quelque chose de particulier contre lui? Do you have something special against him?

—Peut-être.

—L’aviez-vous vu déjà quelque part avant de le rencontrer ici? "Had you already seen him somewhere before meeting him here?"

—Justement. -Exactly.

—Où cela? -Or this?

—Me promettez-vous de ne pas dire un mot de ce que je vais vous raconter? "Do you promise not to say a word about what I am going to tell you?

—Je vous le promets.

—Parole d’honneur?

—Parole d’honneur.

—C’est bien. Écoutez donc.

Et alors Franz raconta à Albert son excursion à l’île de Monte-Cristo, comment il y avait trouvé un équipage de contrebandiers, et au milieu de cet équipage deux bandits corses. Il s’appesantit sur toutes les circonstances de l’hospitalité féerique que le comte lui avait donnée dans sa grotte des  Mille et une Nuits ; il lui raconta le souper, le haschich, les statues, la réalité et le rêve, et comment à son réveil il ne restait plus comme preuve et comme souvenir de tous ces événements que ce petit yacht, faisant à l’horizon voile pour Porto-Vecchio. He dwelt on all the circumstances of the fairy hospitality which the count had given him in his cave of the Thousand and One Nights; he told him about supper, hashish, statues, reality and dreams, and how, on waking, there was no longer any proof or memory of all these events that this little yacht, making on the horizon sail for Porto- Vecchio.

Puis il passa à Rome, à la nuit du Colisée, à la conversation qu’il avait entendue entre lui et Vampa, conversation relative à Peppino, et dans laquelle le comte avait promis d’obtenir la grâce du bandit, promesse qu’il avait si bien tenue, ainsi que nos lecteurs ont pu en juger. Then he passed to Rome, on the night of the Colosseum, to the conversation he had overheard between himself and Vampa, a conversation relating to Peppino, and in which the count had promised to obtain the pardon of the bandit, a promise he had made. so well kept, as our readers have been able to judge.

Enfin, il en arriva à l’aventure de la nuit précédente, à l’embarras où il s’était trouvé en voyant qu’il lui manquait pour compléter la somme six ou sept cents piastres; enfin à l’idée qu’il avait eue de s’adresser au comte, idée qui avait eu à la fois un résultat si pittoresque et si satisfaisant. At last he came to the adventure of the night before, to the embarrassment he had found in seeing that he was wanting to complete the sum of six or seven hundred dollars; and finally to the idea he had had of addressing the count, an idea which had at once had so picturesque and so satisfactory a result.

Albert écoutait Franz de toutes ses oreilles. Albert listened to Franz with all his ears.

«Eh bien, lui dit-il quand il eut fini, où voyez-vous dans tout cela quelque chose à reprendre? "Well," said he to him when he had finished, "where do you see in all this something to resume? Le comte est voyageur, le comte a un bâtiment à lui, parce qu’il est riche. The count is a traveler, the count has a building of his own, because he is rich. Allez à Portsmouth ou à Southampton, vous verrez les ports encombrés de yachts appartenant à de riches Anglais qui ont la même fantaisie. Go to Portsmouth or Southampton, you will see the harbors crowded with yachts owned by wealthy Englishmen who have the same fancy. Pour savoir où s’arrêter dans ses excursions, pour ne pas manger cette affreuse cuisine qui nous empoisonne, moi depuis quatre mois, vous depuis quatre ans pour ne pas coucher dans ces abominables lits où l’on ne peut dormir, il se fait meubler un pied-à-terre à Monte-Cristo: quand son pied-à-terre est meublé, il craint que le gouvernement toscan ne lui donne congé et que ses dépenses ne soient perdues, alors il achète l’île et en prend le nom. To know where to stop in his excursions, not to eat this frightful kitchen that poisons me, for four months, you for four years not to sleep in these abominable beds where you can not sleep, it is furnished a pied-à-terre in Monte-Cristo: when his pied-à-terre is furnished, he fears that the Tuscan government will give him leave and that his expenses are lost, so he buys the island and takes the name . Mon cher, fouillez dans votre souvenir, et dites-moi combien de gens de votre connaissance prennent le nom des propriétés qu’ils n’ont jamais eues. My dear, search your memory, and tell me how many people you know take the name of the properties they never had.

