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Ted Talk en français, 27a. Voir la vie en Rose malgré le cancer : Céline Lis-Raoux.

27a. Voir la vie en Rose malgré le cancer : Céline Lis-Raoux.

Pendant les quelques minutes qu'on va passer ensemble, je vais beaucoup prononcer le mot cancer.

Personne n'est parti encore ? C'est bien. Et pourtant vous avez raison de rester, parce que je ne vais pas parler de mort du tout. Je vais vous parler de vie. Je vais vous parler de Rose magazine.

Il y a cinq ans, j'étais journaliste à l'Express. Je venais de me marier, d'avoir un petit bébé, et puis un jour j'apprends que j'ai une tumeur au sein. De la peur et de la douleur que j'ai vécues, je (ne) vous parlerai pas ici, parce que la plupart d'entre vous connaissent déjà.

En France, un homme sur trois et une femme sur quatre, rencontrera le cancer au cours de sa vie.

Nous sommes tous concernés. Je vais faire un petit test.

J'aimerais que dans cette salle, ceux et celles qui n'ont pas ou n'ont pas eu de cancer et qui ne connaissent pas dans leur entourage proche de cancéreux, se lèvent. Est-ce quelqu'un ne connait pas de cancéreux ? Levez-vous !

Ne soyez pas timides, hein ! Voilà. Ben, c'est normal, les plus jeunes. On est tous concernés. On est tous concernés et à la fois, ils sont où les cancéreux dans la société française ? Un quart de la population, pas un homme politique, pas un artiste, pas un chef d'entreprise. Ils se cacheraient ?

Je ne sais pas. Je pense qu'en France, on est surtout des cancéreux honteux. Je vais vous demander de faire un autre petit effort, mais cette fois, ça va être un effort d'imagination. Imaginez-vous - comme moi il y a cinq ans - découvrant que vous entrez dans la grande confrérie des cancéreux. Alors comme vous (n')avez pas tout de suite l'intention de mourir, vous vous dites, je vais essayer de m'informer.

Donc vous faites comme moi, vous entrez dans un kiosque à journaux. Alors, pour les plus jeunes d'entre vous qui (ne) doivent pas bien dominer le concept, un kiosque à journaux c'est un endroit physique, où une personne physique vend des feuilles de papiers qui sont reliées entre elles, imprimées, écrites par des journalistes, en général on les paie pour faire ça, et ça s'appelle des journaux.

Bref, il y a cinq ans, j'entre dans mon kiosque à journaux pour trouver un titre qui me parlerait de ma vie de cancéreuse.

Alors je vois Libé, Le Monde, normal, Le Parisien, La Croix, Le Nouvel Observateur, CLÉS, Psychologies, d'autres journaux, je continue, Télérama, c'est bien. Je (ne) trouve pas, alors je continue… Alors il y avait aussi SPA magazine, et puis je vois Cupcake magazine, et puis Passion Top chef, Passion Funboard, Hamster magazine.

(Rires) Je me suis arrêtée à Hamster magazine.

Je me suis dit la presse aime les hamsters, pas le cancer. Je suis sortie, j'étais un petit poil dépitée quand même. Donc j'ai fait comme tout le monde, parce que je suis un dinosaure qui achète du papier, mais je ne suis pas complètement obtus à la modernité, je vais sur internet. Alors là, alors là ça a été, mais alors un…, une espèce de… Aller un feu d'artifice, allons-y !

Un feu d'artifice ! Je tape « cancer du sein » sur Google ; essayez, c'est très marrant. Première occurrence qui remonte c'était un tchat, où les femmes se demandaient sur des pages et des pages si elles avaient un cancer du sein, parce qu'elles avaient mis des soutiens-gorge à baleines. Et puis après il y avait un blog, qui était très très célèbre à l'époque, où, hein…, une personne se demandait si finalement notre épidémie, l'épidémie de cancer qui sévissait, (n')était pas due au fait que les grands labos voulaient nous empoisonner, pour nous vendre encore plus de médicaments.

Ensuite il y avait aussi un autre tchat, où des femmes entre elles se montaient le bourrichon, en se parlant de leurs cancers stade 2, stade 4, stade 5. C'était génial, parce que stade 4, c'est les soins palliatifs, et stade 5, ça (n')existe pas, et stade 8, enfin l'échelle de Richter peut-être, mais pas l'échelle du cancer.

