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Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, Tome 1, 28. Les registres des prisons

28. Les registres des prisons

Le lendemain du jour où s'était passée, sur la route de Bellegarde à Beaucaire, la scène que nous venons de raconter, un homme de trente à trente-deux ans, vêtu d'un frac bleu barbeau, d'un pantalon de nankin et d'un gilet blanc, ayant à la fois la tournure et l'accent britanniques, se présenta chez le maire de Marseille.

«Monsieur, lui dit-il, je suis le premier commis de la maison Thomson et French de Rome.

Nous sommes depuis dix ans en relations avec la maison Morrel et fils de Marseille. Nous avons une centaine de mille francs à peu près engagés dans ces relations, et nous ne sommes pas sans inquiétudes, attendu que l'on dit que la maison menace ruine: j'arrive donc tout exprès de Rome pour vous demander des renseignements sur cette maison. —Monsieur, répondit le maire, je sais effectivement que depuis quatre ou cinq ans le malheur semble poursuivre M. Morrel: il a successivement perdu quatre ou cinq bâtiments, essuyé trois ou quatre banqueroutes; mais il ne m'appartient pas, quoique son créancier moi-même pour une dizaine de mille francs, de donner aucun renseignement sur l'état de sa fortune.

Demandez-moi comme maire ce que je pense de M. Morrel, et je vous répondrai que c'est un homme probe jusqu'à la rigidité, et qui jusqu'à présent a rempli tous ses engagements avec une parfaite exactitude. Voilà tout ce que je puis vous dire, monsieur; si vous voulez en savoir davantage, adressez-vous à M. de Boville, inspecteur des prisons, rue de Noailles, nº 15; il a, je crois, deux cent mille francs placés dans la maison Morrel, et s'il y a réellement quelque chose à craindre, comme cette somme est plus considérable que la mienne, vous le trouverez probablement sur ce point mieux renseigné que moi.» L'Anglais parut apprécier cette suprême délicatesse, salua, sortit et s'achemina de ce pas particulier aux fils de la Grande-Bretagne vers la rue indiquée.

de Boville était dans son cabinet. En l'apercevant, l'Anglais fit un mouvement de surprise qui semblait indiquer que ce n'était point la première fois qu'il se trouvait devant celui auquel il venait faire une visite. Quand à M. de Boville, il était si désespéré, qu'il était évident que toutes les facultés de son esprit, absorbées dans la pensée qui l'occupait en ce moment, ne laissaient ni à sa mémoire ni à son imagination le loisir de s'égarer dans le passé. L'Anglais, avec le flegme de sa nation, lui posa à peu près dans les mêmes termes la même question qu'il venait de poser au maire de Marseille.

«Oh!

monsieur, s'écria M. de Boville, vos craintes sont malheureusement on ne peut plus fondées, et vous voyez un homme désespéré. J'avais deux cent mille francs placés dans la maison Morrel: ces deux cent mille francs étaient la dot de ma fille que je comptais marier dans quinze jours; ces deux cent mille francs étaient remboursables, cent mille le 15 de ce mois-ci, cent mille le 15 du mois prochain. J'avais donné avis à M. Morrel du désir que j'avais que ce remboursement fût fait exactement, et voilà qu'il est venu ici, monsieur, il y a à peine une demi-heure, pour me dire que si son bâtiment le Pharaon n'était pas rentré d'ici au 15, il se trouverait dans l'impossibilité de me faire ce paiement. —Mais, dit l'Anglais, cela ressemble fort à un atermoiement.

—Dites monsieur, que cela ressemble à une banqueroute!» s'écria M. de Boville désespéré.

L'Anglais parut réfléchir un instant, puis il dit:

«Ainsi, monsieur, cette créance vous inspire des craintes?

—C'est-à-dire que je la regarde comme perdue.

—Eh bien, moi, je vous l'achète.

—Vous?

—Oui, moi.

—Mais à un rabais énorme, sans doute?

—Non, moyennant deux cent mille francs; notre maison, ajouta l'Anglais en riant, ne fait pas de ces sortes d'affaires.

—Et vous payez?

—Comptant.»

Et l'Anglais tira de sa poche une liasse de billets de banque qui pouvait faire le double de la somme que M. de Boville craignait de perdre.

Un éclair de joie passa sur le visage de M. de Boville; mais cependant il fit un effort sur lui-même et dit: «Monsieur, je dois vous prévenir que, selon toute probabilité, vous n'aurez pas six du cent de cette somme.

—Cela ne me regarde pas, répondit l'Anglais; cela regarde la maison Thomson et French, au nom de laquelle j'agis.

Peut-être a-t-elle intérêt à hâter la ruine d'une maison rivale. Mais ce que je sais, monsieur, c'est que je suis prêt à vous compter cette somme contre le transport que vous m'en ferez; seulement je demanderai un droit de courtage. —Comment, monsieur, c'est trop juste!

s'écria M. de Boville. La commission est ordinairement de un et demi: voulez-vous deux? voulez-vous trois? voulez-vous cinq? voulez-vous plus, enfin? Parlez? —Monsieur, reprit l'Anglais en riant, je suis comme ma maison, je ne fais pas de ces sortes d'affaires; non: mon droit de courtage est de tout autre nature.

