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Les Trois Mousquetaires, Chapitre 37

Chapitre 37

LE SECRET DE MILADY

D'Artagnan était sorti de l'hôtel au lieu de monter tout de suite chez Ketty, malgré les instances que lui avait faites la jeune fille, et cela pour deux raisons : la première, parce que de cette façon il évitait les reproches, les récriminations, les prières ; la seconde, parce qu'il n'était pas fâché de lire un peu dans sa pensée, et, s'il était possible, dans celle de cette femme.

Tout ce qu'il y avait de plus clair là-dedans, c'est que d'Artagnan aimait milady comme un fou et qu'elle ne l'aimait pas le moins du monde. Un instant d'Artagnan comprit que ce qu'il aurait de mieux à faire serait de rentrer chez lui et d'écrire à milady une longue lettre dans laquelle il lui avouerait que lui et de Wardes étaient jusqu'à présent absolument le même, que par conséquent il ne pouvait s'engager, sous peine de suicide, à tuer de Wardes. Mais lui aussi était éperonné d'un féroce désir de vengeance ; il voulait posséder à son tour cette femme sous son propre nom ; et comme cette vengeance lui paraissait avoir une certaine douceur, il ne voulait point y renoncer.

Il fit cinq ou six fois le tour de la place Royale, se retournant de dix pas en dix pas pour regarder la lumière de l'appartement de milady, qu'on apercevait à travers les jalousies ; il était évident que cette fois la jeune femme était moins pressée que la première de rentrer dans sa chambre.

Enfin la lumière disparut.

Avec cette lueur s'éteignit la dernière irrésolution dans le cœur de d'Artagnan ; il se rappela les détails de la première nuit, et, le cœur bondissant, la tête en feu, il rentra dans l'hôtel et se précipita dans la chambre de Ketty.

La jeune fille, pâle comme la mort, tremblant de tous ses membres, voulut arrêter son amant ; mais milady, l'oreille au guet, avait entendu le bruit qu'avait fait d'Artagnan : elle ouvrit la porte.

— Venez, dit-elle.

Tout cela était d'une si incroyable imprudence, d'une si monstrueuse effronterie, qu'à peine si d'Artagnan pouvait croire à ce qu'il voyait et à ce qu'il entendait. Il croyait être entraîné dans quelqu'une de ces intrigues fantastiques comme on en accomplit en rêve.

Il ne s'élança pas moins vers milady, cédant à cette attraction que l'aimant exerce sur le fer. La porte se referma derrière eux.

Ketty s'élança à son tour contre la porte.

La jalousie, la fureur, l'orgueil offensé, toutes les passions enfin qui se disputent le cœur d'une femme amoureuse la poussaient à une révélation ; mais elle était perdue si elle avouait avoir donné les mains à une pareille machination ; et, par-dessus tout, d'Artagnan était perdu pour elle. Cette dernière pensée d'amour lui conseilla encore ce dernier sacrifice.

D'Artagnan, de son côté, était arrivé au comble de tous ses vœux : ce n'était plus un rival qu'on aimait en lui, c'était lui-même qu'on avait l'air d'aimer. Une voix secrète lui disait bien au fond du cœur qu'il n'était qu'un instrument de vengeance que l'on caressait en attendant qu'il donnât la mort, mais l'orgueil, mais l'amour-propre, mais la folie faisaient taire cette voix, étouffaient ce murmure. Puis notre Gascon, avec la dose de confiance que nous lui connaissons, se comparait à de Wardes et se demandait pourquoi, au bout du compte, on ne l'aimerait pas, lui aussi, pour lui-même.

Il s'abandonna donc tout entier aux sensations du moment. Milady ne fut plus pour lui cette femme aux intentions fatales qui l'avait un instant épouvanté, ce fut une maîtresse ardente et passionnée s'abandonnant tout entière à un amour qu'elle semblait éprouver elle-même. Deux heures à peu près s'écoulèrent ainsi.

Cependant les transports des deux amants se calmèrent ; milady, qui n'avait point les mêmes motifs que d'Artagnan pour oublier, revint la première à la réalité et demanda au jeune homme si les mesures qui devaient amener le lendemain entre lui et de Wardes une rencontre étaient bien arrêtées d'avance dans son esprit.

Mais d'Artagnan, dont les idées avaient pris un tout autre cours, s'oublia comme un sot et répondit galamment qu'il était bien tard pour s'occuper de duels à coups d'épée.

Cette froideur pour les seuls intérêts qui l'occupassent effraya milady, dont les questions devinrent plus pressantes.

Alors d'Artagnan, qui n'avait jamais sérieusement pensé à ce duel impossible, voulut détourner la conversation, mais il n'était plus de force.

Milady le contint dans les limites qu'elle avait tracées d'avance avec son esprit irrésistible et sa volonté de fer.

D'Artagnan se crut fort spirituel en conseillant à milady de renoncer, en pardonnant à de Wardes, aux projets furieux qu'elle avait formés.

Mais aux premiers mots qu'il dit, la jeune femme tressaillit et s'éloigna.

