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Esprit du Curé d'Ars, Le Curé d'Ars dans ses catéchismes (4)

Le Curé d'Ars dans ses catéchismes (4)

M. Vianney donnait beaucoup de place dans son enseignement aux comparaisons et aux images; il les empruntait à la nature aimée et connue de la foule à laquelle il s'adressait, aux peintures de la campagne, aux émotions de la vie rurale. Les souvenirs de son enfance avaient conservé toute leur fraîcheur, et il ne pouvait résister à l'innocente joie de revivre, un moment encore, dans ses entretiens de vieillard, au milieu des plus vives sympathies de son jeune âge. Il y a, dans ce retour de la pensée vers les jours les plus gracieux de la vie, quelque chose qui ressemble à une possession anticipée de la résurrection. A la manière de Notre-Seigneur, il prenait les événements les plus connus, les faits les plus vulgaires, les accidents qui se produisaient sous ses yeux pour images de la vie spirituelle, et en faisait le thème de ses instructions. L'Évangile est plein de symboles et de figures propres à conduire l'âme à l'intelligence des vérités éternelles, par la comparaison de ce qui est plus sensible en ce monde. De même les allusions, les tropes, les métaphores, les paraboles, les images coloraient tous les discours du Curé d'Ars. Son esprit s'était fait une habitude de s'élever à Dieu et aux choses invisibles, à l'occasion des choses visibles. Il n'y avait pas un seul de ses catéchismes dans lequel il ne fût plusieurs fois question de ruisseaux, de forêts, d'arbres, d'oiseaux, de fleurs, de rosée, de lis, de baume, de parfum et de miel. Tous les contemplatifs ont aimé ce langage, et l'innocence de leurs pensées s'est attachée avec prédilection à toutes les choses charmantes et pures dont l'Auteur de la création a embelli son oeuvre. « L'homme bon, dit Notre-Seigneur, tire de bonnes choses du bon trésor de son coeur. » (S Matth, XII, 35) Les suaves écrits de saint François de Sales sont un modèle de ce genre, cher à tous les mystiques. On ne s'étonne pas de trouver ces grâces du langage et ce goût exquis chez l'Évêque de Genève. Mais ce pauvre curé de campagne, où avait-il appris à former ses splendides gerbes? qui lui avait fait pénétrer ces finesses? qui lui avait donné de s'en servir avec un tact si délicat et un si ingénieux à-propos Écoutons:

« Comme une belle colombe blanche, qui sort du milieu des eaux et vient secouer ses ailes sur la terre, l'Esprit-Saint sort de l'Océan infini des perfections divines et vient battre des ailes sur les âmes pures, pour distiller en elles le baume de l'amour.

« Le Saint-Esprit repose dans une âme pure comme sur un lit de roses.

« Il sort d'une âme où réside le Saint-Esprit une bonne odeur comme celle de la vigne, quand elle est en fleur.

« Celui qui a conservé l'innocence de son baptême est comme un enfant qui n'a jamais désobéi à son père...

« Quand on a conservé son innocence, on se sent porté en haut par l'amour comme un oiseau est porté par ses ailes.

« Ceux qui ont l'âme pure, sont comme des aigles et des hirondelles qui volent dans les airs...

« Un Chrétien qui a la pureté de l'âme est sur la terre comme un oiseau qu'on tient attaché par un fil. Pauvre petit oiseau! Il n'attend que le moment où on coupera le fil pour s'envoler.

« Les bons chrétiens sont comme ces oiseaux qui ont de grandes ailes et de petites pattes, et qui ne se posent jamais, parce qu'ils ne pourraient plus s'élever et qu'ils seraient pris. Aussi, ils font leurs nids sur la pointe des rochers, sur le toit des maisons, dans les lieux élevés. De même le chrétien doit toujours être sur les hauteurs. Dès que nous rabaissons nos pensées vers la terre, nous sommes pris. ( « Animas ad volandum : les âmes sont faites pour voler, » avait dit le prophète Ézéchiel. (Éz., XIII, 20.)

« Une âme pure est comme une belle perle. Tant qu'elle est cachée dans un coquillage, au fond de la mer, personne ne songe à l'admirer. Mais si vous la montrez au soleil, cette perle brille et attire les regards. C'est ainsi que l'âme pure, qui est cachée aux yeux du monde, brillera un jour devant les anges, au soleil de l'éternité.

