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Chronique de Gérard Leclerc. 1., 11. Michel Galabru

11. Michel Galabru

Pourquoi l'idée de parler de Michel Galabru s'est-elle imposée à moi ?

Je n'ai pourtant pas la compétence d'un critique cinématographique ou théâtral. Et je n'aurais pas la prétention d'ajouter quoi que ce soit de pertinent à propos de la carrière de cet artiste si populaire. Mais c'est justement la qualité populaire qui m'attire et qui me donne à rêver. Il y a ainsi dans le paysage des arts d'étonnants médiateurs d'une sensibilité, où spontanément un très vaste public se reconnaît, même si une carrière n'est pas complètement réussie.

Il n'y a pas que des Gérard Philippe ou des Alain Delon, pour ne parler que des hommes, en notre firmament national.

Il y a, par exemple, des Jean Carmet qui semblent être nés pour incarner ce qu'on appelle, parfois avec condescendance, le Français moyen.

C'était aussi le cas, me semble-t-il, de Michel Galabru. Et il ne faut pas sous-estimer ce qu'un tel rôle exige de génie d'empathie. Au risque du populisme ?

C'est ce que j'ai cru comprendre à lire l'un ou l'autre des articles nécrologiques qui ont été consacrés à celui qui reconnaissait qu'il avait souvent gagné sa vie grâce à des nanars, sur lesquels on préfère généralement faire silence. Galabru, lui, assumait. Il aurait même pu dire comme je ne sais qui : « Un nanar est un navet tellement navet que ça en devient un dessert.

» D'ailleurs, c'est presque l'avis général à propos de la fameuse série des gendarmes de Saint-Tropez, où Galabru donnait la réplique à de Funès, s'il vous plaît. Mais l'on reconnaît aussi à notre comique disparu le mérite d'avoir trouvé parfois des rôles supérieurs, où il était l'égal d'un Raimu, notamment dans le répertoire de Marcel Pagnol.

Il y a quand même un problème.

Galabru n'incarnait pas que nos vertus populaires, il mettait en scène aussi nos travers, au point d'indisposer certaines âmes délicates. La dénonciation du populisme fait partie de l'arsenal d'un anti-racisme qui se piège lui-même.

Le Français moyen devient un personnage insupportable, le contraire du bobo à l'esprit généreux. Ce n'était pas le sentiment de Marcel Pagnol.

Et si le populo a ses défauts, il a aussi ses qualités de cœur, que la gouaille de Galabru mettait en évidence.

11. Michel Galabru 11. Michel Galabru 11. Michel Galabru 11. Michel Galabru 11.米歇尔·加拉布鲁

Pourquoi l’idée de parler de Michel Galabru s’est-elle imposée à moi ?

Je n’ai pourtant pas la compétence d’un critique cinématographique ou théâtral. Et je n’aurais pas la prétention d’ajouter quoi que ce soit de pertinent à propos de la carrière de cet artiste si populaire. E non pretenderei di aggiungere nulla di rilevante sulla carriera di questo popolare artista. Mais c’est justement la qualité populaire qui m’attire et qui me donne à rêver. Il y a ainsi dans le paysage des arts d’étonnants médiateurs d’une sensibilité, où spontanément un très vaste public se reconnaît, même si une carrière n’est pas complètement réussie. Ci sono dunque nel panorama delle arti dei sorprendenti mediatori di una sensibilità, dove un pubblico molto vasto si riconosce spontaneamente, anche se una carriera non è del tutto riuscita.

Il n’y a pas que des Gérard Philippe ou des Alain Delon, pour ne parler que des hommes, en notre firmament national. Non ci sono solo Gérard Philippe o Alain Delon, per parlare solo di uomini, nel nostro firmamento nazionale.

Il y a, par exemple, des Jean Carmet qui semblent être nés pour incarner ce qu’on appelle, parfois avec condescendance, le Français moyen.

C’était aussi le cas, me semble-t-il, de Michel Galabru. Et il ne faut pas sous-estimer ce qu’un tel rôle exige de génie d’empathie. Au risque du populisme ?

C’est ce que j’ai cru comprendre à lire l’un ou l’autre des articles nécrologiques qui ont été consacrés à celui qui reconnaissait qu’il avait souvent gagné sa vie grâce à des nanars, sur lesquels on préfère généralement faire silence. Questo mi è parso di capire leggendo l'uno o l'altro dei necrologi che erano dedicati a colui che riconosceva di essersi spesso guadagnato da vivere grazie ai nanars, sui quali in genere si preferisce tacere. Galabru, lui, assumait. Galabru, pensò. Il aurait même pu dire comme je ne sais qui : « Un nanar est un navet tellement navet que ça en devient un dessert. Avrebbe potuto anche dire come non so chi: "Un nanar è una tale rapa che diventa un dolce".

» D’ailleurs, c’est presque l’avis général à propos de la fameuse série des gendarmes de Saint-Tropez, où Galabru donnait la réplique à de Funès, s’il vous plaît. Del resto, è quasi l'opinione generale sulla famosa serie dei gendarmi di Saint-Tropez, dove Galabru ha dato la risposta a de Funès, per favore. Mais l’on reconnaît aussi à notre comique disparu le mérite d’avoir trouvé parfois des rôles supérieurs, où il était l’égal d’un Raimu, notamment dans le répertoire de Marcel Pagnol.

Il y a quand même un problème.

Galabru n’incarnait pas que nos vertus populaires, il mettait en scène aussi nos travers, au point d’indisposer certaines âmes délicates. Galabru non solo incarnava le nostre virtù popolari, ma metteva in scena anche le nostre mancanze, fino a sconvolgere certi animi delicati. La dénonciation du populisme fait partie de l’arsenal d’un anti-racisme qui se piège lui-même. La denuncia del populismo fa parte dell'arsenale di un antirazzismo che intrappola se stesso.

Le Français moyen devient un personnage insupportable, le contraire du bobo à l’esprit généreux. Ce n’était pas le sentiment de Marcel Pagnol.

Et si le populo a ses défauts, il a aussi ses qualités de cœur, que la gouaille de Galabru mettait en évidence.