SIMPLE 2009-11-10
En France, l'un des faits divers les plus étonnants de ces dernières semaines est ce vol par un convoyeur de fonds de plus de 11 millions d'euros. Soit, il ne les a pas gardés longtemps, mais on est quand même impressionné par l'énormité du butin. Et plus encore par la minceur de la faute dont il s'est rendu coupable. Comme le précise le journal Le Monde , entre autres, il ne pourrait être mis en examen que pour vol simple. Et si on ne lui reprochait que ça, il ne serait passible que de trois ans de prison au maximum. Ce n'est pas rien, penserez-vous ! C'est sûr. Mais ça ne paraît pas énorme compte tenu de la somme dérobée.
Mais alors qu'est-ce qu'un vol simple ? Un vol pur et simple, un vol sans fioritures, sans rien qui puisse l'aggraver en tout cas, sans circonstances qui lui donnent un relief particulier.
En fait on comprend ce qu'est un vol simple, par rapport à ce qu'il n'est pas. C'est-à-dire que ce n'est pas un vol avec violence, pas un vol à main armée, pas un vol avec effraction. Juste un vol quoi, un simple vol, un vol simple.
Alors un simple vol et un vol simple, est-ce la même chose ? Pas tout à fait. Selon la place de l'adjectif, le sens change sensiblement. Un simple vol, ça veut dire en fait « rien qu'un vol ». Simple mis en première position a ce sens de « rien que, uniquement ». Un simple coup d'œil m'a rassuré. Ca ne veut pas dire que le coup d'œil est simple, mais que juste ce geste ou cette attitude a suffit à me rassurer.
Mais le vol simple c'est bien différent. Et ça correspond à une série qu'on trouve souvent aujourd'hui, ce qu'on appelle parfois le degré zéro. Et au-dessus du degré zéro, on trouve tous les degrés possibles. Pour les voitures par exemple, on trouve toutes les options possibles : toit ouvrant, peinture métallisée, phares antibrouillard. Alors, en ce qui concerne la voiture qui n'a aucun équipement sur option, de ceux qu'on commande en plus, en payant plus cher bien entendu, on ne parle pas de degré zéro de la gamme. Ce serait trop dissuasif, anti-commercial. Mais on parle de modèle de base. L'expression « degré zéro » se rencontre davantage dans des constructions intellectuelles, et elle a été au départ mise à la mode par l'écrivain et linguiste Roland Barthes, qui parlait du degré zéro de l'écriture. Ce titre avait eu beaucoup de succès.
Revenons à notre vol simple. Le mot semble tout simple justement, et pas technique. Et pourtant, il l'est d'une certaine façon. C'est le mot qui est dans le texte de la loi. Mais ce genre de texte n'est pas récent.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/