—Mais, dit Franz à Albert, les bandits corses qui se trouvent dans son équipage? "But," said Franz to Albert, "the Corsican bandits in his crew?

—Eh bien, qu’y a-t-il d’étonnant à cela? -Well, what's so amazing about that? Vous savez mieux que personne, n’est-ce pas, que les bandits corses ne sont pas des voleurs, mais purement et simplement des fugitifs que quelque vendetta a exilés de leur ville ou de leur village; on peut donc les voir sans se compromettre: quant à moi, je déclare que si jamais je vais en Corse, avant de me faire présenter au gouverneur et au préfet, je me fais présenter aux bandits de Colomba, si toutefois on peut mettre la main dessus; je les trouve charmants. You know better than anybody, do you not, that the Corsican bandits are not thieves, but purely and simply fugitives whom some vendetta has exiled from their city or their village; we can therefore see them without compromising themselves: as for me, I declare that if ever I go to Corsica, before making myself present to the governor and the prefect, I make myself present to the Colombian bandits, if however we can put the hand above; I find them charming.

—Mais Vampa et sa troupe, reprit Franz; ceux-là sont des bandits qui arrêtent pour voler; vous ne le niez pas, je l’espère. "But Vampa and his troop," said Franz; these are bandits who stop to steal; you do not deny it, I hope so. Que dites-vous de l’influence du comte sur de pareils hommes? What do you say of the Count's influence on such men?

—Je dirai, mon cher, que, comme selon toute probabilité je dois la vie à cette influence, ce n’est point à moi à la critiquer de trop près. "I will say, my dear fellow, that, as, in all probability, I owe my life to this influence, it is not for me to criticize it too closely. Ainsi donc, au lieu de lui en faire comme vous un crime capital, vous trouverez bon que je l’excuse, sinon de m’avoir sauvé la vie, ce qui est peut-être un peu exagéré mais du moins de m’avoir épargné quatre mille piastres, qui font bel et bien vingt-quatre mille livres de notre monnaie, somme à laquelle on ne m’aurait certes pas estimé en France; ce qui prouve, ajouta Albert en riant, que nul n’est prophète en son pays. So, instead of making it like a capital crime, you'll find that I'm excusing it, if not for saving my life, which may be a little exaggerated, but at least for saving me four thousand piastres, which are indeed twenty-four thousand pounds of our money, a sum which I certainly would not have estimated in France; which proves, added Albert laughingly, that no one is a prophet in his country.

—Eh bien, voilà justement; de quel pays est le comte? "Well, that's exactly it; which country is the count? quelle langue parle-t-il? quels sont ses moyens d’existence? what are their means of existence? d’où lui vient son immense fortune? where does his immense fortune come from? quelle a été cette première partie de sa vie mystérieuse et inconnue qui a répandu sur la seconde cette teinte sombre et misanthropique? What was this first part of his mysterious and unknown life which shed on the second this dark and misanthropic hue? Voilà, à votre place, ce que je voudrais savoir. Here, in your place, what I would like to know.

—Mon cher Franz, reprit Albert, quand en recevant ma lettre vous avez vu que nous avions besoin de l’influence du comte, vous avez été lui dire: «Albert de Morcerf, mon ami, court un danger; aidez-moi à le tirer de ce danger!» n’est-ce pas? “My dear Franz,” replied Albert, “when when you received my letter you saw that we needed the count's influence, you went to say to him:“ Albert de Morcerf, my friend, is in danger; help me get him out of this danger! ” is not it?

—Oui.