—Parlez donc, monsieur, je vous écoute.

—Vous êtes inspecteur des prisons?

—Depuis plus de quatorze ans.

—Vous tenez des registres d'entrée et de sortie?

—Sans doute.

—À ces registres doivent être jointes des notes relatives aux prisonniers?

—Chaque prisonnier a son dossier.

—Eh bien, monsieur, j'ai été élevé à Rome par un pauvre diable d'abbé qui a disparu tout à coup.

J'ai appris, depuis, qu'il avait été détenu au château d'If, et je voudrais avoir quelques détails sur sa mort. —Comment le nommiez-vous?

—L'abbé Faria.

—Oh!

je me le rappelle parfaitement! s'écria M. de Boville, il était fou. —On le disait.

—Oh!

il l'était bien certainement. —C'est possible; et quel était son genre de folie?

—Il prétendait avoir la connaissance d'un trésor immense, et offrait des sommes folles au gouvernement si on voulait le mettre en liberté.

—Pauvre diable!

et il est mort? —Oui, monsieur, il y a cinq ou six mois à peu près, en février dernier.

—Vous avez une heureuse mémoire, monsieur, pour vous rappeler ainsi les dates.

—Je me rappelle celle-ci, parce que la mort du pauvre diable fut accompagnée d'une circonstance singulière.

—Peut on connaître cette circonstance?

demanda l'Anglais avec une expression de curiosité qu'un profond observateur eût été étonné de trouver sur son flegmatique visage. —Oh!

mon Dieu! oui, monsieur: le cachot de l'abbé était éloigné de quarante-cinq à cinquante pieds à peu près de celui d'un ancien agent bonapartiste, un de ceux qui avaient le plus contribué au retour de l'usurpateur en 1815, homme très résolu et très dangereux. —Vraiment?

dit l'Anglais.

—Oui, répondit M. de Boville; j'ai eu l'occasion moi-même de voir cet homme en 1816 ou 1817, et l'on ne descendait dans son cachot qu'avec un piquet de soldats: cet homme m'a fait une profonde impression, et je n'oublierai jamais son visage.»

L'Anglais sourit imperceptiblement.

«Et vous dites donc, monsieur, reprit-il, que les deux cachots....

—Étaient séparés par une distance de cinquante pieds; mais il paraît que cet Edmond Dantès....

—Cet homme dangereux s'appelait....

—Edmond Dantès.

Oui, monsieur; il paraît que cet Edmond Dantès s'était procuré des outils ou en avait fabriqué, car on trouva un couloir à l'aide duquel les prisonniers communiquaient. —Ce couloir avait sans doute été pratiqué dans un but d'évasion?

—Justement; mais malheureusement pour les prisonniers, l'abbé Faria fut atteint d'une attaque de catalepsie et mourut.

—Je comprends; cela dut arrêter court les projets d'évasion.

—Pour le mort, oui, répondit M. de Boville, mais pas pour le vivant; au contraire, ce Dantès y vit un moyen de hâter sa fuite; il pensait sans doute que les prisonniers morts au château d'If étaient enterrés dans un cimetière ordinaire; il transporta le défunt dans sa chambre, prit sa place dans le sac où on l'avait cousu et attendit le moment de l'enterrement.

—C'était un moyen hasardeux et qui indiquait quelque courage, reprit l'Anglais.

—Oh!

je vous ai dit, monsieur, que c'était un homme fort dangereux; par bonheur il a débarrassé lui-même le gouvernement des craintes qu'il avait à son sujet. —Comment cela?

—Comment?

vous ne comprenez pas? —Non.

—Le château d'If n'a pas de cimetière; on jette tout simplement les morts à la mer, après leur avoir attaché aux pieds un boulet de trente-six.

—Eh bien?

fit l'Anglais, comme s'il avait la conception difficile. —Eh bien, on lui attacha un boulet de trente-six aux pieds et on le jeta à la mer.

—En vérité?

s'écria l'Anglais. —Oui monsieur, continua l'inspecteur.

Vous comprenez quel dut être l'étonnement du fugitif lorsqu'il se sentit précipité du haut en bas des rochers. J'aurais voulu voir sa figure en ce moment-là. —Ç'eût été difficile.

—N'importe!

dit M. de Boville, que la certitude de rentrer dans ses deux cent mille francs mettait de belle humeur, n'importe! je me la représente.» Et il éclata de rire.

«Et moi aussi», dit l'Anglais.

Et il se mit à rire de son côté, mais comme rient les Anglais, c'est-à-dire du bout des dents.

«Ainsi, continua l'Anglais, qui reprit le premier son sang-froid, ainsi le fugitif fut noyé?

