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Les Trois Mousquetaires, Chapitre 36

Chapitre 36

RÊVE DE VENGEANCE

Le soir milady donna l'ordre d'introduire M. d'Artagnan aussitôt qu'il viendrait, selon son habitude. Mais il ne vint pas.

Le lendemain, Ketty vint voir de nouveau le jeune homme et lui raconta tout ce qui s'était passé la veille : d'Artagnan sourit ; cette jalouse colère de milady, c'était sa vengeance. Le soir milady fut plus impatiente encore que la veille, elle renouvela l'ordre relatif au Gascon ; mais comme la veille elle l'attendit inutilement. Le lendemain Ketty se présenta chez d'Artagnan, non plus joyeuse et alerte comme les deux jours précédents, mais au contraire triste à mourir. D'Artagnan demanda à la pauvre fille ce qu'elle avait ; mais celle-ci, pour toute réponse, tira une lettre de sa poche et la lui remit. Cette lettre était de l'écriture de milady : seulement cette fois elle était bien à l'adresse de d'Artagnan et non à celle de M. de Wardes. Il l'ouvrit et lut ce qui suit : « Cher monsieur d'Artagnan, c'est mal de négliger ainsi ses amis, surtout au moment où l'on va les quitter pour si longtemps. Mon beau-frère et moi nous avons attendu hier et avant-hier inutilement. En sera-t-il de même ce soir ?

« Votre bien reconnaissante,« Lady Clarick. — C'est tout simple, dit d'Artagnan, et je m'attendais à cette lettre. Mon crédit hausse de la baisse du comte de Wardes.

— Est-ce que vous irez ? demanda Ketty.

— Écoute, ma chère enfant, dit le Gascon, qui cherchait à s'excuser à ses propres yeux de manquer à la promesse qu'il avait faite à Athos, tu comprends qu'ilserait impolitique de ne pas se rendre à une invitation si positive. Milady, en ne me voyant pas revenir, ne comprendrait rien à l'interruption de mes visites, elle pourrait se douter de quelque chose, et qui peut dire jusqu'où irait la vengeance d'une femme de cette trempe ? — Oh ! mon Dieu ! dit Ketty, vous savez présenter les choses de façon que vous avez toujours raison. Mais vous allez encore lui faire la cour ; et si cette fois vous alliez lui plaire sous votre véritable nom et votre vrai visage, ce serait bien pis que la première fois !

L'instinct faisait deviner à la pauvre fille une partie de ce qui allait arriver. D'Artagnan la rassura du mieux qu'il put et lui promit de rester insensible aux séductions de milady. Il lui fit répondre qu'il était on ne peut plus reconnaissant de ses bontés et qu'il se rendrait à ses ordres ; mais il n'osa lui écrire de peur de ne pouvoir, à des yeux aussi exercés que ceux de milady, déguiser suffisamment son écriture. À neuf heures sonnant, d'Artagnan était place Royale. Il était évident que les domestiques qui attendaient dans l'antichambre étaient prévenus, car aussitôt que d'Artagnan parut, avant même qu'il eût demandé si milady était visible, un d'eux courut l'annoncer. — Faites entrer, dit milady d'une voix brève, mais si perçante que d'Artagnan l'entendit de l'antichambre. On l'introduisit. — Je n'y suis pour personne, dit milady ; entendez-vous, pour personne. Le laquais sortit.

D'Artagnan jeta un regard curieux sur milady : elle était pâle et avait les yeux fatigués, soit par les larmes, soit par l'insomnie. On avait avec intention diminué le nombre habituel des lumières, et cependant la jeune femme ne pouvait arriver à cacher les traces de la fièvre qui l'avait dévorée depuis deux jours. D'Artagnan s'approcha d'elle avec sa galanterie ordinaire ; elle fit alors un effort suprême pour le recevoir, mais jamais physionomie plus bouleversée ne démentit sourire plus aimable. Aux questions que d'Artagnan lui fit sur sa santé : — Mauvaise, répondit-elle, très mauvaise.

— Mais alors, dit d'Artagnan, je suis indiscret, vous avez besoin de repos sans doute et je vais me retirer. — Non pas, dit milady ; au contraire, restez, monsieur d'Artagnan, votre aimable compagnie me distraira. — Oh ! oh ! pensa d'Artagnan, elle n'a jamais été si charmante, défions-nous. Milady prit l'air le plus affectueux qu'elle put prendre, et donna tout l'éclat possible à sa conversation. En même temps cette fièvre qui l'avait abandonnée un instant revenait rendre l'éclat à ses yeux, le coloris à ses joues, le carmin à ses lèvres. D'Artagnan retrouva la Circé qui l'avait déjà enveloppé de ses enchantements. Son amour, qu'il croyait éteint et qui n'était qu'assoupi, se réveilla dans son cœur. Milady souriait et d'Artagnan sentait qu'il se damnerait pour ce sourire. Il y eut un moment où il sentit quelque chose comme un remords de ce qu'il avait fait contre elle. Peu à peu milady devint plus communicative. Elle demanda à d'Artagnan s'il avait une maîtresse. — Hélas ! dit d'Artagnan de l'air le plus sentimental qu'il put prendre, pouvez-vous être assez cruelle pour me faire une pareille question, à moi qui, depuis que je vous ai vue, ne respire et ne soupire que par vous et pour vous ! Milady sourit d'un étrange sourire. — Ainsi vous m'aimez ? dit-elle.

