Jean-Marie Frey - La religion, moyen d'oppression ou obstacle à l'oppression ? (1)
d'abord je dois dire que je suis
vraiment sincèrement ravi d'être ici et
de constater encore une fois que les
gens peuvent se déplacer en fin de
journée comme ça de manière totalement
désintéressée pour philosopher pour
interroger le réel à des heures qui sont
quand même pas trop délirantes mais
quand même de 18h30 à 20h vous y allez
c'est sûr que pas très bien et danse
enfin madame de professeurs ici vraiment
satisfaite quand je peux constater ça et
je ne peux pas m'empêcher à chaque fois
de me faire la réflexion qui est la
suivante il est quand même bon que la
république que consacre un peu de son
temps scolaire à la formation
philosophique de ses enfants
il ya de la philosophie dans les écoles
de la république on a encore une
spécificité française est vraiment ça
c'est un acquis auquel évidemment je
suis moi même très attaché alors
d'emblée la j'évoque la république et en
évoquant la république ce qui vient à
l'esprit de chacun c'est l'idée de
laïcité la république est laïque
elle a cité dans son socle et la laïcité
apparaît d'emblée comme une séparation
une affirmation d'une séparation entre
la sphère politique et la sphère
religieuse
ça signifie que un vrai républicain ne
peut pas ne pas s'interroger sur la
nature de la religion
on ne peut pas faire l'économie d'une
réflexion sur la nature du sentiment
religieux sur ce qui pourrait en lui
constituer un obstacle politique à la
république elle-même mais peut-être
aussi sur les points d'accord dans le
fond entre ce que dit le sentiment
religieux est ce que tu y la république
même temps sa version la plus
radicalement laïque c'est cette
réflexion que je vous invite ce soir
c'est à dire réfléchir la nature de la
religion et je les choisis comme en
anglais angle d'attaqué
la question de la liberté puisque la
république et la liberté évidemment sont
indissociables
la religion est elle un moyen
d'oppression ou un obstacle à
l'oppression tron dit la religion
la liberté sont elles compatibles ou pas
je vais vous proposer pour aborder cette
réflexion un premier point de vue qui
consiste à soutenir que nos consciences
ne sont peut-être que le fruit de
l'existence sociale nous sommes nous dit
qu'au départ l'homme n'est qu'un être
perfectible c'est internet qui porte en
lui une puissance de progrès mais il
soutient que cette puissance de progrès
ne reste qu'une virtualité sans la
société sans la rencontre de l'autre il
n'ya pas de culture mais sans culture
l'esprit reste en puissance n'est pas en
actifs actuels lis pas sans la culture
il n'y a que des germes en nous mais
légère ne donne rien donc nous avons
besoin des autres pour actualiser notre
esprit pour actualiser notre conscience
pour s'arrête là mais on peut
radicaliser ce qu'il nous dit en
soutenant que la conscience émerge non
pas seulement dans la société mais
qu'elle émerge par la société et que
l'ordre social détermine son contenu
c'est le départ que je vous propose la
soutenir que la conscience est le fruit
de l'existence sociale pour reprendre
une formule de marx soutenir que ce
n'est pas la conscience des hommes qui
détermine leur être mais à linverse leur
être social qui terminent leur
conscience et si on raisonne comme ça la
conscience n'est pas comme un empire
dans un empire pour reprendre la formule
de spinoza la conscience n'est pas comme
une réalité flottant dans les limbes
indépendante de la réalité de la nature
évidemment mais même indépendant de la
réalité sociale si on raisonne comme je
viens de le faire la conscience non
seulement a besoin de la société pour
être mais elle est déterminée dans son
contenu même par la société ce que nous
pensons dans le fond est d'origine
sociale
c'est ce qui invite marx à soutenir que
si on veut bien pensée la réalité de
l'homme et si on veut bien pensée la
réalité d'une société on peut pas
s'arrêter à la conscience que cette
société a d'elle-même pour reprendre un
terme authentiquement marxisme
typiquement marxiste là le contenu de la
conscience telle que je viens de le
décrire est un contenu idéologiquement
déterminer voyez on croit qu'on pense ça
parce qu'on a envie de le penser
on croit qu'on pense ceci ou cela parce
que on est attaché à telle ou telle idée
mais en réalité ce qu'on pense et
déterminée par la société à laquelle on
appartient
or évidemment évidemment les
représentations religieuses font partie
de ses contenus de notre conscience
ça signifie que la première approche que
je vous propose c'est une approche qui
consiste à faire de la religion et de la
pensée religieuse et du sentiment
religieux et de l'attachement à telle ou
telle croyance religieuse à faire de
tout cela l'effet de la société à
laquelle on appartient
voyez et si la religion n'était qu'une
idéologie c'est à dire ce n était que
l'effet de la société laquelle on
appartient et plus précisément dans une
optique marxiste si la religion et l
effet de la base de la société de son
fond même de sa structure profonde c'est
à dire de sa structure économique allons
les choses je crois peuvent être dit
clairement dans une société marquée par
l'inégalité dans une société où certains
ont alors que d'autres n'ont que leur
force de travail pour subvenir à leurs
besoins
dans une société où certains pour
employer un vocabulaire marxiste
détiennent d'instruments production
et/ou d'autres doivent vendre leur force
de travail pour pouvoir subvenir à leurs
besoins dans une telle société règne une
inégalité qui ne peut pas ne pas être
source de souffrance sociale
mais la structure inégalitaire de la
société dans sa base économique génère
nécessairement de la souffrance sociale
la question ici la suivante est ce que
le sentiment religieux
est-ce que croyance religieuse ce que