— Auriez-vous peur, cher d'Artagnan ? dit-elle d'une voix aiguë et railleuse qui résonna étrangement dans l'obscurité.

— Vous ne le pensez pas, chère âme ! répondit d'Artagnan ; mais enfin, si ce pauvre comte de Wardes était moins coupable que vous ne le pensez ?

— En tout cas dit gravement milady, il m'a trompée, et du moment où il m'a trompée il a mérité la mort.

— Il mourra donc, puisque vous le condamnez ! dit d'Artagnan d'un ton si ferme, qu'il parut à milady l'expression d'un dévouement à toute épreuve.

Aussitôt elle se rapprocha de lui.

Nous ne pourrions dire le temps que dura la nuit pour milady ; mais d'Artagnan croyait être près d'elle depuis deux heures à peine lorsque le jour parut aux fentes des jalousies et bientôt envahit la chambre de sa lueur blafarde.

Alors milady, voyant que d'Artagnan allait la quitter, lui rappela la promesse qu'il lui avait faite de la venger de de Wardes.

— Je suis tout prêt, dit d'Artagnan, mais auparavant je voudrais être certain d'une chose.

— De laquelle ? demanda milady.

— C'est que vous m'aimez.

— Je vous en ai donné la preuve, ce me semble.

— Oui, aussi je suis à vous corps et âme.

— Merci, mon brave amant ! mais de même que je vous ai prouvé mon amour, vous me prouverez le vôtre à votre tour, n'est-ce pas ?

— Certainement. Mais si vous m'aimez comme vous me le dites, reprit d'Artagnan, ne craignez-vous pas un peu pour moi ?

— Que puis-je craindre ?

— Mais enfin, que je sois blessé dangereusement, tué même.

— Impossible, dit milady, vous êtes un homme si vaillant et une si fine épée.

— Vous ne préféreriez donc point, reprit d'Artagnan, un moyen qui vous vengerait de même tout en rendant inutile le combat.

Milady regarda son amant en silence : cette lueur blafarde des premiers rayons du jour donnait à ses yeux clairs une expression étrangement funeste.

— Vraiment, dit-elle, je crois que voilà que vous hésitez maintenant.

— Non, je n'hésite pas ; mais c'est que ce pauvre comte de Wardes me fait vraiment peine depuis que vous ne l'aimez plus, et il me semble qu'un homme doit être si cruellement puni par la perte seule de votre amour, qu'il n'a pas besoin d'autre châtiment :

— Qui vous dit que je l'aie aimé ? demanda milady. — Au moins puis-je croire maintenant sans trop de fatuité que vous en aimez un autre, dit le jeune homme d'un ton caressant, et je vous le répète, je m'intéresse au comte. — Vous ? demanda milady. — Oui moi. — Et pourquoi vous ?

— Parce que seul je sais…

— Quoi ?

— Qu'il est loin d'être ou plutôt d'avoir été aussi coupable envers vous qu'il le paraît.

— En vérité ! dit milady d'un air inquiet ; expliquez-vous, car je ne sais vraiment ce que vous voulez dire.

Et elle regardait d'Artagnan, qui la tenait embrassée avec des yeux qui semblaient s'enflammer peu à peu.

— Oui, je suis galant homme, moi ! dit d'Artagnan décidé à en finir ; et depuis que votre amour est à moi, que je suis bien sûr de le posséder, car je le possède, n'est-ce pas ?…

— Tout entier, continuez.

— Eh bien, je me sens comme transporté, un aveu me pèse.

— Un aveu ?

— Si j'eusse douté de votre amour je ne l'eusse pas fait ; mais vous m'aimez, ma belle maîtresse ? n'est-ce pas, vous m'aimez ?

— Sans doute.

— Alors si par excès d'amour je me suis rendu coupable envers vous, vous me pardonnerez ?

— Peut-être !

D'Artagnan essaya, avec le plus doux sourire qu'il pût prendre, de rapprocher ses lèvres des lèvres de milady, mais celle-ci l'écarta.

— Cet aveu, dit-elle en pâlissant, quel est cet aveu ?

— Vous aviez donné rendez-vous à de Wardes, jeudi dernier, dans cette même chambre, n'est-ce pas ?

— Moi, non ! cela n'est pas, dit milady d'un ton de voix si ferme et d'un visage si impassible, que si d'Artagnan n'eût pas eu une certitude si parfaite, il eût douté.

— Ne mentez pas, mon bel ange, dit d'Artagnan en souriant, ce serait inutile.

— Comment cela ? parlez donc ! vous me faites mourir !

— Oh ! rassurez-vous, vous n'êtes point coupable envers moi, et je vous ai déjà pardonné !

— Après, après ?

— De Wardes ne peut se glorifier de rien.

— Pourquoi ? Vous m'avez dit vous-même que cette bague…

— Cette bague, mon amour, c'est moi qui l'ai. Le comte de Wardes de jeudi et le d'Artagnan d'aujourd'hui sont la même personne.

L'imprudent s'attendait à une surprise mêlée de pudeur, à un petit orage qui se résoudrait en larmes ; mais il se trompait étrangement, et son erreur ne fut pas longue.

