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Les mots de l'actualité (2009), CHEMISES ROUGES   2009-02-25

CHEMISES ROUGES 2009-02-25

Les « chemises rouges » manifestent en Thaïlande. C'est ainsi qu'on nomme, et d'ailleurs qu'on reconnaît les partisans de l'ancien Premier ministre, Thaksin Shinawatra, écarté par une décision de justice. Et ces « chemises rouges » se distinguent au premier coup d'œil (et au premier coup d'oreille lorsqu'on en parle) des chemises jaunes, celles des partisans de l'Alliance du peuple pour la démocratie. Alors la situation politique est peut-être un peu confuse, mais lorsqu'il faut choisir son camp, il est plus facile de se rallier à une couleur tranchée, impossible à confondre avec une autre toute aussi tranchée. Et pour bien se reconnaître, rien de tel que de porter une chemise de la couleur en question.

C'est d'ailleurs une vieille pratique politique, plutôt en faveur des partis aux idées décidées, qui souhaitent se montrer et faire du bruit. Alors les chemises colorées laissent des traces voyantes dans l'histoire, à commencer par les « chemises rouges » et les « chemises noires » italiennes. Les « chemises rouges » les plus connues sont celles des partisans de Garibaldi. Il ne s'agissait pas exactement d'un uniforme, mais d'un signe d'appartenance. On raconte même que c'est en exil, en Uruguay, que Garibaldi, réunissant ses premières légions, avait pu mettre la main sur un lot de chemises rouges, destinées au départ aux ouvriers des abattoirs de Buenos Aires. Il en équipe sa troupe, composée d'Italiens immigrés, qui défend Montevideo contre les Anglais et les Argentins pour appuyer le jeune gouvernement uruguayen. Mais c'est une vingtaine d'années plus tard, dans les années 1860, que ces chemises rouges feront de nouveau parler d'elles dans la marche vers l'unité italienne dont Garibaldi est l'un des héros. Ces chemises rouges sont alors le symbole des peuples qui conquièrent eux-mêmes leur indépendance, qui s'ingénient à disposer d'eux-mêmes. Et bien sûr, on les opposera aux chemises noires, qui identifient les partisans de Mussolini, les milices qui l'aidèrent à se porter au pouvoir et se firent déjà connaître par la façon dont elles brisèrent la grève générale en 1922. Le rouge et le noir identifient des appartenances politiques que l'on comprend par rapport à la période où elles se situent. Cela peut changer, en effet. Et on sait que le noir a été lié aux mouvements anarchistes avant d'être lié au fascisme italien. Mais une autre couleur a toujours été associée à un mouvement sinistre. Il s'agit des chemises brunes, les SA commandés par Ernst Röhm et organisés à l'initiative de Hitler. Les SA seront liquidés et supplantés par les SS quand les Nazis auront le pouvoir, mais avant ce règlement de compte, ils auront fortement servi à asseoir le pouvoir hitlérien.

Alors bien sûr, il est fréquent que des armées, des régiments soient nommés par une pièce d'habillement assorti d'une couleur, comme les tuniques bleues, ou même les cols bleus de la marine nationale française. Est-ce que la chemise donne une tonalité supplémentaire ? On remarquera qu'on la trouve pratiquement toujours quand il s'agit de groupes paramilitaires – presque une armée, mais pas tout à fait une armée. Une chemise n'est pas forcément débraillée, mais elle donne une impression moins stricte que l'uniforme lui-même, comme si l'on était, comme on dit, en bras de chemise. On est donc davantage prêt à faire le coup de poing qu'à monter à l'assaut. On est plus près de l'expédition punitive que de l'opération policière, comme si la chemise était plus l'accoutrement de la milice que celui du militaire. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


CHEMISES ROUGES   2009-02-25

Les « chemises rouges » manifestent en Thaïlande. C'est ainsi qu'on nomme, et d'ailleurs qu'on reconnaît les partisans de l'ancien Premier ministre, Thaksin Shinawatra, écarté par une décision de justice. Et ces « chemises rouges » se distinguent au premier coup d'œil (et au premier coup d'oreille lorsqu'on en parle) des chemises jaunes, celles des partisans de l'Alliance du peuple pour la démocratie. Alors la situation politique est peut-être un peu confuse, mais lorsqu'il faut choisir son camp, il est plus facile de se rallier à une couleur tranchée, impossible à confondre avec une autre toute aussi tranchée. Et pour bien se reconnaître, rien de tel que de porter une chemise de la couleur en question.

C'est d'ailleurs une vieille pratique politique, plutôt en faveur des partis aux idées décidées, qui souhaitent se montrer et faire du bruit. Alors les chemises colorées laissent des traces voyantes dans l'histoire, à commencer par les « chemises rouges » et les « chemises noires » italiennes. Les « chemises rouges » les plus connues sont celles des partisans de Garibaldi. Il ne s'agissait pas exactement d'un uniforme, mais d'un signe d'appartenance. On raconte même que c'est en exil, en Uruguay, que Garibaldi, réunissant ses premières légions, avait pu mettre la main sur un lot de chemises rouges, destinées au départ aux ouvriers des abattoirs de Buenos Aires. Il en équipe sa troupe, composée d'Italiens immigrés, qui défend Montevideo contre les Anglais et les Argentins pour appuyer le jeune gouvernement uruguayen. Mais c'est une vingtaine d'années plus tard, dans les années 1860, que ces chemises rouges feront de nouveau parler d'elles dans la marche vers l'unité italienne dont Garibaldi est l'un des héros. Ces chemises rouges sont alors le symbole des peuples qui conquièrent eux-mêmes leur indépendance, qui s'ingénient à disposer d'eux-mêmes. Et bien sûr, on les opposera aux chemises noires, qui identifient les partisans de Mussolini, les milices qui l'aidèrent à se porter au pouvoir et se firent déjà connaître par la façon dont elles brisèrent la grève générale en 1922. Le rouge et le noir identifient des appartenances politiques que l'on comprend par rapport à la période où elles se situent. Cela peut changer, en effet. Et on sait que le noir a été lié aux mouvements anarchistes avant d'être lié au fascisme italien. Mais une autre couleur a toujours été associée à un mouvement sinistre. Il s'agit des chemises brunes, les SA commandés par Ernst Röhm et organisés à l'initiative de Hitler. Les SA seront liquidés et supplantés par les SS quand les Nazis auront le pouvoir, mais avant ce règlement de compte, ils auront fortement servi à asseoir le pouvoir hitlérien.

Alors bien sûr, il est fréquent que des armées, des régiments soient nommés par une pièce d'habillement assorti d'une couleur, comme les tuniques bleues, ou même les cols bleus de la marine nationale française. Est-ce que la chemise donne une tonalité supplémentaire ? On remarquera qu'on la trouve pratiquement toujours quand il s'agit de groupes paramilitaires – presque une armée, mais pas tout à fait une armée. Une chemise n'est pas forcément débraillée, mais elle donne une impression moins stricte que l'uniforme lui-même, comme si l'on était, comme on dit, en bras de chemise. On est donc davantage prêt à faire le coup de poing qu'à monter à l'assaut. On est plus près de l'expédition punitive que de l'opération policière, comme si la chemise était plus l'accoutrement de la milice que celui du militaire. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/