Et puis tout à fait en bas en bas en bas, j'arrive enfin à un site qui avait l'air un peu professionnel.

Je l'ouvre, et là, en page d'accueil, on me propose de faire un legs. Ça sent le cercueil. Alors je me suis dit... j'ai eu l'impression d'être dans le, sur le site internet du croque-mort de Lucky Luke. Vous savez, celui qui prend la taille de ses futurs clients avant la bataille. Et puis il m'a fallu un bon, une bonne heure et demie ce soir-là, pour me dire : « Céline, ça fait 15 ans que tu as ta carte de presse, et tu vas croire n'importe quelle connerie ? Alors du coup, j'ai fermé mon Macintosh et je suis allée me coucher.

Le lendemain matin, je suis entrée à l'hôpital pour subir une ablation. C'est une opération lourde. Je ne savais pas combien de temps je resterais, comment j'allais sortir, si je pouvais me faire reconstruire un jour, ni quels seraient les effets secondaires. Rien. On (ne) m'avait rien dit. C'est un saut dans le vide ; sans élastique. Vous savez, dans la vie on a tous des élastiques. Il y en a, c'est leur famille, d'autres leurs amis, certains leurs religions. Moi, ma foi, c'est l'information. Alors pendant deux ans de traitement, je n'ai cessé de poser des questions.

Chaque jour, je posais des questions. Au médecin d'abord, qu'est-ce qu'un cancer ? Si on ne vous explique pas, vous ne devinez pas. Qu'est-ce qu'une chimiothérapie ? Et pourquoi on me donne telle molécule et pas celle-là ? Le premier médecin que j'ai interrogé a haussé les épaules. Il m'a dit : « Mais pourquoi je perdrais du temps à vous expliquer. De toute façon, vous ne comprendriez pas. Je crois que c'est la première expérience de ma vie du mépris total.

Je suis rentrée chez moi, je pleurais. Mais je ne pleurais pas du tout de douleur, je pleurais de rage. Mais j'ai continué à poser des questions. Et ça continuait sur des questions sur la vie : mais est-ce que je peux faire du sport avec un cancer ? Comment je l'apprends à mes enfants ? Comment on dit à un enfant qu'on a un cancer quand on est une maman ? Est-ce qu'on lui dit « je vais peut-être mourir » ?

Est-ce qu'on ne lui dit pas ? C'est très compliqué. Est-ce que je peux continuer à avoir une vie sexuelle avec un cancer ? J'ai envie d'aller à la plage, où est-ce que je vais trouver un maillot de bain pour une amazone ? Et toutes ces questions-là, mises bout à bout, ça faisait des articles. Et tous ces articles-là, mis bout à bout, ça faisait un journal.

27a. Voir la vie en Rose malgré le cancer : Céline Lis-Raoux. 27a. Trotz Krebs das Leben in Rosa sehen: Céline Lis-Raoux. 27a. See life in Rose despite cancer: Céline Lis-Raoux. 27a. Ver la vida de rosa a pesar del cáncer: Céline Lis-Raoux. 27 a. دیدن زندگی در صورتی با وجود سرطان: سلین لیز-راوکس. 27a. Vedere la vita in rosa nonostante il cancro: Céline Lis-Raoux. 27a.がんになってもピンク色の人生を見る:セリーヌ・リス=ラウ。 27a. 암에도 불구하고 분홍색으로 삶을 바라보기: 셀린 리스-라우. 27a. Het leven in roze zien ondanks kanker: Céline Lis-Raoux. 27a. Widząc życie w różu pomimo raka: Céline Lis-Raoux. 27a. Ver a vida de cor-de-rosa apesar do cancro: Céline Lis-Raoux. 27a. Kansere rağmen hayatı pembe görmek: Céline Lis-Raoux. 27a. Бачити життя в рожевому кольорі, незважаючи на рак: Селін Ліс-Рау. 27a。尽管患癌,看看罗斯的生活:Céline Lis-Raoux。

