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Honoré de Balzac. L’Auberge rouge., 02. Honoré de Balzac. L’Auberge rouge. Partie 2/9.

02. Honoré de Balzac. L'Auberge rouge. Partie 2/9.

L'idée et le fait

– Vers la fin de Vendémiaire, an VII, époque républicaine qui, dans le style actuel, correspond au 20 octobre 1799, deux jeunes gens, partis de Bonn dès le matin, étaient arrivés à la chute du jour aux environs d'Andernach, petite ville située sur la rive gauche du Rhin, à quelques lieues de Coblentz. En ce moment, l'armée française commandée par le général Augereau [1] manœuvrait en présence des Autrichiens, qui occupaient la rive droite du fleuve. Le quartier général de la division républicaine était à Coblentz, et l'une des demi-brigades appartenant au corps d'Augereau se trouvait cantonnée à Andernach. Les deux voyageurs étaient Français. À voir leurs uniformes bleus mélangés de blanc, à parements de velours rouge, leurs sabres, surtout le chapeau couvert d'une toile cirée verte, et orné d'un plumet tricolore, les paysans allemands eux-mêmes auraient reconnu des chirurgiens militaires, hommes de science et de mérite, aimés pour la plupart, non seulement à l'armée, mais encore dans les pays envahis par nos troupes. À cette époque, plusieurs enfants de famille arrachés à leur stage médical par la récente loi sur la conscription due au général Jourdan [2], avaient naturellement mieux aimé continuer leurs études sur le champ de bataille que d'être astreints au service militaire, peu en harmonie avec leur éducation première et leurs paisibles destinées. Hommes de science, pacifiques et serviables, ces jeunes gens faisaient quelque bien au milieu de tant de malheurs, et sympathisaient avec les érudits des diverses contrées par lesquelles passait la cruelle civilisation de la République. Armés, l'un et l'autre, d'une feuille de route et munis d'une commission de sous-aide signée Coste [3] et Bernadotte [4], ces deux jeunes gens se rendaient à la demi-brigade à laquelle ils étaient attachés. Tous deux appartenaient à des familles bourgeoises de Beauvais médiocrement riches, mais où les mœurs douces et la loyauté des provinces se transmettaient comme une partie de l'héritage. Amenés sur le théâtre de la guerre avant l'époque indiquée pour leur entrée en fonctions, par une curiosité bien naturelle aux jeunes gens, ils avaient voyagé par la diligence jusqu'à Strasbourg. Quoique la prudence maternelle ne leur eût laissé emporter qu'une faible somme, ils se croyaient riches en possédant quelques louis, véritable trésor dans un temps où les assignats [5] étaient arrivés au dernier degré d'avilissement, et où l'or valait beaucoup d'argent. Les deux sous-aides, âgés de vingt ans au plus, obéirent à la poésie de leur situation avec tout l'enthousiasme de la jeunesse. De Strasbourg à Bonn, ils avaient visité l'Électorat [6] et les rives du Rhin en artistes, en philosophes, en observateurs. Quand nous avons une destinée scientifique, nous sommes à cet âge des êtres véritablement multiples. Même en faisant l'amour, ou en voyageant, un sous-aide doit thésauriser les rudiments de sa fortune ou de sa gloire à venir. Les deux jeunes gens s'étaient donc abandonnés à cette admiration profonde dont sont saisis les hommes instruits à l'aspect des rives du Rhin et des paysages de la Souabe [7], entre Mayence et Cologne ; nature forte, riche, puissamment accidentée, pleine de souvenirs féodaux, verdoyante, mais qui garde en tous lieux les empreintes du fer et du feu. Louis XIV et Turenne ont cautérisé [8] cette ravissante contrée [8']. Çà et là, des ruines attestent l'orgueil, ou peut-être la prévoyance du roi de Versailles qui fit abattre les admirables châteaux dont était jadis ornée cette partie de l'Allemagne. En voyant cette terre merveilleuse, couverte de forêts, et où le pittoresque du moyen âge abonde, mais en ruines, vous concevez le génie allemand, ses rêveries et son mysticisme. Cependant le séjour des deux amis à Bonn avait un but de science et de plaisir tout à la fois. Le grand hôpital de l'armée gallo-batave [9] et de la division d'Augereau était établi dans le palais même de l'Électeur. Les sous-aides de fraîche date y étaient donc allés voir des camarades, remettre des lettres de recommandation à leurs chefs, et s'y familiariser avec les premières impressions de leur métier. Mais aussi, là, comme ailleurs, ils dépouillèrent quelques-uns de ces préjugés exclusifs auxquels nous restons si longtemps fidèles en faveur des monuments et des beautés de notre pays natal. Surpris à l'aspect des colonnes de marbre dont est orné le palais électoral, ils allèrent admirant le grandiose des constructions allemandes, et trouvèrent à chaque pas de nouveaux trésors antiques ou modernes. De temps en temps, les chemins dans lesquels erraient les deux amis en se dirigeant vers Andernach les amenaient sur le piton d'une montagne de granit plus élevée que les autres. Là, par une découpure de la forêt, par une anfractuosité des rochers, ils apercevaient quelque vue du Rhin encadrée dans le grès ou festonnée par de vigoureuses végétations. Les vallées, les sentiers, les arbres exhalaient cette senteur automnale qui porte à la rêverie ; les cimes des bois commençaient à se dorer, à prendre des tons chauds et bruns, signes de vieillesse ; les feuilles tombaient, mais le ciel était encore d'un bel azur, et les chemins, secs, se dessinaient comme des lignes jeunes dans le paysage, alors éclairé par les obliques rayons du soleil couchant. À une demi-lieue d'Andernach, les deux amis marchèrent au milieu d'un profond silence, comme si la guerre ne dévastait pas ce beau pays, et suivirent un chemin pratiqué pour les chèvres à travers les hautes murailles de granit bleuâtre entre lesquelles le Rhin bouillonne. Bientôt ils descendirent par un des versants de la gorge au fond de laquelle se trouve la petite ville, assise avec coquetterie au bord du fleuve, où elle offre un joli port aux mariniers.