les représentations religieuses ne sont
pas d'une manière ou d'une autre des
moyens de rendre supportable
insupportable voyez si je me dis bien
sûr mon existence n'est pas ce que je
souhaiterais qu'elle soit bien sûr je
subis des inégalités la violence la
misère etc
mais je peux espérer un autre là dans
lequel mes désirs seront satisfaits
peut-être que la religion appareils
immédiatement peut apparaître
immédiatement comme la rom spirituelle
qui permet de rendre vivables
l'invivable vous voyez
vous avez reconnu l'analyse que je vous
propose la religion vous l'avez tous
compris de ce point de vue là est
l'opium du peuple
la religion est l'opium du peuple ça
veut dire que la religion est une drogue
la métaphore employée par marx et s'ils
étaient l'eau quand il faut la prendre
au sérieux
je ne peux petite parenthèse de
professeurs là mais quand un grand
auteur vous propose une métaphore faut
toujours la prendre au sérieux
métaphores sont toujours choisis
vraiment au corps de voix et disent tout
on affaire à avec la métaphore le mot
moyen de dire de manière immédiate un
pas en recourant à l'imagination ce que
l'on ne peut pas tout à fait dire tout
de suite en passant par l'argument
scientifique une certaine manière pour
bien penser il nous faut un scribe faut
des mots il nous faut atteindre parce
que nous ne sommes pas des durs il nous
faut des images ça c'est une belle image
quand même l'image de l'opium opium du
peuple surprenant là au sérieux l'opium
et c'est une drogue donc mais c'est une
drogue dont les effets sont singuliers
mars ne prend pas une métaphore au
hasard il nous dit pas que la religion
c'est l'amphétamine du peuple il nous
dit pas c'est l'ecstasy du c'est pas là
la condition de la du bon déroulement de
la rave party
même si peut-être que la rave party sa
manière et eu aussi une manière de
rendre supportable insupportable en
agitant son corps en faisant en sorte
que l'expérience de la transe nous
libère des inquiétudes immédiates
non là c'est pas tout à fait ça continue
parce que l'opium c'est une drogue qui
n'agite pas au contraire c'est une
drogue qui endort l'opium ça endort
alors ça endort l'esprit évidemment ça
veut dire que dans la fumerie d'opium
l'insupportable devient supportable
à ce moment là pourquoi tu drogue pour
oublier pour oublier que tu drones pour
oublier que mes l'opium est un autre
effet ces drogues qui endort elle permet
dans une certaine mesure de couvrir ces
chaînes de fleurs de vendre supportable
à supporter mais l'opium
c'est une drogue qui endort et qui par
conséquent empêchés d'agir
ça empêche l'action donc si la religion
avec un fait social si la religion est
une idéologie c'est à dire un ensemble
de représentations produite dans
l'esprit par une base économique tout à
fait insupportable alors la religion est
ce qui rend cette base économique
vivable mais en même temps ce qui
empêche de la modifier de la transformer
puisque celui qui est endormi
celui-là n'agit pas or on le sait pour
marx
la solution à la misère la solution à la
souffrance sociale ccss
c'est pas l'opium du peuple c'est la
transformation profonde de la société
c'est à dire l'action révolutionnaire il
faut transformer la société
c'est à dire modifier sa base économique
afin de faire disparaître la cause de la
souffrance et un bon médecin ne se
contente pas d'agir sur les symptômes un
bon médecin au qu'ils agissent seront
l'origine du symptôme sur la maladie
elle-même un celui qui se contente
d'agir sur le symptôme celui là maintien
en l'état finalement le patient il rend
supportable insupportable mais ne s'agit
pas de dire qu'il faut pas agir sur le
symptôme mais freud lui même il eu des
symptômes névrotique
on sent guéri simplement d'aller
chercher son origine pour ça qu'ils
demandaient ses patients de parler de
tout sauf de leurs symptômes névrotique
ce qui laisse les gens espèces
d'incapacité a parlé dans un premier
temps mais qui contraignait d'une
certaine manière à les chercher du côté
de l'origine
donc si je raisonne à la manière de marx
et si la religion est l'opium du peuple
elle empêche de bien penser l empêche de
bien agir autrement dit elles empêchent
de se représenter le réel tel qu'il est
elle détourne de la vérité elle est une
source d'illusions ce qui est
philosophiquement condamnable et elle
empêche l'action donc elles entravent
l'action révolutionnaire ce qui est
moralement condamnable
ça fait beaucoup vous comprenez que si
on s'engage dans cette voie là y'a pas
grand chose à sauver du sentiment
religieux
ça ne veut pas dire d'ailleurs que le
partisan d'une position marxiste
préconisera de combattre la religion
elle-même
on est d'accord puisque
je viens de dire que tel un bon médecin
le dirigeant révolutionnaire n'agit pas
sur les effets mais sur les causes or
j'ai indiqué tout de suite que dans
cette logique que nous poursuivons la
religion elle même apparaît comme un
effet et pas comme une cause alors c'est
un effet qui produit un effet secondaire
qui est d' empêcher de bien pensé bien
d'agir mais elle est elle même un effet
de la société et de la structure sociale
qui génère de la souffrance
donc il ne s'agit pas de combattre la
religion il s'agit de combattre ceux qui
génèrent la religion l'action
révolutionnaire transformant la société
très profondément
si elle parvient à sa fin produira un
non dans lequel la religion d'elle-même
n'aura plus de raison d'être elle-même
disparaîtrait vous voyez là partisans de
ce type de théorie pourrait envisager
voyez l'effondrement du bloc soviétique
qu'il laisse en l'état des sociétés dans
lesquelles le sentiment religieux n'a
pas disparu pas celui là pourrait
interpréter cette situation comme un
échec de la révolution si ça avait
marché il serait plus haut lieu si son
oui je sais ça va marcher
alors il fallait combattre la religion