Pâle et terrible, milady se redressa, et, repoussant d'Artagnan d'un violent coup dans la poitrine, elle s'élança hors du lit.

Il faisait alors presque grand jour.

D'Artagnan la retint par son peignoir de fine toile des Indes pour implorer son pardon ; mais elle, d'un mouvement puissant et résolu, elle essaya de fuir. Alors la batiste se déchira en laissant à nu les épaules et sur l'une de ces belles épaules rondes et blanches, d'Artagnan avec un saisissement inexprimable, reconnut la fleur de lys, cette marque indélébile qu'imprime la main infamante du bourreau.

— Grand Dieu ! s'écria d'Artagnan en lâchant le peignoir.

Et il demeura muet, immobile et glacé sur le lit.

Mais milady se sentait dénoncée par l'effroi même de d'Artagnan. Sans doute il avait tout vu : le jeune homme maintenant savait son secret, secret terrible, que tout le monde ignorait, excepté lui.

Elle se retourna, non plus comme une femme furieuse mais comme une panthère blessée.

— Ah ! misérable, dit-elle, tu m'as lâchement trahie, et de plus tu as mon secret ! Tu mourras !

Et elle courut à un coffret de marqueterie posé sur la toilette, l'ouvrit d'une main fiévreuse et tremblante, en tira un petit poignard à manche d'or, à la lame aiguë et mince et revint d'un bond sur d'Artagnan à demi nu.

Quoique le jeune homme fût brave, on le sait, il fut épouvanté de cette figure bouleversée, de ces pupilles dilatées horriblement, de ces joues pâles et de ces lèvres sanglantes ; il recula jusqu'à la ruelle, comme il eût fait à l'approche d'un serpent qui eût rampé vers lui, et son épée se rencontrant sous sa main souillée de sueur, il la tira du fourreau.

Mais sans s'inquiéter de l'épée, milady essaya de remonter sur le lit pour le frapper, et elle ne s'arrêta que lorsqu'elle sentit la pointe aiguë sur sa gorge.

Alors elle essaya de saisir cette épée avec les mains mais d'Artagnan l'écarta toujours de ses étreintes et, la lui présentant tantôt aux yeux, tantôt à la poitrine, il se laissa glisser à bas du lit, cherchant pour faire retraite la porte qui conduisait chez Ketty.

Milady, pendant ce temps, se ruait sur lui avec d'horribles transports, rugissant d'une façon formidable.

Cependant cela ressemblait à un duel, aussi d'Artagnan se remettait petit à petit.

— Bien, belle dame, bien ! disait-il, mais, de par Dieu, calmez-vous, ou je vous dessine une seconde fleur de lis sur l'autre épaule.

— Infâme ! infâme ! hurlait milady.

Mais d'Artagnan, cherchant toujours la porte, se tenait sur la défensive.

Au bruit qu'ils faisaient, elle renversant les meubles pour aller à lui, lui s'abritant derrière les meubles pour se garantir d'elle, Ketty ouvrit la porte. D'Artagnan, qui avait sans cesse manœuvré pour se rapprocher de cette porte, n'en était plus qu'à trois pas. D'un seul élan il s'élança de la chambre de milady dans celle de la suivante, et, rapide comme l'éclair, il referma la porte, contre laquelle il s'appuya de tout son poids tandis que Ketty poussait les verrous.

Alors milady essaya de renverser l'arc-boutant qui l'enfermait dans sa chambre, avec des forces bien au-dessus de celles d'une femme ; puis, lorsqu'elle sentit que c'était chose impossible, elle cribla la porte de coups de poignard, dont quelques-uns traversèrent l'épaisseur du bois.

Chaque coup était accompagné d'une imprécation terrible.

— Vite, vite, Ketty, dit d'Artagnan à demi-voix lorsque les verrous furent mis, fais-moi sortir de l'hôtel, ou si nous lui laissons le temps de se retourner, elle me fera tuer par les laquais.

— Mais vous ne pouvez pas sortir ainsi, dit Ketty, vous êtes tout nu.

— C'est vrai, dit d'Artagnan, qui s'aperçut alors seulement du costume dans lequel il se trouvait, c'est vrai ; habille-moi comme tu pourras, mais hâtons-nous ; comprends-tu, il y va de la vie et de la mort !

Ketty ne comprenait que trop ; en un tour de main elle l'affubla d'une robe à fleurs, d'une large coiffe et d'un mantelet ; elle lui donna des pantoufles, dans lesquelles il passa ses pieds nus, puis elle l'entraîna par les degrés. Il était temps, milady avait déjà sonné et réveillé tout l'hôtel. Le portier tira le cordon à la voix de Ketty au moment même où milady, à demi nue de son côté, criait par la fenêtre :

— N'ouvrez pas !