« L'âme pure est une belle rose, et les trois personnes divines descendent du ciel pour en respirer le parfum. »

« La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé : elle entraîne les cours sur son passage... »

« Le bon Dieu aura plutôt pardonné à un pécheur repentant qu'une mère n'aura retiré son enfant du feu. »

« Les élus sont comme les épis de blé qui échappent aux moissonneurs, et comme les grappes de raisin après la vendange. »

« Figurez-vous une pauvre mère obligée de lâcher le couteau de la guillotine sur la tête de son enfant : voilà le bon Dieu quand il damne un pécheur! »

« Quel bonheur pour les justes quand, à la fin du monde, l'âme embaumée des parfums du ciel viendra chercher son corps pour jouir de Dieu pendant toute l'éternité! Alors nos corps sortiront de la terre comme le linge qui a passé par la lessive... Les corps des justes brilleront au ciel comme de beaux diamants, comme des globes d'amour!

« Quel cri de joie quand l'âme viendra s'unir à son corps glorifié, à ce corps qui ne sera plus pour elle un instrument de péché ni une cause de souffrances. Elle se roulera dans le baume de l'amour, comme l'abeille se roule dans les fleurs... Voilà l'âme embaumée pour l'éternité!... »

On voit que le Curé d'Ars était poëte sans s'en douter, poëte dans la plus haute et la plus sincère acception du mot : c'est-à-dire que, doué excellemment de la faculté de sentir, son coeur s'ouvrait pour laisser échapper la note juste et l'accent vrai. C'est bien la plus simple et la meilleure manière d'être poëte.

« Une fois, disait-il, j'allais voir un malade; c'était au printemps; les buissons étaient remplis de petits oiseaux qui se tourmentaient la tête à chanter. Je prenais plaisir à les écouter et je me disais: Pauvres petits oiseaux, vous ne savez pas ce que vous dites! Que c'est dommage! Vous chantez les louanges de Dieu!... »

Ne croirait-on pas entendre saint François d'Assise?


Le Curé d'Ars dans ses catéchismes (4)

M. Vianney donnait beaucoup de place dans son enseignement aux comparaisons et aux images; il les empruntait à la nature aimée et connue de la foule à laquelle il s'adressait, aux peintures de la campagne, aux émotions de la vie rurale. Les souvenirs de son enfance avaient conservé toute leur fraîcheur, et il ne pouvait résister à l'innocente joie de revivre, un moment encore, dans ses entretiens de vieillard, au milieu des plus vives sympathies de son jeune âge. Il y a, dans ce retour de la pensée vers les jours les plus gracieux de la vie, quelque chose qui ressemble à une possession anticipée de la résurrection. A la manière de Notre-Seigneur, il prenait les événements les plus connus, les faits les plus vulgaires, les accidents qui se produisaient sous ses yeux pour images de la vie spirituelle, et en faisait le thème de ses instructions. L'Évangile est plein de symboles et de figures propres à conduire l'âme à l'intelligence des vérités éternelles, par la comparaison de ce qui est plus sensible en ce monde. De même les allusions, les tropes, les métaphores, les paraboles, les images coloraient tous les discours du Curé d'Ars. Son esprit s'était fait une habitude de s'élever à Dieu et aux choses invisibles, à l'occasion des choses visibles. Il n'y avait pas un seul de ses catéchismes dans lequel il ne fût plusieurs fois question de ruisseaux, de forêts, d'arbres, d'oiseaux, de fleurs, de rosée, de lis, de baume, de parfum et de miel. Tous les contemplatifs ont aimé ce langage, et l'innocence de leurs pensées s'est attachée avec prédilection à toutes les choses charmantes et pures dont l'Auteur de la création a embelli son oeuvre. « L'homme bon, dit Notre-Seigneur, tire de bonnes choses du bon trésor de son coeur. » (S Matth, XII, 35) Les suaves écrits de saint François de Sales sont un modèle de ce genre, cher à tous les mystiques. On ne s'étonne pas de trouver ces grâces du langage et ce goût exquis chez l'Évêque de Genève. Mais ce pauvre curé de campagne, où avait-il appris à former ses splendides gerbes? qui lui avait fait pénétrer ces finesses? qui lui avait donné de s'en servir avec un tact si délicat et un si ingénieux à-propos Écoutons:

« Comme une belle colombe blanche, qui sort du milieu des eaux et vient secouer ses ailes sur la terre, l'Esprit-Saint sort de l'Océan infini des perfections divines et vient battre des ailes sur les âmes pures, pour distiller en elles le baume de l'amour.