— Ai-je besoin de vous le dire, et ne vous en êtes-vous point aperçue ?

— Si fait ; mais, vous le savez, plus les cœurs sont fiers, plus ils sont difficiles à prendre.

— Oh ! les difficultés ne m'effraient pas, dit d'Artagnan ; il n'y a que les impossibilités qui m'épouvantent. — Rien n'est impossible, dit milady, à un véritable amour. — Rien, madame ?

— Rien, reprit milady.

— Diable ! reprit d'Artagnan à part lui, la note est changée. Deviendrait-elle amoureuse de moi, par hasard, la capricieuse, et serait-elle disposée à me donner à moi-même quelque autre saphir pareil à celui qu'elle m'a donné me prenant pour de Wardes ? D'Artagnan rapprocha vivement son siège de celui de milady. — Voyons, dit-elle, que feriez-vous bien pour prouver cet amour dont vous parlez ?

— Tout ce qu'on exigerait de moi. Qu'on ordonne, et je suis prêt. — À tout ?

— À tout ! s'écria d'Artagnan qui savait d'avance qu'il n'avait pas grand-chose à risquer en s'engageant ainsi. — Eh bien, causons un peu, dit à son tour milady en rapprochant son fauteuil de la chaise de d'Artagnan. — Je vous écoute, madame, dit celui-ci.

Milady resta un instant soucieuse et comme indécise puis paraissant prendre une résolution :

— J'ai un ennemi, dit-elle. — Vous, madame ! s'écria d'Artagnan jouant la surprise, est-ce possible, mon Dieu ? belle et bonne comme vous l'êtes ! — Un ennemi mortel.

— En vérité ?

— Un ennemi qui m'a insultée si cruellement que c'est entre lui et moi une guerre à mort. Puis-je compter sur vous comme auxiliaire ?

D'Artagnan comprit sur-le-champ où la vindicative créature en voulait venir. — Vous le pouvez, madame, dit-il avec emphase, mon bras et ma vie vous appartiennent comme mon amour.

— Alors, dit milady, puisque vous êtes aussi généreux qu'amoureux… Elle s'arrêta. — Eh bien ? demanda d'Artagnan. — Eh bien, reprit milady après un moment de silence, cessez dès aujourd'hui de parler d'impossibilités. — Ne m'accablez pas de mon bonheur, s'écria d'Artagnan en se précipitant à genoux et en couvrant de baisers les mains qu'on lui abandonnait. — Venge-moi de cet infâme de Wardes, murmura milady entre ses dents, et je saurai bien me débarrasser de toi ensuite, double sot, lame d'épée vivante ! — Tombe volontairement entre mes bras après m'avoir raillé si effrontément, hypocrite et dangereuse femme, pensait d'Artagnan de son côté, et ensuite je rirai de toi avec celui que tu veux tuer par ma main. D'Artagnan releva la tête. — Je suis prêt, dit-il.

— Vous m'avez donc comprise, cher monsieur d'Artagnan ! dit milady.

— Je devinerais un de vos regards.

— Ainsi vous emploieriez pour moi votre bras, qui s'est déjà acquis tant de renommée ? — À l'instant même. — Mais moi, dit milady, comment paierai-je un pareil service ; je connais les amoureux, ce sont des gens qui ne font rien pour rien ?

— Vous savez la seule réponse que je désire, dit d'Artagnan, la seule qui soit digne de vous et de moi ! Et il l'attira doucement vers lui. Elle résista à peine.

— Intéressé ! dit-elle en souriant.

— Ah ! s'écria d'Artagnan véritablement emporté par la passion que cette femme avait le don d'allumer dans son cœur, ah ! c'est que mon bonheur me paraît invraisemblable, et qu'ayant toujours peur de le voir s'envoler comme un rêve, j'ai hâte d'en faire une réalité. — Eh bien, méritez donc ce prétendu bonheur.

— Je suis à vos ordres, dit d'Artagnan. — Bien sûr ? fit milady avec un dernier doute.

— Nommez-moi l'infâme qui a pu faire pleurer vos beaux yeux. — Qui vous dit que j'ai pleuré ? dit-elle.

— Il me semblait…

— Les femmes comme moi ne pleurent pas, dit milady.

— Tant mieux ! Voyons, dites-moi comment il s'appelle. — Songez que son nom c'est tout mon secret. — Il faut cependant que je sache son nom.

— Oui, il le faut ; voyez si j'ai confiance en vous ! — Vous me comblez de joie. Comment s'appelle-t-il ? — Vous le connaissez.

— Vraiment ?

— Oui.