Chapitre 37 Chapter 37 Capítulo 37 Hoofdstuk 37

LE SECRET DE MILADY

D'Artagnan était sorti de l'hôtel au lieu de monter tout de suite chez Ketty, malgré les instances que lui avait faites la jeune fille, et cela pour deux raisons : la première, parce que de cette façon il évitait les reproches, les récriminations, les prières ; la seconde, parce qu'il n'était pas fâché de lire un peu dans sa pensée, et, s'il était possible, dans celle de cette femme. D'Artagnan had left the hotel instead of going straight up to Ketty's, despite the entreaties that the young girl had made to him, and that for two reasons: the first, because in this way he avoided reproaches, recriminations, prayers; the second, because he was not sorry to read her mind a little, and, if possible, that of this woman.

Tout ce qu'il y avait de plus clair là-dedans, c'est que d'Artagnan aimait milady comme un fou et qu'elle ne l'aimait pas le moins du monde. All that was clearest in that was that d'Artagnan loved Milady like a madman and that she did not love him in the least. Un instant d'Artagnan comprit que ce qu'il aurait de mieux à faire serait de rentrer chez lui et d'écrire à milady une longue lettre dans laquelle il lui avouerait que lui et de Wardes étaient jusqu'à présent absolument le même, que par conséquent il ne pouvait s'engager, sous peine de suicide, à tuer de Wardes. For a moment d'Artagnan understood that the best thing he could do would be to go home and write Milady a long letter in which he would confess to her that he and de Wardes had hitherto been absolutely the same, that consequently he could not undertake, under penalty of suicide, to kill de Wardes. Mais lui aussi était éperonné d'un féroce désir de vengeance ; il voulait posséder à son tour cette femme sous son propre nom ; et comme cette vengeance lui paraissait avoir une certaine douceur, il ne voulait point y renoncer. But he too was spurred on by a fierce desire for revenge; he wanted in his turn to possess this woman under his own name; and as this revenge seemed to him to have a certain sweetness, he did not want to give it up.

Il fit cinq ou six fois le tour de la place Royale, se retournant de dix pas en dix pas pour regarder la lumière de l'appartement de milady, qu'on apercevait à travers les jalousies ; il était évident que cette fois la jeune femme était moins pressée que la première de rentrer dans sa chambre. He circled the Place Royale five or six times, turning back ten steps at a time to look at the light in Milady's apartment, which could be seen through the blinds; it was obvious that this time the young woman was in less of a hurry than the first to return to her room.

Enfin la lumière disparut. Finally the light disappeared.

Avec cette lueur s'éteignit la dernière irrésolution dans le cœur de d'Artagnan ; il se rappela les détails de la première nuit, et, le cœur bondissant, la tête en feu, il rentra dans l'hôtel et se précipita dans la chambre de Ketty. With this light extinguished the last irresolution in d'Artagnan's heart; he remembered the details of the first night, and, his heart leaping, his head on fire, he returned to the hotel and rushed into Kitty's room.

La jeune fille, pâle comme la mort, tremblant de tous ses membres, voulut arrêter son amant ; mais milady, l'oreille au guet, avait entendu le bruit qu'avait fait d'Artagnan : elle ouvrit la porte. The young girl, pale as death, trembling in all her limbs, wanted to arrest her lover; but milady, her ears on the watch, had heard the noise d'Artagnan had made: she opened the door.

— Venez, dit-elle. 'Come,' she said.

Tout cela était d'une si incroyable imprudence, d'une si monstrueuse effronterie, qu'à peine si d'Artagnan pouvait croire à ce qu'il voyait et à ce qu'il entendait. All this was so incredibly imprudent, such monstrous effrontery, that d'Artagnan could hardly believe what he saw and what he heard. Il croyait être entraîné dans quelqu'une de ces intrigues fantastiques comme on en accomplit en rêve. He thought he was being drawn into one of those fantastic intrigues such as one accomplishes in a dream.

Il ne s'élança pas moins vers milady, cédant à cette attraction que l'aimant exerce sur le fer. He rushed no less towards Milady, yielding to this attraction which the magnet exerts on iron. La porte se referma derrière eux. The door closed behind them.

Ketty s'élança à son tour contre la porte. Kitty rushed in her turn against the door.

La jalousie, la fureur, l'orgueil offensé, toutes les passions enfin qui se disputent le cœur d'une femme amoureuse la poussaient à une révélation ; mais elle était perdue si elle avouait avoir donné les mains à une pareille machination ; et, par-dessus tout, d'Artagnan était perdu pour elle. Jealousy, fury, offended pride, all the passions that finally compete for the heart of a woman in love pushed her to a revelation; but she was lost if she confessed to having given her hands to such a scheme; and, above all, d'Artagnan was lost to her. Cette dernière pensée d'amour lui conseilla encore ce dernier sacrifice. This last thought of love advised him again to make this last sacrifice.

