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Alexandre Dumas. Divers Contes., 07a. La chèvre, le tailleur et ses trois fils. Chapitre 1.

07a. La chèvre, le tailleur et ses trois fils. Chapitre 1.

Alexandre Dumas.

Contes dits deux fois. La chèvre, le tailleur et ses trois fils. Chapitre 1.

La bête malicieuse. Il y avait une fois un vieux tailleur qui avait trois fils et une chèvre.

Comme les yeux du vieux tailleur avaient faibli, et qu'il ne pouvait plus faire grande besogne, la chèvre était devenue la providence des trois jeunes gens et du vieillard, qu'elle nourrissait de son lait.

Mais la maligne bête se lassa d'être obligée de se faire traire deux fois par jour, et elle résolut de se débarrasser de cet esclavage et de conquérir sa liberté.

Or, comme mieux elle était nourrie, plus elle rendait de lait, le vieux tailleur recommandait à ses trois fils, qui avaient charge de la mener paître chacun à son tour, de la conduire dans les plus gras pâturages qu'ils pussent trouver.

Un jour, l'aîné la mena paître dans le cimetière où croissaient des herbes aussi hautes qu'elle, et, là, il lui permit de brouter et de sauter tout à son aise ; ce que la chèvre ne manqua point de faire.

Puis, quand l'heure fut venue, le jeune garçon demanda à la chèvre :

– Chèvre, es-tu rassasiée ?

La chèvre répondit :

– Je crois bien ; jamais je n'ai fait un si bon dîner !… Bê !

bê !

bê !

– Alors, allons-nous-en, dit le jeune homme.

Et, la prenant par son licou, il la ramena à l'étable et l'attacha au râtelier.

– Eh bien, demanda le tailleur en voyant rentrer l'aîné de ses enfants, la chèvre a-t-elle suffisamment mangé ?

– Ah !

je crois bien, dit le jeune homme ; elle m'a déclaré n'avoir jamais fait un si bon dîner. Le vieux tailleur voulut s'assurer de la chose par lui-même ; il alla à l'étable, caressa la chèvre et lui demanda :

– Chèvre, es-tu rassasiée ?

La chèvre répondit d'un air de mauvaise humeur :

– Comment serais-je rassasiée ?

Je n'ai fait que sauter sur des tombes et je n'ai pas trouvé le plus petit brin d'herbe à brouter ! Bê !

bê !

bê !

– Ah !

fit le tailleur furieux, c'est comme cela ! Et, courant vers la maison, il dit à son fils aîné :

– Comment !

menteur que tu es, tu viens me dire que la chèvre a eu de l'herbe tout son content, et elle vient de me dire, elle, que tu l'as laissée jeûner ! Attends ! attends ! Et, dans sa colère, il prit son aune, et chassa l'aîné de ses fils en le frappant de toutes ses forces.

Le lendemain, ce fut le tour du cadet.

Instruit de ce qui était arrivé à son frère, celui-ci résolut de prendre ses précautions pour qu'il ne lui en advînt pas autant.

Il choisit donc, au bout du jardin, un endroit bien plantureux, et y lâcha la chèvre.

La chèvre s'en donna à cœur joie, et brouta l'herbe au ras du sol.

Le soir venu, le cadet s'approcha et lui dit :

– Chèvre, es-tu rassasiée ?

La chèvre répondit :

– Je crois bien, jamais je n'ai fait un si bon dîner !

Bê !

bê !

bê !

– Alors rentrons à la maison, dit le jeune homme.

Et il attacha la chèvre dans l'étable comme avait fait son frère.

– Eh bien ?

demanda le vieux tailleur en le voyant rentrer. – Oh !

dit le jeune homme, elle a mangé à n'en pouvoir plus ! Mais le tailleur, ne voulant pas plus se fier à la parole de son second fils qu'il n'avait fait à celle du premier, alla lui-même à l'étable, et demanda à la chèvre :

– Chèvre, es-tu rassasiée ?

La chèvre répondit tout en rechignant :

– Rassasiée de quoi !

je n'ai fait que sauter sur les taupinières, où je n'ai pas trouvé le plus petit brin d'herbe à brouter ! Bê !

bê !

bê !

– Ah !

l'indigne scélérat ! s'écria le tailleur. Une si bonne bête, la laisser jeûner ! Et, là-dessus, rentrant tout furieux à la maison, le tailleur prit son aune, et, le battant, chassa son second fils comme il avait fait du premier.