— Ce n'est pas un de mes amis ? reprit d'Artagnan en jouant l'hésitation pour faire croire à son ignorance. — Si c'était un de vos amis, vous hésiteriez donc ? s'écria milady. Et un éclair de menace passa dans ses yeux.

— Non, fût-ce mon frère ! s'écria d'Artagnan comme emporté par l'enthousiasme. Notre Gascon s'avançait sans risque ; car il savait où il allait. — J'aime votre dévouement, dit milady. — Hélas ! n'aimez-vous que cela en moi ? demanda d'Artagnan. — Je vous aime aussi, vous, dit-elle en lui prenant la main.

Et l'ardente pression fit frissonner d'Artagnan, comme si, par le toucher, cette fièvre qui brûlait milady le gagnait lui-même. — Vous m'aimez, vous ! s'écria-t-il. Oh ! si cela était, ce serait à en perdre la raison.

Et il l'enveloppa de ses deux bras. Elle n'essaya point d'écarter ses lèvres de son baiser, seulement elle ne le lui rendit pas. Ses lèvres étaient froides : il sembla à d'Artagnan qu'il venait d'embrasser une statue. Il n'en était pas moins ivre de joie, électrisé d'amour, il croyait presque à la tendresse de milady ; il croyait presque au crime de de Wardes. Si de Wardes eût été en ce moment sous sa main, il l'eût tué. Milady saisit l'occasion. — Il s'appelle… dit-elle à son tour. — De Wardes, je le sais, s'écria d'Artagnan. — Et comment le savez-vous ? » demanda milady en lui saisissant les deux mains et en essayant de lire par ses yeux jusqu'au fond de son âme. D'Artagnan sentit qu'il s'était laissé emporter, et qu'il avait fait une faute. — Dites, dites, mais dites donc ! répétait milady, comment le savez-vous ?

— Comment je le sais ? dit d'Artagnan. — Oui.

— Je le sais, parce que, hier, de Wardes, dans un salon où j'étais, a montré une bague qu'il a dit tenir de vous. — Le misérable ! s'écria milady. L'épithète, comme on le comprend bien, retentit jusqu'au fond du cœur de d'Artagnan. — Eh bien ? continua-t-elle.

— Eh bien ! je vous vengerai de ce misérable, reprit d'Artagnan en se donnant des airs de don Japhet d'Arménie. — Merci, mon brave ami ! s'écria milady ; et quand serai-je vengée ? — Demain, tout de suite, quand vous voudrez.

Milady allait s'écrier : « Tout de suite », mais elle réfléchit qu'une pareille précipitation serait peu gracieuse pour d'Artagnan. D'ailleurs, elle avait mille précautions à prendre, mille conseils à donner à son défenseur, pour qu'il évitât les explications devant témoins avec le comte. Tout cela se trouva prévu par un mot de d'Artagnan. — Demain, dit-il, vous serez vengée ou je serai mort.

— Non ! dit-elle, vous me vengerez ; mais vous ne mourrez pas. C'est un lâche. — Avec les femmes peut-être, mais pas avec les hommes. J'en sais quelque chose, moi. — Mais il me semble que dans votre lutte avec lui, vous n'avez pas eu à vous plaindre de la fortune. — La fortune est une courtisane : favorable hier, elle peut me trahir demain.

— Ce qui veut dire que vous hésitez maintenant.

— Non, je n'hésite pas, Dieu m'en garde ; mais serait-il juste de me laisser aller à une mort possible sans m'avoir donné au moins un peu plus que de l'espoir ? Milady répondit par un coup d'œil qui voulait dire : — N'est-ce que cela ? parlez donc.

Puis, accompagnant le coup d'œil de paroles explicatives. — C'est trop juste, dit-elle tendrement. — Oh ! vous êtes un ange, dit le jeune homme.

— Ainsi, tout est convenu ? dit-elle.

— Sauf ce que je vous demande, chère âme !

— Mais, lorsque je vous dis que vous pouvez vous fier à ma tendresse ?

— Je n'ai pas de lendemain pour attendre. — Silence ! j'entends mon frère : il est inutile qu'il vous trouve ici. Elle sonna ; Ketty parut.

— Sortez par cette porte, dit-elle en poussant une petit porte dérobée, et revenez à onze heures ; nous achèverons cet entretien : Ketty vous introduira chez moi.

La pauvre enfant pensa tomber à la renverse en entendant ces paroles.

— Eh bien ! que faites-vous, mademoiselle, à demeurer immobile comme une statue ? Allons, reconduisez le chevalier ; et ce soir, à onze heures, vous avez entendu !

— Il paraît que ses rendez-vous sont à onze heures, pensa d'Artagnan : c'est une habitude prise. Milady lui tendit une main qu'il baisa tendrement. — Voyons, dit-il en se retirant et en répondant à peine aux reproches de Ketty, voyons, ne soyons pas un sot ; décidément cette femme est une grande scélérate : prenons garde !