D'Artagnan, de son côté, était arrivé au comble de tous ses vœux : ce n'était plus un rival qu'on aimait en lui, c'était lui-même qu'on avait l'air d'aimer. D'Artagnan, for his part, had reached the height of all his wishes: he was no longer a rival whom he loved in him, it was himself that he seemed to love. Une voix secrète lui disait bien au fond du cœur qu'il n'était qu'un instrument de vengeance que l'on caressait en attendant qu'il donnât la mort, mais l'orgueil, mais l'amour-propre, mais la folie faisaient taire cette voix, étouffaient ce murmure. A secret voice told him deep in his heart that he was only an instrument of revenge that we caressed while waiting for him to bring death, but pride, but self-love, but madness silenced this voice, stifled this murmur. Puis notre Gascon, avec la dose de confiance que nous lui connaissons, se comparait à de Wardes et se demandait pourquoi, au bout du compte, on ne l'aimerait pas, lui aussi, pour lui-même. Then our Gascon, with the dose of confidence that we know him, compared himself to de Wardes and wondered why, at the end of the day, we would not like him, too, for himself.

Il s'abandonna donc tout entier aux sensations du moment. He therefore abandoned himself entirely to the sensations of the moment. Milady ne fut plus pour lui cette femme aux intentions fatales qui l'avait un instant épouvanté, ce fut une maîtresse ardente et passionnée s'abandonnant tout entière à un amour qu'elle semblait éprouver elle-même. Milady was no longer for him that woman with fatal intentions who had terrified her for a moment, she was an ardent and passionate mistress completely abandoning herself to a love that she seemed to feel herself. Deux heures à peu près s'écoulèrent ainsi. About two hours passed thus.

Cependant les transports des deux amants se calmèrent ; milady, qui n'avait point les mêmes motifs que d'Artagnan pour oublier, revint la première à la réalité et demanda au jeune homme si les mesures qui devaient amener le lendemain entre lui et de Wardes une rencontre étaient bien arrêtées d'avance dans son esprit. However, the transports of the two lovers calmed down; Milady, who had not the same motives as d'Artagnan for forgetting, was the first to come back to reality and asked the young man if the measures which were to bring about a meeting the next day between him and de Wardes had been well decided upon in advance. his mind.

Mais d'Artagnan, dont les idées avaient pris un tout autre cours, s'oublia comme un sot et répondit galamment qu'il était bien tard pour s'occuper de duels à coups d'épée. But d'Artagnan, whose ideas had taken quite a different course, forgot himself like a fool and gallantly replied that it was very late to concern himself with duels with the sword.

Cette froideur pour les seuls intérêts qui l'occupassent effraya milady, dont les questions devinrent plus pressantes. This coldness for the sole interests which occupied her frightened my lady, whose questions became more pressing.

Alors d'Artagnan, qui n'avait jamais sérieusement pensé à ce duel impossible, voulut détourner la conversation, mais il n'était plus de force. Then d'Artagnan, who had never seriously thought of this impossible duel, wanted to divert the conversation, but he was no longer strong enough.

Milady le contint dans les limites qu'elle avait tracées d'avance avec son esprit irrésistible et sa volonté de fer. Milady restrained him within the limits she had drawn beforehand with her irresistible spirit and her iron will.

D'Artagnan se crut fort spirituel en conseillant à milady de renoncer, en pardonnant à de Wardes, aux projets furieux qu'elle avait formés. D'Artagnan believed himself to be very witty in advising milady to renounce, by forgiving de Wardes, the furious projects which she had formed.

Mais aux premiers mots qu'il dit, la jeune femme tressaillit et s'éloigna. But at the first words he said, the young woman started and walked away.

— Auriez-vous peur, cher d'Artagnan ? "Are you afraid, dear d'Artagnan?" dit-elle d'une voix aiguë et railleuse qui résonna étrangement dans l'obscurité. she said in a high, mocking voice that echoed strangely in the darkness.

— Vous ne le pensez pas, chère âme ! - You don't think so, dear soul! répondit d'Artagnan ; mais enfin, si ce pauvre comte de Wardes était moins coupable que vous ne le pensez ? replied d'Artagnan; but after all, if this poor Comte de Wardes were less culpable than you think?

— En tout cas dit gravement milady, il m'a trompée, et du moment où il m'a trompée il a mérité la mort. "In any case," said Milady gravely, "he cheated on me, and the moment he cheated on me he deserved death."

— Il mourra donc, puisque vous le condamnez ! "So he will die, since you condemn him!" dit d'Artagnan d'un ton si ferme, qu'il parut à milady l'expression d'un dévouement à toute épreuve. said d'Artagnan in such a firm tone that it seemed to my lady the expression of unfailing devotion.

Aussitôt elle se rapprocha de lui. Immediately she approached him.

Nous ne pourrions dire le temps que dura la nuit pour milady ; mais d'Artagnan croyait être près d'elle depuis deux heures à peine lorsque le jour parut aux fentes des jalousies et bientôt envahit la chambre de sa lueur blafarde. We could not say how long the night lasted for Milady; but D'Artagnan thought he had been near her for barely two hours when the day appeared in the cracks of the jealousies and soon invaded the room with its pallid gleam.

Alors milady, voyant que d'Artagnan allait la quitter, lui rappela la promesse qu'il lui avait faite de la venger de de Wardes. Then my lady, seeing that d'Artagnan was about to leave her, reminded her of the promise he had made her to avenge her on de Wardes.