—Bel et bien.

—De sorte que le gouverneur du château fut débarrassé à la fois du furieux et du fou?

—Mais une espèce d'acte a dû être dressé de cet événement?

demanda l'Anglais. —Oui, oui, acte mortuaire.

Vous comprenez, les parents de Dantès, s'il en a, pouvaient avoir intérêt à s'assurer s'il était mort ou vivant. —De sorte que maintenant ils peuvent être tranquilles s'ils héritent de lui.

Il est mort et bien mort? —Oh!

mon Dieu, oui. Et on leur délivrera attestation quand ils voudront. —Ainsi soit-il, dit l'Anglais.

Mais revenons aux registres. —C'est vrai.

Cette histoire nous en avait éloignés. Pardon. —Pardon, de quoi?

de l'histoire? Pas du tout, elle m'a paru curieuse. —Elle l'est en effet.

Ainsi, vous désirez voir, monsieur, tout ce qui est relatif à votre pauvre abbé, qui était bien la douceur même, lui? —Cela me fera plaisir.

—Passez dans mon cabinet et je vais vous montrer cela.»

Et tous deux passèrent dans le cabinet de M. de Boville.

Tout y était effectivement dans un ordre parfait: chaque registre était à son numéro, chaque dossier à sa case. L'inspecteur fit asseoir l'Anglais dans son fauteuil, et posa devant lui le registre et le dossier relatifs au château d'If, lui donnant tout le loisir de feuilleter, tandis que lui-même, assis dans un coin, lisait son journal. L'Anglais trouva facilement le dossier relatif à l'abbé Faria; mais il paraît que l'histoire que lui avait racontée M. de Boville l'avait vivement intéressé, car après avoir pris connaissance de ces premières pièces, il continua de feuilleter jusqu'à ce qu'il fût arrivé à la liasse d'Edmond Dantès.

Là, il retrouva chaque chose à sa place: dénonciation, interrogatoire, pétition de Morrel, apostille de M. de Villefort. Il plia tout doucement la dénonciation, la mit dans sa poche, lut l'interrogatoire, et vit que le nom de Noirtier n'y était pas prononcé, parcourut la demande en date du 10 avril 1815, dans laquelle Morrel, d'après le conseil du substitut, exagérait dans une excellente intention, puisque Napoléon régnait alors, les services que Dantès avait rendus à la cause impériale, services que le certificat de Villefort rendait incontestables. Alors, il comprit tout. Cette demande à Napoléon, gardée par Villefort, était devenue sous la seconde Restauration une arme terrible entre les mains du procureur du roi. Il ne s'étonna donc plus en feuilletant le registre, de cette note mise en accolade en regard de son nom: Edmond Dantès: Bonapartiste enragé: a pris une part active au retour de l'île d'Elbe .

À tenir au plus grand secret et sous la plus stricte surveillance. Au-dessous de ces lignes, était écrit d'une autre écriture:

«Vu la note ci-dessus, rien à faire .»

Seulement, en comparant l'écriture de l'accolade avec celle du certificat placé au bas de la demande de Morrel, il acquit la certitude que la note de l'accolade était de la même écriture que le certificat, c'est-à-dire tracée par la main de Villefort.

Quant à la note qui accompagnait la note, l'Anglais comprit qu'elle avait dû être consignée par quelque inspecteur qui avait pris un intérêt passager à la situation de Dantès, mais que le renseignement que nous venons de citer avait mis dans l'impossibilité de donner suite à cet intérêt.

Comme nous l'avons dit, l'inspecteur, par discrétion et pour ne pas gêner l'élève de l'abbé Faria dans ses recherches, s'était éloigné et lisait Le Drapeau blanc .

Il ne vit donc pas l'Anglais plier et mettre dans sa poche la dénonciation écrite par Danglars sous la tonnelle de la Réserve, et portant le timbre de la poste de Marseille, 27 février, levée de 6 heures du soir.

Mais, il faut le dire, il l'eût vu, qu'il attachait trop peu d'importance à ce papier et trop d'importance à ses deux cent mille francs, pour s'opposer à ce que faisait l'Anglais, si incorrect que cela fût.

«Merci dit celui-ci en refermant bruyamment le registre.

J'ai ce qu'il me faut; maintenant, c'est à moi de tenir ma promesse: faites-moi un simple transport de votre créance; reconnaissez dans ce transport en avoir reçu le montant, et je vais vous compter la somme.» Et il céda sa place au bureau à M. de Boville, qui s'y assit sans façon et s'empressa de faire le transport demandé, tandis que l'Anglais comptait les billets de banque sur le rebord du casier.

