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Les mots de l'actualité, MAUSOLÉE   2010-03-18

MAUSOLÉE 2010-03-18

Climat plus que tendu en Ouganda, où, tout près de la capitale Kampala, un mystérieux incendie a ravagé avant-hier, le mausolée révéré des Kabakas, les puissants souverains traditionnels du sud du pays. On parle donc beaucoup de mausolée, sans qu'on sache toujours très bien ce que recouvre ce mot savant. Un mot d'abord d'orthographe : le mausolée fait partie de ces rares mots français qui sont masculins, mais ont une terminaison typiquement féminine avec un « é » puis un « e » muet ! Et bien sûr le mot fait penser à musée. Les deux mots ont une origine grecque et tous deux désignent un lieu : dans le musée s'exposent des oeuvres d'art ou des objets qu'on montre. À l'origine, il s'agissait d'une grotte où l'on honorait les muses, ces divinités qui inspiraient et protégeaient les activités artistiques. Le mausolée, c'est tout autre chose : il s'agit d'un tombeau. Mais d'un tombeau si grand que c'est un monument. En fait c'est plutôt une construction qui renferme un tombeau, comme si le tombeau lui-même était trop petit pour manifester toute la gloire du mort. Alors cette boîte architecturale, qui en contient une plus petite et tout ça sort de l'ordinaire. D'abord elle échappe à la règle, car si on passe sa mort dans un mausolée, c'est qu'on n'est pas enterré au cimetière. Don on n'est pas soumis à la rangée, à l'alignement. On essaie aussi d'échapper à cette égalité que la mort a priori impose à tous : qu'on ait vécu puissant, riche, pauvre ou misérable, la mort en général égalise tout ça. Le mausolée veut donc à la fois être une aide au souvenir, et puis un honneur suprême qui suscite le respect et la vénération de ceux qui sont encore vivants.

Le mausolée en général est-il commandé par celui qui l'utilisera plus tard ? Pas forcément et pas à l'origine. En effet, ce mot de mausolée dérive de Mausole, nom d'un puissant seigneur. Satrape de Carie, c'est-à-dire gouverneur de cette province, il se révolte contre le roi des Perses Artaxerxés, et prend plus ou moins son indépendance. Il épouse sa propre soeur, Artémise.

Et on dit que c'est elle, à sa mort de Mausole, qui fait édifier ce tombeau si monumental, si fastueux, si beau qu'il était classé dans l'Antiquité, parmi les sept merveilles du monde. Les architectes et les sculpteurs les plus renommés y travaillent, et on dit même qu'il était si célèbre et si admiré, que des artistes venaient y ajouter leurs oeuvres pour le seul prestige que cela leur apportait. Artémise, dit-on, y organise ensuite un concours de poésie lui aussi destiné à faire l'éloge de son frère. Et qui l'a remporté ? Quelqu'un dont le nom, lui aussi, mérite de passer à la postérité, puisqu'il répond à ce joli nom de Théopompe. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

MAUSOLÉE   2010-03-18 MAUSOLEUM 2010-03-18 مقبره 2010-03-18

Climat plus que tendu en Ouganda, où, tout près de la capitale Kampala, un mystérieux incendie a ravagé avant-hier, le mausolée révéré des Kabakas, les puissants souverains traditionnels du sud du pays. On parle donc beaucoup de mausolée, sans qu'on sache toujours très bien ce que recouvre ce mot savant. Un mot d'abord d'orthographe : le mausolée fait partie de ces rares mots français qui sont masculins, mais ont une terminaison typiquement féminine avec un « é » puis un « e » muet ! Et bien sûr le mot fait penser à musée. Les deux mots ont une origine grecque et tous deux désignent un lieu : dans le musée s'exposent des oeuvres d'art ou des objets qu'on montre. À l'origine, il s'agissait d'une grotte où l'on honorait les muses, ces divinités qui inspiraient et protégeaient les activités artistiques. Le mausolée, c'est tout autre chose : il s'agit d'un tombeau. Mais d'un tombeau si grand que c'est un monument. En fait c'est plutôt une construction qui renferme un tombeau, comme si le tombeau lui-même était trop petit pour manifester toute la gloire du mort. Alors cette boîte architecturale, qui en contient une plus petite et tout ça sort de l'ordinaire. D'abord elle échappe à la règle, car si on passe sa mort dans un mausolée, c'est qu'on n'est pas enterré au cimetière. Don on n'est pas soumis à la rangée, à l'alignement. On essaie aussi d'échapper à cette égalité que la mort a priori impose à tous : qu'on ait vécu puissant, riche, pauvre ou misérable, la mort en général égalise tout ça. Le mausolée veut donc à la fois être une aide au souvenir, et puis un honneur suprême qui suscite le respect et la vénération de ceux qui sont encore vivants.

Le mausolée en général est-il commandé par celui qui l'utilisera plus tard ? Pas forcément et pas à l'origine. En effet, ce mot de mausolée dérive de Mausole, nom d'un puissant seigneur. Satrape de Carie, c'est-à-dire gouverneur de cette province, il se révolte contre le roi des Perses Artaxerxés, et prend plus ou moins son indépendance. Il épouse sa propre soeur, Artémise.

Et on dit que c'est elle, à sa mort de Mausole, qui fait édifier ce tombeau si monumental, si fastueux, si beau qu'il était classé dans l'Antiquité, parmi les sept merveilles du monde. Les architectes et les sculpteurs les plus renommés y travaillent, et on dit même qu'il était si célèbre et si admiré, que des artistes venaient y ajouter leurs oeuvres pour le seul prestige que cela leur apportait. Artémise, dit-on, y organise ensuite un concours de poésie lui aussi destiné à faire l'éloge de son frère. Et qui l'a remporté ? Quelqu'un dont le nom, lui aussi, mérite de passer à la postérité, puisqu'il répond à ce joli nom de Théopompe. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/