– L'Allemagne est un bien beau pays, s'écria l'un des deux jeunes gens, nommé Prosper Magnan, à l'instant où il entrevit les maisons peintes d'Andernach, pressées comme des œufs dans un panier, séparées par des arbres, par des jardins et des fleurs.

Puis il admira pendant un moment les toits pointus à solives [10] saillantes, les escaliers de bois, les galeries de mille habitations paisibles, et les barques balancées par les flots dans le port...

Au moment où monsieur Hermann prononça le nom de Prosper Magnan, le fournisseur saisit la carafe, se versa de l'eau dans son verre, et le vida d'un trait. Ce mouvement ayant attiré mon attention, je crus remarquer un léger tremblement dans ses mains et de l'humidité sur le front du capitaliste.

– Comment se nomme l'ancien fournisseur, demandai-je à ma complaisante voisine.

– Taillefer, me répondit-elle.

– Vous trouvez-vous indisposé, m'écriai-je en voyant pâlir ce singulier personnage.

– Nullement, dit-il en me remerciant par un geste de politesse. J'écoute, ajouta-t-il en faisant un signe de tête aux convives, qui le regardèrent tous simultanément.

– J'ai oublié, dit monsieur Hermann, le nom de l'autre jeune homme. Seulement, les confidences de Prosper Magnan m'ont appris que son compagnon était brun, assez maigre et jovial. Si vous le permettez, je l'appellerai Wilhem, pour donner plus de clarté au récit de cette histoire.

02. Honoré de Balzac. L’Auberge rouge. Partie 2/9. 02\. Honoré de Balzac. The Red Inn. Part 2/9. 02. Honoré de Balzac. L'Auberge rouge. Parte 2/9. 02. Honoré de Balzac. L'Auberge rouge. Parte 2/9.