28. Les registres des prisons 28. Register der Gefängnisse 28. Prison registers 28. Registros penitenciarios 28. Registos prisionais

Le lendemain du jour où s’était passée, sur la route de Bellegarde à Beaucaire, la scène que nous venons de raconter, un homme de trente à trente-deux ans, vêtu d’un frac bleu barbeau, d’un pantalon de nankin et d’un gilet blanc, ayant à la fois la tournure et l’accent britanniques, se présenta chez le maire de Marseille. The day after, on the road from Bellegarde to Beaucaire, the scene that we have just described, a man of thirty to thirty-two years, dressed in a barbeau blue frac, pants nankin and a white waistcoat, with both the British figure and accent, presented itself to the mayor of Marseilles.

«Monsieur, lui dit-il, je suis le premier commis de la maison Thomson et French de Rome. “Sir,” he said to him, “I am the first clerk of the Thomson and French house in Rome.

Nous sommes depuis dix ans en relations avec la maison Morrel et fils de Marseille. We are for ten years in relationship with Morrel House and son of Marseille. Nous avons une centaine de mille francs à peu près engagés dans ces relations, et nous ne sommes pas sans inquiétudes, attendu que l’on dit que la maison menace ruine: j’arrive donc tout exprès de Rome pour vous demander des renseignements sur cette maison. We have about a hundred thousand francs engaged in these relations, and we are not without anxiety, since it is said that the house threatens ruin: I therefore come expressly from Rome to ask you for information on this matter. House. —Monsieur, répondit le maire, je sais effectivement que depuis quatre ou cinq ans le malheur semble poursuivre M. Morrel: il a successivement perdu quatre ou cinq bâtiments, essuyé trois ou quatre banqueroutes; mais il ne m’appartient pas, quoique son créancier moi-même pour une dizaine de mille francs, de donner aucun renseignement sur l’état de sa fortune. "Sir," replied the mayor, "I do know that for the last four or five years misfortune seems to have followed M. Morrel. He has successively lost four or five buildings, wiped out three or four bankruptcies; but it does not belong to me, though his creditor myself for ten thousand francs, to give any information on the state of his fortune.

Demandez-moi comme maire ce que je pense de M. Morrel, et je vous répondrai que c’est un homme probe jusqu’à la rigidité, et qui jusqu’à présent a rempli tous ses engagements avec une parfaite exactitude. Ask me, as mayor, what I think of M. Morrel, and I will answer you that he is a man honest to the point of rigidity, and who has hitherto fulfilled all his engagements with perfect exactitude. Voilà tout ce que je puis vous dire, monsieur; si vous voulez en savoir davantage, adressez-vous à M. de Boville, inspecteur des prisons, rue de Noailles, nº 15; il a, je crois, deux cent mille francs placés dans la maison Morrel, et s’il y a réellement quelque chose à craindre, comme cette somme est plus considérable que la mienne, vous le trouverez probablement sur ce point mieux renseigné que moi.» That's all I can tell you, sir; if you want to know more, contact Mr. de Boville, prison inspector, rue de Noailles, nº 15; he has, I believe, two hundred thousand francs placed in the house of Morrel, and if there really is anything to fear, as this sum is greater than mine, you will probably find him on this point better informed than me. " L’Anglais parut apprécier cette suprême délicatesse, salua, sortit et s’achemina de ce pas particulier aux fils de la Grande-Bretagne vers la rue indiquée. The Englishman seemed to appreciate this supreme delicacy, bowed, went out, and made his way to this particular step to the sons of Great Britain towards the street indicated.

de Boville était dans son cabinet. de Boville was in his study. En l’apercevant, l’Anglais fit un mouvement de surprise qui semblait indiquer que ce n’était point la première fois qu’il se trouvait devant celui auquel il venait faire une visite. On perceiving him, the Englishman made a movement of surprise, which seemed to indicate that it was not the first time he was before the man to whom he had come to pay a visit. Quand à M. de Boville, il était si désespéré, qu’il était évident que toutes les facultés de son esprit, absorbées dans la pensée qui l’occupait en ce moment, ne laissaient ni à sa mémoire ni à son imagination le loisir de s’égarer dans le passé. When M. de Boville was so desperate, it was evident that all the faculties of his mind, absorbed in the thought which occupied him at that moment, left neither his memory nor his imagination the leisure of to go astray in the past. L’Anglais, avec le flegme de sa nation, lui posa à peu près dans les mêmes termes la même question qu’il venait de poser au maire de Marseille. The Englishman, with the phlegm of his nation, put him in much the same terms the same question he had just asked the mayor of Marseilles.