Pendant les quelques minutes qu’on va passer ensemble, je vais beaucoup prononcer le mot cancer. During the few minutes we're going to spend together, I'm going to pronounce the word cancer a lot. Durante los pocos minutos que vamos a pasar juntos, usaré mucho la palabra cáncer. この数分間で、私はがんという言葉をたくさん使うことになるだろう。

Personne n’est parti encore ? Nobody left yet? ¿Nadie se ha ido todavía? まだ誰も出ていないのか? C’est bien. それは素晴らしいことだ。 Et pourtant vous avez raison de rester, parce que je ne vais pas parler de mort du tout. And yet you're right to stay, because I'm not going to talk about death at all. Y, sin embargo, tienes razón en quedarte, porque no voy a hablar de muerte en absoluto. それでもここにいるのは正しい。私は死について話すつもりはまったくないのだから。 Je vais vous parler de vie. I'm going to talk to you about life. 人生について話すつもりだ。 Je vais vous parler de Rose magazine. I'm going to tell you about Rose magazine. ローズ誌についてお話ししましょう。

Il y a cinq ans, j’étais journaliste à l’Express. Five years ago, I was a reporter for the Express. 年前、私は『L'Express』の記者だった。 Je venais de me marier, d’avoir un petit bébé, et puis un jour j’apprends que j’ai une tumeur au sein. I had just married, had a small baby, and then one day I learned that I had a breast tumor. Me acababa de casar, tenía un bebé y un día descubrí que tenía un tumor en el seno. 結婚して、小さな子供が生まれたばかりだったんだけど、ある日、乳房に腫瘍があることがわかったんだ。 De la peur et de la douleur que j’ai vécues, je (ne) vous parlerai pas ici, parce que la plupart d’entre vous connaissent déjà. About the fear and the pain that I experienced, I (will) not speak to you here, because most of you already know. Sobre el miedo y el dolor que experimenté, no les contaré aquí, porque la mayoría de ustedes ya lo saben. 私が経験した恐怖と痛みについてここで話すつもりはない。

En France, un homme sur trois et une femme sur quatre, rencontrera le cancer au cours de sa vie. In France, one in three men and one in four women will experience cancer during their lifetime. En Francia, uno de cada tres hombres y una de cada cuatro mujeres sufrirán cáncer durante su vida. フランスでは、男性の3人に1人、女性の4人に1人が、人生のある時点でがんにかかると言われている。

Nous sommes tous concernés. We are all concerned. 私たちは皆、心配している。 Je vais faire un petit test. I'm going to do a little test. ちょっとテストしてみるよ。

J’aimerais que dans cette salle, ceux et celles qui n’ont pas ou n’ont pas eu de cancer et qui ne connaissent pas dans leur entourage proche de cancéreux, se lèvent. I would like that in this room, those who do not have or have not had cancer and who do not know those around them close to cancer patients, stand up. Quisiera que en esta sala se pongan de pie aquellos que no tienen o no han tenido cáncer y que no conocen a sus allegados que son pacientes de cáncer. Est-ce quelqu’un ne connait pas de cancéreux ? Does anyone know of cancer patients? Levez-vous ! Stand up !

Ne soyez pas timides, hein ! Don't be shy, huh! Voilà. There. Ben, c’est normal, les plus jeunes. Well, that's normal, the youngest. Bueno, eso es normal, el más joven. On est tous concernés. We are all concerned. On est tous concernés et à la fois, ils sont où les cancéreux dans la société française ? We are all concerned and at the same time, where are the cancer patients in French society? Un quart de la population, pas un homme politique, pas un artiste, pas un chef d’entreprise. A quarter of the population, not a politician, not an artist, not a business leader. Ils se cacheraient ? They would hide?

Je ne sais pas. I do not know. Je pense qu’en France, on est surtout des cancéreux honteux. I think that in France, we are mostly ashamed cancer patients. Je vais vous demander de faire un autre petit effort, mais cette fois, ça va être un effort d’imagination. I'm going to ask you to make another little effort, but this time, it's going to be an effort of imagination. Imaginez-vous - comme moi il y a cinq ans - découvrant que vous entrez dans la grande confrérie des cancéreux. Imagine - like me five years ago - discovering that you are entering the great brotherhood of cancer patients. Alors comme vous (n')avez pas tout de suite l’intention de mourir, vous vous dites, je vais essayer de m’informer. So since you (do not) intend to die right away, you say to yourself, I will try to find out.