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RÊVE DE VENGEANCE

Le soir milady donna l'ordre d'introduire M. d'Artagnan aussitôt qu'il viendrait, selon son habitude. That evening my lady gave orders to introduce M. d'Artagnan as soon as he came, as usual. Mais il ne vint pas.

Le lendemain, Ketty vint voir de nouveau le jeune homme et lui raconta tout ce qui s'était passé la veille : d'Artagnan sourit ; cette jalouse colère de milady, c'était sa vengeance. Le soir milady fut plus impatiente encore que la veille, elle renouvela l'ordre relatif au Gascon ; mais comme la veille elle l'attendit inutilement. Le lendemain Ketty se présenta chez d'Artagnan, non plus joyeuse et alerte comme les deux jours précédents, mais au contraire triste à mourir. The next day Ketty presented herself at d'Artagnan's, no longer cheerful and alert like the previous two days, but on the contrary sad to die. D'Artagnan demanda à la pauvre fille ce qu'elle avait ; mais celle-ci, pour toute réponse, tira une lettre de sa poche et la lui remit. Cette lettre était de l'écriture de milady : seulement cette fois elle était bien à l'adresse de d'Artagnan et non à celle de M. de Wardes. Il l'ouvrit et lut ce qui suit : « Cher monsieur d'Artagnan, c'est mal de négliger ainsi ses amis, surtout au moment où l'on va les quitter pour si longtemps. “Dear Monsieur d'Artagnan, it is wrong to neglect your friends in this way, especially when you are going to leave them for so long. Mon beau-frère et moi nous avons attendu hier et avant-hier inutilement. My brother-in-law and I waited uselessly yesterday and the day before. En sera-t-il de même ce soir ? Will it be the same tonight?

« Votre bien reconnaissante,« Lady Clarick. "Your very grateful," Lady Clarick. — C'est tout simple, dit d'Artagnan, et je m'attendais à cette lettre. "It's quite simple," said d'Artagnan, "and I was expecting this letter." Mon crédit hausse de la baisse du comte de Wardes. My credit increased from the fall of the Earl of Wardes.

— Est-ce que vous irez ? "Will you go?" demanda Ketty. Kitty asked.

— Écoute, ma chère enfant, dit le Gascon, qui cherchait à s'excuser à ses propres yeux de manquer à la promesse qu'il avait faite à Athos, tu comprends qu'ilserait impolitique de ne pas se rendre à une invitation si positive. "Listen, my dear child," said the Gascon, who was trying to excuse himself in his own eyes for breaking the promise he had made to Athos, "you understand that it would be impolitic not to accept such a positive invitation. . Milady, en ne me voyant pas revenir, ne comprendrait rien à l'interruption de mes visites, elle pourrait se douter de quelque chose, et qui peut dire jusqu'où irait la vengeance d'une femme de cette trempe ? Milady, not seeing me come back, would understand nothing about the interruption of my visits, she could suspect something, and who can say how far would the revenge of a woman of this caliber go? — Oh ! mon Dieu ! dit Ketty, vous savez présenter les choses de façon que vous avez toujours raison. Mais vous allez encore lui faire la cour ; et si cette fois vous alliez lui plaire sous votre véritable nom et votre vrai visage, ce serait bien pis que la première fois ! But you will still pay court to her; and if this time you went to please him under your real name and your real face, it would be much worse than the first time!

L'instinct faisait deviner à la pauvre fille une partie de ce qui allait arriver. Instinct made the poor girl guess some of what was going to happen. D'Artagnan la rassura du mieux qu'il put et lui promit de rester insensible aux séductions de milady. D'Artagnan reassured her as best he could and promised to remain insensitive to my lady's seductions. Il lui fit répondre qu'il était on ne peut plus reconnaissant de ses bontés et qu'il se rendrait à ses ordres ; mais il n'osa lui écrire de peur de ne pouvoir, à des yeux aussi exercés que ceux de milady, déguiser suffisamment son écriture. He made him answer that he could not be more grateful for his kindness and that he would comply with his orders; but he dared not write to her for fear of not being able, in eyes as trained as those of Milady, to disguise his writing sufficiently. À neuf heures sonnant, d'Artagnan était place Royale. At nine o'clock, d'Artagnan was in the Place Royale. Il était évident que les domestiques qui attendaient dans l'antichambre étaient prévenus, car aussitôt que d'Artagnan parut, avant même qu'il eût demandé si milady était visible, un d'eux courut l'annoncer. It was evident that the servants who were waiting in the antechamber had been informed, for as soon as d'Artagnan appeared, even before he had asked if Milady was visible, one of them ran to announce him. — Faites entrer, dit milady d'une voix brève, mais si perçante que d'Artagnan l'entendit de l'antichambre. "Bring us in," said Milady in a curt voice, but so piercing that d'Artagnan heard her from the antechamber. On l'introduisit. We introduced him. — Je n'y suis pour personne, dit milady ; entendez-vous, pour personne. "I am for no one there," said Milady; do you hear, for anyone. Le laquais sortit. The lackey left.

