FEYDEAU, Georges – Par La Fenêtre : Scène V
Scène V
Hector, tombant assis sur un fauteuil. — Ouf !… elle est partie enfin ! Oh ! quelle femme, mon Dieu, quelle femme ! Je n'en puis plus… Oh ! mais si elle revient, elle pourra bien frapper, sonner, carillonner, je n'ouvre plus !.. J'en ai assez, moi !… (Il éternue.) Elle m'a fait attraper un rhume épouvantable. Allons ! je crois qu'on peut fermer la fenêtre, maintenant ! (Il se lève et va à la fenêtre.) Hein ! que vois-je ? Non, ce n'est pas possible ! Mais cette robe ! Je la reconnais !… je ne me trompe pas, c'est celle de ma femme, c'est sa robe grenat, sa fameuse robe grenat… Horreur ! ce Brésilien est en tête à tête avec ma femme ! Oh ! c'est affreux, la misérable ! et moi qui la croyais chez sa mère !… Oh ! mais, tout cela ne se passera pas ainsi ! je me vengerai, entendez-vous bien ? je me battrai, s'il le faut…je me battrai au vilebrequin ! Ça m'est égal, je m'exercerai pendant quinze jours, voilà tout… (Frappé d'une idée.) Mieux que cela ! non. Je me vengerai, mais autrement… Oh ! si cette femme pouvait revenir ! (On sonne.) On a sonné, c'est elle !… Courons ouvrir ! Il sort.