— Je suis tout prêt, dit d'Artagnan, mais auparavant je voudrais être certain d'une chose. "I am quite ready," said d'Artagnan, "but first I would like to be certain of one thing."

— De laquelle ? demanda milady. asked my lady.

— C'est que vous m'aimez. "It's because you love me."

— Je vous en ai donné la preuve, ce me semble. "I have given you the proof, it seems to me.

— Oui, aussi je suis à vous corps et âme. "Yes, so I am yours body and soul."

— Merci, mon brave amant ! "Thank you, my brave lover!" mais de même que je vous ai prouvé mon amour, vous me prouverez le vôtre à votre tour, n'est-ce pas ? but just as I proved my love to you, you will prove yours to me in your turn, won't you?

— Certainement. - Certainly. Mais si vous m'aimez comme vous me le dites, reprit d'Artagnan, ne craignez-vous pas un peu pour moi ? But if you love me as you say you do, resumed d'Artagnan, aren't you a little afraid for me?

— Que puis-je craindre ? - What can I fear?

— Mais enfin, que je sois blessé dangereusement, tué même. 'But in the end, that I should be dangerously injured, even killed.

— Impossible, dit milady, vous êtes un homme si vaillant et une si fine épée. — Impossible, said Milady, you are such a valiant man and such a fine sword.

— Vous ne préféreriez donc point, reprit d'Artagnan, un moyen qui vous vengerait de même tout en rendant inutile le combat. "You would therefore not prefer," replied D'Artagnan, "a means which would avenge you in the same way while making combat useless."

Milady regarda son amant en silence : cette lueur blafarde des premiers rayons du jour donnait à ses yeux clairs une expression étrangement funeste. Milady gazed at her lover in silence: the pale gleam of the first rays of day gave her clear eyes a strangely fatal expression.

— Vraiment, dit-elle, je crois que voilà que vous hésitez maintenant. - Really, she said, I think you are now hesitating.

— Non, je n'hésite pas ; mais c'est que ce pauvre comte de Wardes me fait vraiment peine depuis que vous ne l'aimez plus, et il me semble qu'un homme doit être si cruellement puni par la perte seule de votre amour, qu'il n'a pas besoin d'autre châtiment : - No, I do not hesitate; but it is because this poor Comte de Wardes really pains me since you no longer love him, and it seems to me that a man should be so cruelly punished by the mere loss of your love, that he has never no need for further punishment:

— Qui vous dit que je l'aie aimé ? "Who told you that I loved him?" demanda milady. — Au moins puis-je croire maintenant sans trop de fatuité que vous en aimez un autre, dit le jeune homme d'un ton caressant, et je vous le répète, je m'intéresse au comte. asked my lady. 'At least I can believe now without too much fatuity that you love another,' said the young man in a caressing tone, 'and I repeat it to you, I am interested in the count. — Vous ? - At least can I now believe without too much conceit that you love another, said the young man in a caressing tone, and I repeat, I am interested in the count. demanda milady. — Oui moi. asked my lady. - Yes me. — Et pourquoi vous ? "And why you?"

— Parce que seul je sais… "Because only I know..."

— Quoi ? - What ?

— Qu'il est loin d'être ou plutôt d'avoir été aussi coupable envers vous qu'il le paraît. - Because only I know ...

— En vérité ! - In truth ! dit milady d'un air inquiet ; expliquez-vous, car je ne sais vraiment ce que vous voulez dire. - That he is far from being or rather from having been as guilty towards you as he seems.

Et elle regardait d'Artagnan, qui la tenait embrassée avec des yeux qui semblaient s'enflammer peu à peu. And she looked at d'Artagnan, who held her in his embrace with eyes that seemed to be on fire little by little.

— Oui, je suis galant homme, moi ! - Yes, I am a gallant man, me! dit d'Artagnan décidé à en finir ; et depuis que votre amour est à moi, que je suis bien sûr de le posséder, car je le possède, n'est-ce pas ?… said d'Artagnan, decided to put an end to it; and since your love is mine, I'm sure I own it, because I own it, don't I?...

— Tout entier, continuez. - All in all, continue.

— Eh bien, je me sens comme transporté, un aveu me pèse. said D'Artagnan, determined to end it; and since your love is mine, that I am sure of having it, because I have it, right?…

— Un aveu ? - A confession ?

— Si j'eusse douté de votre amour je ne l'eusse pas fait ; mais vous m'aimez, ma belle maîtresse ? - Well, I feel transported, an admission weighs on me. n'est-ce pas, vous m'aimez ?

— Sans doute.

— Alors si par excès d'amour je me suis rendu coupable envers vous, vous me pardonnerez ? - So if by excess of love I made myself guilty towards you, you will forgive me?

— Peut-être !

D'Artagnan essaya, avec le plus doux sourire qu'il pût prendre, de rapprocher ses lèvres des lèvres de milady, mais celle-ci l'écarta. D'Artagnan tried, with the sweetest smile he could muster, to bring his lips closer to my lady's lips, but the latter pushed him away.

— Cet aveu, dit-elle en pâlissant, quel est cet aveu ? "This confession," she said turning pale, "what is this confession?"