Donc vous faites comme moi, vous entrez dans un kiosque à journaux. So you do like me, you enter a newsstand. Alors, pour les plus jeunes d’entre vous qui (ne) doivent pas bien dominer le concept, un kiosque à journaux c’est un endroit physique, où une personne physique vend des feuilles de papiers qui sont reliées entre elles, imprimées, écrites par des journalistes, en général on les paie pour faire ça, et ça s’appelle des journaux. So, for the youngest of you who (don't) have to dominate the concept well, a newsstand is a physical place, where a natural person sells sheets of paper which are bound together, printed, written by journalists, we usually pay them to do that, and it's called newspapers.

Bref, il y a cinq ans, j’entre dans mon kiosque à journaux pour trouver un titre qui me parlerait de ma vie de cancéreuse. In short, five years ago, I entered my newsstand to find a title that would tell me about my life as a cancer patient.

Alors je vois Libé, Le Monde, normal, Le Parisien, La Croix, Le Nouvel Observateur, CLÉS, Psychologies, d’autres journaux, je continue, Télérama, c’est bien. So I see Libé, Le Monde, normal, Le Parisien, La Croix, Le Nouvel Observateur, KEYS, Psychologies, other newspapers, I continue, Télérama, c'est bien. Je (ne) trouve pas, alors je continue… Alors il y avait aussi SPA magazine, et puis je vois Cupcake magazine, et puis Passion Top chef, Passion Funboard, Hamster magazine. I (can't) find it, so I continue… So there was also SPA magazine, and then I see Cupcake magazine, and then Passion Top chef, Passion Funboard, Hamster magazine.

(Rires) (Laughter) Je me suis arrêtée à Hamster magazine. I stopped at Hamster magazine.

Je me suis dit la presse aime les hamsters, pas le cancer. I told myself the press loves hamsters, not cancer. Je suis sortie, j’étais un petit poil dépitée quand même. I went out, I was a little disappointed anyway. Donc j’ai fait comme tout le monde, parce que je suis un dinosaure qui achète du papier, mais je ne suis pas complètement obtus à la modernité, je vais sur internet. So I did like everyone else, because I am a dinosaur who buys paper, but I am not completely obtuse in modernity, I go on the internet. Alors là, alors là ça a été, mais alors un…, une espèce de… Aller un feu d’artifice, allons-y ! So there, then it was, but then a ..., a kind of ... Go a fireworks, let's go!

Un feu d’artifice ! A firework ! Je tape « cancer du sein » sur Google ;  essayez, c’est très marrant. I type "breast cancer" on Google; try, it's very funny. Première occurrence qui remonte c’était un tchat, où les femmes se demandaient sur des pages et des pages si elles avaient un cancer du sein, parce qu’elles avaient mis des soutiens-gorge à baleines. First occurrence that goes back was a chat, where women wondered on pages and pages if they had breast cancer, because they had put whale bras. Et puis après il y avait un blog, qui était très très célèbre à l’époque, où, hein…, une personne se demandait si finalement notre épidémie, l’épidémie de cancer qui sévissait, (n')était pas due au fait que les grands labos voulaient nous empoisonner, pour nous vendre encore plus de médicaments. And then there was a blog, which was very famous at the time, where, eh…, a person wondered if finally our epidemic, the epidemic of cancer which raged, (was) was not due to the fact that the big labs wanted to poison us, to sell us even more medicine.

Ensuite il y avait aussi un autre tchat, où des femmes entre elles se montaient le bourrichon, en se parlant de leurs cancers stade 2, stade 4, stade 5. Then there was also another chat, where women among themselves mounted the mess, talking about their cancers stage 2, stage 4, stage 5. C’était génial, parce que stade 4, c’est les soins palliatifs, et stade 5, ça (n')existe pas, et stade 8, enfin l’échelle de Richter peut-être, mais pas l’échelle du cancer. It was great, because stage 4 is palliative care, and stage 5 doesn't exist, and stage 8, well the Richter scale maybe, but not the cancer scale .

Et puis tout à fait en bas en bas en bas, j’arrive enfin à un site qui avait l’air un peu professionnel. And then completely down below down, I finally come to a site that looked a little professional.