«Oh!

monsieur, s’écria M. de Boville, vos craintes sont malheureusement on ne peut plus fondées, et vous voyez un homme désespéré. sir, "exclaimed M. de Boville," your fears are unfortunately very well founded, and you see a desperate man. J’avais deux cent mille francs placés dans la maison Morrel: ces deux cent mille francs étaient la dot de ma fille que je comptais marier dans quinze jours; ces deux cent mille francs étaient remboursables, cent mille le 15 de ce mois-ci, cent mille le 15 du mois prochain. I had two hundred thousand francs placed in the house Morrel: these two hundred thousand francs were the dowry of my daughter whom I expected to marry in a fortnight; these two hundred thousand francs were repayable, one hundred thousand on the 15th of this month, one hundred thousand on the 15th of next month. J’avais donné avis à M. Morrel du désir que j’avais que ce remboursement fût fait exactement, et voilà qu’il est venu ici, monsieur, il y a à peine une demi-heure, pour me dire que si son bâtiment le  Pharaon  n’était pas rentré d’ici au 15, il se trouverait dans l’impossibilité de me faire ce paiement. I had given notice to Mr. Morrel of the desire I had that this refund should be made exactly, and here he came here, sir, barely half an hour ago, to tell me that if his building Pharaoh had not returned by the 15th, he would find it impossible for me to make this payment. —Mais, dit l’Anglais, cela ressemble fort à un atermoiement. "But," said the Englishman, "that sounds like a procrastination.

—Dites monsieur, que cela ressemble à une banqueroute!» s’écria M. de Boville désespéré. "Tell me, sir, that it looks like a bankruptcy!" Exclaimed M. de Boville in despair.

L’Anglais parut réfléchir un instant, puis il dit: The Englishman seemed to think for a moment, then he said:

«Ainsi, monsieur, cette créance vous inspire des craintes? "So, sir, does this claim inspire you with fears?

—C’est-à-dire que je la regarde comme perdue. “That is to say, I look at her as lost.

—Eh bien, moi, je vous l’achète. “Well, I'll buy it from you.

—Vous? -You?

—Oui, moi. “Yes, me.

—Mais à un rabais énorme, sans doute? -But at a huge discount, no doubt?

—Non, moyennant deux cent mille francs; notre maison, ajouta l’Anglais en riant, ne fait pas de ces sortes d’affaires. "No, for two hundred thousand francs; our house, "added the Englishman, laughing," does not do these kinds of things.

—Et vous payez? -And you pay?

—Comptant.» -Comptant. "

Et l’Anglais tira de sa poche une liasse de billets de banque qui pouvait faire le double de la somme que M. de Boville craignait de perdre. And the Englishman took from his pocket a bundle of bank notes which could double the amount which M. de Boville feared to lose.

Un éclair de joie passa sur le visage de M. de Boville; mais cependant il fit un effort sur lui-même et dit: A flash of joy passed over Monsieur de Boville's face; but yet he made an effort on himself and said: «Monsieur, je dois vous prévenir que, selon toute probabilité, vous n’aurez pas six du cent de cette somme. "Sir, I must warn you that, in all probability, you will not have six cents of that amount.

—Cela ne me regarde pas, répondit l’Anglais; cela regarde la maison Thomson et French, au nom de laquelle j’agis. "It does not concern me," replied the Englishman; it's home to Thomson and French, in whose name I'm acting.

Peut-être a-t-elle intérêt à hâter la ruine d’une maison rivale. Perhaps she has an interest in hastening the ruin of a rival house. Mais ce que je sais, monsieur, c’est que je suis prêt à vous compter cette somme contre le transport que vous m’en ferez; seulement je demanderai un droit de courtage. But what I know, sir, is that I am ready to count this sum against the transport you will make me; only I will ask for a brokerage fee. —Comment, monsieur, c’est trop juste! "How, sir, that is too fair!"

s’écria M. de Boville. cried M. de Boville. La commission est ordinairement de un et demi: voulez-vous deux? The commission is usually one and a half: do you want two? voulez-vous trois? do you want three? voulez-vous cinq? do you want five? voulez-vous plus, enfin? do you want more, finally? Parlez? Speak? —Monsieur, reprit l’Anglais en riant, je suis comme ma maison, je ne fais pas de ces sortes d’affaires; non: mon droit de courtage est de tout autre nature. "Sir," said the Englishman, laughing, "I am like my house, I do not do these kinds of things; no: my brokerage right is of a different nature.

—Parlez donc, monsieur, je vous écoute. "Speak, then, sir, I am listening to you.

—Vous êtes inspecteur des prisons? "Are you a prison inspector?"

—Depuis plus de quatorze ans. “For over fourteen years.

—Vous tenez des registres d’entrée et de sortie? “Do you keep entry and exit records?

—Sans doute. -Without a doubt.

—À ces registres doivent être jointes des notes relatives aux prisonniers? "To these registers must be attached notes relating to the prisoners?"

—Chaque prisonnier a son dossier. “Each prisoner has his file.

—Eh bien, monsieur, j’ai été élevé à Rome par un pauvre diable d’abbé qui a disparu tout à coup. "Well, sir, I was brought up in Rome by a poor devil of an abbot who disappeared suddenly.

J’ai appris, depuis, qu’il avait été détenu au château d’If, et je voudrais avoir quelques détails sur sa mort. I have since learned that he had been detained at the Chateau d'If, and I would like to have some details about his death. —Comment le nommiez-vous? -How did you name him?

—L’abbé Faria. “Father Faria.