—Alors, vous a-t-il demandé: «Qu’est-ce que M. Albert de Morcerf? "Then," he asked, "what is M. Albert de Morcerf? d’où lui vient son nom? where does his name come from? d’où lui vient sa fortune? where does his fortune come from? quels sont ses moyens d’existence? what are their means of existence? quel est son pays? où est-il né?» Vous a-t-il demandé tout cela, dites? where was he born?" Did he ask you all that, say?

—Non, je l’avoue. -No, I admit it.

—Il est venu, voilà tout. “He came, that's all. Il m’a tiré des mains de M. Vampa; où, malgré mes apparences pleines de désinvolture, comme vous dites, je faisais fort mauvaise figure, je l’avoue. He pulled me from Mr. Vampa's hands; where, in spite of my appearances full of casualness, as you say, I made a very bad face, I confess. Eh bien, mon cher, quand en échange d’un pareil service il me demande de faire pour lui ce qu’on fait tous les jours pour le premier prince russe ou italien qui passe par Paris, c’est-à-dire de le présenter dans le monde, vous voulez que je lui refuse cela! Well, my dear fellow, when, in exchange for such a service, he asks me to do for him what is done every day for the first Russian or Italian prince who passes through Paris, that is to say, to present in the world, you want me to refuse him that! Allons donc vous êtes fou.» Come on so you're crazy. "

Il faut dire que, contre l’habitude, toutes les bonnes raisons étaient cette fois du côté d’Albert. It must be said that, against the usual, all the good reasons were this time on the side of Albert.

«Enfin, reprit Franz avec un soupir, faites comme vous voudrez, mon cher vicomte; car tout ce que vous me dites là est fort spécieux, je l’avoue; mais il n’en est pas moins vrai que le comte de Monte-Cristo est un homme étrange. "At last," said Franz with a sigh, "do as you please, my dear Vicomte; for all that you say to me there is very specious, I confess; but it is none the less true that the Count of Monte Cristo is a strange man.

—Le comte de Monte-Cristo est un philanthrope. “The Count of Monte Cristo is a philanthropist. Il ne vous a pas dit dans quel but il venait à Paris. He did not tell you why he came to Paris. Eh bien, il vient pour concourir aux prix Montyon; et s’il ne lui faut que ma voix pour qu’il les obtienne, et l’influence de ce monsieur si laid qui les fait obtenir, eh bien, je lui donnerai l’une et je lui garantirai l’autre. Well, he's coming to compete at the Montyon Awards; and if he only needs my voice to get them, and the influence of that ugly gentleman who gets them, well, I'll give him one, and I'll guarantee him the other. Sur ce, mon cher Franz, ne parlons plus de cela, mettons-nous à table et allons faire une dernière visite à Saint-Pierre.» With that, my dear Franz, let's stop talking about that, let's sit down to table and go make a last visit to Saint-Pierre. ”

Il fut fait comme disait Albert, et le lendemain, à cinq heures de l’après-midi, les deux jeunes gens se quittaient, Albert de Morcerf pour revenir à Paris, Franz d’Épinay pour aller passer une quinzaine de jours à Venise. It was done as Albert said, and the next day, at five o'clock in the afternoon, the two young people left each other, Albert de Morcerf to return to Paris, Franz d'Epinay to spend a fortnight in Venice.

Mais, avant de monter en voiture, Albert remit encore au garçon de l’hôtel, tant il avait peur que son convive ne manquât au rendez-vous, une carte pour le comte de Monte-Cristo, sur laquelle au-dessous de ces mots: «Vicomte Albert de Morcerf», il y avait écrit au crayon: But before getting in the car, Albert handed over to the waiter of the hotel, so much he was afraid that his guest would miss the rendezvous, a map for the Count of Monte Cristo, on which below these words "Vicomte Albert de Morcerf", he wrote in pencil:

21 mai, à dix heures et demie du matin, 27, rue du Helder. May 21, at half past ten in the morning, 27, rue du Helder.