Le lendemain ce fut le tour du troisième.

Celui-ci voulut n'avoir rien à se reprocher, il choisit un endroit où croissaient les plus tendres arbustes et l'herbe la plus parfumée.

Là, il fit brouter la chèvre. Le soir venu, il lui demanda :

– Eh bien, chèvre, es-tu rassasiée ?

La chèvre répondit :

– Je crois bien, jamais je n'avais fait un si bon dîner !

Bê !

bê !

bê !

Et, se reposant sur cette réponse, le troisième fils ramena la chèvre, l'attacha au râtelier, et vint dire à son père :

– Ah !

cette fois, vous pouvez interroger la chèvre, je vous réponds qu'elle ne se plaindra pas. Le père ne s'en rapporta pas plus à la parole de son troisième fils qu'il n'avait fait à celle des deux autres.

Il alla lui-même à l'étable et demanda à la bête :

– Eh bien, chèvre, cette fois, est-ce vrai que tu es rassasiée ?

– Bon Dieu !

et de quoi serais-je rassasiée ? répondit la bête. Je n'ai fait que sauter sur des rochers et n'ai pas trouvé un seul brin d'herbe à brouter ! Bê !

bê !

bê !

– Ah !

chien de menteur ! s'écria le tailleur, tu es donc aussi oublieux de ton devoir que les autres ? Eh bien, tu ne te moqueras pas plus longtemps de moi. Et, transporté de colère, il frappa si rudement l'enfant de son aune, que celui-ci s'enfuit de la maison comme avaient fait ses deux frères.

Le vieux tailleur resta donc seul à la maison.

Quand il se vit ainsi, il trouva la chambre bien grande et se vit bien abandonné.

Il se mit à réfléchir qu'il n'était pas probable que ses trois fils, l'un après l'autre, eussent ainsi manqué à leur devoir et menti de la même façon.

Il soupçonna la chèvre de malice, et voulut voir de ses yeux l'endroit où les enfants l'avaient conduite.

Il commença par le cimetière, et vit l'herbe complètement rasée sur un espace de douze à quinze pieds.

– Ah !

ah ! fit-il, je crois que j'ai eu tort de chasser mon fils aîné, et que la chèvre a menti. Et, tout pensif, il s'en alla visiter le bout du jardin, où son second fils avait mené paître la chèvre, la place n'était pas moins bien nettoyée que le cimetière.

– Ah !

méchante bête, dit-il, voilà ce que tu appelles ne pas trouver un brin d'herbe à brouter ? Mais, continua-t-il, voyons un peu avant de nous fâcher tout à fait. Et il s'en alla à l'endroit du bois où son troisième fils avait mené la chèvre.

Un faucheur, avec sa faux nouvellement aiguisée, n'aurait pas fait mieux que la bête avec ses dents. – Ah !

dit le pauvre vieux tailleur, décidément, mademoiselle Jeannette est une infâme coquine, et elle va avoir affaire à moi. Et, ce disant, il alla prendre son rasoir, sa savonnette et son fouet.

Puis il entra dans l'étable, et, sans écouter les bê !

bê !

bê !

de la chèvre, il lui savonna le museau et la tête, et la rasa de telle sorte qu'il ne lui resta pas un poil de cette barbe dont elle était si fière ! Après quoi, il lui coupa les deux oreilles aussi au ras de la tête qu'elle avait tondu l'herbe au ras de la terre.

Puis, enfin, il prit son fouet et lui donna une telle volée de coups qu'elle s'enfuit en bêlant de douleur.

Et le pauvre vieux tailleur rentra chez lui et se vit plus seul que jamais, car il n'avait plus ni ses enfants ni sa chèvre, et il se trouvait privé de la tendresse de ses fils, qui étaient le pain de son âme, et du lait de sa chèvre, qui était la nourriture de son corps.

Et il s'informa de tous côtés si l'on avait vu ses fils ; mais personne ne savait ni le chemin qu'ils avaient pris, ni ce qu'ils étaient devenus.

Mais comme nous le savons, nous, nous allons vous le raconter, en commençant par l'aîné, en passant de celui-ci au cadet et du cadet au dernier.


07a. La chèvre, le tailleur et ses trois fils. Chapitre 1. 07a. The goat, the tailor and his three sons. Chapter 1.