—Oh! -Oh!

je me le rappelle parfaitement! I remember it perfectly! s’écria M. de Boville, il était fou. cried M. de Boville, he was mad. —On le disait. -We said it.

—Oh! -Oh!

il l’était bien certainement. he certainly was. —C’est possible; et quel était son genre de folie? -It's possible; and what was his kind of madness?

—Il prétendait avoir la connaissance d’un trésor immense, et offrait des sommes folles au gouvernement si on voulait le mettre en liberté. He pretended to have the knowledge of an immense treasure, and offered mad sums to the government if they wished to set him free.

—Pauvre diable! -Poor devil!

et il est mort? and he is dead? —Oui, monsieur, il y a cinq ou six mois à peu près, en février dernier. “Yes, sir, about five or six months ago, last February.

—Vous avez une heureuse mémoire, monsieur, pour vous rappeler ainsi les dates. "You have a happy memory, sir, to remind you of the dates.

—Je me rappelle celle-ci, parce que la mort du pauvre diable fut accompagnée d’une circonstance singulière. "I remember this one, because the death of the poor devil was accompanied by a singular circumstance.

—Peut on connaître cette circonstance? Can we know this circumstance?

demanda l’Anglais avec une expression de curiosité qu’un profond observateur eût été étonné de trouver sur son flegmatique visage. asked the Englishman with an expression of curiosity which a profound observer would have been astonished to find on his phlegmatic face. —Oh!

mon Dieu! my God! oui, monsieur: le cachot de l’abbé était éloigné de quarante-cinq à cinquante pieds à peu près de celui d’un ancien agent bonapartiste, un de ceux qui avaient le plus contribué au retour de l’usurpateur en 1815, homme très résolu et très dangereux. yes, sir: the abbot's cell was about forty-five to fifty feet distant from that of an old Bonapartist agent, one of those who had contributed the most to the return of the usurper in 1815, a man very much resolved and very dangerous. —Vraiment? -Really?

dit l’Anglais. said the Englishman.

—Oui, répondit M. de Boville; j’ai eu l’occasion moi-même de voir cet homme en 1816 ou 1817, et l’on ne descendait dans son cachot qu’avec un piquet de soldats: cet homme m’a fait une profonde impression, et je n’oublierai jamais son visage.» "Yes," replied M. de Boville; I had the opportunity myself to see this man in 1816 or 1817, and one went down to his dungeon only with a picket of soldiers: this man made me a deep impression, and I do not will never forget his face. "

L’Anglais sourit imperceptiblement. The Englishman smiled imperceptibly.

«Et vous dites donc, monsieur, reprit-il, que les deux cachots.... "And you say, sir," he went on, "that the two dungeons ....

—Étaient séparés par une distance de cinquante pieds; mais il paraît que cet Edmond Dantès.... - were separated by a distance of fifty feet; but it seems that this Edmond Dantès ....

—Cet homme dangereux s’appelait.... “This dangerous man was called ....

—Edmond Dantès. —Edmond Dantès.

Oui, monsieur; il paraît que cet Edmond Dantès s’était procuré des outils ou en avait fabriqué, car on trouva un couloir à l’aide duquel les prisonniers communiquaient. Yes sir; it seems that Edmond Dantès had procured tools or made them, for a corridor was found with which the prisoners communicated. —Ce couloir avait sans doute été pratiqué dans un but d’évasion? -This corridor had probably been practiced for the purpose of escape?

—Justement; mais malheureusement pour les prisonniers, l’abbé Faria fut atteint d’une attaque de catalepsie et mourut. -Exactly; but unfortunately for the prisoners, Father Faria was attacked by catalepsy and died.

—Je comprends; cela dut arrêter court les projets d’évasion. -I understand; it had to stop short escape plans.

—Pour le mort, oui, répondit M. de Boville, mais pas pour le vivant; au contraire, ce Dantès y vit un moyen de hâter sa fuite; il pensait sans doute que les prisonniers morts au château d’If étaient enterrés dans un cimetière ordinaire; il transporta le défunt dans sa chambre, prit sa place dans le sac où on l’avait cousu et attendit le moment de l’enterrement. "For the dead, yes," replied M. de Boville, "but not for the living; on the contrary, Dantes saw in it a means of hastening his escape; he no doubt thought that the dead prisoners at the castle of If were buried in an ordinary cemetery; he carried the deceased to his room, took his place in the bag where he had been sewn and waited for the moment of burial.

—C’était un moyen hasardeux et qui indiquait quelque courage, reprit l’Anglais. "It was a risky thing and indicated some courage," said the Englishman.

—Oh!

je vous ai dit, monsieur, que c’était un homme fort dangereux; par bonheur il a débarrassé lui-même le gouvernement des craintes qu’il avait à son sujet. I told you, sir, that he was a very dangerous man; fortunately he rid himself of the government of the fears he had about him. —Comment cela? -What do you mean?