Je l’ouvre, et là, en page d’accueil, on me propose de faire un legs. I open it, and there, on the home page, I am offered to make a legacy. Ça sent le cercueil. It smells like a coffin. Alors je me suis dit... j’ai eu l’impression d’être dans le, sur le site internet du croque-mort de Lucky Luke. So I thought ... I felt like I was in the, on the Lucky Luke undertaker's website. Vous savez, celui qui prend la taille de ses futurs clients avant la bataille. You know, the one who takes the size of his future customers before the battle. Et puis il m’a fallu un bon, une bonne heure et demie ce soir-là, pour me dire : « Céline, ça fait 15 ans que tu as ta carte de presse, et tu vas croire n’importe quelle connerie ? And then it took me a good, a good hour and a half that night, to say to me, "Celine, it's been 15 years since you got your press card, and you'll believe any bullshit? Alors du coup, j’ai fermé mon Macintosh et je suis allée me coucher. So suddenly, I closed my Macintosh and went to bed.

Le lendemain matin, je suis entrée à l’hôpital pour subir une ablation. The next morning, I entered the hospital for an ablation. C’est une opération lourde. It is a heavy operation. Je ne savais pas combien de temps je resterais, comment j’allais sortir, si je pouvais me faire reconstruire un jour, ni quels seraient les effets secondaires. I did not know how long I would stay, how I was going to get out, if I could get reconstructed one day, or what the side effects would be. Rien. Nothing. On (ne) m’avait rien dit. No one had told me anything. C’est un saut dans le vide ; sans élastique. It is a leap into the void; without elastic. Vous savez, dans la vie on a tous des élastiques. You know, in life we all have elastics. Il y en a, c’est leur famille, d’autres leurs amis, certains leurs religions. There are some, it's their family, others their friends, some their religions. Moi, ma foi, c’est l’information. My faith is information. Alors pendant deux ans de traitement, je n’ai cessé de poser des questions. So during two years of treatment, I kept asking questions.

Chaque jour, je posais des questions. Every day, I asked questions. Au médecin d’abord, qu’est-ce qu’un cancer ? To the doctor first, what is cancer? Si on ne vous explique pas, vous ne devinez pas. If we do not explain, you can not guess. Qu’est-ce qu’une chimiothérapie ? What is chemotherapy? Et pourquoi on me donne telle molécule et pas celle-là ? And why am I given this molecule and not this one? Le premier médecin que j’ai interrogé a haussé les épaules. The first doctor I interviewed shrugged. Il m’a dit : « Mais pourquoi je perdrais du temps à vous expliquer. He said to me, "But why would I waste time explaining you? De toute façon, vous ne comprendriez pas. Either way, you wouldn't understand. Je crois que c’est la première expérience de ma vie du mépris total. I believe this is the first experience of my life of total contempt.

Je suis rentrée chez moi, je pleurais. I went home, I cried. Mais je ne pleurais pas du tout de douleur, je pleurais de rage. But I wasn't crying in pain at all, I was crying in rage. Mais j’ai continué à poser des questions. But I kept asking questions. Et ça continuait sur des questions sur la vie : mais est-ce que je peux faire du sport avec un cancer ? And it continued on questions about life: but can I do sports with cancer? Comment je l’apprends à mes enfants ? How do I teach my children? Comment on dit à un enfant qu’on a un cancer quand on est une maman ? How do you tell a child you have cancer when you are a mom? Est-ce qu’on lui dit « je vais peut-être mourir » ? Are they told "maybe I'm going to die"?

Est-ce qu’on ne lui dit pas ? Do not we tell him? C’est très compliqué. It's very complicated. Est-ce que je peux continuer à avoir une vie sexuelle avec un cancer ? Can I continue to have sex with cancer? J’ai envie d’aller à la plage, où est-ce que je vais trouver un maillot de bain pour une amazone ? I want to go to the beach, where will I find a swimsuit for an amazon? Et toutes ces questions-là, mises bout à bout, ça faisait des articles. And all these questions, put together, made articles. Et tous ces articles-là, mis bout à bout, ça faisait un journal. And all these articles, put end to end, made a newspaper.