D'Artagnan jeta un regard curieux sur milady : elle était pâle et avait les yeux fatigués, soit par les larmes, soit par l'insomnie. D'Artagnan cast a curious look on my lady: she was pale and her eyes were tired, either from tears or from insomnia. On avait avec intention diminué le nombre habituel des lumières, et cependant la jeune femme ne pouvait arriver à cacher les traces de la fièvre qui l'avait dévorée depuis deux jours. They had intentionally reduced the usual number of lights, and yet the young woman could not manage to hide the traces of the fever which had devoured her for two days. D'Artagnan s'approcha d'elle avec sa galanterie ordinaire ; elle fit alors un effort suprême pour le recevoir, mais jamais physionomie plus bouleversée ne démentit sourire plus aimable. D'Artagnan approached her with her ordinary gallantry; she then made a supreme effort to receive him, but never did a more upset face contradict a more amiable smile. Aux questions que d'Artagnan lui fit sur sa santé : To the questions that d'Artagnan asked him about his health: — Mauvaise, répondit-elle, très mauvaise. “Bad,” she replied, “very bad.

— Mais alors, dit d'Artagnan, je suis indiscret, vous avez besoin de repos sans doute et je vais me retirer. 'But then,' said d'Artagnan, 'I'm indiscreet, no doubt you need a rest and I'm going to retire. — Non pas, dit milady ; au contraire, restez, monsieur d'Artagnan, votre aimable compagnie me distraira. "No, not," said my lady; on the contrary, stay, Monsieur d'Artagnan, your pleasant company will distract me. — Oh ! oh ! pensa d'Artagnan, elle n'a jamais été si charmante, défions-nous. thought d'Artagnan, she has never been so charming, let us challenge ourselves. Milady prit l'air le plus affectueux qu'elle put prendre, et donna tout l'éclat possible à sa conversation. Milady put on the most affectionate air she could assume, and gave all possible pomp to her conversation. En même temps cette fièvre qui l'avait abandonnée un instant revenait rendre l'éclat à ses yeux, le coloris à ses joues, le carmin à ses lèvres. At the same time that fever which had abandoned her for a moment returned to restore the sparkle to her eyes, the color to her cheeks, the crimson to her lips. D'Artagnan retrouva la Circé qui l'avait déjà enveloppé de ses enchantements. D'Artagnan found the Circe which had already enveloped him in his enchantments. Son amour, qu'il croyait éteint et qui n'était qu'assoupi, se réveilla dans son cœur. His love, which he thought was extinguished and which was only dormant, awoke in his heart. Milady souriait et d'Artagnan sentait qu'il se damnerait pour ce sourire. Milady was smiling, and d'Artagnan felt that he would damn himself for that smile. Il y eut un moment où il sentit quelque chose comme un remords de ce qu'il avait fait contre elle. There was a moment when he felt something like remorse for what he had done to her. Peu à peu milady devint plus communicative. Little by little my lady became more communicative. Elle demanda à d'Artagnan s'il avait une maîtresse. She asked d'Artagnan if he had a mistress. — Hélas ! - Alas! dit d'Artagnan de l'air le plus sentimental qu'il put prendre, pouvez-vous être assez cruelle pour me faire une pareille question, à moi qui, depuis que je vous ai vue, ne respire et ne soupire que par vous et pour vous ! said d'Artagnan with the most sentimental air he could assume, "can you be cruel enough to put such a question to me, to me who, since I saw you, breathes and sighs only through you and for you ! Milady sourit d'un étrange sourire. Milady smiled a strange smile. — Ainsi vous m'aimez ? - So you love me? dit-elle. she says.

— Ai-je besoin de vous le dire, et ne vous en êtes-vous point aperçue ? "Do I need to tell you, and didn't you notice it?"

— Si fait ; mais, vous le savez, plus les cœurs sont fiers, plus ils sont difficiles à prendre. - If done ; but, you know, the prouder the hearts, the harder they are to take.

— Oh ! - Oh ! les difficultés ne m'effraient pas, dit d'Artagnan ; il n'y a que les impossibilités qui m'épouvantent. difficulties do not frighten me, said d'Artagnan; it is only the impossibilities that terrify me. — Rien n'est impossible, dit milady, à un véritable amour. "Nothing is impossible," said Milady, "to true love." — Rien, madame ? "Nothing, ma'am?"

— Rien, reprit milady. "Nothing," resumed Milady.

— Diable ! - Devil ! reprit d'Artagnan à part lui, la note est changée. replied d'Artagnan, aside from him, the note is changed. Deviendrait-elle amoureuse de moi, par hasard, la capricieuse, et serait-elle disposée à me donner à moi-même quelque autre saphir pareil à celui qu'elle m'a donné me prenant pour de Wardes ? Would she fall in love with me, by chance, the capricious one, and would she be disposed to give me another sapphire like the one she gave me, mistaking me for de Wardes? D'Artagnan rapprocha vivement son siège de celui de milady. D'Artagnan quickly brought his seat closer to that of Milady. — Voyons, dit-elle, que feriez-vous bien pour prouver cet amour dont vous parlez ? — Come on, she said, what would you do to prove this love of which you speak?