L’idée et le fait The idea and the fact

– Vers la fin de Vendémiaire, an VII, époque républicaine qui, dans le style actuel, correspond au 20 octobre 1799, deux jeunes gens, partis de Bonn dès le matin, étaient arrivés à la chute du jour aux environs d’Andernach, petite ville située sur la rive gauche du Rhin, à quelques lieues de Coblentz. – Towards the end of Vendémiaire, year VII, a republican era which, in the current style, corresponds to October 20, 1799, two young people, who had left Bonn in the morning, had arrived at nightfall in the vicinity of Andernach, a small town situated on the left bank of the Rhine, a few leagues from Coblentz. En ce moment, l’armée française commandée par le général Augereau [1] manœuvrait en présence des Autrichiens, qui occupaient la rive droite du fleuve. At this time, the French army commanded by General Augereau [1] was maneuvering in the presence of the Austrians, who occupied the right bank of the river. Le quartier général de la division républicaine était à Coblentz, et l’une des demi-brigades appartenant au corps d’Augereau se trouvait cantonnée à Andernach. The headquarters of the republican division was at Coblentz, and one of the demi-brigades belonging to Augereau's corps was stationed at Andernach. Les deux voyageurs étaient Français. The two travelers were French. À voir leurs uniformes bleus mélangés de blanc, à parements de velours rouge, leurs sabres, surtout le chapeau couvert d’une toile cirée verte, et orné d’un plumet tricolore, les paysans allemands eux-mêmes auraient reconnu des chirurgiens militaires, hommes de science et de mérite, aimés pour la plupart, non seulement à l’armée, mais encore dans les pays envahis par nos troupes. Seeing their blue uniforms mixed with white, with red velvet facings, their sabers, especially the hat covered with a green oilcloth, and adorned with a tricolor plume, the German peasants themselves would have recognized military surgeons, men of science and merit, loved for the most part, not only in the army, but also in the countries invaded by our troops. Al ver sus uniformes azules mezclados con blanco, con vivos de terciopelo rojo, sus sables, especialmente el sombrero cubierto de hule verde y adornado con un penacho tricolor, hasta los campesinos alemanes los habrían reconocido como cirujanos militares, hombres de ciencia y mérito, la mayoría de los cuales eran queridos, no sólo en el ejército, sino también en los países invadidos por nuestras tropas. À cette époque, plusieurs enfants de famille arrachés à leur stage médical par la récente loi sur la conscription due au général Jourdan [2], avaient naturellement mieux aimé continuer leurs études sur le champ de bataille que d’être astreints au service militaire, peu en harmonie avec leur éducation première et leurs paisibles destinées. At that time, several children of families torn from their medical internship by the recent law on conscription due to General Jourdan [2], naturally had preferred to continue their studies on the battlefield than to be forced into military service, little in harmony with their early education and their peaceful destinies. Hommes de science, pacifiques et serviables, ces jeunes gens faisaient quelque bien au milieu de tant de malheurs, et sympathisaient avec les érudits des diverses contrées par lesquelles passait la cruelle civilisation de la République. Men of science, peaceful and helpful, these young people did some good in the midst of so much misfortune, and sympathized with the scholars of the various countries through which passed the cruel civilization of the Republic. Armés, l’un et l’autre, d’une feuille de route et munis d’une commission de sous-aide signée Coste [3] et Bernadotte [4], ces deux jeunes gens se rendaient à la demi-brigade à laquelle ils étaient attachés. Armed, one and the other, with a road map and provided with a sub-aid commission signed Coste [3] and Bernadotte [4], these two young people went to the demi-brigade to which they were tied. Tous deux appartenaient à des familles bourgeoises de Beauvais médiocrement riches, mais où les mœurs douces et la loyauté des provinces se transmettaient comme une partie de l’héritage. Both belonged to bourgeois Beauvais families, moderately wealthy, but where gentle manners and the loyalty of the provinces were transmitted as part of the heritage. Amenés sur le théâtre de la guerre avant l’époque indiquée pour leur entrée en fonctions, par une curiosité bien naturelle aux jeunes gens, ils avaient voyagé par la diligence jusqu’à Strasbourg. Brought to the theater of war before the time indicated for their taking office, by a curiosity very natural to young people, they had traveled by diligence to Strasbourg. Quoique la prudence maternelle ne leur eût laissé emporter qu’une faible somme, ils se croyaient riches en possédant quelques louis, véritable trésor dans un temps où les assignats [5] étaient arrivés au dernier degré d’avilissement, et où l’or valait beaucoup d’argent. Although maternal prudence had only allowed them a small sum to take away, they believed themselves rich by owning a few louis, a veritable treasure at a time when the assignats [5] had reached the last degree of degradation, and when gold was worth a lot of money. Aunque la prudencia de su madre sólo les había permitido llevarse una pequeña suma, se creyeron ricos al poseer unos cuantos luises, un verdadero tesoro en una época en que los assignats [5] habían alcanzado el último grado de envilecimiento y el oro valía mucho dinero. Les deux sous-aides, âgés de vingt ans au plus, obéirent à la poésie de leur situation avec tout l’enthousiasme de la jeunesse. The two assistants, aged twenty at most, obeyed the poetry of their situation with all the enthusiasm of youth. De Strasbourg à Bonn, ils avaient visité l’Électorat [6] et les rives du Rhin en artistes, en philosophes, en observateurs. From Strasbourg to Bonn, they had visited the Electorate [6] and the banks of the Rhine as artists, philosophers, observers. Quand nous avons une destinée