—Comment? -How? 'Or' What?

vous ne comprenez pas? you do not understand? —Non. -No.

—Le château d’If n’a pas de cimetière; on jette tout simplement les morts à la mer, après leur avoir attaché aux pieds un boulet de trente-six. -The castle of If does not have a cemetery; the dead are simply thrown into the sea, after having tied a ball of thirty-six to their feet.

—Eh bien? -Well?

fit l’Anglais, comme s’il avait la conception difficile. said the Englishman, as if he had a difficult conception. —Eh bien, on lui attacha un boulet de trente-six aux pieds et on le jeta à la mer. “Well, they tied a thirty-six ball to his feet and threw him into the sea.

—En vérité? -In truth?

s’écria l’Anglais. cried the Englishman. —Oui monsieur, continua l’inspecteur. “Yes sir,” continued the inspector.

Vous comprenez quel dut être l’étonnement du fugitif lorsqu’il se sentit précipité du haut en bas des rochers. You understand what must have been the astonishment of the fugitive when he felt precipitated up and down the rocks. J’aurais voulu voir sa figure en ce moment-là. I would have liked to see his face at that moment. —Ç’eût été difficile. -It would have been difficult.

—N’importe! -Anything!

dit M. de Boville, que la certitude de rentrer dans ses deux cent mille francs mettait de belle humeur, n’importe! said M. de Boville, that the certainty of returning to his two hundred thousand francs put a good mood, no matter! je me la représente.» I represent it to myself. " Et il éclata de rire. And he burst out laughing.

«Et moi aussi», dit l’Anglais. "And me too," said the Englishman.

Et il se mit à rire de son côté, mais comme rient les Anglais, c’est-à-dire du bout des dents. And he began to laugh on his side, but as the English laugh, that is to say, with the tips of his teeth.

«Ainsi, continua l’Anglais, qui reprit le premier son sang-froid, ainsi le fugitif fut noyé? "So," continued the Englishman, who took his first coolness, "so the fugitive was drowned?

—Bel et bien. -Indeed.

—De sorte que le gouverneur du château fut débarrassé à la fois du furieux et du fou? "So that the governor of the castle was rid of both the madman and the madman?

—Mais une espèce d’acte a dû être dressé de cet événement? -But a kind of act had to be drawn from this event?

demanda l’Anglais. asked the Englishman. —Oui, oui, acte mortuaire. -Yes, yes, death certificate.

Vous comprenez, les parents de Dantès, s’il en a, pouvaient avoir intérêt à s’assurer s’il était mort ou vivant. You understand, the parents of Dantes, if he has any, could have an interest in making sure he was dead or alive. —De sorte que maintenant ils peuvent être tranquilles s’ils héritent de lui. -So now they can be quiet if they inherit him.

Il est mort et bien mort? Is he dead and dead? —Oh! -Oh!

mon Dieu, oui. my God, yes. Et on leur délivrera attestation quand ils voudront. And they will be issued certificates when they want. —Ainsi soit-il, dit l’Anglais. "So be it," said the Englishman.

Mais revenons aux registres. But let's go back to the records. —C’est vrai. -That is true.

Cette histoire nous en avait éloignés. This story had taken us away. Pardon. Sorry. —Pardon, de quoi? “Sorry, for what?

de l’histoire? Of the history? Pas du tout, elle m’a paru curieuse. Not at all, she seemed curious. —Elle l’est en effet. -It is indeed.

Ainsi, vous désirez voir, monsieur, tout ce qui est relatif à votre pauvre abbé, qui était bien la douceur même, lui? So, you wish to see, sir, all that is relative to your poor abbot, who was very gentle himself? —Cela me fera plaisir. -It will make me happy.

—Passez dans mon cabinet et je vais vous montrer cela.» “Come into my office and I'll show you this.”

Et tous deux passèrent dans le cabinet de M. de Boville. And both went into M. de Boville's study.

Tout y était effectivement dans un ordre parfait: chaque registre était à son numéro, chaque dossier à sa case. Everything was there in perfect order: each register had its number, each file in its box. L’inspecteur fit asseoir l’Anglais dans son fauteuil, et posa devant lui le registre et le dossier relatifs au château d’If, lui donnant tout le loisir de feuilleter, tandis que lui-même, assis dans un coin, lisait son journal. The inspector seated the Englishman in his chair, and placed in front of him the register and the file relative to the castle of If, giving him all the leisure of leafing, while himself, sitting in a corner, read his newspaper . L’Anglais trouva facilement le dossier relatif à l’abbé Faria; mais il paraît que l’histoire que lui avait racontée M. de Boville l’avait vivement intéressé, car après avoir pris connaissance de ces premières pièces, il continua de feuilleter jusqu’à ce qu’il fût arrivé à la liasse d’Edmond Dantès. The Englishman easily found the file relating to Abbe Faria; but it seems that the story that M. de Boville had told him had interested him deeply, for after having taken note of these first pieces, he continued to leaf through until he had reached the sheaf of Edmond. Dantes.