— Tout ce qu'on exigerait de moi. "Anything that would be required of me." Qu'on ordonne, et je suis prêt. Give the order, and I'm ready. — À tout ?

— À tout ! s'écria d'Artagnan qui savait d'avance qu'il n'avait pas grand-chose à risquer en s'engageant ainsi. exclaimed d'Artagnan, who knew beforehand that he had not much to risk by committing himself thus. — Eh bien, causons un peu, dit à son tour milady en rapprochant son fauteuil de la chaise de d'Artagnan. "Well, let's talk a bit," said Milady in her turn, drawing her arm-chair closer to d'Artagnan's chair. — Je vous écoute, madame, dit celui-ci. "I'm listening to you, Madame," said the latter.

Milady resta un instant soucieuse et comme indécise puis paraissant prendre une résolution : Milady remained anxious for a moment and as if undecided, then appearing to take a resolution:

— J'ai un ennemi, dit-elle. "I have an enemy," she said. — Vous, madame ! s'écria d'Artagnan jouant la surprise, est-ce possible, mon Dieu ? cried D'Artagnan, playing with surprise, "is it possible, my God?" belle et bonne comme vous l'êtes ! beautiful and good as you are! — Un ennemi mortel. “A mortal enemy.

— En vérité ? - In truth ?

— Un ennemi qui m'a insultée si cruellement que c'est entre lui et moi une guerre à mort. "An enemy who has insulted me so cruelly that it is between him and me a war to the death." Puis-je compter sur vous comme auxiliaire ? Can I count on you as an auxiliary?

D'Artagnan comprit sur-le-champ où la vindicative créature en voulait venir. D'Artagnan immediately understood where the vindictive creature was coming from. — Vous le pouvez, madame, dit-il avec emphase, mon bras et ma vie vous appartiennent comme mon amour. - You can, madam, he said emphatically, my arm and my life belong to you as my love.

— Alors, dit milady, puisque vous êtes aussi généreux qu'amoureux… - So, said milady, since you are as generous as in love ... Elle s'arrêta. She stopped. — Eh bien ? - Well ? demanda d'Artagnan. asked d'Artagnan. — Eh bien, reprit milady après un moment de silence, cessez dès aujourd'hui de parler d'impossibilités. "Well," continued Milady after a moment's silence, "stop talking about impossibilities today." — Ne m'accablez pas de mon bonheur, s'écria d'Artagnan en se précipitant à genoux et en couvrant de baisers les mains qu'on lui abandonnait. "Do not overwhelm me with my happiness," cried D'Artagnan, rushing to his knees and covering his hands that had been abandoned to him with kisses. — Venge-moi de cet infâme de Wardes, murmura milady entre ses dents, et je saurai bien me débarrasser de toi ensuite, double sot, lame d'épée vivante ! "Revenge me on this infamous Wardes," murmured Milady between her teeth, "and I will be able to get rid of you afterwards, double fool, living sword blade!" — Tombe volontairement entre mes bras après m'avoir raillé si effrontément, hypocrite et dangereuse femme, pensait d'Artagnan de son côté, et ensuite je rirai de toi avec celui que tu veux tuer par ma main. "Fall voluntarily into my arms after having mocked me so brazenly, hypocritical and dangerous woman," thought d'Artagnan on his side, "and then I will laugh at you with the one you want to kill by my hand." D'Artagnan releva la tête. D'Artagnan raised his head. — Je suis prêt, dit-il. "I'm ready," he said.

— Vous m'avez donc comprise, cher monsieur d'Artagnan ! "So you have understood me, dear Monsieur d'Artagnan!" dit milady. says Milady.

— Je devinerais un de vos regards. - I would guess one of your looks.

— Ainsi vous emploieriez pour moi votre bras, qui s'est déjà acquis tant de renommée ? "So you would use your arm for me, which has already acquired so much renown?" — À l'instant même. — Mais moi, dit milady, comment paierai-je un pareil service ; je connais les amoureux, ce sont des gens qui ne font rien pour rien ? “But me,” said Milady, “how can I pay for such a service; I know lovers, are they people who do nothing for nothing?

— Vous savez la seule réponse que je désire, dit d'Artagnan, la seule qui soit digne de vous et de moi ! "You know the only answer I desire," said d'Artagnan, "the only one worthy of you and of me!" Et il l'attira doucement vers lui. And he gently drew her towards him. Elle résista à peine. She barely resisted.

— Intéressé ! - Interested ! dit-elle en souriant. she said smiling.

— Ah ! - Oh! s'écria d'Artagnan véritablement emporté par la passion que cette femme avait le don d'allumer dans son cœur, ah ! cried d'Artagnan, truly carried away by the passion which this woman had the gift of kindling in his heart, ah! c'est que mon bonheur me paraît invraisemblable, et qu'ayant toujours peur de le voir s'envoler comme un rêve, j'ai hâte d'en faire une réalité. it's that my happiness seems incredible to me, and that, always afraid of seeing it fly away like a dream, I can't wait to make it a reality. — Eh bien, méritez donc ce prétendu bonheur. - Well, then deserve this alleged happiness.