Alexandre Dumas. Alexandre Dumas.

Contes dits deux fois. Geschichten erzählten zweimal. Tales said twice. Masallar iki kez anlattı. La chèvre, le tailleur et ses trois fils. Die Ziege, der Schneider und seine drei Söhne. The goat, the tailor and his three sons. Chapitre 1. Chapter 1.

La bête malicieuse. Das bösartige Tier. The malicious beast. Il y avait une fois un vieux tailleur qui avait trois fils et une chèvre. There was once an old tailor who had three sons and a goat.

Comme les yeux du vieux tailleur avaient faibli, et qu’il ne pouvait plus faire grande besogne, la chèvre était devenue la providence des trois jeunes gens et du vieillard, qu’elle nourrissait de son lait. Da die Augen des alten Schneiders geschwächt waren und er nicht mehr viel arbeiten konnte, war die Ziege zur Vorsehung der drei jungen Leute und des alten Mannes geworden, den sie mit ihrer Milch fütterte. As the eyes of the old tailor had weakened, and he could no longer do a great job, the goat had become the providence of the three young men and the old man, whom she fed on her milk.

Mais la maligne bête se lassa d’être obligée de se faire traire deux fois par jour, et elle résolut de se débarrasser de cet esclavage et de conquérir sa liberté. Aber das bösartige Tier wurde es leid, zweimal am Tag gemolken werden zu müssen, und sie beschloss, diese Sklaverei loszuwerden und ihre Freiheit zu erobern. But the evil beast was tired of being forced to be milked twice a day, and she resolved to rid herself of this slavery and to conquer her liberty.

Or, comme mieux elle était nourrie, plus elle rendait de lait, le vieux tailleur recommandait à ses trois fils, qui avaient charge de la mener paître chacun à son tour, de la conduire dans les plus gras pâturages qu’ils pussent trouver. Now, the better she was fed, the more milk she gave, the old tailor recommended to her three sons, who were in charge of leading her to feed each one in her turn, to take her to the heavier pastures they could find.

Un jour, l’aîné la mena paître dans le cimetière où croissaient des herbes aussi hautes qu’elle, et, là, il lui permit de brouter et de sauter tout à son aise ; ce que la chèvre ne manqua point de faire. One day, the elder took her to graze in the cemetery where grasses grew as tall as she was, and there, he allowed him to graze and jump at his ease; what the goat did not fail to do.

Puis, quand l’heure fut venue, le jeune garçon demanda à la chèvre : Then, when the hour came, the boy asked the goat:

– Chèvre, es-tu rassasiée ? - Goat, are you satisfied?

La chèvre répondit : The goat answered:

– Je crois bien ; jamais je n’ai fait un si bon dîner !… Bê ! - I think so ; never have I had such a good dinner!

bê ! be!

bê ! be!

– Alors, allons-nous-en, dit le jeune homme. "So, let's go," said the young man.

Et, la prenant par son licou, il la ramena à l’étable et l’attacha au râtelier. Und er nahm sie an ihrem Halfter, brachte sie zurück zum Stall und befestigte sie am Gestell. And taking her by her halter, he brought her back to the stable and tied her to the rack.

– Eh bien, demanda le tailleur en voyant rentrer l’aîné de ses enfants, la chèvre a-t-elle suffisamment mangé ? "Well," said the tailor, seeing the oldest of his children come in, "has the goat eaten enough?

– Ah ! - Ah!

je crois bien, dit le jeune homme ; elle m’a déclaré n’avoir jamais fait un si bon dîner. Ich denke schon, sagte der junge Mann; Sie erzählte mir, dass sie noch nie so gut zu Abend gegessen hatte. I think so, "said the young man; she told me she had never had such a good dinner. Le vieux tailleur voulut s’assurer de la chose par lui-même ; il alla à l’étable, caressa la chèvre et lui demanda : Der alte Schneider wollte sich selbst davon überzeugen; er ging zum Stall, streichelte die Ziege und fragte ihn: The old tailor wanted to make sure of the thing himself; he went to the stable, caressed the goat and asked him:

– Chèvre, es-tu rassasiée ? - Ziege, bist du zufrieden? - Goat, are you satisfied?

La chèvre répondit d’un air de mauvaise humeur : The goat replied in a bad mood:

– Comment serais-je rassasiée ? - How will I be satisfied?