— Vous aviez donné rendez-vous à de Wardes, jeudi dernier, dans cette même chambre, n'est-ce pas ? "You arranged to meet de Wardes last Thursday in this same room, didn't you?"

— Moi, non ! - Me no ! cela n'est pas, dit milady d'un ton de voix si ferme et d'un visage si impassible, que si d'Artagnan n'eût pas eu une certitude si parfaite, il eût douté. it is not so,” said Milady, in such a firm tone of voice and such an impassive countenance, “if d'Artagnan had not been so perfectly certain, he would have doubted.

— Ne mentez pas, mon bel ange, dit d'Artagnan en souriant, ce serait inutile. "Don't lie, my beautiful angel," said d'Artagnan smiling, "it would be useless."

— Comment cela ? - What do you mean ? parlez donc ! speak then! vous me faites mourir ! you make me die!

— Oh ! - Oh ! rassurez-vous, vous n'êtes point coupable envers moi, et je vous ai déjà pardonné ! reassure yourself, you are not guilty towards me, and I have already forgiven you!

— Après, après ? - After after ?

— De Wardes ne peut se glorifier de rien. — De Wardes cannot boast of anything.

— Pourquoi ? - Why ? Vous m'avez dit vous-même que cette bague… - De Wardes can boast of nothing.

— Cette bague, mon amour, c'est moi qui l'ai. - This ring, my love, it is I who have it. Le comte de Wardes de jeudi et le d'Artagnan d'aujourd'hui sont la même personne. Thursday's Count de Wardes and today's d'Artagnan are the same person.

L'imprudent s'attendait à une surprise mêlée de pudeur, à un petit orage qui se résoudrait en larmes ; mais il se trompait étrangement, et son erreur ne fut pas longue. - This ring, my love, I got it.

Pâle et terrible, milady se redressa, et, repoussant d'Artagnan d'un violent coup dans la poitrine, elle s'élança hors du lit. Pale and terrible, my lady sat up, and, pushing d'Artagnan back with a violent blow in the chest, she sprang out of bed.

Il faisait alors presque grand jour. It was then almost broad daylight.

D'Artagnan la retint par son peignoir de fine toile des Indes pour implorer son pardon ; mais elle, d'un mouvement puissant et résolu, elle essaya de fuir. Pale and terrible, Milady straightened up, and pushing D'Artagnan away with a violent blow on the chest, she rushed out of the bed. Alors la batiste se déchira en laissant à nu les épaules et sur l'une de ces belles épaules rondes et blanches, d'Artagnan avec un saisissement inexprimable, reconnut la fleur de lys, cette marque indélébile qu'imprime la main infamante du bourreau. It was almost daylight then.

— Grand Dieu ! D'Artagnan restrained her with her robe of fine Indian cloth to beg for forgiveness; but she, with a powerful and resolute movement, she tried to flee. s'écria d'Artagnan en lâchant le peignoir. cried d'Artagnan, letting go of the peignoir.

Et il demeura muet, immobile et glacé sur le lit. And he remained mute, motionless and frozen on the bed.

Mais milady se sentait dénoncée par l'effroi même de d'Artagnan. But my lady felt denounced by d'Artagnan's very terror. Sans doute il avait tout vu : le jeune homme maintenant savait son secret, secret terrible, que tout le monde ignorait, excepté lui. No doubt he had seen everything: the young man now knew his secret, terrible secret, which everyone was ignorant of, except him.

Elle se retourna, non plus comme une femme furieuse mais comme une panthère blessée. But Milady felt denounced by the very terror of d'Artagnan.

— Ah ! - Ah! misérable, dit-elle, tu m'as lâchement trahie, et de plus tu as mon secret ! wretch, she said, you have cowardly betrayed me, and besides, you have my secret! Tu mourras ! You will die !

Et elle courut à un coffret de marqueterie posé sur la toilette, l'ouvrit d'une main fiévreuse et tremblante, en tira un petit poignard à manche d'or, à la lame aiguë et mince et revint d'un bond sur d'Artagnan à demi nu. And she ran to a box of marquetry placed on the toilet, opened it with a feverish and trembling hand, drew out a little dagger with a gold handle, with a sharp and thin blade, and came back with a bound. Half-naked Artagnan.

Quoique le jeune homme fût brave, on le sait, il fut épouvanté de cette figure bouleversée, de ces pupilles dilatées horriblement, de ces joues pâles et de ces lèvres sanglantes ; il recula jusqu'à la ruelle, comme il eût fait à l'approche d'un serpent qui eût rampé vers lui, et son épée se rencontrant sous sa main souillée de sueur, il la tira du fourreau. You will die !

Mais sans s'inquiéter de l'épée, milady essaya de remonter sur le lit pour le frapper, et elle ne s'arrêta que lorsqu'elle sentit la pointe aiguë sur sa gorge. But heedless of the sword, my lady tried to get up on the bed to strike him, and she only stopped when she felt the sharp point on her throat.