— Je suis à vos ordres, dit d'Artagnan. "I am at your orders," said d'Artagnan. — Bien sûr ? - Sure ? fit milady avec un dernier doute. asked Milady with a last doubt.

— Nommez-moi l'infâme qui a pu faire pleurer vos beaux yeux. - Name me the infamous who could make your beautiful eyes cry. — Qui vous dit que j'ai pleuré ? "Who told you I cried?" dit-elle. she says.

— Il me semblait… - It seemed to me…

— Les femmes comme moi ne pleurent pas, dit milady. "Women like me don't cry," said Milady.

— Tant mieux ! - So much the better ! Voyons, dites-moi comment il s'appelle. Come on, tell me what his name is. — Songez que son nom c'est tout mon secret. - Remember that his name is all my secret. — Il faut cependant que je sache son nom. “However, I must know his name.

— Oui, il le faut ; voyez si j'ai confiance en vous ! “Yes, it must; see if I trust you! — Vous me comblez de joie. “You fill me with joy. Comment s'appelle-t-il ? What's his name ? — Vous le connaissez. - You know him.

— Vraiment ? - Really ?

— Oui. - Yes.

— Ce n'est pas un de mes amis ? "He's not a friend of mine?" reprit d'Artagnan en jouant l'hésitation pour faire croire à son ignorance. replied d'Artagnan, playing on hesitation to make people believe he was ignorant. — Si c'était un de vos amis, vous hésiteriez donc ? "If he were a friend of yours, would you hesitate?" s'écria milady. exclaimed my lady. Et un éclair de menace passa dans ses yeux. And a glint of menace flashed in his eyes.

— Non, fût-ce mon frère ! "No, even my brother!" s'écria d'Artagnan comme emporté par l'enthousiasme. exclaimed d'Artagnan, as if carried away by enthusiasm. Notre Gascon s'avançait sans risque ; car il savait où il allait. Our Gascon advanced without risk; because he knew where he was going. — J'aime votre dévouement, dit milady. "I like your devotion," said Milady. — Hélas ! - Alas! n'aimez-vous que cela en moi ? do you like only that in me? demanda d'Artagnan. asked d'Artagnan. — Je vous aime aussi, vous, dit-elle en lui prenant la main. "I love you too," she said, taking his hand.

Et l'ardente pression fit frissonner d'Artagnan, comme si, par le toucher, cette fièvre qui brûlait milady le gagnait lui-même. And the ardent pressure made d'Artagnan shiver, as if, by the touch, this fever which burned my lady won over him himself. — Vous m'aimez, vous ! - You love me, you! s'écria-t-il. he cried. Oh ! Oh ! si cela était, ce serait à en perdre la raison. if so, it would be maddening.

Et il l'enveloppa de ses deux bras. And he wrapped his two arms around her. Elle n'essaya point d'écarter ses lèvres de son baiser, seulement elle ne le lui rendit pas. She did not try to part her lips from his kiss, only she did not return it. Ses lèvres étaient froides : il sembla à d'Artagnan qu'il venait d'embrasser une statue. His lips were cold: it seemed to d'Artagnan that he had just kissed a statue. Il n'en était pas moins ivre de joie, électrisé d'amour, il croyait presque à la tendresse de milady ; il croyait presque au crime de de Wardes. He was none the less drunk with joy, electrified with love, he almost believed in Milady's tenderness; he almost believed in de Wardes' crime. Si de Wardes eût été en ce moment sous sa main, il l'eût tué. If de Wardes had been under his hand at that moment, he would have killed him. Milady saisit l'occasion. Milady seizes the opportunity. — Il s'appelle… dit-elle à son tour. - His name is ... she said in turn. — De Wardes, je le sais, s'écria d'Artagnan. " De Wardes, I know it," exclaimed d'Artagnan. — Et comment le savez-vous ? "And how do you know that?" » demanda milady en lui saisissant les deux mains et en essayant de lire par ses yeux jusqu'au fond de son âme. asked Milady, seizing her two hands and trying to read through her eyes to the bottom of her soul. D'Artagnan sentit qu'il s'était laissé emporter, et qu'il avait fait une faute. D'Artagnan felt that he had let himself be carried away, and that he had made a mistake. — Dites, dites, mais dites donc ! - Say, say, but say so! répétait milady, comment le savez-vous ? repeated Milady, how do you know?

— Comment je le sais ? "How do I know that?" dit d'Artagnan. said d'Artagnan. — Oui. - Yes.