Je n’ai fait que sauter sur des tombes et je n’ai pas trouvé le plus petit brin d’herbe à brouter ! I only jumped on graves and I did not find the smallest blade of grass to graze! Bê ! Be!

bê !

bê !

– Ah !

fit le tailleur furieux, c’est comme cela ! sagte der wütende Schneider, so ist es! said the tailor furious, it's like that! Et, courant vers la maison, il dit à son fils aîné : And, running towards the house, he said to his eldest son:

– Comment ! - How!

menteur que tu es, tu viens me dire que la chèvre a eu de l’herbe tout son content, et elle vient de me dire, elle, que tu l’as laissée jeûner ! liar that you are, you come to me to say that the goat had grass all her happiness, and she just told me, she, that you let her fast! Attends ! Hold on ! attends ! hold on ! Et, dans sa colère, il prit son aune, et chassa l’aîné de ses fils en le frappant de toutes ses forces. And in his anger he took his weight, and cast out the elder of his sons, and smote him with all his strength.

Le lendemain, ce fut le tour du cadet. Am nächsten Tag war der Jüngere an der Reihe. The next day it was the younger man's turn.

Instruit de ce qui était arrivé à son frère, celui-ci résolut de prendre ses précautions pour qu’il ne lui en advînt pas autant. Informed of what had happened to his brother, he resolved to take his precautions so that it did not come to him so much.

Il choisit donc, au bout du jardin, un endroit bien plantureux, et y lâcha la chèvre. So he chose, at the end of the garden, a very bountiful place, and let go the goat.

La chèvre s’en donna à cœur joie, et brouta l’herbe au ras du sol. The goat gave itself to his heart's content, and grazed the grass on the ground.

Le soir venu, le cadet s’approcha et lui dit : When evening came, the younger came up and said to him:

– Chèvre, es-tu rassasiée ? - Goat, are you satisfied?

La chèvre répondit : The goat answered:

– Je crois bien, jamais je n’ai fait un si bon dîner ! - I think so, I have never had such a good dinner!

Bê ! Be!

bê !

bê !

– Alors rentrons à la maison, dit le jeune homme. "Then let's go home," said the young man.

Et il attacha la chèvre dans l’étable comme avait fait son frère. And he tied the goat in the stable like his brother had done.

– Eh bien ? - Well ?

demanda le vieux tailleur en le voyant rentrer. asked the old tailor, seeing him return. – Oh !

dit le jeune homme, elle a mangé à n’en pouvoir plus ! said the young man, "she has eaten no more! Mais le tailleur, ne voulant pas plus se fier à la parole de son second fils qu’il n’avait fait à celle du premier, alla lui-même à l’étable, et demanda à la chèvre : Aber der Schneider, der dem Wort seines zweiten Sohnes nicht mehr vertrauen wollte als dem ersten, ging selbst zum Stall und fragte die Ziege: But the tailor, unwilling to rely more on the word of his second son than he had given to the first one, went himself to the stable, and asked the goat:

– Chèvre, es-tu rassasiée ? - Goat, are you satisfied?

La chèvre répondit tout en rechignant : The goat replied, reluctantly:

– Rassasiée de quoi ! - Rassasie of what!

je n’ai fait que sauter sur les taupinières, où je n’ai pas trouvé le plus petit brin d’herbe à brouter ! I only jumped on the molehills, where I did not find the smallest blade of grass to graze! Bê !

bê !

bê !

– Ah !

l’indigne scélérat ! the unworthy villain! s’écria le tailleur. rief der Schneider. exclaimed the tailor. Une si bonne bête, la laisser jeûner ! So ein gutes Tier, lass es schnell! Such a good animal, let it fast! Et, là-dessus, rentrant tout furieux à la maison, le tailleur prit son aune, et, le battant, chassa son second fils comme il avait fait du premier. Und daraufhin kehrte der Schneider wütend nach Hause zurück, nahm seinen Maßstab und jagte seinen zweiten Sohn, wie er den ersten getan hatte. And on that, returning home furiously at home, the tailor took his yardstick, and, beating him, drove his second son as he had done the first.

Le lendemain ce fut le tour du troisième. The next day was the third.