scientifique, nous sommes à cet âge des êtres véritablement multiples. When we have a scientific destiny, at this age we are truly multiple beings. Même en faisant l’amour, ou en voyageant, un sous-aide doit thésauriser les rudiments de sa fortune ou de sa gloire à venir. Even while making love, or while traveling, an assistant must hoard the basics of his future fortune or glory. Les deux jeunes gens s’étaient donc abandonnés à cette admiration profonde dont sont saisis les hommes instruits à l’aspect des rives du Rhin et des paysages de la Souabe [7], entre Mayence et Cologne ; nature forte, riche, puissamment accidentée, pleine de souvenirs féodaux, verdoyante, mais qui garde en tous lieux les empreintes du fer et du feu. The two young men had thus abandoned themselves to this profound admiration which men are seized with the appearance of the banks of the Rhine and the landscapes of Swabia, between Mainz and Cologne; a strong, rich, powerfully rugged nature, full of feudal memories, verdant, but which retains in all places the imprints of iron and fire. Louis XIV et Turenne ont cautérisé [8] cette ravissante contrée [8']. Louis XIV and Turenne cauterized [8] this beautiful country [8 ']. Çà et là, des ruines attestent l’orgueil, ou peut-être la prévoyance du roi de Versailles qui fit abattre les admirables châteaux dont était jadis ornée cette partie de l’Allemagne. Here and there ruins bear witness to the pride, or perhaps the foresight, of the King of Versailles, who had the admirable castles with which this part of Germany was once adorned. En voyant cette terre merveilleuse, couverte de forêts, et où le pittoresque du moyen âge abonde, mais en ruines, vous concevez le génie allemand, ses rêveries et son mysticisme. Seeing this marvelous land, covered with forests, and where the picturesque of the Middle Ages abounds, but in ruins, you conceive the German genius, its reveries and its mysticism. Cependant le séjour des deux amis à Bonn avait un but de science et de plaisir tout à la fois. However, the stay of the two friends in Bonn had a purpose of science and pleasure at the same time. Le grand hôpital de l’armée gallo-batave [9] et de la division d’Augereau était établi dans le palais même de l’Électeur. The great hospital of the Gallo-Batavian army [9] and of Augereau's division was established in the very palace of the Elector. Les sous-aides de fraîche date y étaient donc allés voir des camarades, remettre des lettres de recommandation à leurs chefs, et s’y familiariser avec les premières impressions de leur métier. The new assistants had therefore gone there to see comrades, to deliver letters of recommendation to their chiefs, and to familiarize themselves with the first impressions of their profession. Mais aussi, là, comme ailleurs, ils dépouillèrent quelques-uns de ces préjugés exclusifs auxquels nous restons si longtemps fidèles en faveur des monuments et des beautés de notre pays natal. But also, there, as elsewhere, they stripped away some of those exclusive prejudices to which we remain so long faithful in favor of the monuments and beauties of our native country. Surpris à l’aspect des colonnes de marbre dont est orné le palais électoral, ils allèrent admirant le grandiose des constructions allemandes, et trouvèrent à chaque pas de nouveaux trésors antiques ou modernes. Surprised at the aspect of the marble columns with which the electoral palace is adorned, they went on admiring the grandeur of the German constructions, and found at every step new treasures, ancient or modern. De temps en temps, les chemins dans lesquels erraient les deux amis en se dirigeant vers Andernach les amenaient sur le piton d’une montagne de granit plus élevée que les autres. From time to time, the paths in which the two friends wandered on their way to Andernach brought them to the peak of a granite mountain higher than the others. Là, par une découpure de la forêt, par une anfractuosité des rochers, ils apercevaient quelque vue du Rhin encadrée dans le grès ou festonnée par de vigoureuses végétations. There, through a break in the forest, through a crevice in the rocks, they perceived some view of the Rhine framed in the sandstone or scalloped by vigorous vegetation. Allí, a través de una brecha en el bosque o una grieta en las rocas, vislumbraban el Rin, enmarcado en la arenisca o engalanado por una vigorosa vegetación. Les vallées, les sentiers, les arbres exhalaient cette senteur automnale qui porte à la rêverie ; les cimes des bois commençaient à se dorer, à prendre des tons chauds et bruns, signes de vieillesse ; les feuilles tombaient, mais le ciel était encore d’un bel azur, et les chemins, secs, se dessinaient comme des lignes jeunes dans le paysage, alors éclairé par les obliques rayons du soleil couchant. The valleys, the paths, the trees exhaled that autumnal scent that leads to daydreaming; the tops of the woods were beginning to turn golden, to take on warm, brown tones, signs of old age; the leaves were falling, but the sky was still a beautiful azure, and the paths, dry, stood out like young lines in the landscape, then lighted by the oblique rays of the setting sun. À une demi-lieue d’Andernach, les deux amis marchèrent au milieu d’un profond silence, comme si la guerre ne dévastait pas ce beau pays, et suivirent un chemin pratiqué pour les chèvres à travers les hautes murailles de granit bleuâtre entre lesquelles le Rhin bouillonne. Half a league from Andernach, the two friends walked in profound silence, as if the war were not devastating this beautiful country, and followed a path made for goats through the high walls of bluish granite between which the Rhine is boiling. Bientôt ils descendirent par un des versants de la gorge au fond de laquelle se trouve la petite ville, assise avec coquetterie au bord du fleuve, où elle offre un joli port aux mariniers. Soon they descended by one of the slopes of the gorge at the bottom of which is the little town, seated coquettishly on the banks of the river, where it offers a pretty harbor to the sailors.