« Le Saint-Esprit repose dans une âme pure comme sur un lit de roses.

« Il sort d'une âme où réside le Saint-Esprit une bonne odeur comme celle de la vigne, quand elle est en fleur.

« Celui qui a conservé l'innocence de son baptême est comme un enfant qui n'a jamais désobéi à son père...

« Quand on a conservé son innocence, on se sent porté en haut par l'amour comme un oiseau est porté par ses ailes.

« Ceux qui ont l'âme pure, sont comme des aigles et des hirondelles qui volent dans les airs...

« Un Chrétien qui a la pureté de l'âme est sur la terre comme un oiseau qu'on tient attaché par un fil. Pauvre petit oiseau! Il n'attend que le moment où on coupera le fil pour s'envoler.

« Les bons chrétiens sont comme ces oiseaux qui ont de grandes ailes et de petites pattes, et qui ne se posent jamais, parce qu'ils ne pourraient plus s'élever et qu'ils seraient pris. Aussi, ils font leurs nids sur la pointe des rochers, sur le toit des maisons, dans les lieux élevés. De même le chrétien doit toujours être sur les hauteurs. Dès que nous rabaissons nos pensées vers la terre, nous sommes pris. ( « __Animas ad volandum__ : les âmes sont faites pour voler, » avait dit le prophète Ézéchiel. (Éz., XIII, 20.)

« Une âme pure est comme une belle perle. Tant qu'elle est cachée dans un coquillage, au fond de la mer, personne ne songe à l'admirer. Mais si vous la montrez au soleil, cette perle brille et attire les regards. C'est ainsi que l'âme pure, qui est cachée aux yeux du monde, brillera un jour devant les anges, au soleil de l'éternité.

« L'âme pure est une belle rose, et les trois personnes divines descendent du ciel pour en respirer le parfum. »

« La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé : elle entraîne les cours sur son passage... »

« Le bon Dieu aura plutôt pardonné à un pécheur repentant qu'une mère n'aura retiré son enfant du feu. »

« Les élus sont comme les épis de blé qui échappent aux moissonneurs, et comme les grappes de raisin après la vendange. »

« Figurez-vous une pauvre mère obligée de lâcher le couteau de la guillotine sur la tête de son enfant : voilà le bon Dieu quand il damne un pécheur! »

« Quel bonheur pour les justes quand, à la fin du monde, l'âme embaumée des parfums du ciel viendra chercher son corps pour jouir de Dieu pendant toute l'éternité! Alors nos corps sortiront de la terre comme le linge qui a passé par la lessive... Les corps des justes brilleront au ciel comme de beaux diamants, comme des globes d'amour!

« Quel cri de joie quand l'âme viendra s'unir à son corps glorifié, à ce corps qui ne sera plus pour elle un instrument de péché ni une cause de souffrances. Elle se roulera dans le baume de l'amour, comme l'abeille se roule dans les fleurs... Voilà l'âme embaumée pour l'éternité!... »

On voit que le Curé d'Ars était poëte sans s'en douter, poëte dans la plus haute et la plus sincère acception du mot : c'est-à-dire que, doué excellemment de la faculté de sentir, son coeur s'ouvrait pour laisser échapper la note juste et l'accent vrai. C'est bien la plus simple et la meilleure manière d'être poëte.

« Une fois, disait-il, j'allais voir un malade; c'était au printemps; les buissons étaient remplis de petits oiseaux qui __se tourmentaient la tête à chanter__. Je prenais plaisir à les écouter et je me disais: __Pauvres petits oiseaux, vous ne savez pas ce que vous dites! Que c'est dommage! Vous chantez les louanges de Dieu!__... »

Ne croirait-on pas entendre saint François d'Assise?