Celui-ci voulut n’avoir rien à se reprocher, il choisit un endroit où croissaient les plus tendres arbustes et l’herbe la plus parfumée. The latter wished to have nothing to reproach himself for, he chose a place where the most tender shrubs and the most perfumed grass grew.

Là, il fit brouter la chèvre. There he grazed the goat. Le soir venu, il lui demanda : When evening came, he asked her:

– Eh bien, chèvre, es-tu rassasiée ?

La chèvre répondit :

– Je crois bien, jamais je n’avais fait un si bon dîner ! - I think so, I never had such a good dinner!

Bê !

bê !

bê !

Et, se reposant sur cette réponse, le troisième fils ramena la chèvre, l’attacha au râtelier, et vint dire à son père : Und auf dieser Antwort beruhend, brachte der dritte Sohn die Ziege zurück, band sie an das Gestell und kam, um zu seinem Vater zu sagen: And, resting on this answer, the third son brought back the goat, attached it to the rack, and came to tell his father:

– Ah !

cette fois, vous pouvez interroger la chèvre, je vous réponds qu’elle ne se plaindra pas. Dieses Mal können Sie die Ziege befragen, ich werde Ihnen sagen, dass sie sich nicht beschweren wird. this time you can question the goat, I tell you she will not complain. Le père ne s’en rapporta pas plus à la parole de son troisième fils qu’il n’avait fait à celle des deux autres. Der Vater bezog sich nicht mehr auf das Wort seines dritten Sohnes als auf das der beiden anderen. The father did not relate more to the word of his third son than he had done to that of the other two.

Il alla lui-même à l’étable et demanda à la bête : He went himself to the stable and asked the beast:

– Eh bien, chèvre, cette fois, est-ce vrai que tu es rassasiée ? "Well, goat, this time, is it true that you are satisfied?

– Bon Dieu ! - Good God !

et de quoi serais-je rassasiée ? and what would I be satisfied with? répondit la bête. replied the beast. Je n’ai fait que sauter sur des rochers et n’ai pas trouvé un seul brin d’herbe à brouter ! I only jumped on rocks and did not find a single blade of grass to graze! Bê !

bê !

bê !

– Ah !

chien de menteur ! liar dog! s’écria le tailleur, tu es donc aussi oublieux de ton devoir que les autres ? rief der Schneider, "sind Sie sich Ihrer Pflicht nicht bewusst wie die anderen?" exclaimed the tailor, "are you as forgetful of your duty as the others? Eh bien, tu ne te moqueras pas plus longtemps de moi. Well, you will not make fun of me anymore. Et, transporté de colère, il frappa si rudement l’enfant de son aune, que celui-ci s’enfuit de la maison comme avaient fait ses deux frères. And, transported with anger, he struck the child so severely that he fled from the house, as his two brothers had done.

Le vieux tailleur resta donc seul à la maison. The old tailor therefore remained alone at home.

Quand il se vit ainsi, il trouva la chambre bien grande et se vit bien abandonné. Als er sich so sah, fand er den Raum sehr groß und sah sich verlassen. When he saw himself thus, he found the room very large and was well abandoned.

Il se mit à réfléchir qu’il n’était pas probable que ses trois fils, l’un après l’autre, eussent ainsi manqué à leur devoir et menti de la même façon. He began to think that it was not probable that his three sons, one after the other, had thus failed in their duty and lied in the same way.

Il soupçonna la chèvre de malice, et voulut voir de ses yeux l’endroit où les enfants l’avaient conduite. He suspected the goat with mischief, and wanted to see with his own eyes the place where the children had led him.

Il commença par le cimetière, et vit l’herbe complètement rasée sur un espace de douze à quinze pieds. He began with the cemetery, and saw the grass completely razed on a space of twelve to fifteen feet.

– Ah !

ah ! fit-il, je crois que j’ai eu tort de chasser mon fils aîné, et que la chèvre a menti. he said, "I think it was wrong to chase my eldest son, and the goat lied. Et, tout pensif, il s’en alla visiter le bout du jardin, où son second fils avait mené paître la chèvre, la place n’était pas moins bien nettoyée que le cimetière. Und nachdenklich besuchte er das Ende des Gartens, wo sein zweiter Sohn die Ziege zum Weiden gebracht hatte; der Ort war nicht weniger gut gereinigt als der Friedhof. And, all pensive, he went to visit the end of the garden, where his second son had led the graze goat, the place was not less well cleaned than the cemetery.