— Je le sais, parce que, hier, de Wardes, dans un salon où j'étais, a montré une bague qu'il a dit tenir de vous. "I know it, because yesterday De Wardes, in a salon where I was, showed a ring that he said he got from you." — Le misérable ! - The miserable ! s'écria milady. exclaimed my lady. L'épithète, comme on le comprend bien, retentit jusqu'au fond du cœur de d'Artagnan. The epithet, as we understand it, resounds to the bottom of D'Artagnan's heart. — Eh bien ? - Well ? continua-t-elle. she continued.

— Eh bien ! je vous vengerai de ce misérable, reprit d'Artagnan en se donnant des airs de don Japhet d'Arménie. "I will avenge you for this wretch," replied D'Artagnan, giving himself the air of Don Japheth of Armenia. — Merci, mon brave ami ! s'écria milady ; et quand serai-je vengée ? cried Milady; and when will i be avenged? — Demain, tout de suite, quand vous voudrez.

Milady allait s'écrier : « Tout de suite », mais elle réfléchit qu'une pareille précipitation serait peu gracieuse pour d'Artagnan. Milady was about to exclaim: "Immediately," but she reflected that such a haste would be unpleasant for d'Artagnan. D'ailleurs, elle avait mille précautions à prendre, mille conseils à donner à son défenseur, pour qu'il évitât les explications devant témoins avec le comte. Besides, she had a thousand precautions to take, a thousand pieces of advice to give to her defender, so that he avoided explanations before witnesses with the count. Tout cela se trouva prévu par un mot de d'Artagnan. All this was foreseen by a word from d'Artagnan. — Demain, dit-il, vous serez vengée ou je serai mort. "Tomorrow," he said, "you will be avenged or I will be dead."

— Non ! - Nope ! dit-elle, vous me vengerez ; mais vous ne mourrez pas. she said, you will avenge me; but you will not die. C'est un lâche. He's a coward. — Avec les femmes peut-être, mais pas avec les hommes. “With the women perhaps, but not with the men. J'en sais quelque chose, moi. I know something about it. — Mais il me semble que dans votre lutte avec lui, vous n'avez pas eu à vous plaindre de la fortune. 'But it seems to me that in your struggle with him you had no reason to complain of fortune. — La fortune est une courtisane : favorable hier, elle peut me trahir demain. “Fortune is a courtesan: favorable yesterday, she may betray me tomorrow.

— Ce qui veut dire que vous hésitez maintenant. "Which means you're hesitating now."

— Non, je n'hésite pas, Dieu m'en garde ; mais serait-il juste de me laisser aller à une mort possible sans m'avoir donné au moins un peu plus que de l'espoir ? 'No, I don't hesitate, God forbid; but would it be fair to let me go to a possible death without having given me at least a little more than hope? Milady répondit par un coup d'œil qui voulait dire : Milady replied with a look which meant: — N'est-ce que cela ? - Is that it? parlez donc. therefore speak.

Puis, accompagnant le coup d'œil de paroles explicatives. Then, accompanying the glance with explanatory words. — C'est trop juste, dit-elle tendrement. "It's too fair," she said tenderly. — Oh ! - Oh ! vous êtes un ange, dit le jeune homme. you are an angel, said the young man.

— Ainsi, tout est convenu ? "So it's all agreed?" dit-elle. she says.

— Sauf ce que je vous demande, chère âme ! - Except what I ask you, dear soul!

— Mais, lorsque je vous dis que vous pouvez vous fier à ma tendresse ? - But when I tell you that you can trust my tenderness?

— Je n'ai pas de lendemain pour attendre. “I don't have a tomorrow to wait for. — Silence ! - Silence ! j'entends mon frère : il est inutile qu'il vous trouve ici. I hear my brother: it is useless for him to find you here. Elle sonna ; Ketty parut. She rang; Kitty appeared.

— Sortez par cette porte, dit-elle en poussant une petit porte dérobée, et revenez à onze heures ; nous achèverons cet entretien : Ketty vous introduira chez moi. 'Go out by this door,' she said, pushing open a little secret door, 'and come back at eleven o'clock; we will finish this interview: Kitty will introduce you to my house.

La pauvre enfant pensa tomber à la renverse en entendant ces paroles. The poor child thought she would fall backwards when she heard these words.

— Eh bien ! - Well ! que faites-vous, mademoiselle, à demeurer immobile comme une statue ? what are you doing, mademoiselle, standing motionless like a statue? Allons, reconduisez le chevalier ; et ce soir, à onze heures, vous avez entendu ! Come, take the knight back; and tonight, at eleven o'clock, you heard!

— Il paraît que ses rendez-vous sont à onze heures, pensa d'Artagnan : c'est une habitude prise. "It seems that his meetings are at eleven o'clock," thought d'Artagnan. "It is a habit taken. Milady lui tendit une main qu'il baisa tendrement. Milady held out her hand to him, which he kissed tenderly. — Voyons, dit-il en se retirant et en répondant à peine aux reproches de Ketty, voyons, ne soyons pas un sot ; décidément cette femme est une grande scélérate : prenons garde ! 'Come now,' he said, stepping back and barely answering Kitty's reproaches, 'let's not be a fool; this woman is decidedly a great scoundrel: beware!