– L’Allemagne est un bien beau pays, s’écria l’un des deux jeunes gens, nommé Prosper Magnan, à l’instant où il entrevit les maisons peintes d’Andernach, pressées comme des œufs dans un panier, séparées par des arbres, par des jardins et des fleurs. "Germany is a very beautiful country," exclaimed one of the two young men, named Prosper Magnan, the moment he glimpsed the painted houses of Andernach, pressed together like eggs in a basket, separated by trees, gardens and flowers.

Puis il admira pendant un moment les toits pointus à solives [10] saillantes, les escaliers de bois, les galeries de mille habitations paisibles, et les barques balancées par les flots dans le port... Then he admired for a moment the pointed roofs with protruding joists [10], the wooden staircases, the galleries of a thousand peaceful dwellings, and the boats rocking on the waves in the port...

Au moment où monsieur Hermann prononça le nom de Prosper Magnan, le fournisseur saisit la carafe, se versa de l’eau dans son verre, et le vida d’un trait. At the moment when Mr. Hermann pronounced the name of Prosper Magnan, the supplier seized the carafe, poured water into his glass, and emptied it in one gulp. Ce mouvement ayant attiré mon attention, je crus remarquer un léger tremblement dans ses mains et de l’humidité sur le front du capitaliste. This movement having caught my attention, I thought I noticed a slight tremor in his hands and moisture on the capitalist's forehead.

– Comment se nomme l’ancien fournisseur, demandai-je à ma complaisante voisine. "What's the name of the old supplier?" I asked my complacent neighbor.

– Taillefer, me répondit-elle. "Taillefer," she replied.

– Vous trouvez-vous indisposé, m’écriai-je en voyant pâlir ce singulier personnage. "Do you find yourself indisposed," I exclaimed, seeing the singular character turn pale.

– Nullement, dit-il en me remerciant par un geste de politesse. "No," he said, thanking me with a polite gesture. J’écoute, ajouta-t-il en faisant un signe de tête aux convives, qui le regardèrent tous simultanément. I'm listening, "he added, nodding to the guests, who looked at him all at the same time. J'écoute, ajouta-t-il en faisant un signe de tête aux convives, qui le regardèrent tous simultanément.

– J’ai oublié, dit monsieur Hermann, le nom de l’autre jeune homme. “I forgot,” said Monsieur Hermann, “the name of the other young man. Seulement, les confidences de Prosper Magnan m’ont appris que son compagnon était brun, assez maigre et jovial. Only, the confidences of Prosper Magnan taught me that his companion was brown, rather thin and jovial. Si vous le permettez, je l’appellerai Wilhem, pour donner plus de clarté au récit de cette histoire. If you allow me, I will call him Wilhem, to give more clarity to the telling of this story.