– Ah !

méchante bête, dit-il, voilà ce que tu appelles ne pas trouver un brin d’herbe à brouter ? böses Tier, sagte er, ist es das, was du nennst, wenn du keinen Grashalm zum Weiden findest? "you wretched beast," he said, "what do you call not finding a blade of grass to graze? Mais, continua-t-il, voyons un peu avant de nous fâcher tout à fait. But, he continued, let's see a little before we get angry. Et il s’en alla à l’endroit du bois où son troisième fils avait mené la chèvre. And he went to the place of the wood where his third son had led the goat.

Un faucheur, avec sa faux nouvellement aiguisée, n’aurait pas fait mieux que la bête avec ses dents. Ein Schnitter mit seiner frisch geschärften Sense hätte es nicht besser gemacht als das Tier mit den Zähnen. A reaper, with his newly sharpened scythe, would not have done better than the beast with his teeth. – Ah !

dit le pauvre vieux tailleur, décidément, mademoiselle Jeannette est une infâme coquine, et elle va avoir affaire à moi. said the poor old tailor, decidedly, Miss Jeannette is an infamous naughty, and she will deal with me. Et, ce disant, il alla prendre son rasoir, sa savonnette et son fouet. Also holte er sein Rasiermesser, sein Stück Seife und seinen Schneebesen. And so saying, he went and took his razor, his soap, and his whip.

Puis il entra dans l’étable, et, sans écouter les bê ! Dann betrat er den Stall und, ohne auf das Bê zu hören! Then he entered the barn, and without listening to the beasts!

bê !

bê !

de la chèvre, il lui savonna le museau et la tête, et la rasa de telle sorte qu’il ne lui resta pas un poil de cette barbe dont elle était si fière ! Von der Ziege seifte er Nase und Kopf ein und rasierte sie, damit kein Haar mehr von dem Bart übrig blieb, auf den sie so stolz war! the goat, he soaped his muzzle and head, and razed it so that he did not have a hair of that beard of which she was so proud! Après quoi, il lui coupa les deux oreilles aussi au ras de la tête qu’elle avait tondu l’herbe au ras de la terre. Danach schnitt er beide Ohren so nah an ihrem Kopf ab, wie sie das Gras zu Boden gemäht hatte. After which he cut off both his ears as close to the head that she had mown the grass to the ground.

Puis, enfin, il prit son fouet et lui donna une telle volée de coups qu’elle s’enfuit en bêlant de douleur. Dann, endlich, nahm er seine Peitsche und gab ihr so viele Schläge, dass sie floh und vor Schmerz meckerte. Then, finally, he took his whip and gave it such a volley of blows that she ran away, bleating in pain.

Et le pauvre vieux tailleur rentra chez lui et se vit plus seul que jamais, car il n’avait plus ni ses enfants ni sa chèvre, et il se trouvait privé de la tendresse de ses fils, qui étaient le pain de son âme, et du lait de sa chèvre, qui était la nourriture de son corps. Und der arme alte Schneider ging nach Hause und sah sich einsamer als je zuvor, denn er hatte weder seine Kinder noch seine Ziege, und er wurde der Zärtlichkeit seiner Söhne beraubt, die das Brot seiner Seele waren, und aus seiner Ziegenmilch, die sein Körperfutter war. And the poor old tailor went home and saw himself more alone than ever, for he had neither his children nor his goat, and he was deprived of the tenderness of his sons, who were the bread of his soul, and milk from his goat, which was the food of his body.

Et il s’informa de tous côtés si l’on avait vu ses fils ; mais personne ne savait ni le chemin qu’ils avaient pris, ni ce qu’ils étaient devenus. Und er fragte von allen Seiten, ob ihre Söhne gesehen worden waren; aber niemand wusste, welchen Weg sie eingeschlagen hatten oder was aus ihnen geworden war. And he inquired on all sides whether his sons had been seen; but no one knew either the way they had taken or what they had become.

Mais comme nous le savons, nous, nous allons vous le raconter, en commençant par l’aîné, en passant de celui-ci au cadet et du cadet au dernier. Aber wie wir wissen, werden wir es Ihnen erzählen, beginnend mit dem ältesten, vom letzteren zum jüngsten und vom jüngsten zum letzten. But as we know, we are going to tell you, beginning with the eldest, passing from this one to the youngest and from the youngest to the last.