Alors elle essaya de saisir cette épée avec les mains mais d'Artagnan l'écarta toujours de ses étreintes et, la lui présentant tantôt aux yeux, tantôt à la poitrine, il se laissa glisser à bas du lit, cherchant pour faire retraite la porte qui conduisait chez Ketty. Then she tried to seize this sword with her hands, but d'Artagnan always pushed it away from his embraces and, presenting it now to her eyes, now to her chest, he let himself slip down from the bed, seeking to retreat to the door. who was driving to Kitty's.

Milady, pendant ce temps, se ruait sur lui avec d'horribles transports, rugissant d'une façon formidable. Milady, meanwhile, rushed at him with horrible transports, roaring in a formidable fashion.

Cependant cela ressemblait à un duel, aussi d'Artagnan se remettait petit à petit. So she tried to grasp this sword with her hands, but D'Artagnan still removed it from his embraces and, presenting it to his eyes sometimes, sometimes to his chest, he let himself slide down from the bed, seeking to retreat the door. who was driving to Ketty's.

— Bien, belle dame, bien ! Milady, meanwhile, rushed at him with horrible transports, roaring in a formidable way. disait-il, mais, de par Dieu, calmez-vous, ou je vous dessine une seconde fleur de lis sur l'autre épaule. However, it looked like a duel, so D'Artagnan was gradually recovering.

— Infâme ! — Infamous! infâme ! hurlait milady. yelled Milady.

Mais d'Artagnan, cherchant toujours la porte, se tenait sur la défensive. But d'Artagnan, still looking for the door, stood on the defensive.

Au bruit qu'ils faisaient, elle renversant les meubles pour aller à lui, lui s'abritant derrière les meubles pour se garantir d'elle, Ketty ouvrit la porte. At the noise they made, her overturning the furniture to go to him, he sheltering behind the furniture to protect himself from her, Kitty opened the door. D'Artagnan, qui avait sans cesse manœuvré pour se rapprocher de cette porte, n'en était plus qu'à trois pas. D'Artagnan, who had constantly maneuvered to approach this door, was only three paces from it. D'un seul élan il s'élança de la chambre de milady dans celle de la suivante, et, rapide comme l'éclair, il referma la porte, contre laquelle il s'appuya de tout son poids tandis que Ketty poussait les verrous. With a single dash he sprang from Milady's room into that of the next one, and, swift as lightning, he closed the door, against which he leaned with all his weight while Kitty pushed the bolts.

Alors milady essaya de renverser l'arc-boutant qui l'enfermait dans sa chambre, avec des forces bien au-dessus de celles d'une femme ; puis, lorsqu'elle sentit que c'était chose impossible, elle cribla la porte de coups de poignard, dont quelques-uns traversèrent l'épaisseur du bois. Then my lady tried to overthrow the flying buttress which enclosed her in her room, with strength far beyond that of a woman; then, when she felt that it was impossible, she riddled the door with dagger thrusts, some of which passed through the thickness of the wood.

Chaque coup était accompagné d'une imprécation terrible. With one impulse he rushed from Milady's room to that of the next, and, lightning fast, he closed the door, against which he leaned with all his weight while Ketty pushed the bolts.

— Vite, vite, Ketty, dit d'Artagnan à demi-voix lorsque les verrous furent mis, fais-moi sortir de l'hôtel, ou si nous lui laissons le temps de se retourner, elle me fera tuer par les laquais. "Quick, quick, Kitty," said d'Artagnan in a low voice when the bolts were put on, "get me out of the hotel, or if we give her time to turn around, she will have me killed by the lackeys."

— Mais vous ne pouvez pas sortir ainsi, dit Ketty, vous êtes tout nu. — But you can’t go out like this, said Ketty, you’re completely naked.

— C'est vrai, dit d'Artagnan, qui s'aperçut alors seulement du costume dans lequel il se trouvait, c'est vrai ; habille-moi comme tu pourras, mais hâtons-nous ; comprends-tu, il y va de la vie et de la mort ! "Quick, quick, Ketty," said D'Artagnan, in a low voice when the locks were put, "get me out of the hotel, or if we give her time to turn around, she will have me killed by the lackeys.

Ketty ne comprenait que trop ; en un tour de main elle l'affubla d'une robe à fleurs, d'une large coiffe et d'un mantelet ; elle lui donna des pantoufles, dans lesquelles il passa ses pieds nus, puis elle l'entraîna par les degrés. Ketty understood all too well; in a flash she dressed him in a flowered gown, a large headdress and a mantelet; she gave him slippers, into which he slipped his bare feet, and then led him down the stairs. Il était temps, milady avait déjà sonné et réveillé tout l'hôtel. "It is true," said d'Artagnan, who only then perceived the costume in which he found himself, "it is true; dress me as you can, but let's hurry; do you understand, life and death are at stake! Le portier tira le cordon à la voix de Ketty au moment même où milady, à demi nue de son côté, criait par la fenêtre : Ketty understood only too well; in a flash she dressed her in a floral dress, a large headdress and a mantle; she gave him slippers, in which he put his bare feet, then she dragged him by the steps.

— N'ouvrez pas ! It was time, milady had already rang and awakened the whole hotel.