Là, il retrouva chaque chose à sa place: dénonciation, interrogatoire, pétition de Morrel, apostille de M. de Villefort. There he found everything in his place: denunciation, interrogation, Morrel's petition, apostille of M. de Villefort. Il plia tout doucement la dénonciation, la mit dans sa poche, lut l’interrogatoire, et vit que le nom de Noirtier n’y était pas prononcé, parcourut la demande en date du 10 avril 1815, dans laquelle Morrel, d’après le conseil du substitut, exagérait dans une excellente intention, puisque Napoléon régnait alors, les services que Dantès avait rendus à la cause impériale, services que le certificat de Villefort rendait incontestables. He gently folded the denunciation, put it in his pocket, read the interrogation, and saw that the name of Noirtier was not pronounced there, ran through the request dated April 10, 1815, in which Morrel, according to the Counsel of the Substitute, exaggerated in an excellent intention, since Napoleon reigned then, the services which Dantès had rendered to the imperial cause, services which the certificate of Villefort rendered indisputable. Alors, il comprit tout. So, he understood everything. Cette demande à Napoléon, gardée par Villefort, était devenue sous la seconde Restauration une arme terrible entre les mains du procureur du roi. This request to Napoleon, guarded by Villefort, had become, under the Second Restoration, a terrible weapon in the hands of the procureur du roi. Il ne s’étonna donc plus en feuilletant le registre, de cette note mise en accolade en regard de son nom: He was no longer surprised by leafing through the register, this note put in hug for his name: Edmond Dantès: Bonapartiste enragé: a pris une part active au retour de l’île d’Elbe . Edmond Dantès: Angry Bonapartist: took an active part in the return of the island of Elba.

À tenir au plus grand secret et sous la plus stricte surveillance. Keep it to the utmost secrecy and under the strictest supervision. Au-dessous de ces lignes, était écrit d’une autre écriture: Below these lines was written in another scripture:

«Vu la note ci-dessus,  rien à faire .» "Given the note above, nothing to do."

Seulement, en comparant l’écriture de l’accolade avec celle du certificat placé au bas de la demande de Morrel, il acquit la certitude que la note de l’accolade était de la même écriture que le certificat, c’est-à-dire tracée par la main de Villefort. Only, by comparing the writing of the accolade with that of the certificate placed at the bottom of Morrel's application, he became certain that the note of the accolade was of the same writing as the certificate, that is, to say traced by the hand of Villefort.

Quant à la note qui accompagnait la note, l’Anglais comprit qu’elle avait dû être consignée par quelque inspecteur qui avait pris un intérêt passager à la situation de Dantès, mais que le renseignement que nous venons de citer avait mis dans l’impossibilité de donner suite à cet intérêt. As to the note which accompanied the note, the Englishman understood that it had been recorded by some inspector who had taken a temporary interest in the situation of Dantes, but that the information which we have just cited had made it impossible to follow up on this interest.

Comme nous l’avons dit, l’inspecteur, par discrétion et pour ne pas gêner l’élève de l’abbé Faria dans ses recherches, s’était éloigné et lisait  Le Drapeau blanc . As we have said, the inspector, by discretion and not to interfere with Father Faria's pupil in his research, had gone away and read The White Flag.

Il ne vit donc pas l’Anglais plier et mettre dans sa poche la dénonciation écrite par Danglars sous la tonnelle de la Réserve, et portant le timbre de la poste de Marseille, 27 février, levée de 6 heures du soir. He did not therefore see the Englishman bending and putting in his pocket the denunciation written by Danglars under the arbor of the Reserve, and bearing the postage stamp of Marseilles, February 27th, rising from six o'clock in the evening.

Mais, il faut le dire, il l’eût vu, qu’il attachait trop peu d’importance à ce papier et trop d’importance à ses deux cent mille francs, pour s’opposer à ce que faisait l’Anglais, si incorrect que cela fût. But, it must be said, he had seen it, that he attached too little importance to this paper and too much importance to his two hundred thousand francs, to oppose what the Englishman was doing, if incorrect as it was.

«Merci dit celui-ci en refermant bruyamment le registre. "Thank you," he said, closing the register loudly.

J’ai ce qu’il me faut; maintenant, c’est à moi de tenir ma promesse: faites-moi un simple transport de votre créance; reconnaissez dans ce transport en avoir reçu le montant, et je vais vous compter la somme.» I have what I need; now it is for me to keep my promise: make me a simple transport of your debt; acknowledge in this transport having received the amount, and I will count you the sum. " Et il céda sa place au bureau à M. de Boville, qui s’y assit sans façon et s’empressa de faire le transport demandé, tandis que l’Anglais comptait les billets de banque sur le rebord du casier. And he yielded his place at the office to M. de Boville, who sat down without ceremony, and hastened to make the requested transport, while the English counted the bank notes on the edge of the locker.